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Réalisme/Historique
manitara : Yalta
 Publié le 30/03/10  -  12 commentaires  -  16149 caractères  -  57 lectures    Autres textes du même auteur

Un traducteur de la délégation russe à la conférence de Yalta repense à une jeune fille anglaise aimée autrefois.


Yalta


Dimitri Gourov était arrivé depuis trois jours à Yalta. Comme tous les membres de la délégation russe, il était consigné à la villa Koreiz. Staline avait donné des consignes strictes. Il était hors de question que les traducteurs mettent le nez dehors avant la conférence. Alors même que les autres délégations n’étaient pas encore arrivées, il craignait on ne sait quelle fuite, d’on ne sait quel secret, puisque aucun d’entre eux ne savait rien de précis sur la situation.

Solitaire, Dimitri passait donc la plupart de ses journées dans sa chambre à prendre des notes serrées sur de petits feuillets. Il écrivait d’une graphie minuscule pour occuper le moins de place possible sur les pages. Il avait apporté ses deux dictionnaires d’anglais qui lui avaient servi autrefois lorsqu’il avait appris cette langue à l’université de Moscou.

Autrefois, c’était avant 1917 et Dimitri se demandait parfois si cette époque avait existé vraiment, si les souvenirs qu’il en conservait n’étaient pas seulement des songes, des rêves auxquels il avait envie de croire pour se libérer de sa vie sans relief et sans saveur, de son existence vaine.

Il avait aussi avec lui, dissimulés dans sa valise, sous d’épais chandails moscovites qui ne lui serviraient à rien, deux livres, deux reliques maintes fois rafistolées avec du papier collant de mauvaise qualité, qu’il avait réussi à sauver du naufrage. L’un était un recueil de poèmes de Keats, l’autre une tragédie de Shakespeare. Ces ouvrages lui avaient été offerts pour ses vingt ans par une jeune Anglaise que sa famille avait hébergée un temps, lorsqu’elle était venue étudier la littérature russe à l’université Lomonossov de Moscou.

Elle s’appelait Anna et Dimitri l’avait aimée passionnément, comme on n’aime qu’une fois dans sa vie, à cœur et corps perdus. Puis elle avait regagné ses brumes anglaises et il était resté seul, happé par la révolution bolchévique.


Le 5 février, eut lieu la première réunion plénière, au palais Livadia, autour de la table ronde de la salle blanche, dans l’ancienne résidence d’été de Nicolas II. Staline et Molotov étaient accompagnés des ambassadeurs russes à Londres et à Washington. Pavlov traduisait. La discussion aborda dans un premier lieu l’avenir de l’Allemagne.

À l’issue de cette séance, les notes prises par Vichinsky et Gousev furent apportées à la villa Koreiz afin que la petite équipe de traducteurs à laquelle Dimitri Gourov appartenait, les retranscrivent en anglais. Staline n’accordait évidemment aucune confiance à ses interlocuteurs occidentaux et exigeait une trace rigoureuse de tout ce qui avait été évoqué pour éviter ensuite toute interprétation divergente de sa volonté.

Pendant que se décidait le sort de la nation allemande, Dimitri était sorti faire quelques pas dans le parc de la villa. Bien qu’on fût en hiver, le climat de la Crimée lui paraissait presque printanier au regard de la froidure moscovite. La douceur de l’air lui rappelait la fin du printemps 1915, quand il arpentait inlassablement les allées du parc Sokolniski, Anna pendue à son bras, lui racontant Londres, les salons, la vie littéraire, les écrivains qu’elle rencontrait, tous persuadés d’être les Walter Scott ou les Byron de ce siècle nouveau et si plein de promesses.

L’officier de liaison chargé d’apporter les documents arriva et Dimitri Gourov regagna sa chambre pour se mettre au travail. De son écriture serrée, il commença à noircir des feuilles où le sort de l’État qui avait fait vaciller l’Europe était évoqué en termes techniques, froids et nus. Le démembrement, le contrôle de la vallée du Rhin, de la Ruhr et de la Sarre étaient expédiés en une page. Puis, il fut question des réparations financières et du démantèlement de son industrie d’armement. Pour finir, Gourov traduisit les propos échangés entre Roosevelt et Staline sur la présence des troupes d’occupation américaines sur le territoire allemand.

Il transcrivait méthodiquement, veillant à ce que chaque mot, chaque expression soient le plus proche possible des exigences de Staline, mais ce travail ne lui procurait aucune satisfaction. Il l’exécutait parce qu’il avait été envoyé à Yalta dans ce but mais il n’y accordait pas plus d’importance qu’il ne l’eût fait pour une quelconque notice technique.

De temps en temps, pour relâcher la tension, il se levait, s’approchait de la fenêtre comme pour apercevoir une lueur, un signe au loin sur la mer, mais la nuit était tombée depuis longtemps déjà. Alors, avant de se remettre à la tâche, comme certains boivent un verre de vodka pour se donner du cœur à l’ouvrage, il ouvrait le recueil de poèmes et, à voix haute, il lisait au hasard quelques vers de Keats. Aussitôt, les yeux et le sourire d’Anna ressurgissaient et les trente années écoulées depuis ce temps heureux s’évanouissaient.


Le lendemain, vers 9 heures, une voiture conduite par un officier vint chercher Dimitri Gourov et les deux autres interprètes pour les emmener au palais Livadia. En effet, Staline, impatient autant que méfiant, voulait que les notes prises durant les séances fussent confiées au fur et à mesure à l’équipe de traducteurs afin de les réunir et les faire relire par Pavlov avant la nuit.

Gourov et ses collègues furent donc installés au premier étage, dans l’ancienne bibliothèque dont les rayons dégarnis au fil des soubresauts de la dialectique marxiste-léniniste et des censures qui s’ensuivaient, donnaient à Dimitri une impression amère et mélancolique de débâcle pas encore achevée.

La porte était gardée de l’extérieur par un planton et ordre avait été donné aux trois hommes de n’en sortir sous aucun prétexte. Elle ne s’ouvrait que pour laisser passer l’officier de liaison qui apportait toutes les heures environ les documents à retranscrire. Le sort de la Pologne était à l’ordre du jour et la tension entre les trois grandes puissances était palpable au travers des notes sèches et sans âme où n’étaient évoqués que des déplacements de frontières, selon les intérêts des uns et des autres.

Dimitri Gourov travaillait comme toujours avec application. Lorsqu’il se trouvait par moment, désœuvré, il se levait et faisait quelques pas. Au début, sa curiosité pour les livres l’avait entraîné à déchiffrer les titres épars sur les étagères mais il s’était vite lassé de ces ouvrages purement idéologiques auxquels l’amour de la littérature était étranger.

Vers midi, on apporta dans la bibliothèque trois plateaux-repas pour que les traducteurs n’aient pas à sortir, ainsi qu’il en avait été convenu. Dimitri ne toucha à aucun des mets, il se contenta d’un verre de thé brûlant, laissant son regard errer sur les arbustes dépouillés et c’est là, dans une allée bordant la mer qu’il aperçut au loin la chevelure rousse, celle-là même dans laquelle il avait si souvent enfoui son visage au temps désormais si lointain du bonheur. Sa silhouette lui sembla plus grande que dans son souvenir. Un grand tumulte se fit en lui, qui le submergea. Il lui fallait sortir de cette pièce, l’approcher, la voir, lui parler, la toucher. Il se dirigea vers la porte et, malgré l’interdiction, l’entrouvrit. Le garde avait dû s’absenter quelques instants, il n’y avait personne sur l’immense palier. Alors, il dévala les escaliers mais, arrivé dans le hall, il découvrit que l’accès à l’extérieur était impossible. Deux soldats soviétiques en faction empêchaient toute sortie. L’un deux s’avança vers lui et lui demanda où il comptait aller. Il ne sut que répondre. Il bredouilla quelques mots inintelligibles puis, lentement, il remonta les marches et regagna la bibliothèque. Comme il y entrait, il tourna la tête et vit que les deux militaires le regardaient fixement puis l’un murmura quelques mots à l’oreille de l’autre. Il referma la porte.


Le jour suivant, Dimitri Gourov reprit ses fonctions de traducteur dans la grande salle du palais Livadia. Il n’avait presque pas dormi durant la nuit et lorsqu’enfin, au petit matin, il avait sombré lourdement dans le sommeil, il avait rêvé d’Anna et de sa chevelure rousse. Il déambulait dans les allées du parc, s’approchait d’elle, tendait la main et au moment où ses doigts allaient se noyer dans les cheveux cuivrés, la silhouette s’évanouissait. Alors, il reprenait sa quête et, chaque fois qu’il allait atteindre son but, chaque fois Anna lui échappait. La dernière fois, il l’aperçut qui marchait sur les flots, il s’élança vers elle et, pendant qu’elle disparaissait inexorablement, il sentit l’onde le submerger, il ne se débattit pas et se laissa couler, persuadé qu’elle l’attendait dans les eaux profondes de la mer Noire, qui l’engloutirent.

Il se réveilla hébété et eut juste le temps d’avaler un thé avant de rejoindre la voiture pour Livadia. Lorsqu’il pénétra dans la bibliothèque, il lui sembla que le planton le fixait et il rajusta sa cravate qu’il avait nouée à la hâte.

L’ordre du jour portait de nouveau sur le sort de la Pologne qui n’avait pas été réglé la veille. Staline et les Occidentaux s’opposaient sur la composition du gouvernement à mettre en place. Les Anglais soutenaient les anciens ministres réfugiés à Londres alors qu’il existait à Moscou un gouvernement polonais que Staline voulait installer à Varsovie.

Dimitri Gourov passa toute la matinée debout devant la fenêtre, de laquelle il avait aperçu Anna la veille. Les documents à traduire s’accumulèrent sur sa table sans qu’il y touchât. Un de ses collègues finit par venir lui demander pourquoi il ne se mettait pas à la tâche. Il répondit qu’il était souffrant car il avait dû prendre froid. L’homme s’empara alors de la pile de papiers et, après en avoir donné une part à l’autre traducteur, se plongea aussitôt dans le travail.

À onze heures et demie, lorsque l’officier de liaison vint pour emporter les dossiers, la traduction du matin n’était pas terminée. Il éleva alors la voix, disant que Staline ne saurait attendre davantage et que tout aurait dû être prêt. Les deux interprètes demandèrent un délai d’un quart d’heure au militaire, l’assurant qu’ils avaient presque terminé mais que certains propos de Roosevelt, peu clairs, leur avaient donné du fil à retordre. L’officier consentit à attendre. Gourov n’avait pas bougé. Il guettait la réapparition de la chevelure rousse dans le parc.


Il attendit ainsi deux jours durant. Il dut cependant, bien qu’il n’en éprouvât nulle envie, se remettre au travail. En effet, le plus âgé de ses collègues était venu le voir dans sa chambre à la villa Koreiz pour lui dire que, souffrant ou pas, il devait prendre sa part afin de ne pas risquer le mécontentement de l’officier et, par conséquent, les foudres de Staline. Il avait obtempéré sans conviction.

Pendant les derniers jours, les documents concernant la création d’une organisation plus efficace que ne l’avait été la SDN et surtout la participation soviétique à une attaque contre le Japon, souhaitée par Roosevelt, passèrent sous ses yeux indifférents, et il les traduisit sans même chercher à comprendre ce qu’il lisait. La tension qui avait régné entre les trois grands lors du règlement du sort de la Pologne se relâchait peu à peu. L’après-midi du sixième jour, on vint prévenir Dimitri et ses collègues que, le soir même, aurait lieu un grand banquet et que Staline, satisfait des conclusions de la conférence, conviait toutes les délégations à prendre part aux festivités.

L’espoir revint dans le cœur de Dimitri. Il n’avait cessé de penser à Anna durant ces heures interminables au palais Livadia, guettant à l’heure du déjeuner son apparition dans les allées du parc. Le soir, lorsqu’il redescendait pour prendre la voiture qui le ramenait à la villa Koreiz, il s’attardait toujours un peu dans l’escalier, espérant que la délégation anglaise sortirait au même moment et qu’il l’apercevrait parmi ses collègues. En effet, si Anna était à Yalta, c’était que, tout comme lui, elle participait aux travaux de traduction et Dimitri se demandait si elle avait imaginé un instant qu’il pût se trouver si près d’elle. Mais peut-être l’avait-elle oublié, tant d’années étaient passées…

Vers vingt heures, Gourov et ses collègues pénétrèrent, après être allés se changer à la villa, dans la grande salle de réception du palais Livadia. Il considéra avec stupéfaction le splendide mobilier les tables somptueusement chargées. À l’autre bout de la pièce, Staline, une coupe de champagne géorgien à la main, portait des toasts avec Molotov, Vichinsky et Gousev. Il exultait littéralement. Devant les grandes fenêtres donnant sur le parc envahi par la nuit, Roosevelt et Churchill s’entretenaient avec les ambassadeurs britannique et américain à Moscou. Le président des États-Unis d’Amérique paraissait exténué et il sembla à Dimitri qu’il s’appuyait parfois discrètement sur le dossier d’une chaise. Son regard balaya ensuite toute la salle, survolant rapidement les uniformes soviétiques pour chercher les membres de la délégation anglaise. Elle était composée essentiellement d’hommes. L’un d’entre eux se détourna pour prendre une coupe sur un plateau et dans le mouvement qu’il fit, Gourov entrevit la chevelure rousse, celle du parc, celle de son souvenir. Il traversa l’immense salon à grands pas, sans réfléchir à ce qu’il faisait, s’avança vers elle, puis s’arrêta net dans son élan. Quelqu’un derrière lui l’appelait, il reconnut la voix d’un des traducteurs. Il décida de ne pas y prêter attention et s’approcha doucement d’Anna, il la voyait de dos. Il lui sembla alors que la distance à franchir pour la toucher était interminable et qu’il lui faudrait des siècles pour la parcourir. Au moment où il tendait la main pour effleurer son épaule, elle se retourna. Dimitri eut juste le temps de penser qu’elle avait certainement reconnu le bruit de son pas avant de s’apercevoir que ce n’était pas Anna, mais une jeune femme aux grands yeux verts étonnés. Il s’enfuit de la grande salle, heurtant au passage, sans même s’en apercevoir, un militaire qui cherchait à lui barrer le chemin. Il courut à travers les allées enténébrées du parc jusqu’au rivage de la mer Noire. Et là, à bout de souffle, il s’assit sur le sable et pour la deuxième fois de sa vie, tout s’effondra en lui et il pleura.


Le 12 février, la délégation russe regagna Moscou. La conférence était terminée. Dimitri Gourov retrouva son appartement communautaire, dans une venelle proche de la rue Gorki.

Deux semaines après son retour, vers quatre heures du matin, il entendit frapper à la porte de son logement. Le père de la famille avec laquelle il cohabitait alla ouvrir. D’une voix forte, on demanda à voir Dimitri Gourov. Il se leva et s’avança dans le couloir étroit. Il lui fut alors donné ordre de s’habiller et de suivre les deux hommes qui venaient d’entrer. Il obéit puis ils l’emmenèrent jusqu’à leur voiture garée en bas de l’immeuble, Gourov les accompagna en silence. Cela ne pouvait qu’arriver un jour ou l’autre quand on avait approché de trop près le sommet de l’État.

Il passa un mois à la Loubianka. On le laissa d’abord sans manger pendant plusieurs jours, puis on le battit et on l’humilia si bien qu’il finit par signer tout ce que l’on voulut. Son attitude au palais Livadia, sa tentative de sortie malgré l’interdiction formelle, son manque d’assiduité au travail de traduction, ses efforts pour entrer le dernier jour en contact avec des membres de la délégation anglaise, de même que l’agression sur l’officier qui avait tenté de s’interposer, tout prouvait qu’il était un espion à la solde de l’Occident impérialiste. On avait aussi, lors d’une perquisition à son domicile, retrouvé des livres de cette littérature anglaise décadente soigneusement dissimulés au fond d’une malle.

Un matin, on lui notifia qu’il était condamné à vingt ans de travaux forcés pour sabotage et tentative d’intelligence avec des puissances ennemies. Le beau temps de Yalta et de l’entente avec l’Occident était bel et bien terminé. Il fut transféré en Sibérie et s’évanouit dans les marécages brumeux de la Kolyma. Dimitri Gourov disparut ainsi qu’il avait vécu, sans que nul ne le pleurât, ni même ne s’en aperçût.



Pour A.S. que j’ai perdu dans le chaos et les brumes albanaises.


 
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   Anonyme   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Une belle nouvelle qui me rappelle une lecture que j'ai énormément apprécié.
J'ai aimé la précision des détails, les décors, cette ambiance et ce... malentendu évident. C'est très bien raconté, un beau moment de lecture.

J'ai relevé quelques petits détails.

"il n’y accordait pas plus d’importance qu’il ne l’eût fait pour une quelconque notice technique.
De temps en temps, pour relâcher la tension..." s'il n'y accordait que cette importance "que pour une quelconque notice technique" je me demande d'où vient cette tension.

"Il bredouilla quelques mots inintelligibles puis, lentement, il remonta les marches" personnellement, j'aurais supprimé le "il" avant "remonta"

"et dans le mouvement qu’il fit," qu'il fit est redondant, le mouvement suffit.

"Gourov les accompagna en silence." pour qu'il les accompagnât il eut fallut qu'il soit d'accord. J'aurais préféré "il les suivit en silence".

J'allais dire... qu'il manquait peut-être un peu de place pour les souvenirs avec Anna, ce qui aurait rendu le texte peut-être moins froid. Ici cela ressemble plus à un témoignage. Mais l'auteur a classé ce texte en Réalisme/historique, par conséquent, le choix de la manière de conduire le récit et de la catégorisation du texte est parfait.

Une belle histoire bien écrite, un agréable moment.
Merci et bonne continuation à l'auteur.

   ANIMAL   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un texte humain très fort sur fond d'événements politico-historiques où la fiction rejoint à chaque détour de paragraphe la réalité.

Sans doute Dimitri, jamais remis de son amour perdu, déprimait depuis longtemps et cela s'est cristallisé au moment le pire pour lui. Car en agissant ainsi il court au suicide et doit le savoir. Certains régimes paranoïaques n'aiment pas les rêveurs, ni l'amour, ni quoi que ce soit qui sorte de la "ligne".

Un texte servi par une écriture sans faille que j'ai lu d'une traite.

   Anonyme   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte fort, puissant au souffle romanesque et romantique, qui laisse peu de place à la rationalisation pure.

J'ai suivi ce traducteur amoureux et rêveur, qui prend par à la grande histoire avec sa "petite" histoire.

J'ai aimé la narration, la mise en relation des grands et du "petits". Pas de réelles fautes de style, pas de choses qui me heurtent. Je prends mon plaisr là où je le trouve et je le trouve dans ce texte.

Je regrette juste le titre qui est très moyen.

   florilange   
25/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Texte intéressant et plutôt bien écrit. Beaucoup de détails sont donnés par le menu, cela correspond bien à la lourdeur administrative et tatillonne que vit Gourov, qui en est écrasé. Il ne survit que grâce à ses souvenirs, à ses rêves.
Reflet de 2 époques disparues, celle de la Russie d'avant la révolution et celle de Staline. Et d'un pays également disparu, la Yougoslavie. Quant aux hauts personnages alors réunis à Yalta, tous sont passés à l'Histoire.
J'espère que les Russes d'aujourd'hui lisent ce qu'ils veulent et qu'on n'y emprisonne plus aussi facilement mais rien n'est certain car parfois la vie quotidienne change moins vite que les bouleversements politiques.
J'ai lu cette histoire avec plaisir.

   Anonyme   
30/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Des phrases à rallonge ; elles auraient gagné à être plus concises. Des phrases maladroites comme :
"La discussion aborda dans un premier lieu l’avenir de l’Allemagne."
Oui, ça ma fait penser un peu à une notice technique : « qu’il ne l’eût fait pour une quelconque notice technique ».
Et puis une utilisation de la ponctuation assez chaotique. Je l'avoue, je n'ai pas pu terminer ma lecture.
Je complète mon commentaire car trop laconique.
En ce qui concerne la ponctuation mon ressenti est que les problèmes liés à cette dernière sont liés à la longueur des phrases. Il est très difficile de structurer une phrase longue. La ponctuation est donc primordiale. Il existe une solution radicale : faire des phrases plus courtes et on a résolu les trois quart du problème.
Un exemple : « En effet, Staline, impatient autant que méfiant, voulait que les notes prises durant les séances fussent confiées au fur et à mesure à l’équipe de traducteurs afin de les réunir et les faire relire par Pavlov avant la nuit. »
Quand je lis cette phrase à voix haute (la vitesse de lecture est moindre) les virgules donnent une impression de « haché » (si je puis m'exprimer ainsi) et la phrase perd de sa fluidité. Elle est également moins « musicale » (j'attache beaucoup d'importance à la musicalité d'un texte).
En ce qui me concerne (ça n'engage que moi) j'aurais plutôt écrit :
En effet, Staline était aussi impatient que méfiant ; il voulait que les notes prises durant les séances fussent confiées au fur et à mesure à l’équipe de traducteurs. Elles devaient être regroupées et relues par Pavlov avant la nuit.
En fait je m'aperçois que c'est plus la longueur qui pose problème que la ponctuation. La ponctuation est la conséquence, la longueur la cause.
De plus comme beaucoup d'auteurs vous ne tenez pas assez compte de la diversité des lecteurs et, entre autre, de leur vitesse de lecture. Constat scientifique : les phrases longues peuvent rebuter les personnes qui lisent lentement et qui ont, fonctionnement du cerveau oblige, oublié le début avant d'arriver à la fin (cela arrive à tout le monde). Sur la longueur des phrases j'avais ouvert un forum et résumé une étude que vous trouverez ici :
http://www.oniris.be/modules/newbb/report.php?forum=7&topic_id=10479&post_id=124549
Enfin, j'ai remarqué que beaucoup méconnaissaient un signe de ponctuation primordial : le point virgule. Le point-virgule marque une pause plus importante que la virgule mais à la différence du point, la voix ne baisse pas complètement entre les deux propositions. Donc, on garde la fluidité, on induit une respiration plus longue et surtout on n'oblige pas le lecteur à « courir » après le reste de la phrase en se demandant si la lecture de la suite est nécessaire à la compréhension du tout.

   jaimme   
30/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai particulièrement apprécié la connaissance du contexte. Des peuples entiers dont on décide du sort dans quelque antichambre du pouvoir des Grands.
Juste une chose: on ne sent que d'âpres discussions, or Staline est largement maître du jeu en février 1945. J'aurais aimé le percevoir.
Et à côté un destin se joue, un amour sans lendemain, sans avenir et surtout un homme qui perd tout avenir dans les brumes d'une dictature.
Il m'a manqué une dimension intermédiaire: je ne suis pas très friand des descriptions, mais ici, il me semble, elles auraient donné plus de réalité, plus de consistance aux tourments de cet homme. Le cadre de l'espoir au sein de la bureaucratie installée dans les fastes impériaux. Quelques détails, sans plus. Les lieux ici ont une forte importance. Pas seulement les noms de lieux.
J'ai été un peu surpris par ce traducteur capable de traduire "sans comprendre". C'est possible?
Quelques problèmes de ponctuation, mais ils ont déjà été relevés.
Au niveau du ressenti. Je suis un peu partagé. J'ai bien aimé la fin, ce destin tragique. L'innocent happé. Un peu rapidement traité à mon goût.
Surtout je pense qu'il faudrait que l'intérêt du lecteur soit plus suscité dans le corps même de la nouvelle. Je suis amateur d'histoire et cela m'a suffit, mais ce n'est pas le cas de tous les lecteurs. Or je pense que l'ennui peut parfois s'installer vers le milieu de la lecture. Il faudrait un ou deux événements, même minimes.
En tout cas ce texte est de qualité, bien travaillé. Je lirai à nouveau du "manitara" avec plaisir.

jaimme

   Bidis   
31/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est le titre qui m'a amenée à lire cette nouvelle : Yalta évoque un lieu où s'est joué le sort de tellement de nations !!! J'étais avide de tous détails historiques...
A cet égard, je suis restée sur ma faim et un commentaire précédent m'a fait penser qu'en effet, il est peu vraisemblable que, sachant les risques qu'il courait dans le régime stalinien de sinistre réputation, le personnage principal se soit laissé aller à tant d'imprudences. Mais je n'y avais pas pensé au moment de la lecture - que pour ma part j'ai trouvé bien prenante.
Pour moi, l'écriture est parfaite.

   bloguetout   
31/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très bonne description de l'ambiance de cette conférence historique et de la pesanteur du contrôle policier subi par les interprètes.

J'ai aimé le style que je trouve parfait. Il me semble cependant que l'histoire manque un peu d'action, que l'ensemble reste un peu trop statique et manque de "péripéties".

L'arrestation est traitée un peu rapidement, on aurait pu imaginer un Gourov torturé par la pensée que son attitude allait fatalement entraîner son arrestation.

Mais ces remarques sont très personnelles et n'enlèvent rien à la qualité du texte. Encore bravo !

   Anonyme   
1/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Waw. Le style est vraiment fort. Sans émotion superflue, sans concession non plus. J'ai beaucoup apprécié cette histoire : le contraste entre le sort politique du monde qui se dessine et qui passe entre les mains de cet homme dont les pensées sont tournées vers des choses en comparaison dérisoires mais qui pour lui, compte plus que tout le reste. Cela me parle.

J'ai bien aimé aussi tous les efforts qui étaient faits pour nous faire ressentir le poids du régime totalitaire, j'aurais encore davantage accentué ce point tout comme, en tant que lectrice, j'aurais aimé en apprendre un peu plus sur Anna (qui est cette femme qui est parvenue à provoquer des sentiments aussi fort et durable ?).

La fin est une vraie réussite. Décrite rapidement, sans sentiment, elle n'en paraît que plus affreuse encore. L'oubli.

Quant à l'écriture, je l'ai beaucoup appréciée aussi. Le rythme lent et monotone de la vie du traducteur enfermé avec ses souvenirs est bien rendu. Je regretterai peut-être juste que l'exaltation qu'il ressent au moment où il croit reconnaître Anna ne se marque pas plus dans le ton. il n'y a pas de vraie cassure, c'est un peu dommage.

Ah oui, un dernier détail : "La discussion aborda dans un premier lieu l’avenir de l’Allemagne" j'aurais mis "en premier lieu" ou "dans un premier temps" mais comme cela, cela me paraît assez bizarre. Mais c'est trois fois rien.

Bref, sans vraiment adoré,j'ai apprécié cette lecture riche et construite.

Merci !

   zorglub   
1/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai beaucoup apprécié le placement du texte dans son contexte historique, qui est très bien documenté. L'ambiance est très bien créée, et cela pose un décor oppressant et pesant.

La lourdeur de la machine totalitaire est bien opposée aux rêves du héros et à ses aspirations, et j'ai bien aimé cette dualité continue dans l'œuvre. La fin est également bien faite. Simple, froide, glaçante même.

Cela étant dit, j'aurais tout de même aimé comprendre mieux pourquoi le héros se laisse ainsi totalement submerger par ses pensées et ses rêves. Étant donné que sa réaction est "suicidaire", et qu'il semble en être conscient, j'aurais aimé mieux comprendre ce qui le motive profondément. Du coup, même si le décor est excellent, l'histoire semble un peu en retrait.

   marogne   
5/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte intéressant à lire, et plaisant. Je l'ai trouvé néanmoins un peu "froid", mais cela ne choque pas par rapport à l'état d'esprit du héros principal.

J'ai relevé deux points qui me semblent un peu "anachroniques". Le premier l'utilisation du terme "plateau-repas", le deuxième l'image du président américain se tenant aux dossiers des chaises - je crois avoir lu (mais j'ai la flegme d'aller rechercher la référence) qu'à Yalta, Roosevelt était sur une chaise roulante (à part pour la photo). Mais je peux me tromper....

J'ai trouvé aussi un peu étrange l'impression que le héros a d'avoir une vie sans saveur et sans relief.... ce ne piuvait que difficilement être le cas en URSS pendant la deuxième guerre mondiale... pas forcément un "belle vie" mais certainement pas sans relief.

   caillouq   
1/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est très agréable de lire un texte ancré dans un contexte historique que l'auteur donne l'impression de maîtriser. Mais l'ensemble est un peu froid, surtout le début, peut-être parce que les parties fictionnnelles sont un peu convenues - comme si l'auteur avait hésité à rentrer dedans, par pudeur ou timidité ou ... Je ne sais pas.
Exemple: "Elle s’appelait Anna et Dimitri l’avait aimée passionnément, comme on n’aime qu’une fois dans sa vie, à cœur et corps perdus." En plus d'être un peu cliché, ça reste très général. Il suffirait de pas grand-chose pour personnaliser cette Anna et ce Dimitri, pour leur permettre d'exister.
Me gêne aussi: "Ces ouvrages lui avaient été offerts pour ses vingt ans par une jeune Anglaise que sa famille avait hébergée un temps," D'où parle-t-on ? Le "par une jeune anglaise qe sa famille etc" (pas de A majuscule à "anglaise" ...) nous repousse à des kilomètres du narrateur, comme si Dimitri nous était présenté par une tante pleine de bonnes intentions.
La suite est plus convaincante, en particulier grâce à l'intrication bien menée entre Histoire et histoire. On sent bien tout ce que ce destin particulier a pu avoir de général.


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