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Réalisme/Historique
macaron : Du temps pour espérer
 Publié le 13/02/17  -  23 commentaires  -  7763 caractères  -  149 lectures    Autres textes du même auteur

Une anecdote à propos d'une montre et du temps qui ne va pas assez vite.


Du temps pour espérer


Il était bègue, et pas qu’un peu. Est-ce son handicap ou la petite humiliation subie à travers une histoire dont il est le principal protagoniste qui me fait me souvenir de lui ? Je ne saurais le dire. Des personnes avec une élocution hésitante, fractionnée, demandant une attention un peu soutenue, j’en ai croisé, comme beaucoup d’entre vous je suppose. Mais avec une telle difficulté pour parler, exprimant une souffrance venue de je ne sais où avant de pouvoir sortir un son de la bouche, je n’en ai connu qu’une : Michel. Un gentil garçon, un bon camarade, nous étions dans le même foyer de l’assistance publique. Pas toujours facile à vivre pour lui si je me souviens bien : les moqueries, les imitations, les conseils ironiques. Pourtant un enfant agréable, presque heureux, riant et pleurant parfois simultanément, d’une confiance étonnante envers les adultes qui nous entouraient. J’étais différent, impénétrable, méfiant. Son secret, je le connaissais, il venait régulièrement le visiter : sa mère.


***


Durant les onze années passées à l’assistance, je n’ai pas vu beaucoup de mères venir prendre des nouvelles de leur enfant. Rares étaient pourtant les véritables orphelins comme moi. La mère de Michel débarquait le dimanche après-midi, des sacs plein les mains, l’allure bonhomme de son obésité invalidante. Habillée comme on ne l’était plus, les cheveux longs et gras, elle suscitait parmi nous des commentaires caustiques qui, s’ils revenaient aux oreilles de Michel, engendraient des bagarres et des pleurs. Je la trouvais courageuse cette grosse dame. C’était compliqué pour elle de venir le dimanche, les horaires de bus, la marche fatigante pour venir jusqu’au foyer. Elle apportait des friandises, et nous en profitions tous, et Michel rayonnait un peu béat, un peu benêt. Elle lui faisait toujours la promesse que bientôt elle le reprendrait, elle avait vu le juge, c’était une question de semaines. Là, je ne pouvais pas y croire, je savais comme les adultes étaient menteurs, pas elle, oh non, c’était une bonne mère, mais les juges…


***


Cette année-là, je dirais en 1968, j’étais en dernière année de primaire. Il n’y avait pas d’enseignements au foyer dirigé par des religieux traditionalistes, nous allions à l’école publique, ici dans le nord, socialiste. Michel, un peu plus âgé que moi, était dans une classe de même niveau. À treize ans, il n’ira pas au collège l’année suivante, mais il passera son certificat d’études avant d’entrer en apprentissage. Je le voyais rarement à la récréation, j’avais mes copains « de la ville » ou j’étais seul, car j’ai toujours aimé la solitude.

Je me souviens qu’à cette époque une idée, souvent, occupait mon esprit, le désir impérieux de posséder une montre. Quelques copains en avaient une – les garçons de la ville –, et si je trouvais l’objet en soi esthétique, c’était bien sa fonction qui m’intéressait. Avec le recul et le temps qui passe de plus en plus vite, je pourrais sourire de cet éveil à la temporalité tout en regrettant l’enfance où il n’y avait pas d’heure. Pas sûr dans mon cas, je me sens nu sans ma montre, le seul « accessoire » que je supporte sur ma peau. La ponctualité est sans doute ma première qualité, je n’ai jamais raté un train ou un rendez-vous. Pourquoi ce rapport au temps si important ?


***


Michel vint donc me trouver à la récréation parmi mes camarades. À son poignet, une montre toute neuve.


– C’est ma mère, me dit-il dans un grand effort, qui me l’a offerte.

– Veinard ! Tu pourras me la prêter ?


Visiblement, il tiquait. Il voulut sans doute mettre des nuances à son refus – je ne me moquais jamais de lui, il avait confiance en moi – seulement les mots ne sortaient pas, et je le pris par surprise en lui demandant :


– Juste cinq minutes, je te la rends à la fin de la récré. Allez Michel, s’il te plaît !


Avec un grand sourire, il enleva sa montre et me la donna. Me fit-il la recommandation de ne pas toucher au remontoir ? Je n’en suis pas certain. J’étais ailleurs, je pesai dans ma main l’objet tant convoité, puis l’attachai à mon poignet. Elle avait un fond bleu dans un boîtier chromé, une trotteuse intrépide que je regardais cavaler, admiratif. Savoir à tout moment l’heure qu’il était, un privilège auquel j’accédais. Mais la chose la plus étonnante au fond, dont je n’avais pas compris le principe, était le bouton remontoir. Pas la fonction de changer l’heure en tirant dessus pour faire tourner les aiguilles, mais l’action de tourner le bouton un certain temps, « remonter la montre ». Il y avait un mystère pour moi dans ce geste, une magie qui s’opérait, inexplicable. J’avais vu nombre d’adultes le faire, le souvenir d’un oncle en particulier, et l’air sérieux, voire grave avec lequel il agissait, ne laissait pas de doute sur l’importance de cette manipulation. Après tout, empêcher le temps de s’arrêter, avoir toujours une provision de temps d’avance, n’était-ce pas inespéré ? Et d’espoir, j’étais preneur, j’en redemandais.

Je ne m’amusai pas à faire tourner les aiguilles et pris l’initiative de « remonter la montre ». Je fis à peine un tour que le bouton se bloqua. Très étonné, il fallait un certain temps pour cela, je le savais, je l’avais assez observé, je forçai le remontoir qui me résistait. Le mécanisme céda, le bouton, perdu, tournait dans le vide à mon grand désappointement. La récré se terminait, je vis arriver Michel, enjoué, un peu rouge de s’être bien dépensé. À ma tête, il comprit aussitôt l’erreur de m’avoir confié le cadeau de sa mère.


***


Le problème, c’est qu’il avait la larme facile Michel. Son bégaiement provenait sans doute d’une extrême sensibilité, et quand il partit se mettre en rang pour rentrer en classe, je l’entendis sangloter nerveusement. J’étais tout juste assis à ma place quand monsieur Lefèvre, l’instituteur de Michel, pénétra dans la salle l’œil sévère, dit deux mots à notre maître, puis me fixant et crochetant un doigt me pria de le suivre. La suite est un peu embrouillée, la seule chose dont je suis certain, c’est que le temps s’arrêta. Il me sembla être hors de moi-même malgré la douleur du tirage d’oreille, de la paire de gifles, des coups de pied aux fesses. Plus grave, devant la classe, il me traita de voyou – nous étions tous des voyous au foyer –, et, perspicace comme il l’était, il avait tout compris, la jalousie de ne pas avoir de montre, la bassesse de profiter d’un être faible, sans défense. Pour autant, il ne me demanda aucune explication, mais qu’aurais-je pu lui dire ? Lui parler d’une expérience mystico-temporelle, du temps qui n’allait pas assez vite, d’une enfance que je voulais fuir à jamais.


***


– C’est une montre comme tu les aimes papa avec le bouton remontoir, on ne s’est pas fichu de toi. Ce qu’on a cherché avant de la trouver !


Ma fille me sourit malicieusement, alors que je m’apprête à faire ce geste autrefois si familier, remonter la montre. Un peu de mon passé à présent puisque c’est l’anniversaire de mes soixante ans. Je n’ai jamais rien dit à personne de cette histoire à l’école avec Michel. Je proteste encore au fond de moi contre la petite injustice qui m’a été faite et la bêtise de monsieur Lefèvre. J’ai une pensée pour Michel, s’en est-il sorti dans la vie malgré son handicap ? Il partit du foyer de l’enfance avant moi, son apprentissage comme un sésame à son devenir, à moins que sa mère ait fini par faire plier le juge des enfants. La mère de Michel, une caricature, nous n’étions pas tendre avec elle, pourtant, pour être tout à fait sincère, je me demande si je ne l’ai pas envié Michel, si je n’ai pas inconsciemment désiré être à sa place, avoir la mère qu’il avait.



 
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   Anonyme   
17/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve que cette histoire sonne très juste, au point même de dévoiler avec habileté l'inconscient du narrateur :
Mr Lefèvre, l’instituteur de Michel, (...) perspicace comme il l’était, il avait tout compris, la jalousie de ne pas avoir de montre, la bassesse de profiter d’un être faible, sans défense. (...) Je proteste encore au fond de moi contre la petite injustice qui m’a été faite et la bêtise de monsieur Lefèvre.
La "bêtise" de monsieur Lefèvre est-elle si bête, l'envolée de "l'expérience mystico-temporelle" si convaincante ? Voilà un récit qui me paraît offrir plusieurs niveaux d'interprétation et ça me plaît bien, moi qui d'ordinaire me méfie beaucoup des histoires d'enfants abandonnés où le pathos fait souvent figure d'invité envahissant.

Une histoire qui, comme un rayon de soleil frappant à l'improviste une mare, plonge dans des tréfonds d'ordinaire cachés : une bonne idée servie par une écriture raccord qui me semble bien épouser le "stream of consciousness" du narrateur.

   plumette   
23/1/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai été touchée par ce texte.
L'évocation de Michel et de son handicap, la cruauté des enfants entre eux,l'évocation de la mère, moquée comme son fils mais pour d'autres raisons.
C'est l'adulte, avec le recul, qui recompose ses souvenirs. Le narrateur fait cela avec précision, sans pathos et sans lourdeur, malgré le contexte difficile.
Et puis, on entre dans le coeur du récit, le narrateur revient au centre avec cette histoire de montre qui dit la force d'un désir.
Il y a l'histoire elle-même dont on comprend qu'elle ait laissé une trace et puis les réflexions qu'elle suscite chez le narrateur adulte.
Je trouve que le tout s'organise naturellement dans le texte.
Pour moi, il aurait pu s'arrêter avant le dernier paragraphe juste après " d'une enfance que je voulais fuir à jamais"
je pense que j'aurais préféré rester en compagnie de l'enfant, ce qui aurait laissé plus de place au lecteur et à ses propres projections.

j'ai apprécié l'écriture, tout en ayant eu un peu de mal au début, avant que n'arrive le prénom Michel, comme si l'introduction bégayait un peu, en empathie avec son sujet!

Plumette

   silvieta   
24/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un récit émouvant. Une petite musique nostalgique . Des portraits bien saisis, en particulier Michel et sa maman.

L'histoire de l'expérience de temps figé reste floue. Elle aurait mérité un développement.

Quelques détails: on "visite" un lieu, pas une personne et l'abréviation de Monsieur est M. et non Mr. mais un coup de corrector et il n'y paraitra plus.

Une jolie petite histoire, un peu cruelle, ce qui ne gâte rien.

   Anonyme   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour.

J'aime bien ce récit qui me fait remonter des souvenirs d'enfance.
Il est vrai qu'on avait pas de montre à l'école à cette époque et
je me souviens d'avoir "emprunter" celle de mon frère qu'il laissait
à la maison, quelques fois pour aller à l'école.
Il ne fallait pas se faire prendre à regarder l'heure.
Encore un de ces trucs qui peuvent paraître aberrant aux jeunes
de maintenant.
J'aime cette nouvelle bien écrite et d'une simplicité et vérité,
images de temps qui ne sont plus.

   PierrickBatello   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire mignonne qui fait presque bizarrement chaud au coeur. Le style du début est hésitant, comme pour faire écho au bégaiement de Michel? Au niveau de la construction, je me demande si ce ne serait pas plus intrigant de commencer par la fin

"– C’est une montre comme tu les aimes papa avec le bouton remontoir, on ne s’est pas fichu de toi. Ce qu’on a cherché avant de la trouver !

Ma fille me sourit malicieusement, alors que je m’apprête à faire ce geste autrefois si familier, remonter la montre. Un peu de mon passé à présent puisque c’est l’anniversaire de mes soixante ans. Je n’ai jamais rien dit à personne de cette histoire à l’école avec Michel."

et d'enchaîner ensuite le récit. Cela permettrait de situer les souvenirs dans la durée d'un "remontage de montre". La fin
"Plus grave, devant la classe, il me traita de voyou – nous étions tous des voyous au foyer –, et, perspicace comme il l’était, il avait tout compris, la jalousie de ne pas avoir de montre, la bassesse de profiter d’un être faible, sans défense. Pour autant, il ne me demanda aucune explication, mais qu’aurais-je pu lui dire ? Lui parler d’une expérience mystico-temporelle, du temps qui n’allait pas assez vite, d’une enfance que je voulais fuir à jamais."

me semblerait conclure admirablement cette jolie nouvelle. A essayer, sans certitude bien sûr.
Au plaisir de vous relire.

   matcauth   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Macaron,

vous avez écrit une histoire très belle car en peu de mots vous nous permettez de nous immerger dans les souvenirs d'enfance. Ce texte, comme d'autres de vous d'ailleurs ont cette patine "Les Choristes", ce charme d'autrefois, à la fois dans le fond, dans l'aspect nostalgique, mais aussi dans la forme, cette mise en contexte faite par petites touches, en peu de mots et d'une remarquable efficacité.

Il y a une cohérence dans vos texte, cette même teinte dont je parle plus haut, et je trouve, mais c'est un avis, que cela pourrait faire partie d'un ensemble, soit sous forme de chronique, soit sous forme d'une histoire plus longue, pourquoi pas. D'autant que l'écriture est vraiment bonne, il n'y a pas grand chose à dire.

L'émotion suscitée ici est plutôt la tristesse, je verrais, mais là encore c'est un avis, une petite touche plus joyeuse, ou humoristique, à l'instar d'un Amélie Poulain.

On plonge vraiment dans vos histoires, et on a envie d'y rester et de voyager encore, car la ficelle nostalgique opère.

Bravo, et au plaisir de vous lire de nouveau.

   Zorino   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Macaron,
Combien j'ai regretté lorsqu'en vous lisant, j'ai aperçu le premier commentaire en bas de mon écran... ! Je me sentais tellement bien dans votre histoire si touchante que je n'ai pas vu le temps passer, contrairement au protagoniste de votre nouvelle (vous peut-être) face à Monsieur Lefèvre. J'aurais voulu qu'elle se s’arrête jamais. Je ne vais pas vous raconter ma vie mais j'ai moi-même vécu une histoire similaire à la vôtre, mais un peu plus tard (années 80). C'était une montre à quartz, les premières. Le fait de pouvoir lire l'heure durant la nuit me mettait dans tous mes états. J'avais hâte d'aller me coucher, ce qui était dans mon cas, très préoccupant. C'est amusant en y repensant bien des décennies plus tard...
Ce retour à la réalité de la partie finale est également très touchant.
J'apprécie beaucoup le style d'écriture que vous avez adopté pour cette nouvelle : proche du style parlé. Ce qui lui donne un côté "histoire que l'on se raconte le soir, près du feu de bois". Je ne manquerai pas de la relire.
Merci pour ce beau partage

   Donaldo75   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour macaron,

J'ai bien aimé cette histoire qui sonne juste, racontée comme un souvenir lointain et pourtant si présent. Les possibles répercutions de ce moment sur les habitudes du narrateur, ou ses marottes voire plus, sont amenées subtilement et sans ellipse inutile.

Les personnages sont bien esquissés, dans un texte finalement court tellement on le dévore vite. C'est vraiment très bien raconté.

Merci pour la lecture,

Donaldo

   Alcirion   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour macaron,

J'ai été très touché par cette histoire : tu es resté aux frontières de l'émotion sans passer la ligne rouge du sentimentalisme excessif.

C'est très bien écrit mais surtout ça parle à chacun, je pense, les injustices subies pendant l'enfance étant les pires puisque qu'un mur d'arbitraire infranchissable se dresse face au faible. Il n'y a pas de cours de justice pour les enfants et c'est bien dommage.

Pour le reste, l'ambiance années soixante/certif/assistance publique est très réussie, le style colle parfaitement.

   vendularge   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Belle histoire, bien écrite sans tremolos mais très sensible. J'aime particulièrement la description des raisons pour lesquelles, le narrateur veut cette montre, le personnage touchant de Michel et la fidélité à l'objet fantasmé capable de régler le temps.

Très joli moment de lecture, merci

vendularge

   klint   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte qui se lit bien grâce à une écriture fluide.
Je lui reprocherais d'être un peu lisse, un récit en ligne droite, sans surprises donc.

Une anecdote intéressante avec une perspective qui s'ouvre tout à la fin : "pour être tout à fait sincère, je me demande si je ne l’ai pas envié Michel, si je n’ai pas inconsciemment désiré être à sa place, avoir la mère qu’il avait.'

Alors l'instituteur aurait deviné (ce qui ne justifie en aucun cas l'humiliation et les coups évidemment).

Merci pour cette lecture.

   Pepito   
13/2/2017
Bonsoir,

Très bonne écriture, pour chipoter :
", j’avais mes copains « de la ville » ou j’étais seul," > "ou je restais seul", non plutôt ?
Bien vu le flash-back final.

Intéressante histoire, avec une vue sur le monde d'une enfance pas évidente. Je n'ai toutefois pas compris ce que le "perspicace" reproche au narrateur. On a l'impression d'un vol, ou une destruction volontaire ?
J'ai évidemment pensé au "Discours d'un roi" pour la souffrance provoquée par les difficultés d'élocution. Très bien rendue.

Merci pour la lecture.

Pepito

   Tadiou   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Petite (ou grande?) histoire d'enfant, faussement naïve, très touchante avec ses inquiétudes métaphysiques.

Ça se lit très agréablement avec une écriture fluide et qui, parfois, sent bon l'enfance.

L'inconscience mais en même temps la gentillesse du narrateur sont bien rendues.

La chute avec la plongée dans les 60 ans et la montre-remontoir m'a agréablement surpris. On brasse ainsi une cinquantaine d'années.

La toute fin avec le retour à la mère de Michel me semble être à contre-courant : le petit orphelin n'en parle que peu et le récit n'évoque pas sa souffrance due à l'absence de mère.

L'absence des parents du narrateur n'est d'ailleurs pas du tout mentionnée, ce qui me semble étonnant pour un orphelin entouré de camarades qui ne sont pas dans la même situation(pas de "véritables orphelins").

Ça m'a gêné aussi de n'avoir pas de détails sur le narrateur, un personnage seulement en filigrane, un peu atemporel et avec peu de consistance.

Mais au total un bon moment de lecture de ce texte sensible et touchant.

Merci et à vous relire.

Tadiou

   Cox   
13/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai apprécié le style, très doux, facile à suivre et agréable. Sympathique aussi, cette drôle de façon qu'a cet enfant d'envisager son temps, d'en prendre tant soin, de pousser doucement sa trotteuse au galop. Ca donne matière à des tas de réflexions intéressantes.

Par contre... Ce n'est pas ma tasse de thé. J'ai eu un peu l'impression que l'histoire ne menait pas vraiment quelques part. Comme une anecdote qu'on entendrait dans un repas de famille avant de reprendre des patates.
J'aurais attendu une chute peut-être, ou enfin quelque chose qui se passe de plus marqué...
Question de goûts j'imagine. Mais je regrette parce que votre style me plaît !

   Muscadet   
14/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un style épuré, discipliné et fluide.
J'ai envie de croire à l'authenticité de la réminiscence quoi qu'il en soit. Un texte d'utilité publique au sens où il rappelle que les traumatismes grands et petits marquent à vie, et qu'il est de bon ton de s'en féliciter.
Deux regrets malgré tout : le lyrisme du titre qui ne rend pas justice à la consistance du texte, et la chute plutôt subite, consensuelle pour le lecteur d'une autre génération.

   Solal   
15/2/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Votre texte m'a vraiment touché.
Votre histoire, à la fois simple et profonde, garde suffisamment de pudeur pour une interprétation libre. Mais pourquoi avoir forcé le mécanisme : pour accélérer le temps, par jalousie ? Un peu des deux peut-être. Pourtant je crois qu'il y a encore autre chose et je ne sais pas quoi.
J'aime ça, cette sensation de secret. Je pense que tout n'est pas bon à écrire, qu'il faut laisser sa part de liberté au lecteur.
J'aurai simplement souhaité que le texte ne finisse pas aussi vite. Mais bon quand on aime c'est toujours trop court.

Merci pour cet agréable moment.

   Marite   
15/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le souvenir d'enfance qui nous est confié dans cette nouvelle m'a beaucoup intéressée. Curieusement, en terminant ma lecture, j'ai pensé à Michel, ce jeune garçon parti en apprentissage : et si le hasard de la vie l'amenait à lire ce récit ... ce serait vraiment extraordinaire pour les deux amis d'enfance de se retrouver à soixante ans passés !
Dès le premier paragraphe nous entrons de plain-pied dans l'évocation de cette tranche de vie et il n'y a eu aucun problème pour en suivre le déroulement. L'écriture, claire et fluide, restitue fidèlement les situations vécues et les caractères des personnages. La chute, inattendue pour moi par ce retour à un objet et le rapport au temps, permet au narrateur de classer sereinement ce souvenir dans l'un des tiroirs de sa mémoire.
Une seule question : les astérisques en séparation de paragraphes sont-ils vraiment nécessaires ?

   Bidis   
16/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire tendre et cruelle comme beaucoup de ces mésaventures que chacun a connues dans son enfance. Bien racontée. Avec une chute toute en nostalgie.
J’ai bien aimé.

   Anonyme   
18/2/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour macaron
Comme les autres lecteurs, votre histoire m'a touché ! Ça coïncide avec des choses que j'ai vecu pendant mon enfance.
Je commence point par point :
Le bègue. J'ai un voisin bègue, le seul du village. Comme par hasard, il est né en 1968 ! D'ail leurs, il adore se vanter d'être natif de cette année " nnnounous les lee 68... On est les les ppplus fotr..." et c'est vrai, comme lui, tous les 68 du village sont des gaillards.
On ne se moque pas de lui, en dépit de son handicap, il est très intelligent.
Un jour il a faillit se battre avec un autre begue, venu à la fête du vallage! Chacun des deux croyait que l'autre se moquait de lui !!! Vous imaginez la scène ?

La montre. J'avais à peine 7 ou 8 ans quand j'ai porté ma première montre électronique, que mon oncle m'avait amené de son voyage en Espagne. À l'école, j'étais connu par cette montre, et on me demandait l'heure une centaine de fois par jour !

Au sujet de Lefèvre. Je pense que son comportement n'est pas si violent que ça, vu qu'il croyait défendre un être un peu faible à cause de son handicap. Mais il aurait pu faire autrement... Ça ne justifie pas l'acte.
J'ai connu cette violence à l'âge de 13 ans , avec une enseignante d'anglais... ! Et en plus elle m'avait passé au conseil de discipline ! À ce jour, je ne lui pardonne pas ! Car elle s'est comporté d'une manière haineuse à mon égard !
L'enfant n'oublie jamais les injustices

De toute façon j'ai passé un bon moment de lecture et j'ai aimé l'histoire
Alors merci encore pour ce texte qui éveille pas mal de souvenirs

Impatient de lire vos autres histoires
Bonne continuation

   hersen   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Derrière l'histoire de cette montre cassée, empruntée à la déloyale, je vois l'histoire de ce manque qui jamais ne peut se combler : le manque de la mère, de son amour, de l'intérêt qu'elle porte à son enfant qui le fait grandir. (ou le père, bien sûr)

Cette relation au temps, je ne la vois pas si obsessionnelle. je vois surtout qu'elle cache l'évidence " J’étais différent, impénétrable, méfiant. Son secret, je le connaissais, il venait régulièrement le visiter : sa mère." et donc, toute sa vie, le narrateur va remonter sa montre, et vivre ainsi indéfiniment le manque de sa mère.

Je pense que l'on se rappelle ces détails de l'enfance vécue quand ils ont une signification très profonde. Ainsi, les souvenirs qui marquent sont toujours les témoins de sentiments indélébiles, la tristesse, l'injustice, le grand bonheur, la solitude extrême...On colle, en quelques sorte, ces sentiments sur une réalité pour s'en rappeler. On a besoin d'un support.

Si la réaction de Mr Lefèvre semble dure, je pense qu'elle cadre parfaitement avec l'époque, où l'on punissait un acte sans toujours chercher de cause plus profonde.

J'aime beaucoup ce texte, raconté avec une certaine pudeur et qui, certainement, ramène le lecteur à sa cours de récréation de l'école communale !

Pour ma part, que l'on s'adresse soudain au lecteur ("comme beaucoup d'entre vous je suppose") m'a semblé hors de propos, ou tout au moins trop appuyé. L'histoire d'une part est suffisamment explicite pour que chacun puisse la rapporter à lui-même, et d'autre part, cela donne une impression d'être trop guidé.

Merci de cette lecture

   mimosa   
24/2/2017
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Bonjour macaron,
L'histoire débutait bien: je m’intéressais à ce petit Michel, enfant à problèmes comme on dit, mais qui tentait de toutes ses forces de surmonter son handicap et sa souffrance. Ensuite la mère survient, et là aussi, je m'attache au personnage.

Et puis plaf! une histoire de montre qui tourne mal, une paire de gifles et la chute: cadeau d'une montre au papa adulte.
Et Michel? et la mère?
Pour moi, c'est une histoire qui tourne court, décevante par la banalité de la chute et la frustration qui en découle.
Question style: pas de problème, le texte se lit agréablement.

A la prochaine!
Mimosa

   monlokiana   
27/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Quelle histoire!

Je ne sais pas pourquoi mais dès que j'ai lu la phrase "l'injustice qui m'a été faite" j'ai automatiquement pensé à Jean Jacques Rousseau et l'épisode de la fessée dans Les Confessions et qu'il affirmait haut et fort des années plus tard "Je suis innocent". :)

Très beau texte j'ai aussi aimé comment vous l'avez présenté par paragraphe. Votre personnage est très touchant et j'ai aimé comment son histoire s'est terminée.

   Anthyme   
16/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le tumulte de la vie détourne des blessures d'enfance.
Elles se portent dans l'oubli mais grandissent avec l'âge ; puis arrive le calme du soir de solitude où la mémoire se donne le temps d'un douloureux effleurement.

… … … …

La force évocatrice de ce texte vient de sa facture en forme d'autobiographie : il y gagne la profondeur dépouillée des regrets ultimes, ceux qui se révèlent dans la douleur des derniers pas.

Récit authentique ou fantasmé ?
Dans le fond, c'est sans importance pour qui le lit à travers les larmes du souvenir d'un manquement.

… … … …

Nous devons avoir le même âge …


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