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Humour/Détente
Neojamin : Les vingt-quatre premières heures d'un homme libre
 Publié le 23/02/15  -  11 commentaires  -  14374 caractères  -  166 lectures    Autres textes du même auteur

Voici le début d'une histoire, un projet de livre semi-autobiographique qui se tisse dans mon esprit depuis quelque temps déjà. Je suis trop près de l'histoire pour savoir si ça me plaît… et j'ai donc besoin d'un coup de main pour savoir si ça vaut le coup de continuer…


Les vingt-quatre premières heures d'un homme libre


C'était un dimanche, mais je n'y ai jamais cru aux dimanches. Ça aurait pu être un mardi ou même un vendredi. J'étais là, sur le pas de ma porte à attendre que mes jambes veuillent bien imprimer l'ordre que je leur donnais. Elles semblaient hésiter. Moi aussi, j'hésitais. J'aurais pu faire demi-tour, baisser la poignée et m'affaler sur mon canapé, ce bon camarade qui avait accueilli ma misère pendant toutes ces années. Mais il y avait tous ces foutus souvenirs qui pullulaient de partout et qui m'empêchaient de dormir. Non, c'était décidé, il fallait que je parte.


Tout a commencé un soir comme un autre. Les potes s'étaient ramenés et on buvait des bières à ne plus pouvoir s'en mettre. Quand je bois, il faut que je philosophe, ça me vient comme une envie de pisser. Alors j'ai dit :


— J'ai lu un truc les gars c't'aprèm, le livre des canés du Tibet.

— Ah, c'est l'heure de la messe platonique ! qu'il a lâché Marc et ils se sont tous mis à se marrer.


Ils n'avaient pas tort. Il vaut mieux en rire.


— C'est sérieux les mecs, c'est écrit qu'on ne meurt pas vraiment quand on cane, il y a une partie de nous, un quequ'chose qu'on peut pas définir qui survit… et ce quequ'chose y continue à vivre dans d'autres corps…

— Ouais, c'est vrai ça, moi j'ai toujours dit que j'étais la réincarnation de John Lennon mais personne ne veut me croire !


Les rires ont repris et Marc était tout fier de sa vanne. J'avoue que même moi, j'ai souri.


— Sans déconner, y a quequ'chose en nous qui meurt jamais, le corps c'est qu'une enveloppe… et moi, j'vous l'dis, ça m'a fait comprendre pourquoi je buvais autant. Au fond, je veux assassiner mon propre corps, me noyer dans l'alcool pour pouvoir renaître ensuite.


J'avais prononcé ces derniers mots d'un ton un peu solennel. Moi-même, j'étais surpris, c'était comme si quelqu'un d'autre avait parlé avec ma bouche.


— Ben moi, ça m'donne soif toute cette histoire !


Ça, c'était Jérôme. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il n'avait jamais été bien doué pour la philosophie. J'ai voulu ajouter quelque chose, mais ils étaient déjà partis dans d'autres délires. Marc m'a tendu un verre et j'ai cherché quelques traces de mon visage dans l'épaisseur du whisky. La philosophie, ce n'est pas pour tout le monde que je me suis dit et j'ai avalé mon verre cul sec.


Le lendemain, je me suis réveillé accoudé à la cuvette des chiottes, la tête en vrac avec ce goût amer de honte qui traîne sur les lèvres. Alors que je cherchais à me rappeler comment j'en étais arrivé là, Justine a ouvert la porte.

Justine, c'était une fille super chouette que j'avais rencontrée au lycée et que je n'avais plus lâchée depuis.

Elle n'avait pas l'air fâchée, plutôt désespérée. Elle m'a regardé comme on regarde un chien qui a pissé sur le parquet. « C'est la fois de trop. » Elle l'avait presque murmurée sa phrase. Elle a ajouté qu'elle en avait marre de me voir perdre mon temps avec mes potes. Ce n'était pas la première fois qu'elle me le disait. Je connaissais le refrain, mais ça n'était jamais allé bien plus loin que mes tympans. J'ai essayé de lui parler de ma révélation de la veille, mais j'avais la bouche comme une trompette et il n'en sortait que des beuh ou des bah. J'aurais aimé lui dire que je ne voulais pas mourir, que je voulais trouver un sens à ma vie… Elle avait déjà fait ses affaires. Une petite valise l'attendait à côté de la porte d'entrée. Depuis mon refuge sanitaire, avec le chiotte sous le bras, je l'ai regardée s'éloigner dans l'obscurité du couloir comme un soupir s'en va, sans se retourner. Elle a claqué la porte, ma tête est partie en arrière.


Quand je me suis réveillé de nouveau, je pouvais sentir la pesanteur de la solitude autour de moi. Je me serais bien laissé mourir, c'était un bel endroit pour en finir, symbolique. Mais bizarrement, j'avais les idées plutôt claires. Le brouillard du matin s'était dissipé et il semblait qu'une éclaircie était venue percer ce nuage de confusion qui m'embrumait depuis tant d'années. Je suis sorti des toilettes comme un prophète. Au milieu de la nuée de doutes quotidiens, une certitude flottait devant mes yeux : j'allais mourir, c'était sûr, mais j'avais la chance de pouvoir vivre avant.

J'ai enfilé un pantalon, un pull, je me suis rincé la figure et je suis sorti.


Donc voilà, j'étais là, devant ma porte, comme absorbé par le blanc du mur qui me faisait face. Je m'y serais bien noyé. Et puis, sans trop réfléchir, je me suis mis à descendre les marches comme on descend d'un manège qui vous a bien donné le tournis, lentement, la main collée au mur. Un jour, je me dirais peut-être que c'étaient les premiers pas d'un homme libre, mais sur le moment, je ne sentais que du vide qui me creusait l'estomac comme si je n'avais rien mangé depuis des jours.

La porte de la cage d'escalier s'est ouverte. Machinalement, j'ai baissé la tête comme si je venais de me rendre compte que j'avais oublié mes chaussures. C'était une sale habitude, j'avais toujours eu horreur des ces rencontres imprévues. « Et puis non » je me suis dit et j'ai levé les yeux vers monsieur Boulon, le voisin du 6e.


— Bonjour monsieur Boulon !


Le voisin a paru tout étonné de me voir parler, comme s'il avait toujours pensé que j'étais muet. Il m'a répondu d'une voix posée :


— Bonjour, belle journée n'est-ce pas ?


Il ne s'imaginait pas.

Une fois dehors, je me suis mis à déambuler la tête bien haute, tout fier d'être sorti et bien déterminé à y rester le plus longtemps possible. Ne sachant pas trop quoi faire, je me suis laissé traîner le long de la Grande Rue. Je me sentais comme un saumon dans une rivière de gens pressés. Ça frétillait tout autour de moi et je me suis vraiment senti bien au milieu de toute cette foule. Je captais les regards, je respirais des parfums délicats appartenant à des inconnues jusqu'à ce que mon nez s'arrête sur une odeur de fromage fondu et de pain grillé. Là, forcément, gangrène de l'oisiveté, la faim s'est fait sentir.


En arrivant sur la place Flore, j'ai vu le vendeur de hot-dog fidèle à son poste. C'était le genre de mec qui souriait tout le temps malgré son boulot à deux balles et quel que soit le climat. Je m'étais toujours demandé quel était son secret. Vu que je n'avais rien d'autre à faire, je me suis approché :


— Écoute, j'ai une euh… question assez spéciale… quelque chose qui me turlupine…

— Dis-moi.

— Comment tu fais pour toujours sourire ?


Le vendeur a éclaté de rire comme une jarre qui casse et il m'a juste demandé :


— Tu veux un hot-dog ?

— Euh… ben écoute, le truc c'est que j'ai pas un centime…


Ses yeux ont fait l'aller-retour entre mes pieds et ma tête et je me suis senti obligé d'ajouter :


— Oui, je sais, je n'ai pas l'air d'un pauvre. C'est juste que j'ai vécu une sorte de révélation ce matin et j'ai décidé de partir de chez moi, de tout laisser pour… aller je sais pas trop où mais y aller quoi !

— Félicitations ! Et tu as faim ?

— Ben, pour être franc, je crève la dalle, j'ai rien man…

— Je peux te faire un hot-dog si tu veux, quelle sauce ?


Et là, j'ai halluciné. Il a pris un bout de pain, même pas un vieux bout de pain, un pain tout frais, il y a étalé du ketchup sur toute la surface et il y a glissé une belle saucisse toute chaude…

J'ai cherché quelque chose d'intelligent à dire, mais il n'y a rien qui venait. Le vendeur me regardait avec son grand sourire et ça m'a mis mal à l'aise. D'un coup, sa gentillesse m'a paru louche. Je l'ai remercié sans trop en faire et je suis allé m'allonger dans l'herbe.


Les nuages trottaient dans un ciel bien bleu. J'ai fermé les yeux et j'ai senti la douce chaleur du soleil sur mes paupières. La lumière chassait les ténèbres de mes yeux. Elle m'envahissait. Je me suis dit que ça devait ressembler à ça le paradis, un monde empli de cette douce clarté. J'étais en train de divaguer tranquillement quand une voix est venue tout casser :


— Monsieur !


J'ai ouvert un œil pour voir le pantin qui me parlait. C'était un genre d'agent à la mine trop sérieuse qui se tenait bien droit, les mains posées sur la ceinture. Un frustré qui aurait bien aimé être flic, j'ai pensé.


— Il est interdit de s'allonger sur la pelouse ! qu'il m'a dit.

— Hein ?!

— S'il vous plaît monsieur, il est interdit de s'allonger sur la pelouse.

— Mais elle sert à quoi alors c'te pelouse ?

— Monsieur, il est juste interdit de s'allonger sur la pelouse.


J'ai hésité un instant. Première fois de ma vie que je profite de ce foutu parc et un mec vient me faire suer. J'ai tourné la tête et j'ai vu l'écriteau, à moins de deux mètres, qui confirmait l'ordre donné. « Bon » j'ai dit et je me suis relevé en grinçant de partout.

L'agent m'a adressé un « Merci monsieur » faussement joyeux et j'ai essayé de sourire pour montrer que j'étais un bon citoyen.

C'est à ce moment-là que j'ai vu un vieillard tout gris qui poussait son caddie sur le trottoir. Il ne payait pas de mine comme ça, mais un quelque chose m'attirait vers lui. Les passants s'agitaient tout autour et ils semblaient produire un effort surhumain pour ne pas le regarder. Il n'y avait que les enfants qui tournaient la tête et posaient des questions qui resteraient sûrement sans réponse. Je n'ai pas hésité une seconde. Je savais que pour ma première journée dehors, il me manquait un guide, un mentor et ce gars tombait à pic.


— Salut !


J'ai dû me contenter d'un grognement. Il m'ignorait, les yeux braqués sur le bout de son caddie brise-foule. J'ai insisté :


— Excuse-moi de te déranger, mais j'aurais besoin d'un coup de main… il se trouve que j'ai décidé de partir et que… ben je vais dormir dehors ce soir. Je suis tout excité mais j'ai un peu peur aussi… t'aurais pas un tuyau ?


C'est comme ça que je me suis remis à boire. Quelques heures à peine après avoir pris la décision d'arrêter l'alcool. La réponse à ma question s'était matérialisée en une bouteille de vin à moitié pleine d'un liquide noirâtre et visqueux. Pour être poli, je l'ai prise et j'ai bu une gorgée. Ça piquait, mais c'était comme si j'avais signé un pacte avec le vieux. Il s'est soudainement mis à parler :


— Je m'appelle Gérard. Ça fait un bail que j'vis dans la rue, tellement que j'me rappelle pas bien quand ça a commencé. Ce que j'sais, c'est qu'y a que c'te vie-là qui me convient. Y a personne pour me faire chier. Si j'ai envie de dormir, je dors, si j'ai envie de boire, je bois.


J'ai grimacé un bon coup en avalant une seconde gorgée de son vin.


— C'est costaud ça !

— C'est un mélange, j'récupère des fonds de bouteilles.

— Ah ouais, c'est… c'est pas mal.


Je n'avais jamais pris la peine de regarder un clochard d'aussi près. Des cheveux gras pendouillaient le long de sa peau sale, ses habits étaient imprégnés d'une odeur particulière, un mélange de moisissure et de transpiration. J'ai mis du temps à m'y habituer. Ce n'était pas très attirant, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une sorte d'admiration pour ce type. Au fond, c'était un peu comme le nouveau nomade des villes. Un chasseur-cueilleur d'ordures qui ne s'installait jamais très longtemps au même endroit et semblait ne pas connaître ni la honte ni la peur. Je me suis dit que ce mec savait qu'il allait mourir et c'est pour ça qu'il était libre. J'avais trouvé mon guru.

Pour fêter cette découverte, j'ai repris la bouteille et j'en ai bu une bonne lampée. Ça chatouillait tout le long de la trachée et ça réconfortait bien. Très vite, j'ai cessé de voir le monde autour de moi et je me suis laissé dériver dans cet océan de gens, accroché au caddie comme à une bouée.

J'ai rouvert les yeux sur une foule de pieds qui martelaient les dalles vieillies de la Grande Rue. Ça courait dans tous les sens, ça piaillait et ça sentait le pain chaud. Ces pieds appartenaient à des gens qui passaient. Quelques-uns se risquaient à jeter un coup d'œil sur les bouts de cartons étalés sur le sol et ces deux débris d'humanité que nous formions Gérard et moi. Je ne savais pas trop quoi faire de leurs regards.

Mon acolyte crasseux s'est réveillé à son tour en s'étirant et en miaulant.


— Ça va ? qu'il m'a demandé.


On pouvait sentir son haleine à trois mètres.


— Ben… pas trop mal, j'ai répondu, je crois que j'ai bien dormi mais j'suis pas sûr, j'ai pas tout compris à c'qui s'était passé hier !

— Ça mon vieux, c'est la magie de ma potion secrète ! Tu dors comme un bébé et t'as oublié tous les soucis d'hier !

— Ouais, c'est pas mal. Par contre, on devrait peut-être déguerpir non ? Y a du monde…

— Mais non va ! R'garde, j'vais t'apprendre un truc bien drôle.


Et Gérard m'a montré un jeu bien sympa. Le but était de s'accrocher aux regards des passants et de les fixer droit dans les yeux. J'avais un peu peur au début, mais très vite, j'ai pris goût à voir le sang affluer dans les veines des passants quand ils croisaient nos regards vitreux. Ils détournaient alors vite la tête et accéléraient le pas et quand ils s'étaient éloignés d'une bonne dizaine de mètres, presque à chaque coup, ils risquaient un coup d'œil en arrière. C'était là qu'on les attendait, avec nos grands sourires matinaux. Hilarant. Je m'imaginais bien la gêne, d'abord discrète, qui envahissait peu à peu les humeurs de ces bonnes gens.


Je me suis quand même levé pour me dégourdir les jambes. Là, je me suis vu dans une vitrine et je me suis rendu compte qu'il n'en fallait pas beaucoup pour transformer un homme propre sur lui en vagabond à l'allure repoussante. Il suffisait d'une nuit dans la rue et d'une demi-bouteille de liqueur douteuse. Derrière moi, le monde défilait et j'ai hésité avant de me retourner. Je ne faisais plus le fier.

Gérard, lui, avait bien l'air de s'en foutre de son look. Il a fait quelques étirements, a pété un gros coup et, posant son sac sur le caddie, il m'a lancé un « à la r'voyure » prometteur. Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il disparaissait dans le flot de la masse, guidé par son caddie, me laissant tout seul, tout bête, sur nos bouts de cartons poisseux.

Les cloches ont sonné onze coups. Ça faisait vingt-quatre heures que j'étais parti et je me retrouvais exactement dans la même situation que la veille. Je ne savais ni quoi faire ni où aller, j'étais juste là, un peu désemparé face à cet infini de possibilités qui s'ouvrait devant moi. C'était peut-être ça « être libre ».


 
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   Asrya   
10/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le début du texte marque le style de ce qui est à suivre même si les événements des premiers paragraphes ne m'invitaient pas spécialement à poursuivre la lecture.
Le défilé des prénoms de l'entame de la nouvelle n'est pas nécessaire, des détails plutôt inutiles qui entravent le fond de l'histoire ; heureusement, on les perd assez rapidement.
Puis vient Justine, mouais, classique, pas très prenant, mais c'est bien écrit, alors, par curiosité, je me suis laissé prendre par votre récit.
J'ai bien fait.
A vrai dire, à partir du moment où votre personnage se retrouve dans la rue, tout vacille, c'est un autre univers qui se dessine, un autre monde qui prend vie ; c'est captivant.
Plutôt banal pourtant, mais prenant, vraiment.
J'ai eu un grand plaisir à parcourir le reste de votre histoire et me suis laissé embarquer dans une étranger réflexion sur la vie, le conditionnement de notre liberté dans la société ; je ne suis pas sûr que de lire tard me réussisse.

Votre style m'a complètement séduit ; dès les premières lignes. C'est pêchu, concis, humain et réfléchi ; un réel merci pour cette lecture.
Je prendrai le temps d'approfondir ma réflexion au sujet de la liberté, du moins celle que vous exprimez.
Merci beaucoup pour ce partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
A bientôt.

   Robot   
13/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte que j'ai eu plaisir à lire, même si le début n'est pas très engageant. Je trouve intéressante l'histoire de ce type qui joue au désespéré mais qui ne sait pas bien que faire de ce désespoir intellectualisé. En fait, le récit est une succession d'anecdotes que le narrateur vit dans une journée particulière au cours de laquelle il se rend compte petit à petit que l'on ne décide pas à la légère ce que l'on veut faire de sa vie, ni même comment la perdre... ou se perdre.
Je trouve cette phrase un peu idiote:
"j'allais mourir, c'était sûr, mais j'avais la chance de pouvoir vivre avant."
Peut-être vous est-elle apparue originale, mais pour moi elle chute dans l'évidence tout à fait inutile.
Vous dites récit semi autobiographique, je suppose que ce sont les situations qui tiennent de la biographie, comme la beuverie, la rencontre avec le flic. Je doute plus de la réalité du passage avec le clochard.
Un regret général: Il me semble qu'au présent votre texte aurait plus de force.
Vous indiquez que vous avez écrit là une partie d'un livre en gestation. Pour moi, je trouve que cette nouvelle se tient bien à elle seule, sans avoir absolument besoin d'un complément.
Globalement, j'ai été intéressé.

   alvinabec   
16/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
Bien sûr, continuez.
Là vous avez planté le gros du personnage, ses doutes, ses révélations, ses premières expériences d'homme supposé libre.
L’arrière-plan reste à affiner, on aimerait en savoir un peu plus sur l'environnement.
Les personnages secondaires, ceux par qui le narrateur comprend des choses de sa propre recherche esthétique (ou quête mystique) se succèdent de façon quasi-aléatoire, sans enchaînement clairement identifiable pour le lecteur.
Peut-être pourriez-vous lui donner un peu mieux la main à votre lecteur...
Bonne continuation, de l'endurance, rien que de l'endurance et encore de l'endurance.

   Anonyme   
17/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Pourquoi vouloir aller plus loin que cette nouvelle ? C'est un épisode de l'existence, une expérience, une initiation à un autre façon de vivre, mais est-ce bien là, la liberté ? La chute où s'ouvre pour le héros cet infini de possibles est la clé. Ces deux étapes, beuverie et nuit avec le clochard, ne sont que des étapes. Le chemin qui s'ouvre chaque instant est toujours extraordinaire.
Je ne pense pas vous avoir beaucoup éclairer sur le devenir de ce texte, nouvelle, début de roman, ...
Votre écriture, par contre, est intéressante, vivante, juste, sans fioriture, mais imagée, belle et parfois savoureuse, "je me suis laissé dériver dans cet océan de gens, accroché au cadis comme à une bouée.", "Le vendeur a éclaté de rire comme une jarre qui casse", "Les nuages trottaient dans un ciel bien bleu", j'ai pioché un peu au hasard de ma relecture.
Bon rythme sans temps mort, rien qui accroche.
Votre histoire ne laisse absolument pas indifférent et en attendant une suite, ou non, qu'elle que soit la forme que vous lui donnerez, elle a, d'ores et déjà, sa place parmi les bonnes nouvelles.
Bravo pour ce moment digne d'intérêt. A vous relire

   Francis   
23/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Donner un sens à sa vie, une quête qui assoiffe et plonge dans le mal vivre celui qui s'interroge sur le sens des choses: la vie, la mort, l'amour... Heureux le troupeau du trottoir qui avance, avance sur le même chemin ( Marc, monsieur Boulon, l'agent, les bonnes gens...)
Le narrateur cherche la liberté comme on cherche le Graal , une quête spirituelle qui lui fait rencontrer ce clochard amarré à sa bouteille ou son caddie. Gérard est différent mais est-il vraiment libre ? Vingt-quatre heures plus tard, on revient au point de départ même si on veut se convaincre qu'on peut choisir sa route.
J'ai aimé les personnages, l'écriture et les idées cachées derrière les mots.

   Anonyme   
23/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Histoire qui se lit facilement, bien dans le style du temps, mais justement une impression de déjà lu d'autant que les situations, surtout au début, ne sont pas d'une originalité folle. Les copains qui refont le monde, le personnage qui se pose des questions existentielles et qui boit trop, la fiancée qui se lasse... enfin c'est presque classique pour ne pas dire cliché.
Le début n'est pas très engageant et c'est embêtant pour un roman parce que je me suis laissé dire que les éditeurs ne lisaient que les premières pages et qu'ils laissaient tomber s'ils n'étaient pas conquis d'emblée, soit par un style, soit par une histoire . Et là il n'y a rien de surprenant.
Alors, maintenant, reste à savoir quelles aventures vous avez l'intention de faire vivre à votre héros mais le coup du clochard, ça ne débute pas très bien. Là aussi gros cliché.
Le vendeur de hots dogs "heureux" était plus surprenant dans un sens mais vous l'abandonnez vite.
Je vous vois mal tenir le lecteur en haleine tout le long de 240 pages avec un pareil héros mais tout dépend de ce qui va lui arriver...!
Maintenant, si l'histoire vous tient à cœur il faut continuer bien sûr.

   Edgard   
24/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je n’ai jamais écrit de livre et je n’en écrirai sans doute jamais, même si ça gratte derrière le cervelet, l’idée idiote de faire un jour péter un Goncourt… alors pour donner un avis, je suis bien hésitant.
Il y a des passages que j’aime beaucoup, où votre style fait plaisir à lire. « donc, j’étais là, devant ma porte, comme absorbé par le blanc du mur qui me faisait face. Je m’y serais bien noyé. Et puis, sans trop réfléchir, je me suis mis à descendre les marches comme on descend d’un manège qui vous a bien donné le tournis, lentement, la main collée au mur. »
Je préfère cela à « …la messe platonique ! qu’il a lâché Marc… » ça ne doit pas être facile de tenir tout un roman avec c genre de style « San Antonio ».
Pour l’ensemble, ça va très vite et vous lâchez vos personnages au fur et à mesure que vous les rencontrez. Et il y en a déjà beaucoup dans quelques pages. Evidemment, c’est bien que ça aille vite pour une nouvelle, et vous ne pouvez pas continuer comme ça pour un roman où on attend peut-être autre chose que le personnage principal seul avec des rencontres successives de quelques minutes, ou un peu plus. Si c’est un peu autobiographique il va falloir creuser ce personnage, et sa « révélation » philosophique risque de ne pas suffire.
Enfin, malgré le début un peu lourd et banal, on lit jusqu’au bout, et ça, c’est encourageant car vous arrivez à accrocher le lecteur.
Humour détente? C'est bien la bonne catégorie?
Bonne chance et surtout, bon courage.

   Automnale   
25/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, Benjamin ! Dès lors que je n'ai pas oublié "Noctambulesque", je tenais à faire partie de vos lecteurs de ce nouveau récit : "Les vingt-quatre premières heures d'un homme libre". Voilà qui est fait !

Au tout début, j'ai été intriguée - et cela, c'est bien ! -. Je me demandais, en effet, pourquoi le narrateur devait attendre que ses jambes veuillent bien imprimer l'ordre donné... J'ai donc compris...

Cette histoire ne manque pas de vie, bien au contraire. La vie est apportée par le voisin du 6ème, le vendeur de hot-dog, le gardien du parc, le vieillard tout gris... Pour pimenter un peu plus, peut-être, ajouterais-je une anecdote humoristique concernant le voisin...

Certaines expressions sont jolies, amusantes, vraies... Par exemple : Ce n'était jamais allé bien plus loin que mes tympans (amusant)... Je l'ai regardée s'éloigner dans l'obscurité du couloir comme un soupir s'en va (joli)... Bonjour, belle journée n'est-ce pas ? Il ne s'imaginait pas (amusant)... J'allais mourir, c'était sûr, mais j'avais la chance de pouvoir vivre avant (intelligent et amusant)... Le caddie brise-foule (amusant)... Je me suis rincé le visage (vrai)...

Mais comment faire pour avoir le chiotte sous le bras ?!!!... Et cette envie de pisser ? Ca me vient comme une envie de pisser... Un chien qui a pissé sur le parquet... (ce n'est certes pas le verbe qui me gêne, évidemment, mais la répétition)... Sans transition (de ma part !), j'ai trouvé étrange le fait de s'allonger sur l'herbe pour manger un hot-dog (avec le ketchup, cela ne doit pas être pratique !).

J'ai relevé les trop nombreuses répétions de "Comme"... Comme on descend d'un manège... Comme absorbé par le blanc... Comme un prophète... Comme si je n'avais rien mangé... Comme si je venais de me rendre compte... Comme un saumon... Comme une jarre... Comme le nouveau nomade des villes...

Ce texte a le mérite de faire réfléchir, ou philosopher ! Un S.D.F. est-il vraiment libre ? Devenir S.D.F. est-il un bon moyen de donner un sens à sa vie ? Sommes-nous davantage libres en sachant que nous allons mourir ?...

Bref, j'ai aimé ce récit, les dialogues, une certaine authenticité, la vie qui s'en dégage... L'auteur, qui prend plaisir à nous raconter des histoires, possède un véritable talent de conteur. En outre, juste à travers ses mots, je le trouve sympathique, attachant... Et il serait plus que dommage de ne pas poursuivre la narration, dont les deux dernières lignes de cette première partie sont très prometteuses.

Merci, Benjamin. J'attends donc, avec impatience, la suite... Et bravo pour votre talent et pour votre goût - probablement inné - pour l'écriture !

   Coline-Dé   
13/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est très vivant, le langage parlé colle bien, rien de forcé et on s'attache immédiatement au personnage.
Je suis cliente pour la suite !

   aldenor   
19/3/2015
Zut, c’est déjà fini ! me suis-je dit en déroulant la fin... Donc un texte agréable et intéressant, parsemé de fines observations.
Au gout d’inachevé. Mais vous l’expliquez dans l’incipit : ceci ne serait que le début d’un texte plus développé. D’accord.
C’est sur le fond que je me pose quelques questions.
Je trouve que la quête n’est pas bien définie. Le titre annonce la liberté. Pourtant vous commencez par parler de réincarnation, de dépasser la mort, de sagesse Tibétaine...
Ensuite plus de réincarnation « j'allais mourir, c'était sûr, mais j'avais la chance de pouvoir vivre avant. », ici une volonté de vivre pleinement. Et puis vous vous intéressez au sourire du vendeur... Ce n’est que sur la fin qu’on en arrive à la liberté.
Bref, on ne comprend plus très bien ce que cherche le narrateur.
Pourtant je voyais les choses bien parties ; il quitte toutes ses attaches. Fait des rencontres. Mais il faudrait qu’elles soient orientées sur la quête de la liberté. Un peu sur le schéma de « Le voyage d’Hector ou la recherche du bonheur » de Francois Lelord. Hector quitte tout pour comprendre le sens du bonheur, au gré de rencontres faites avec des personnes en prônant une ou l’autre définition.

   CharlesH   
28/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette nouvelle forme un tout cohérent. Pour en faire un roman, il faudra évidemment changer le rythme qui est propre à la nouvelle. Un roman ne peut pas supporter une rencontre à chaque carrefour et ceci pendant 300 pages. Il faudra apprendre à respirer et à faire respirer le texte. Comment ? À vous de le découvrir, à votre manière, mais ça vaut le coup d’essayer.

Pour revenir à la nouvelle, le texte se lisait facilement et j’ai bien aimé l’idée du philosophe de brasserie, même si c’est une idée déjà lu, je ne pense pas qu’on arrête d’écrire sur l’amour parce que c’est du déjà vu. Le traitement était probablement un peu maigre, mais oui, je sais, c’est une nouvelle. Faites en un chapitre et vous arriverez à mieux définir vos personnages.

Dans votre court extrait, la direction que vous voudriez donner à votre roman n’est pas claire. La rencontre du SDF offre une belle occasion au philosophe du dimanche d’être confronté à la vie du quotidien qui a faim, tout en cherchant cette liberté désirée de tous. Il y a peut-être une avenue ici, mais c’est à vous de choisir.
Globalement, j’ai bien aimé votre texte qui se lit sans effort, ce qui m’inciterait à lire votre roman.

Je vous souhaite de persévérer dans votre aventure, ceci meublera votre imaginaire.


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