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Lunar-K
15/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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"Ceci constitue un début seulement." : Effectivement, ce texte semble appeler une suite (j'y reviendrai), cependant il reste suffisamment compréhensible et "complet" pour pouvoir être apprécié en et pour lui-même.
Un texte dérangeant, malsain même par endroit. Et ce à la fois grâce à l'histoire et à la psychologie des personnages (de même que par leur relation assez particulière), et grâce à l'écriture, principalement dans les premiers paragraphes, avec ses métaphores, ses comparaisons, ses images, etc. pour le moins "spéciales". Le sujet est assez évident : la réclusion d'un "couple" (d'un genre un peu particulier, certes) et la "folie" qui en découle. Cependant, ce qui m'intéresse davantage, ce sont les relations que se jouent au sein de ce couple et la réflexion, que je qualifierais de "primitiviste", qui sous-tend cette "folie". Les relations, d'abord. Ce qui me choque c'est l'inégalité entre l'homme et la femme. J'ai l'impression que cette dernière est plus gravement atteinte que le narrateur. Peut-être même est-ce la seule véritablement atteinte, du moins au départ. Mais, et c'est là toute la subtilité des relations et de la psychologie que vous développez dans ce texte, de cette inégalité naît une sorte d'émulation. Pour je ne sais trop quelle raison (amour, admiration, ou autre), le narrateur est comme tiré vers le bas par cette femme, Jyoti, et s'enfonce avec elle. Ou plutôt "est enfoncé" avec elle car, et c'est là l'un des seuls reproches que j'ai à formuler à ce niveau, il manque une certaine progression. On est directement posé face au fait accomplit, sans savoir d'où ils viennent, les raisons qui les poussent à agir de la sorte, à s'isoler et haïr l'humanité. D'un côté, cette ignorance ajoute à l'aspect malsain de cette histoire : ils haïssent sans raison. Mais, d'un autre côté, nous donner au moins quelques indices sur les origines de cette décadence permettrait de renforcer la cohérence et la crédibilité du tout. Ainsi, il semble manquer un début à ce "début"... Même si celui-ci n'est pas véritablement indispensable et que son absence même est signifiante et apporte quelque chose au texte. Pour en revenir à l'émulation dont je parlais, les rapports entre l'homme et la femme semblent s'inverser à un moment. Au moment du meurtre, pour être précis. Jyoti n'a alors pas la force, ni le courage de ses idées (ce qui me fait penser que, peut-être, il ne s'agit finalement pas de folie mais plutôt de convictions). C'est le narrateur qui achève le pêcheur et qui va jusqu'au bout, jusqu'à la conclusion somme toute logique de tout le texte : la destruction de l'humain (cela dit, le suicide m'aurait paru bien plus logique encore). C'est en cela que ce texte appelle une suite. "Quelque chose d'étrange resurgit" alors chez Jyoti... Un sentiment d'humanité je suppose, alors que l'état du narrateur, lui, paraît irrémissible. Sentiment d'humanité qui se traduit, au début du texte qui en est la fin chronologique, par des reproches et, surtout, le seul contact humain entre les deux personnages : des lettres. En effet, jusque là, les rapports entre eux étaient caractérisés par une bestialité presque sans défauts : silence, solitude, violence,... Je passe ici à l'aspect "réflexion" du texte qui est davantage développé au début puis précisé et rappelé à certains endroits. Je qualifiais tout à l'heure cette réflexion de primitiviste. Et il m'est difficile de ne pas voir, dans le premier paragraphe, l'influence certaine d'Antonin Artaud et, plus particulièrement, de son texte fameux : "A la recherche de la fécalité". Des expressions comme "poche anale" m'y font immanquablement penser. Moins anecdotiquement, la conscience presque obsessionnelle de la corporéité et de l'animalité qui traverse tout ce texte et la "folie" des personnages est certainement à rapprocher de la démarche particulière de cet auteur. C'est en cela que la réflexion est primitiviste (ce qui ne signifie évidemment pas primitive) : un rejet prononcé pour tout ce qui constitue l'humain au profit de la bestialité, si pas de quelque chose de plus "fondamental" encore (à certains moments, les personnages deviennent plantes, ou rochers). C'est en cela qu'il s'agit bel et bien d'une folie puisque, le rejet de l'humain, se traduit nécessairement par un rejet du rationnel. Vous le dites très explicitement quelquefois. Rejet du rationnel afin de se focaliser sur ce qui n'est ni universel, ni atemporel : le corps (c'est-à-dire, de façon assez provocatrice, la "merde"). D'où, à mon avis, ce silence, cette solitude et cette violence qui caractérisent les relations du couple. La parole étant indice de raison, il est tout à fait logique qu'elle soit entièrement absente du récit si ce n'est au sein de ces lettres envoyées après le meurtre, donc après que ce "quelque chose d'étrange" ait resurgi chez Jyoti. C'est aussi la raison pour laquelle le suicide m'aurait paru plus approprié que le meurtre, symboliquement plus fort en ce qu'il aurait marqué plus encore ce rejet radical de l'humain et ce "dégoût d'être né". Mais bon, une suite aurait alors été impossible je suppose... J'ai, ici, un autre reproche à formuler sur la cohérence et la crédibilité du texte. L'écriture me parait globalement trop intellectualisante pour traiter adéquatement de ce sujet, de ce rejet de la rationalité. A nouveau, ce choix peut se justifier assez facilement par la position rétrospective du narrateur (ce qui traduirait, finalement, une rémission de celui-ci). Néanmoins, j'aurais bien vu une écriture plus viscérale, moins réfléchie, laquelle aurait, à mon sens, renforcé l'aspect dérangeant du texte. Je pense qu'il aurait gagné à ne présenter cette réflexion que dans les premiers paragraphes avant de peu à peu se laisser emporter par la folie des personnages plutôt que de continuer sur ce ton réfléchi tout au long. Bref, je ne vais pas m'étendre davantage. J'ai beaucoup aimé ce texte. Une grande qualité d'écriture (bien que pas toujours totalement adéquate, selon moi) et une force assez impressionnante, renforcée, bien sûr, par l'aspect malsain de cette histoire et par, surtout, la psychologie dérangée des personnages (psychologie qui manque peut-être d'un "background" plus fouillé, mais cela se défend). |
Anonyme
14/9/2011
a aimé ce texte
Bien
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Au début j'ai été rebuté par l'aspect scatologique de l'introduction. Je me suis dit encore un qui n'a pas dépassé le stade anal ou qui cherche par tous les moyens a attiré l'attention. Heureusement la suite du récit devient plus subtile mais reste difficile à suivre malgré tout. Une symbolique étrange se dissimule derrière chaque phrase. Il faut souvent relire un passage plusieurs fois, décortiquer les mots, soupeser les adjectifs pour être sûr ne pas faire fausse route.
La qualité et l'intelligence de l'écriture sont indéniables mais cette même écriture devient vite excessive, fatigante à décrypter, comme si l'auteur était dépassé par lui-même et incapable d'exprimer les ressentis de ses personnages de façon simple. Nous sommes clairement dans un registre intellectuel, alambiqué, qui me parait diablement manquer de spontanéité. Les relations entre Jyoti et le narrateur ne sont pas évidentes à comprendre. Attraction, répulsion, il y a une forme de masochisme dans cette liaison tourmentée. L'amour ne servant plus la paix des sens mais devenant l'expression d'un dégoût de l'humanité. Cette fascination pour le morbide finit d'ailleurs par peser, l'auteur insistant parfois lourdement pour instiller une ambiance poisseuse. Mais en catégorie Horreur/Epouvante, cet effet est donc plutôt réussi. Je suis vraiment partagé ; admiratif des réelles qualités littéraires, submergé par l'outrance et la démesure de cette nouvelle. |
Perle-Hingaud
16/9/2011
a aimé ce texte
Bien
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Un style affirmé, une écriture puissante. Le rythme derrière les mots parfois obscurs ou grandiloquents, sans doute excessifs pour moi. Il faut accepter de mettre de côté nos lectures habituelles pour entrer dans ce texte. Une histoire concentrée, donc, trop peut-être pour le lecteur de passage, inattentif. On pourrait facilement s’ennuyer, décrocher – et le début est particulièrement rebutant. Le texte réclame de l’attention, beaucoup. Ou alors, simplement, se laisser bercer et admettre que des choses nous échappent. Je l’admets volontiers.
Tout de même, le sens dérange. On y revient encore et encore, sur le glauque, le malsain. Ah, une dernière chose : le passé simple à la première personne du pluriel est indigeste : « Nous ne dîmes rien ». Un texte d’excès, dans le fond, dans la forme : impossible de noter, mais merci pour ce moment étrange. (PS : en EL, note indispensable, mais non significative). |
Anonyme
20/9/2011
a aimé ce texte
Un peu
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Bonjour Lu-k,
Je ne partage pas l'engouement suscité par votre texte. Pour des raisons techniques. On est dans la catégorie épouvante, or on démarre faiblement et l'ambiance de départ ne fabrique pas la tension nécessaire. Pour moi, l'introduction est une trop longue digression. "Les jours traînaient leur patte molle." Le texte aussi. C'est dommage, l'écriture est bonne. Peut-être que votre passé-simple contribue à ne pas provoquer cette nervosité, ce climat que j'attends dans un texte de cette catégorie. La deuxième partie du texte : "J'eus un frisson..." est bien plus captivante. Mais j'ai dû patienter jusque-là avant de... |
brabant
20/9/2011
a aimé ce texte
Un peu ↓
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Bonjour Lu-k,
Tout d'abord je tiens à préciser que le dialogue que je vais entretenir se fait avec le héros et que je ne confonds pas l'auteur avec celui-ci. J'ai conscience que ce texte est avant tout un exercice littéraire. Re-bonjour Lu-k, Désolé, mais je n'aime pas. Mes mots pour le dire paraîtront peut-être forts ; mais pas autant que ceux du personnage principal de ce récit. Texte outrancier. Votre qualité d'écrivain n'est pas en cause, Lu-K, pour moi, ce sont les limites où vous voulez pousser l'écriture, la façon de dire, que je n'aime pas. Même si je sais que vous pourriez écrire des bluettes ou des contes de Noêl, car, quand on ose écrire de cette façon-là, 'choquante' est un euphémisme, on est aussi capable d'écrire autrement. On maîtrise. Bon, je vais dire ma progression dans cette lecture. Mes réflexions, mon dégoûts, mes erreurs de déchiffrement, mes espoirs et mes désespoirs. 2 1ers pg : Je ne comprends pas, si la merde est l' 'essence', où est le problème ? Je vois une plus que certaine complaisance à se rouler dedans. Dans quel but ? 3ème pg : Le pire est là, que je redoutais sans vouloir y croire. Le mot 'ordurier' me vient à l'esprit parce que tout cela m'apparaît gratuit, spongieux, fangeux. Si le but est de révulser, c'est réussi ! Pour moi ça n'est qu'un délire post-adolescent (toujours le héros hein) provocateur. 4è pg : ses "mains rêches" sur le cuir d'une vache. On voit qu'il n'a jamais touché une vache. C'est plus rêche que sa main ne le sera jamais. 5è pg : Ouf ! Une de moins. Je parle de l'héroïne, seconde lame. 6è pg : Merde ! :) La voilà de retour avec ses "chiures". C'est Fantômette ? lol Formulations absconses. Auto-apitoiement. On y arrive... La rédemption pointe le bout de son nez. Je parie pour une sorte de quête du Graal. J'essaie de me raccrocher... 7è pg : ... la montagne que l'on gravit. 8è pg : le déni. 9è pg : La traversée de l'Achéron. Se dirige-t-on vers le Purgatoire. Pardonnez le vieux fond chrétien. 1oè pg : La montagne. Les dernières dénégations avec l'oiseau que l'on tue. Symbole de ...?... Ne voudrait-on pas ne pas se repentir. Là j'ai l'impression que l'auteur a réussi son coup, qu'il me mène en bateau. 11è pg : Le sommet... Changement de point de vu(lv)e. lol 12 : La prise de conscience. Quel (r)éveil ? 13 : Laitance/Lactation/Jactance. 14 : L'amour païen. Quand ai-je été eu ?... 15 : Le purgatoire. La femme péché. Faiblesse. 16 : Le combat. La révolte de la femme. 17 : Les "poulpes méphitiques"... possible ça ? 18 : Echec. Pas de transmutation. 19 : Le meurtre : De qui ? De quoi ? Que représente ce pêcheur/pécheur ? Paganisme fondamental ? S'agit-il de se libérer de son créateur? 20 : L'innocence retrouvée en tuant le géniteur/assassin qui sort et tue la vie dont le berceau est la mer... Fumeux, essoré,... Oui, je sais... Bon, pour conclure je n'aime pas trop le vomitif, je n'aime pas quand Depardiou pisse sur la moquette dans un avion au vu et au su de tous. Il y a des sacs à vomi/pipi pour ça ! lol :))) Je ne mets pas en doute vos qualités d'écrivain ; l'exercice m'a seulement paru extrême, limite. A un prochain texte. Pourquoi pas ?... |
widjet
23/9/2011
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L’avantage des « photographies », précédent opus de l’auteur, était qu’on pouvait – car le texte était court - sans problème supporter et même être touché par les lamentations du personnage. Le texte allait assez vite à l’essentiel et les phrases chocs étaient assez rares (sur tout une) pour marquer la rétine.
Ici, je n’ai pas pu aller au-delà de la troisième page. Cela m’a semblé trop laborieux. L’entrée en « matière » (hum hum) est trop insistante (on avait compris le message) et assez « chiante » (pourtant notre rapport avec notre corps est un sujet passionnant). Le reste – longue complainte ou branlette intellectuelle, c’est selon - peine à progresser, les métaphores – sexuelles ou pas - (« les draps sont chauds comme des lèvres ») ne sont guère inspirées et tout ceci bande plutôt mou. En dépit de la volonté d’installer une ambiance assez poisseuse, voire crasseuse, je me suis senti extérieur aux états d’âme et au mal de vivre du héros. Bref, je n’évalue pas. W. |
Anonyme
30/12/2012
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'aurais préféré : "La merde n'a rien de relatif, on s'y trouvait complètement."
Sinon, c'est un bath début. Entre parenthèses, pour ce qui est de l'art de chier, je vous recommande vivement James Joyce. Parenthèse fermée. Un texte que l'on ne pourrait qualifier que de malsain, avec quelque chose de jubilatoire. Je dirais un très bon texte pour qui aime le glauque. Drôle de personnage, cet auteur-teuse de ce machin-truc. Gainsbourg sentait très fort et la pisse et la merde et il était violent à sa façon débile. Le rapport ? Votre texte. Et génial et débile. Ah, j'adore le "Des passants aux corps vieux...". Très visuel. Un don remarquable pour la narration. Je note l'écriture. Pour le reste, je fais comme les trois petits singes, sauf que je me bouche le nez au lieu des lèvres. Sinon et à part ça, j'ai bien rigolé. Merci. |