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Sentimental/Romanesque
lala : Le sourire de La Joconde
 Publié le 21/12/15  -  15 commentaires  -  7146 caractères  -  120 lectures    Autres textes du même auteur

Ma petite histoire du mystérieux sourire de La Joconde.


Le sourire de La Joconde


– Lisa ! Arrête de rêvasser dans le jardin, il faut préparer les légumes du souper et jouer plusieurs fois ton morceau de harpe avant ton cours.

– Oui Maman, je sais, tout sera fait, ne me parlez pas comme à une enfant !

– Tu es mon enfant Lisa, et je te parle avec toute la bienveillance d'une mère.


Le soleil apporte une luminosité généreuse en ce début d'été, les buissons fleurissent et multiplient les couleurs sur une herbe aux tons verdoyants. Quand on a tout juste vingt ans, les cours de musique et la confection des soupes deviennent des corvées quotidiennes presque douloureuses.


– Lisa, ton cousin m'a appris qu'un peintre de renom cherche des modèles pour des portraits qu'il a promis à un seigneur florentin. Il va s'installer dans l'atelier de l'abbaye. Il recevra demain matin pour faire son choix. Il y aura une récompense, tu devrais te présenter.

– C'est mon cousin Emiliano qui vous a prévenue ?

– Oui, ma fille, il est rentré de Florence où il fait commerce de potions et de remèdes.

– Et il travaille avec ce peintre ?

– Il compose aussi des mélanges de pigments pour les peintures.


Lisa ne répond pas et reprend sa rêverie. Elle a découvert Emiliano avant son départ pour Florence. Il l'a fascinée avec son savoir, sa curiosité, son audace. Il connaît beaucoup de monde, des gens influents, dans le village et au-delà. Il parle beaucoup, il est plus âgé qu'elle et surtout plus dégourdi. Elle se souvient de son premier baiser. Il lui avait pris la main alors qu'ils rangeaient des étoffes un soir dans le grenier. Surprise et émue par son geste, souligné par un regard franc plongé dans ses yeux timides, elle avait lâché la pile de draps qu'elle voulait déposer dans une armoire. Il l'avait rapprochée de son corps et lui avait embrassé le front, le nez et les lèvres. Interrompus par les appels de la mère de Lisa, les deux jeunes gens étaient vite redescendus dans la salle à manger.


Le lendemain, Lisa avait voulu absolument retrouver Emiliano, son regard, ses mains, son souffle rassurant, ses paroles chantantes, sa gentillesse. Une émotion encore inconnue retenait toute son attention. Elle n'entendait ni sa mère ni ses professeurs, elle ne savait plus s'appliquer sur ses ouvrages, toutes ses pensées la menaient vers Emiliano. Prétextant une visite à l'église, elle fit un détour vers la maison de son cousin et se tapit derrière un bosquet de prunelliers, espérant le surprendre et feindre une coïncidence. Par chance, elle n'eut pas longtemps à attendre, Emiliano arrivait au loin par le sentier qui mène au bois de sapins. Sa silhouette disparut dans un virage masqué par des arbres et Lisa put sortir de sa cachette et poursuivre sa marche en direction de son cousin. Quand ils arrivèrent l'un en face de l'autre, après s'être salués courtoisement, Emiliano lui demanda où elle se rendait, mais devant son teint soudain écarlate et ses propos incohérents, il comprit son stratagème et en fut ravi.


– Lisa, je vais vous suivre jusqu'au prochain village, si vous acceptez ma présence.

– Heu, oui, enfin, non... je ne sais pas... heu...


Il vint à son secours en prenant simplement sa main et en l'entraînant dans un champ voisin. Elle ne résista pas, qu'irait-elle faire au village alors que l'ami de ses rêves se trouvait auprès d'elle ? Il l'allongea sous un saule, à l'abri du sentier, dans un espace étroit qui l'obligeait à se coucher lui aussi le long de son corps troublé. Ils restèrent un moment à regarder le défilé des nuages, à respirer sur le même rythme, à laisser leurs mains se chercher et s'entrelacer. Puis Emiliano se redressa, caressa le cou et les seins de Lisa, son ventre et ses cuisses, l'embrassa plus fort, dans un souffle empressé et impatient. Il ouvrit calmement son corsage. Lisa se laissait faire, emportée par un flot d'émotions chaudes et puissantes. Emiliano guidait les doigts de Lisa, l'encourageait, l'embrassait tour à tour avec délicatesse ou avec gourmandise, la déshabillait et l'admirait. Il avait compris qu'elle découvrait avec lui les premières sensations amoureuses. Il voulait la rassurer, mais entre ses bras, elle ne craignait rien, lui abandonnait son intimité dans une confiance sereine et sincère.


Le soleil pâle et la fraîcheur humide du crépuscule la faisaient trembler. Il fallait se rhabiller et rentrer vite avant d'inquiéter toute la maisonnée. Emiliano raccompagna Lisa aux abords de sa maison, pas trop près pour ne pas se faire voir. Il partait le lendemain pour Florence et ne savait pas combien de jours durerait son absence. Lisa retint une larme et sentit son ventre se nouer en offrant un dernier baiser à son cher cousin.


Elle reprend alors conscience de la réalité de l'instant. Ses souvenirs enfouis, si intenses, viennent de surgir du plus profond de son être.

« J'irai voir ce peintre demain. »


Elle se réveille très tôt, mange une galette de céréales, une omelette et une pomme, avale un bol de lait, et s'habille d'une robe sombre et d'un corsage aux manches longues. Sa mère la regarde se préparer, et refermer difficilement cette robe qu'elle n'a pas portée depuis quelques semaines.


– Tu manges trop, Lisa, alors tu engraisses.


Lisa hésite à répondre qu'elle mange comme d'habitude, mais elle ne veut pas déplaire à sa mère et prendre le risque d'être privée de sortie, alors elle se tait. Avant de sortir, elle emporte une pelisse, craignant le froid des grandes pièces de l'abbaye.


Le peintre la surprend par son âge mûr et le respect qu'il inspire. Il bavarde avec deux femmes et leur explique qu'il recherche des jeunes filles comme modèles, selon le souhait de celui qui a commandé les toiles. Il aperçoit Lisa, salue les femmes et les reconduit jusqu'à la route. En rentrant, il demande à Lisa de s'asseoir pour faire un essai, quelques croquis, des esquisses avant de la faire revenir si elle convient.

Elle est intimidée par l'homme, et impressionnée par l'imposant atelier, par tout le matériel qu'il contient, et par les odeurs puissantes des peintures, des huiles et des vernis. Elle entend soudain la voix de son cousin s'échapper d'une salle voisine : « Leonardo ! Les pigments bleus sont prêts ! »


Elle se tient droite, ainsi que son éducation l'y a habituée, mais aussi en réaction aux paroles de son cousin, qu'elle sait si proche et qu'elle attend. Sa pelisse lui réchauffe les jambes, elle glisse parfois et l'oblige à la retenir de ses mains croisées. Le chant d'un rossignol franchit la fenêtre ouverte. La lumière du soleil inonde une partie de la salle. Elle se détend, son regard s'adoucit. Le fusain de Leonardo gratte le support, il s'arrête, se recule, contemple son nouveau modèle, et reprend le dessin.


Un pas retentit dans le couloir. Emiliano pénètre dans la pièce. Lisa ressent alors un tremblement dans son ventre, comme une présence, qui lui rappelle l'étreinte de son cousin sous le saule, quand il s'était approché de son corps nu et lui avait murmuré des paroles tendres et douces. Un bonheur infini l'avait envahie, elle le ressent à nouveau juste à cet instant. Est-ce un souvenir ou une réalité ? Elle se sent habitée et sourit avec volupté.


 
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   Pascal31   
30/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C'est toujours intéressant de lire le prélude - même imaginaire - d'une œuvre ou d'un événement connu. Certes, cela a déjà été fait, y compris pour la Joconde, à de multiples reprises et à toutes les sauces, mais votre version, à l'instar des autres, n'en est pas moins intéressante.
Votre style académique convient au récit, pourtant j'ai trouvé le tout un peu sage, y compris les passages plus "chauds", assez plats, qui m'ont laissé de marbre. Disons que ce n'est pas le fort de votre nouvelle.
Par contre, l'origine du sourire de Mona Lisa à l'arrivée du cousin Emiliano, avec ce secret enfoui en elle, est plutôt bien trouvé.
Au final, un texte agréable à lire, malgré un style linéaire et une histoire d'amour un peu fade à mon goût.

   alvinabec   
2/12/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,
Bon c'est mignon en diable si je puis dire. Tellement désuet, simple, efficacement sentimental que ça en deviendrait presque frais.
Pas de heurts, des émotions soft, 'allons voir si la rose...' et un happy end comme on aime en lire quand le train n'est pas un TGV ou que l'on a épuisé tous les films à disposition sur un long courrier.
Ecriture bien sage.

   Vincendix   
8/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le sourire énigmatique de la Joconde a connu de nombreuses interprétations, celle-ci est originale.
Ce serait donc un sourire de contentement d’une future maman ? Pourquoi pas, Mona Lisa allaitant son bébé, Léonard aurait probablement peint ce joli tableau si cela avait été la réalité.
Un récit plaisant et sans trop de fioritures, juste ce qu’il faut.

   hersen   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Le fameux sourire de la Joconde !

Votre hypothèse colle très bien avec ce sourire énigmatique qui, donc, cacherait un secret d'amoureuse.

Votre écriture est parfaite.

Seulement, le fond de ma pensée est que, pour contrecarrer cette impression de belle histoire sentimentale qui peut nous paraître un peu fade aujourd'hui, j'aurais bien vu un traitement plus d"époque", j'aurais aimé me promener dans les méandres d'une expression un peu surannée, ne serait-ce que pour être transportée dans cette Italie si romanesque. La faire revivre, en quelque sorte et ainsi voyager dans le temps.

Mais j'ai passé un agréable moment avec une "toile" de fond des plus magnifiques !

A vous relire.

   Anonyme   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Votre écriture est de belle qualité, agréable et fluide.
Ce sourire que vous offrez est encore accroché à mes lèvres.
Merci.
:-)

   papipoete   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour lala; une fois n'est pas coutume, je viens vous lire quand une nouvelle de vous parait.
J'ai rendu visite cet été à Léonard en son Clos Lucé, où son génie est largement exposé, ( il était même poète )! Bien sur que la " Joconde " est omniprésente en terme de peinture, entre " palettes et pigments bleus ".
Votre récit nous amène délicatement, entre cache-cache et découverte des premiers émois charnels, vers la rencontre entre le grand peintre et son univers; le frémissement que Lisa ressentit ne la lâchera plus, ne serait-ce qu'en songeant à Emiliano.
Juste pour un essai, le peintre choisit damoiselle, qui sous le fusain peu à peu prend forme. Le préparateur de couleurs, qui n'est autre que l'aimé de Lisa, parait; un sourire illumine alors le visage de la jeune modèle; le maître continue son dessin, rien ne l'arrêtera...
Le ton de votre écriture est paisible, et ne peut que déboucher sur une image épanouie.

   Anonyme   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour lala ! Depuis le temps que je me posais la question quant à ce sourire énigmatique, vous m'avez enfin fourni une réponse qui me convient parfaitement et je vous en remercie.
C'était donc le sourire d'une femme amoureuse et... enceinte ?
Bien aimé cette fiction (?) du début à la fin avec cette supposée grossesse, cerise sur le gâteau si j'ose m'exprimer ainsi !

Bravo pour votre imagination débordante et encore merci pour ce scoop !

   carbona   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lala,

J'adore l'idée d'écrire autour d'une oeuvre d'art et de romancer des hypothèses sur leur création. Et cette explication-là me plaît beaucoup. J'aurais juste aimé que ce soit un peu plus incisif sur la fin, comme un instantané mais comme nous sommes sur une peinture et non sur une photographie, le coup du sourire lié à un instant T est difficilement envisageable, c'est là mon seul regret.

Votre texte est réussi, l'écriture est soignée, fluide, agréable.

J'ai passé un très bon moment de lecture.

Merci.

   Curwwod   
22/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Lala,
Manifestement, vous savez écrire et brosser vos personnages avec beaucoup de délicatesse. Le sujet que vous avez choisi de traiter avec, au fond, un certain humour, vous permet d'évoquer dans de jolis paysages une histoire charmante et quelque peu érotique. Mais au bout du compte le but qe vous poursuivez en animant le personnage de la jeune Lisa reste l'interprêtation de ce fameux sourire énigmatique est celui d'une femme qui porte l'enfant d'un homme qu'elle a aimé. Vraiment joli comme hypothèse.

   Solal   
22/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,
Votre refonte littéraire du sourire de Mona Lisa laisse une sensation agréable. En gardant à l'esprit l'empreinte du tableau, on imagine sans peine ce sourire destiné à un homme.

Votre style est certes académique mais il a le mérite d'être maîtrisé.
Petit bémol, les dialogues et l'ambiance générale. On ne sent pas assez le XVIème siècle. (le vouvoiement ne suffit pas à mon goût)
Ensuite, mais disons que cela ne joue pas sur mon appréciation, je m'attendais à une description du lien qui se crée entre un peintre et son modèle. J'aurai aimé lire comment le maître Léonard réussit à capter l'épanouissement de la jeune femme amoureuse.
Dommage pour moi.

   Coline-Dé   
22/12/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte charmant qui nous offre en prime l'explication du fameux sourire ! C'est bien imaginé, joliment amené, mais très sage. J'aurais tendance à voir l'époque plus contrastée et surtout la personnalité tumultueuse voire sulfureuse de Leonard fait pâlir cette petite histoire amoureuse que l'écriture académique ne relève pas. Un peu comme si vous déposiez une aquarelle d'amateur à côté du célèbre tableau...Quelques notations me paraissent complètement anachroniques : "Tu mages trop, Lisa, tu engraisses"
La minceur est une préoccupation contemporaine et la phrase me semble hautement improbable à l'époque ! Et surtout le sourire de Lisa à l'évocation de ses ébats amoureux, oui, mais à l'idée d'être enceinte, là je suis plus réservée : la première grossesse emportait un nombre élevé de femmes, alors s'en réjouir sans appréhensions, surtout hors mariage, j'ai vraiment des doutes.
Cela dit le rossignol et les pigments bleus m'ont bien plu.
L'écriture est correcte, précise, mais ne laisse rien dans l'ombre, d'où un manque de relief.

   lala   
23/12/2015

   widjet   
29/12/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Un récit gentillet, qui n'échappe pas toujours à une certaine mièvrerie tout de même.

Plus que tout, en tant que lecteur, j'apprécie souvent la sobriété (en fonction du sujet, bien sûr), la simplicité (pas le caractère simpliste), mais ladite simplicté doit être émaillée ça et là de quelques fulgurances (même subtiles) histoire de me rappeler de temps à autre que l'auteur "en a sous le pied", qu'il cache habilement son jeu (et son style), qu'il ne distille ses atouts que quand il le veut, lui.

Bref, quelque chose qui aiguise ma cuiosité et me donne envie de le suivre.

Ici, hélas, cela reste consensuel presque tout du long.

La « scène amoureuse » laissait un moment entrevoir quelque chose de plus sinon enfiévré, au moins d'audacieux dans le style, quelques prises de risques. Mais non, tout cela restera désespérément sage, sans épice. Fade.

Frustration donc alors que le sujet (stimulant, par ailleurs) ouvrait un champ des possibles assez savoureux.

Depuis « mon retour » en tant que commentateur, je constate (et regrette) dans les nouvelles, une qualité moindre (à mes yeux, j'entends, je note une certaine uniformisation dans les procédés, le style) que j’espère passagère.

Widjet
(auteur un poil agacé)

   GLOEL   
17/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Lala,
J'aime l'idee de ce qui aurait pu avoir lieu. Finalement, ceux qui ecrivent ont la pretention de creer un univers fictif. Pourtant, pas si fictif que ca, surtout lorsque certains elements du recit renvoient a une realite historique
J'aurais aime rencontrer la Joconde, une femme d'une grande beauté au sourire si mysterieux et dont le portrait en a fait une tres grande personnalite, l'égale d'une reine.
L'idee de la decrire comme une jeune fille tres simple, mue par des preoccupations de son age cree le contraste. Peut etre aurions nous prefere voir une autre realite, plus haute et plus noble?
Et ce sourire si ineffable, a la fois indescriptible et irresistible... aurions nous pu imaginer qu'il n'etait pas feint pour le portrait. Qu'a bien pu penser Leonardo en depeignant ce sourire enigmatique?

   toc-art   
11/12/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Pas grand chose à dire de ce récit gentillet et un peu fade pour moi, même si l'idée est sympathique. Je crains malheureusement que cela ne suffise pas à faire un bon récit.
Bonne continuation


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