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Aventure/Epopée
LeopoldPartisan : Ballade de Jobelin et de Tobie (Chanson du clochard et de son clébard)
 Publié le 12/08/11  -  8 commentaires  -  15547 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

Récit actuel rédigé un peu dans l’esprit des ballades, chansons de geste et romans du Moyen-Âge, c'est-à-dire ici en vers libres. À Gustave le Rouge, François Villon, Rutebeuf et Charles Bukowski ainsi qu’à tous les autres laissés pour solde de tous comptes. Musique Canned Heat , Album Boogie with Canned Heat 1968.


Ballade de Jobelin et de Tobie (Chanson du clochard et de son clébard)


I

De voir ces dents s’éclater

Dans le fond de son gosier

Purée ça m’a presqu’fait bander

Je l’avais pourtant prévenu ce fumier

Tu touches encore mon chien

De ta gueule y n’en restera rien


Je sais qu’on pue, qu’on pète

Qu’on biberonne, qu’on fait tache

Que notre bouffe souvent, on l’arrache

Nous on a tous pris perpète

Clodo un jour

Clodo toujours


II

Alors messieurs dames

À votre bon cœur

Pour les fêtes de fin d’année

Zoner au centre commercial

C’est nettement plus intrépide

Mais vachement moins glacial

Que de rester à se les cailler

Sous le pont des Invalides


On est peut-être que des débris

Mais jouer au chat et à la souris

En se coltinant nos vieux caddies

On démarre avec un sacré handicap

Face aux vigiles qui s’ils vous happent

Vous lardent à grands coups de râpes


III

En ce qui me concerne, je m’en broche

Comme d’un rideau d’douche

J’ai le cuir solide et mes cicatrices en poche

Mais à mon vieux Tobie jamais t’y touche


Ce clebs m’a sauvé la vie

Alors que j’avais maille à partir

Pour une sombre histoire de paris

Avec d’odieux nervis

Qui le faisaient combattre

À grands coups de triques

Dans une cave saumâtre

Achevant le perdant à la brique


IV

Son regard sous les coups

M’a carrément rendu fou

Il a tout de suite flairé en moi l’allié

Quand j’ai commencé à disjoncter


Foutre dieu la raclée

Qu’on leur a assénée

Enfin c’est surtout lui face à eux

M’auraient submergé ces gueux

Il a déchiqueté la main

De l’enfant de catin

Qui allait me planter

Là, ils se sont crapuleusement vengés

Les salauds, les vermines, les désaxés

C’est au bloc de béton

Qu’ils lui ont défoncé l’arrière-train

Il n’a pas lâché, nom de nom

Ça braillait, éructait, sacré pétrin


V

Je n’ai jamais capté

Comment on s’en est tiré

Je me rappelle m’être retrouvé

Dans une ruelle étroite

À quelques mètres du squat

Serrant Tobie sur ma poitrine

Malgré ses 70 kilos de ballerine


En attendant une hypothétique

Prothèse à roue hydraulique

Qu’y a qu’en Amérique

Qu’on les fabrique

C’est en caddy de première

Aménagé pour son derrière

Que partout, je le trimbale

Sûr qu’avec lui dedans

Jamais aucun inconscient

Osera se faire la malle

Avec nos petites affaires

Dont je n’ai jamais su me défaire


VI

En ce week-end de veille de Noël

Ce sera la grande nocturne au centre commercial

L’armée du salut entonnera un cantique bancal

Rappelant que tempérance et abstinence

Sont les soutifs des mamelons de notre abondance


Plus loin de bedonnants pères Noël

Distribueront tout un arsenal

De bons de réduction, sacrés pièges à cons

Cela ira des nouveaux tampons en téflon

Aux capotes garanties de fabrication artisanale

Ou alors des boissons énergisant toute forme de fornication

Aux viandes à égales doses hormonales et végétales


Enfin rien pour des pouilleux de notre acabit

Quoiqu’avec la vinasse qu’on s’engloutit

Il faudrait bien qu’on s’achète par paquet de dix

Des lingettes qui puissent absorber tout notre vomi


VII

Le programme de cette soirée de mendicité

On l’avait tous patiemment élaboré

Chacun exprimant ces velléités

Que l’on avait soit acceptées, soit refusées

Mais toujours en votant à main levée

Et « of course » à l’unanimité.

Je sais, je sais…

Mais on peut être sacrément civilisé

Surtout quand à la clef

Ce sera pour aller fanfaronner

Et finir menottés au grand poulailler

Où on vocifèrera à l’illégalité de l’inégalité

Avant de tout bien dégueulasser

Et de finir par nous-mêmes nous insulter

Et nous taper sur nos sales gueules d’imbibés

La presse en fera ses choux gras

Pouilleux rififi à la maison Poulaga !

C’est au Kärcher qu’il a fallu dératiser !


C’est ainsi qu’on y avait passé

Une bonne partie de la journée

À bien roder notre stratégie

D’une approche bien concertée

Qui puisse ainsi ne pas être

Trop rapidement remarquée

Les boyards sont parfois futés


Le blème c’est qu’à force de discuter

La soif s’est vite invitée

Et que la vinasse qu’on a éclusée

Elle n’est pas trop réputée

Pour en ces circonstances

Ici évoquées : « Raison Garder »


C’est sûrement pour cela

Que j’ai été déterrer mon vieux Beretta

Un véritable modèle 1934, 100 pour 100 d’origine

Pas comme le 1935 qui s’est accouplé à Browning

Ah là là ! Lui et moi on en a fait des dégâts

Mais ce sera l’objet d’un autre débat


VIII

En approchant du parking géant

D’où nous lancerions l’opération

« Le blizzard des produits blancs »

J’ai ressenti comme une valse-hésitation

Je n’avais pas l’esprit tranquille

C’est souvent mon cas sous la picole

Mais là je devais avoir touché le pactole

J’étais à cran comme pas possible

Pire que mon Tobie dans un jeu de quilles


On a alors quitté la tête du cortège

Pour discrètement aller se placer en retrait

Là j’ai vu mon Tobie devenir lui aussi inquiet

Se positionnant même à plus trop tourner manège


Les autres nous ont distancés

Et sont tous parvenus à entrer

On était seuls dans la nuit béante

Et la neige s’est faite tournoyante.


IX

« Alors le pépé… tu vas te décider !

Allez vieille carne, magne-toi d’entrer

Tes potes, on les a déjà affranchis

Et réorientés vers les réserves

Où on va leur faire passer l’envie

D’encore nous chourer des conserves !

Crois-moi mon pépère

Cette cuvée spéciale Noël

Tu m’en diras des nouvelles

Avance vieille crapule

Et pousse ton sac à pustules

À lui aussi on va lui faire passer

Le goût du Canigou ! »


Pour être faits on était refaits à point

On s’était fait prendre en sandwich

Pire que dans les coucous de Midwich

Par Hugo Lombaerts et de ses deux adjoints

D’immondes faquins aussi bêtes que vicieux

Chargés du cuissage des petites caissières

Qu’ils prenaient toujours par derrière

Hugo leur servant son : « mords-moi le nœud »


X

Les voies du seigneur sont impénétrables

Mais dans notre jargon à nous les clochards

Comme au temps jadis chez les coquillards

Où l’on recourait souvent à la question

Voire pire à la pendaison après mutilation

Aujourd’hui comme naguère

Une seule devise : « Action – réaction »

Pirouette et triple axel

Jonglerie n’est pas sorcellerie

Et poudre de perlimpinpin

Peut contenir moult poivreries


Je prends l’initiative

En balançant un coup de caddy

Dans les couilles

D’Hugo la gargouille

Un autre dans les valseuses

De Pierrot la danseuse

Mon Tobie veut se charger

D’alpaguer le troisième larron

Dont j’ai oublié le petit nom

Mais on a déjà tourné les talons

En dépassant la vitesse du son


XI

En un une-deux d’anthologie

Sous leurs aboiements croisés

On leur met au bas mot

Pas loin de vingt mètres

Dans la lucarne

Peuvent toujours se brosser

Pour nous rattraper


C’était sans compter avec le verglas

Qui en cette saison ne pardonne pas

Sans parler de ces monstrueux 4/4

Toujours à la chasse

Pour vous piquer la place,

Toujours à la masse

Pour vous écraser les godasses

Et beaucoup plus si inimitié

À croire qu’on les a créés

Pour vous rappeler que le bon piéton

C’est le piéton mollasson et paillasson

Celui qui se laisse rouler dessus

Sans affecter votre bonus malus


Si par un dérapage contrôlé du caddie

Je parviens à éviter de justesse

Un vieux modèle de Range-Rover

La force d’inertie de mon Tobie

Combinée à une vitesse excessive

Et c’est le frontal avec un Hummer

Customisé à la Schwarzenegger


XII

Qui en plus d’être complètement sonnés

Se font alors copieusement engueuler

Je vous le donne en mille :

« Le vieux, le clebs et leur caddie »

L’énergumène qui nous interpelle

Est un vociférant catogan tout en muscles

Genre le gros beauf de Cabu

Quoiqu’un peu plus bas du cul

Chaussé de santiags qu’ont jamais vu un cheval

Mais pour lesquelles il a bien fallu

Pas loin de mille crotales

Il éructe comme une harpie

Devant sa carlingue clinquante


Et surtout… Surtout…

Là j’ai comme un trou !


Dans mon souvenir

Je me suis senti frémir

Et puis blêmir

Un peu comme dans :

« Je suis venu te dire que je m’en vais »

Mais alors à la puissance Bécaud

Au moins 100 000 volts

J’ai d’abord cru à un trop-plein

De vin et de vent mauvais

Mais jamais ni pinard ni bourrasque

Ne m’avait fait cet effet-là…

Je tressaute, la main figée au caddie

Comme si j’avais la danse de Saint Guy

Danse communicative aussi

Car mon Tobie, lui aussi

Se met à s’agiter et miracle

Se retrouve à gigoter

Sur ses quatre pattes…


XIII

« Taserisé… »… Ces salauds de vigiles

Nous avaient finalement rattrapés

Et venaient tout simplement de me balancer

Par derrière une petite décharge

De cinquante mille volts,

Une peccadille

Comparée à l’énergie déployée

Par ces immondes

« Beaucent » et « Pelé »

Que faute de pouvoir

En déterminer la race

Ne trouveraient place

Dans aucun bestiaire

Ni même au musée Spitzner


Figé, paralysé, hébété

Je suis malgré tout conscient

De ce qui se trame dans mon dos

À les entendre éructer de la sorte

Faut ne guère être devin pour comprendre

Que cela va être la curée

Et que c’est sur notre peau

Que ces raclures vont user

Les semelles de leurs godillots.


XIV

Dans mon curieux espace-temps

Qui fonctionne maintenant au ralenti

Je perçois tout à la fois la voix d’Hugo Lombaerts

Qui vient de rejoindre son avant-garde

En beuglant comme un putois

Et mon Tobie sur ses quatre pattes

Le poil hérissé dévoilant ses crocs


Je voudrais m’interposer entre lui et eux

Mais c’est pour ainsi dire : « mission impossible »


Bien qu’après un effort quasi surhumain

Je sois parvenu à coordonner

Un reste d’énergie cinétique

Qui me permet quand même d’effectuer

Sans m’affaler comme une vieille merde

Un retournement à presque 145 degrés


Je me trouve maintenant

Presque face à l’ennemi

Ébloui par la mécanique relativiste

Dont fait preuve mon Tobie

Vivant exemple

Des théorèmes de Koenig

En effet il vient de prendre un envol

Conjuguant puissance, masse et poids

Pour atterrir tel un missile atomique

Dans les rangs pourtant compacts

De nos ennemis jurés.


C’est un véritable miracle qui vient de s’opérer

Devant le regard ébahi du sempiternel mécréant

Que je suis, persiste et signe


Pourtant je crois bien que si

À cet instant précis

Le ciel venait à s’ouvrir

Sur la main de Dieu

Me tendant son pacte éternel

Pour une adhésion complète

Je serais tenté de signer


Sauf toutefois en ce qui concerne

Les annexes relatives

Aux témoins de Jéhovah,

Au port du cilice de l’Opus Dei,

Aux pro-peines de mort

Et anti-avortement

Des « Born-Again Christian »

Et autres Talibans

Qu’ils soient juifs ou musulmans


XV

Si j’avais eu la force de crier

Je gueulerais volontiers

« Vade retro Satanas

C’est Cerbère que le Seigneur

Vient de m’envoyer

Pour faire triompher le droit

Des pauvres à goûter eux aussi

À la lumière du réconfort…

Attaque, mon Tobie

Bouffe-leur les couilles… »


Mais c’est presque aphone

Que je contemple mon Tobie

Bien campé sur ses quatre pattes

Les babines retroussées

Les crocs saillants

La bave dégoulinante

Grondant tant et tant

Que l’ennemi recule

Alors qu’ils sont maintenant

Pas loin d’une dizaine.


Pourtant s’il y a un instant

Que dans ce minable espace-temps

Que fut notre quotidien navrant,

J’avais la faculté de balayer

D’un coup de baguette magique

Ce serait le suivant…


XVI

« Tobie… »

C’est le seul mot qui sortit

De mes lèvres !

Et qui scella notre malheur


Combien de millions de fois

N’ai-je revécu cette scène ?


Tobie se retourne vers moi

Sans doute croit-il

Que j’ai besoin de lui


Tout va alors très vite, trop vite


Tandis que Tobie inquiet s’en revient vers moi

Et que les rangs de l’ennemi se resserrent

Pour contrer le choc d’une collision frontale

Dans cette confrontation quasi animale

Lombaerts trouve en Catogan velu

L’allié dont il a besoin pour nous anéantir

Un sale regard de connivence

Et ils se précipitent dans le Hummer

Et nous foncent dessus


XVII

C’est Catogan hirsute qui conduit

Tandis que Lombaerts hurle ses ordres

Pour garder leur effet de surprise

Ils ont bien failli faire de la bouillie

Du rideau humain qui les masquait

Et ce n’est qu’à une fraction de seconde de l’impact

Qu’ils ont déclenché le klaxon


Tobie ne songe qu’à me protéger

Ma voix est revenue

Je hurle

Le monstre de métal

Le happe et l’écrase

Tobie n’a pas bougé d’un poil


Quatre fois les pneus à clous

Lui broient l’abdomen

Deux fois en marche avant

Deux fois une marche arrière


Ils lui seraient repassé

Une cinquième fois sur le corps

Si je ne m’étais effondré sur lui

Autant pour faire rempart

Que pour en finir moi aussi


Conscient de devoir rester dans le bon droit

Les salauds ont stoppé

À quelques centimètres

De mon crâne


Mon pauvre vieux Tobie

Pisse littéralement le sang de partout

Ne respirant plus que par habitude

Nous savons l’un comme l’autre qu’il va passer

Il semble heureux que je m’en sorte indemne

Il en profite même pour me lécher

De sa grosse langue puante et baveuse

Ce que je déteste et qu’il adore.

Là je défèque carrément dans mon froc

Tobie est parti…


XVIII

« Alors vieille crapule… Je t’avais bien dit que je finirais par t’avoir ! »

C’est la poudre qui a répondu à Hugo Lombaerts


Il n’a même pas dû souffrir

Une seule balle lui a traversé les dents et la bouche

Pour sectionner la moelle au niveau

Des cervicales et du tronc nerveux

Mort instantanée

Dont j’espère bien qu’il n’a même pas pu se rendre compte

Et qu’ainsi il va errer dans son putain de centre commercial

Jusqu’à la fin des temps sans comprendre ce qui lui est arrivé.


Pour Catogan poilu, ça a été bien différent

Faiblesse dans la vengeance des faibles

C’est le chauffeur et donc le lampiste qui en a bien bavé…

Une balle dans l’articulation du genou

Deux dans les testicules

Trois dans sa panse à bière…

Quinze jours, il a tenu aux soins intensifs

Avant de clamser assoiffé d’une septicémie généralisée.


XIX

La suite fut sans surprise

Arrestation mouvementée :

D’un forcené qu’il a fallu

Un peu malmener pour le maîtriser.


Procès :

Où je n’ai pas prononcé un seul mot

Croyez-moi, mais j’en ai vraiment bavé

De devoir la garder scellée durant les débats

Surtout quand l’accusation a fait défiler

Ses pseudo-témoins de moralité.

Pour n’avoir ni éprouvé ni exprimé de regret

J’ai été condamné à la perpétuité

Dont trente ans incompressibles


À l’âge que j’ai

Ce ne sont que les pieds devant

Que je sortirai

Là avec l’été qui arrive

Au fur et à mesure que les jours s’allongent

Mon espérance de vie diminue


XX

Enfant, j’ai découvert fasciné dans un « Bob et Bobette »

Qu’il existait aussi un paradis pour chien

Dans mon souvenir, il avait l’air plus chouette

Que celui qui est destiné aux humains

Alors, je suis sûr que lorsque je serai prêt


(Le temps d’accumuler

Une petite réserve de somnifères)


C’est mon vieux Tobie qui viendra me chercher

Pour m’y amener

Pour ce faire, il fera atterrir

Au milieu de la cour des promenades de la prison

Le carrosse volant que Willy Vandersteen

Avait si bien dessiné avec Bessy en tête de proue

Et devant un parterre de gardiens médusés

Nous nous envolerons

Nous, les nouveaux rois de l’évasion


Voilà, j’espère que cette confession

En forme de chanson du temps jadis

Aura plu à ceux qui l’ont lue

Dans le cas contraire

Servez-vous en pour vous torcher le cul


 
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   Anonyme   
7/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une rage, une force impressionnantes ! Une histoire qui arrache, et je trouve que l'idée est bonne de la présenter de la sorte, mais je regrette un rythme trop incertain, qui selon moi ne suit pas bien l'action.

   jaimme   
7/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
François Villon aurait aimé. Enfin s'il avait vécu ici et maintenant.
Lorsque l'amitié ultime est arrachée, lorsque la vie n'a plus de combat à mener, rien n'arrête le désespéré.
Un tourbillon en forme de tempête. J'ai aimé.
La gageure de garder ce rythme fou était impossible à tenir sur une telle longueur. Et lors j'ai senti quelques moments un peu plus mou-du-ge'nou. Des considérations tellement implicites que leur "explicicité" n'était pas indispensable. De même, malgré le formidable travail sur la sonorité, il reste encore à peaufiner certains passages pour accentuer leur fluidité, nécessaire pour une lecture flash.
Mais l'oeuvre est remarquable, à la hauteur du propos.
Merci!

   Anonyme   
9/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La forme de ce texte correspondrait davantage à un poème mais le fond révèle une nouvelle que j'ai trouvé émouvante. L'histoire rondement menée, les personnages sont bien campés, et le rythme demeure soutenu du début à la fin, quoique la forme sur la longueur gêne la lecture, à mon avis.
Merci pour cette histoire dure et tendre à la fois.
Bonne continuation à l'auteur.

   Pat   
9/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
L’histoire tient en haleine, bien qu’on puisse être déconcerté par la mise en page qui peut faire reculer. J’aime beaucoup le style qui est tout à fait en accord avec le thème et le personnage. L’expression fait réaliste. Le ton est tout à fait crédible, à la fois bourru mais, aussi, tendre. On entre donc facilement en empathie avec ce narrateur.

Néanmoins, les contraintes que semble s’être données l’auteur ne sont pas exemptes de maladresses.
La forme en paragraphes courts est tout à fait intéressante et fait, effectivement, complainte (un peu comme la complainte de Mandrin). Toutefois, le rythme et la prosodie ne sont pas respectés de façon rigoureuse. Les rimes (plus souvent assonances, d’ailleurs) sont présentes la plupart du temps, mais pas à chaque fois. C’est un peu comme si l’auteur faisait parfois passer le sens avant la forme. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais aurait dû être davantage généralisé. C’est comme s’il y avait eu une hésitation entre deux formes (l’une respectant la forme, l’autre respectant le sens). En tout cas, ça donne l’impression que les vers (?) sont ratés.
Quant au rythme, il est loin d’être régulier, ce qui me donne la même impression que pour les rimes.

Ce qui me gêne aussi, c’est la ponctuation : quelques points ont été mis à la fin, alors que tout le reste n’en comporte pas. C’est comme si l’auteur avait voulu privilégier une ponctuation « spatiale » au début, mais n’avait pas tenu la longueur. En plus des points, il manque pas mal de virgules (et autres marques de ponctuation, comme les points d’exclamation).
Bref, ça ressemble là-aussi à une hésitation entre deux choix (ponctuer ou pas). Mais là, clairement, la ponctuation est nécessaire en raison de la nature narrative du texte (on n’est pas en poésie… et même…). Les risques de se tromper sur le sens sont trop importants, d’autant plus avec cette longueur.

Une autre imperfection m’a ennuyée : l’expression n’est pas, non plus, régulière sur tout le texte. Le niveau de langage est familier, mais, par moments, il ne l’est pas complètement. Ex (parmi d’autres) :
« Qu’ils lui ont défoncé l’arrière-train
Il n’a pas lâché, nom de nom ».
Pour coller avec le registre proposé à d’autres moments, il aurait fallu, selon moi :
« Qu’y lui ont défoncé l’arrière-train (ou le derrière)
Il a pas lâché, nom de nom » (fautes corrigées)

« Cela ira des nouveaux tampons en téflon
Aux capotes garanties de fabrication artisanale »
Mieux selon moi :
« Ça ira des (nouveaux) tampons en téflon
Aux capotes (garanties) fabrication artisanale » (les termes entre parenthèses pourraient être supprimés)

Outre les ellisions (ça/cela, qu’il/qu’y, ne sont/sont, rideau de douche/ rideau d’douche, etc.) qui auraient dû être régulièrement utilisées pour traduire l’expression du personnage, le registre est parfois trop soutenu au niveau de la syntaxe et du lexique. Ex :
« C’est nettement plus intrépide
Mais vachement moins glacial
Que de rester à se les cailler
Sous le pont des Invalides »

Intrépide, voire glacial, me semblent un peu trop élaborés d’un point de vue lexical par rapport au registre de « se les cailler »
Essai de réécriture :
« C’est nettement plus casse-gueule
Mais vachement moins frisquet (ou gla-gla)
Que d’rester à s’les cailler
Sous l’pont des Invalides » (les ellisions avec apostrophes sont difficiles à lire dans un long texte, mais il faudrait, selon moi, harmoniser : toujours les utiliser ou jamais).

Dans l’exemple que je viens de donner, ça flingue les rimes, bien sûr. Du coup, je me dis que les différences de registre sont conditionnées par la volonté de faire des rimes à tout prix. Ce qui rejoint mon avis très général sur la difficulté à faire un choix clair entre les différentes contraintes. C’est vraiment dommage, car ça donne l’impression d’un manque de soin au niveau de l’écriture, alors que ce n’est pas forcément le cas. Mais les contraintes se retrouvent en contradiction. À mon avis, il aurait fallu garder les paragraphes courts, privilégier le niveau de langage en abandonnant la volonté de rimer, essayer de respecter davantage le rythme (même s’il peut changer d’un passage à l’autre : la régularité pouvant justifier la mise en page) et ponctuer.

Malgré ces maladresses, j’ai apprécié ce texte qui ne manque ni de force, ni d’émotion, et je salue la recherche d’originalité au niveau de la forme.

   Gerwal   
12/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une fois passé l'épisode un peu énigmatique du vieux Beretta, modèle 1934... (Mais ce sera l’objet d’un autre débat !...), on se laisse emporter par cette histoire d'amour et de mort un peu particulière mais assez réaliste, avec ses arrières plans tristement contemporains (misère, désœuvrement, violence...), malgré quelques détails un peu trop "forcés" (un Hummer sur le parking d'un super-marché ?).
Une tranche de vie, à la fois bien résumée et bien développée (je crois voir ce que je veux dire par là...) de ces manants d'aujourd'hui qui n'ont que quelque pont venteux pour Cour des Miracles...
J'ai noté trop d'expressions à la fois drolatiques et poétiques pour en citer quelques unes (le texte en est riche d'un bout à l'autre), et j'ai pensé à quelque poème de Jehan Rictus, autant par le fond que par la forme.
Un seul regret: Hugo Lombaerts reste un illustre inconnu pour moi... j'avoue mon ignorance à propos de ce personnage qui revient de façon récurrente dans ces lignes ???!

   Anonyme   
23/8/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bravo Monsieur!

Là, Tobie devient une légende, urbaine, car, oui, Tobie est vivant...
Tobie, c'est l'clébard qu'on voudrait tous si on était un vieux clodo, et si on était un vieux clodo, on voudrait tous être celui-là. Vécu, caractère, vision claire...

Le paysage est rude, réel, bien torché, le langage n'est pas ordurier, il vient du fond des tripes.

Et niveau rythme, putain whaaa ca balance! Rock goût bitume et grosses maraves.

Si on ne colle pas un excellent sur ce genre de textes, on n'en colle jamais. Le - c'est parce que ca manque de putes ;)

Vous êtes un poète, de la trempe d'Hart Sullivan.
Merci!

   Anonyme   
5/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
hormi p'tete la présentation qui a du désarçonner les feignants dans mon genre, je suis vachement heureux d'avoir fait la connaissance de ces deux gus.

C'est vachement vivant comme histoire, c'est bien balancé comme le pruneau envoyé à ce vigile de mes 2. C'est en plus pas du tout politiquement correct, donc absolument dans mes cordes.

J'ai adoré aussi le contre emploi dont le sieur Léopold, se sert pour son scénar, le taser qui guérit la paralysie de Tobie, c'est du grand art, même si on se doute que çà n'arrivera jamais. La fin aussi, Bob et Bobette c'est vachement top la mon pote.

Bon comme disait aussi mes prédécesseurs en com, y a des trucs à améliorer, sûrement, mais perso, j'ai pas le talent de "pat", pour lui donner des pistes. Moi j'espère qu'un jour y nous racontera, les aventures de Jobelin et de son berretta.

   Bidis   
24/10/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Sans le suspense et les rebondissements, je ne crois pas que j’aurais lu ce texte jusqu’à la fin, car je trouve l’écriture très peu soignée. Bien sûr, c’est une gageure : travailler et retravailler un texte qui ne peut en aucun cas laisser voir qu’on l’a travaillé ! Et peut-être que l’auteur me dira qu’il a sué sang et eau dessus. Mais quand je remarque cette répétition du très banal adverbe « aussi » ("Danse communicative aussi, Car mon Tobie, lui aussi"), je me dis que je n’ai pas tort de regretter tout au long de ma lecture un grand manque de finition. En tout cas c’est ce que je ressens. Et c’est dommage. Car l’histoire est touchante et l’écriture, tout à l’emporte pièce qu’elle me paraisse, frappe le lecteur et l’entraîne. Bref pour moi c’est tout à la fois excellent et raté, entre exceptionnel et moyen. C'est-à-dire « bien » mais avec un +.


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