Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Policier/Noir/Thriller
marogne : Pulsion
 Publié le 03/02/08  -  7 commentaires  -  5843 caractères  -  34 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme attend dans sa voiture, la nuit. Laura et Silvia vont bientôt apparaître au coin de la rue.


Pulsion


Il fait bon dans la voiture ; j’avais peur d’avoir froid, mais j’ai bien fait de la garer du côté du soleil. Je ne vais plus avoir à attendre longtemps maintenant, elles vont arriver, je pourrai agir vite. Je sais que je ne devrais pas faire ça, mais c’est comme une pulsion ! Le plaisir de surprendre, la jouissance.


- Laura ! Dépêche-toi, s’il te plaît. Nous allons être en retard à ton cours de danse.


Laura était en train de s’admirer dans la glace, avec la petite jupe que sa mère lui avait achetée. À huit ans, elle commençait à vouloir être élégante, et toutes ses copines portaient des jupes comme ça. Elle n’avait pas trop envie d’aller danser, elle traînait. Elle aurait préféré aller au cinéma, voir Schrek 3, mais sa mère ne voulait pas. Et en plus elles passeraient, à l’aller et au retour, devant le cinéma.


- Dis, maman ? On pourra s’arrêter pour regarder les images du film ?



L’avenue, bien que large, n’était pas trop fréquentée à cette heure-ci, c’était parfait. Il ne fallait pas qu’il y ait de témoins, ils pourraient s’étonner, et c’était toujours désagréable. Il préférait l’intimité. La voiture, un break au vaste coffre et aux vitres teintées, était discrète, et dans la file, ne pouvait être distinguée des autres. La nuit allait tomber, les passants ne pourraient pas le remarquer non plus s’il ne bougeait pas. Il suffisait d’être patient.



Marcel, le gardien de l’immeuble de la rue Montalembert avait décidé de profiter des derniers rayons de soleil pour fumer une cigarette sur le trottoir. Il décida d’aller jusqu’à l’avenue, pour passer devant la devanture de la librairie, voir si le dernier SAS était arrivé. C’est en revenant qu’il remarqua l’homme dans la voiture, qui scrutait le débouché de sa rue, comme s’il attendait quelqu’un. Étonné, avant de tourner le coin, il se retourna. L’homme était sorti de la voiture, et descendait l’avenue d’un pas rapide. Rassuré, il remonta chez lui. La presse s’était fait l’écho de plusieurs affaires de mœurs dans le quartier, et il était devenu méfiant ; sans doute à cause de ses lectures.



L’agent Pagnier finissait sa ronde. Il était avec Sandra, qui conduisait, une jeune recrue au commissariat. Tous les soirs, ils patrouillaient dans une zone différente de l’arrondissement. Cela rassurait les mères de voir une voiture de police veiller sur leurs enfants. Pagnier, lui, ne pouvait s’empêcher de maugréer quand il voyait de très jeunes filles avec des jupes ultracourtes, comme c’était la mode. C’était le cas de celle-ci, donnant la main à sa mère qui, elle aussi, était habillée comme si elle allait à une soirée. Le quartier était calme, mais il ne fallait pas tenter le diable, et au lieu de compter sur la police, les parents devraient plus faire attention à l’image qu’ils donnaient de leurs enfants. Enfin, ce serait bientôt dix-neuf heures.



Le professeur de danse, ce soir, avait été exigeant avec Laura, lui reprochant de ne pas l’écouter et de ne pas vivre sa danse. Elle n’était pas sûre de tout comprendre, mais elle avait envie de bien faire, pour sa maman. Mais elle était fatiguée, et maintenant elle voulait partir. À l’aller, comme elles étaient en retard, elle n’avait pas pu s’arrêter pour voir les affiches de son film, il faudrait la convaincre, alors qu’il serait déjà tard. Mais le lendemain, elle n’avait pas école, elles pouvaient rentrer un peu plus tard à la maison.



L’heure approchait, il serrait dans sa main l’écharpe qu’il avait apportée spécialement, il en aurait besoin. Et puis elle était douce, elle ne lui irriterait pas la peau. Il avait tout prévu. Personne ne l’attendait ce soir ; il avait dit qu’il devait aller en province voir un client. Il avait dit la même chose au bureau, au cas où quelqu’un chercherait à le joindre. Il avait préparé la voiture pour qu’elles puissent y rentrer après, rétablissant la banquette arrière. Il frissonnait maintenant, ne sachant pas si c’était de froid ou d’excitation. Il s’arrêta devant la vitrine de la librairie, à quelques mètres de l’entrée du cinéma, le dos à la rue. On ne pourrait pas le reconnaître.



Les lumières du cinéma, maintenant, brillaient violemment dans la pénombre ambiante, agressives, plongeant par contraste le reste de la rue dans l’obscurité. Les spectateurs de la séance précédente étaient en train de sortir. Ils n’allaient pas tarder à ouvrir les portes à ceux qui attendaient dans la file.



Silvia tenait Laura par la main, elle était pressée de rentrer. Elle n’aimait pas trop être dans la rue avec sa fille à cette heure-là. Laura n’avait pas voulu mettre ses collants, et elle devait avoir froid avec ses jambes nues jusqu’à mi-cuisse. Elle était vraiment têtue. Et il faudrait encore argumenter devant le cinéma. Elle céderait sans doute samedi, mais elle ne voulait pas l’amener en semaine. Elle aurait dû se couvrir plus, elle aussi, ses hautes bottes ne suffisaient pas, il faudrait qu’elle commence à mettre quelque chose sur ses épaules nues.



Il entendit d’abord les talons de la mère s’approcher, claquant sur le trottoir, puis il vit leur reflet dans la vitre. Elles étaient magnifiques, mais il ne pouvait détacher son regard de la petite fille. Il faudrait qu’il agisse vite, qu’il surprenne la mère aussi, pour qu’elle ne puisse pas le gêner quand il la prendrait. Plus que dix mètres.


Tout se passa en quelques secondes.


Il se retourna d’un coup, prit Laura dans ses bras, et la soulevant à hauteur de son visage, l’embrassa.


Il lui fallut quelques secondes pour le reconnaître, et dans ses yeux il vit qu’elle avait compris, la peur, présente un instant, se métamorphosait en plaisir extrême.


- Oh papa ! Merci, merci ! On y va ! On va voir Schrek !


Prenant Silvia par la taille, il entraîna dans l’entrée les deux femmes de sa vie.



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   pounon   
3/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Joli suspense. Mais donner la frousse à sa fille c'est un peu pervers.

   calouet   
3/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est pas mal fichu, du tout, mais il y a un petit truc qui m'a gêné à la lecture... Je crois, à chaud, que ce récit serait bien plus percutant et vivant au présent, plutôt qu'à l'imparfait... J'en suis même presque sûr. L'idée narrative sinon de raconter le déroulé de plusieurs points de vue différents marche bien, et permet, en douceur, de mettre plein de détails sur l'ambiance.

   fisoag   
4/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Jolie nouvelle. La chute est inattendue. J'ai bien aimé. Cependant, il y a un truc qui me chiffonne. Pourquoi le père de Laura a besoin de se cacher, de ne pas avoir de témoins? Qu'il veuille surprendre sa femme et sa fille, cela peut se comprendre mais quand on aime des êtres, on se moque de ce que peuvent penser les autres, surtout si c'est pour embrasser sa fille et aller au cinéma.
Ceci dit, la lecture est aisée et fluide.

   Anonyme   
7/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai beaucoup aimé ce suspense qui m’a tenu accroché jusqu’à la fin. Le texte me semble aussi, bien cohérent et très bien écrit. Le punch final est une surprise totale.

On pourrait se demander à la fin, pourquoi le père a pris autant de précaution pour ne pas attirer l’attention. Cela peut très facilement s’expliquer dans un contexte de paranoïa, causé par la présence de problèmes de moeurs dans cette localité. L’évocation de la suspicion du gardien de sécurité et de la patrouille policière en sont des exemples. Donc, un homme de faction dans sa voiture, pendant ce qui semble être une assez longue période, pourrait dans les circonstance attirer l’attention.

Pour terminer, j’ai trouvé l’idée de Calouet, d’utiliser le présent au lieu de l’imparfait, très intéressante, et j’abonde dans le même sens que lui.

Bravo !

   widjet   
4/2/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonsoir

Sympathique mais il y avait matière, je pense, à rendre la tension plus palpable en prenant le temps de travailler davantage l'ambiance et troubler le lecteur en jouant sur la psychologie du personnage principal. Le final aurait davantage surprit.

Prometteur néanmoins :-)

Bonne soirée

W

   Anonyme   
17/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Oh, surprise!

Deuxième lecture del'auteur...

D'abord je commence par une question : la phrase "Enfin, ce serait bientôt dix-neuf heures." me gène. La tournure est étudiée exprès de la sorte?

Ensuite je voudrais te féliciter pour l'angoisse qui s'instaure, la perversité de l'envie du père de faire peur aux femmes de sa vie.
Et la chute, qui tient magnifiquement son rôle en nous sortant du contexte initial.
Jusqu'à la fin on espère en bon lecteur de nouvelles noires, que mère et fille se feront enlever (en tout cas, moi je tirais vers ce genre de fin), et on se prend une claque.
Et non, ... la pulsion est plus saine (bien qu'un peu perverse, je l'ai déjà dit) et tout à fait inoffensive.

Bien écrit, bien décrit, un bon moment, je t'en remercie.

   Bidis   
13/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un bon suspense, j’adore ça. Et une chute surprenante.

Mais beaucoup de failles dans l’écriture à mon avis.
- Le passage « Laura était en train [...] les images du film ? » me semble un peu convenu. (Comme il m’est venu l’horreur de relire mes propres textes de ce point de vue, je vois cela gros comme une maison chez les autres...)

Le passage « Le professeur de danse [...] à la maison » est confus (avec en plus une répétition : la conjonction « mais » qui intervient trois fois)
Dans « Elle n’était pas sûre du tout », le pronom est grammaticalement mis à la place du sujet qui précède, c'est-à-dire le professeur alors que d’après le sens il s’agit de Laura. Il faut rectifier, ce qui altère la lecture.

Le passage « L’heure approchait [...] le reconnaître. » n’est pas clair non plus.
On vient de parler de trois autres personnages avant de revenir à l’homme dans l’auto, de sorte que le pronom « il » ne fait pas immédiatement penser à ce dernier. Bien sûr, le sens reste clair, il ne faut pas réfléchir vraiment. Mais ce n’est pas fluide.
Et dans « elle ne lui irriterait pas la peau », on ne sait pas qui le pronom « lui » désigne, parce que le personnage a l’écharpe à la main, donc on pense à une des femmes. Là on reste un peu dans l’interrogation, on sera fixé à la fin du texte, mais sur l’instant cela reste confus.

Le passage « Silvia tenait Laura » [...] sur ses épaules nues » est, pour moi, encore plus confus.
- « pressée de rentrer » : il faut extrapoler : la maman conduit la fillette à son cours, puis rentre chez elle, puis ressort pour revenir chercher l’enfant. On comprend cela en relisant le début, mais sur l’instant ce n’est pas évident du tout.
- « Elle céderait » : grammaticalement le « elle » renvoie à Laura, le dernier sujet qui précède. Mais l’évidence renvoie à la maman.

C’est très dommage, parce qu’il y a une vraie progression dramatique dans ce texte, et la chute provoque une réelle chute de tension. Alors entre « très bien + » et « moyen – », cela fait pour moi un petit « bien + »


Oniris Copyright © 2007-2023