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Fantastique/Merveilleux
oxoyoz : Confessions d'accessoires - Chapitre 2
 Publié le 16/04/07  -  5 commentaires  -  18428 caractères  -  1 lectures    Autres textes du même auteur

Néhérica attend le retour de son oncle. Mais c'est Yoa qui arrive à sa place, avec la nouvelle de son décès, et des informations sur un complot.


Confessions d'accessoires - Chapitre 2


Résumé : Avant de mourir, probablement empoisonné, le haut fonctionnaire Akïan confie un message à Yoa. Celui-ci quitte l'auberge de sa mère, Tine, et reçoit une épée de son parrain pour ses vingt ans. Sur le chemin qui mène à la capitale, Yoa est pris au piège par deux braconniers et, pour leur échapper, tue pour la première fois.



Prosopopée 4


Je suis la plume de Néhérica. Je fais partie des fournitures du trousseau qui est offert à chaque étudiant intégrant l’Académie de Lexab. À l’origine j’étais comme toutes les autres, mais ça n’a pas duré. Quelques mois après la rentrée, je portais déjà des marques de morsures à mon extrémité. Fâchée d’avoir terni ma beauté, Néhérica m’a confectionné une petite gaine tressée en fil de soplin rouge. Je pense que c’était aussi un moyen de faire passer le temps, pendant les longs cours de sciences appliquées.

Mais ma plus grande différence réside dans ce que j’écris. Les autres plumes de l’Académie se contentent d’écrire, sous le poids de la dictée, des mots que les professeurs répètent depuis des décennies. Je ne dis pas que ce sont des choses inintéressantes mais malheureusement, mes semblables écrivent sans critique et acceptent des phrases qu’elles ne comprennent même pas toujours entièrement. Moi, j’écris dans le journal intime de Néhérica. Toutes les deux, on commente, on analyse, on ironise, on suppose, on imagine, on raisonne. Autant de choses que tous devraient faire, à fortiori ici, à l’Académie. Mais sur les cinq cent plumes qui errent dans les couloirs de l’établissement, si seulement cinquante font comme moi, c’est déjà merveilleux.

Depuis près de trois siècles la majorité des membres du Concile et des fonctionnaires de Flone sortent de l’Académie. C’est pour cela que Néhérica est ici, comme sa mère, son père et son oncle avant elle. Bientôt, elle et moi, on écrira, on raisonnera, on constatera, on proposera, on examinera, et tout cela, pour le royaume.


Pour l’instant on étudie encore. Cette après-midi, il y a le cours du professeur Milga dans l’amphithéâtre. Néhérica aime ses cours, moi aussi. On y écrit des choses agréables, pas comme en mathématiques, où les symboles sont laids. En fait, je pense que Néhérica aime le professeur Milga, du moins qu’elle l’admire. Peut-être parce qu’elle était Teniver avant d’accepter cette chaire à l’Académie. D’habitude, mon étudiante a une belle écriture, fine et soignée quoiqu’un peu petite. Mais aujourd’hui elle est impatiente, alors j’écris vite :


La famille royale est la seule à avoir autorité sur les trois golems. Par son contrôle sur la capacité destructrice des golems, utilisée dans un but dissuasif, le roi détient naturellement le pouvoir militaire du pays. Il laisse la Chambre des Pères et le Concile se partager le reste des charges…


- Dis, Néhé, tu viens à la butte, ce soir ? On va tirer des feux d’artifices !


Ça, c’est Liänne. Liänne est un ami d’enfance de Néhérica. À une époque, la plume de Liänne avait écrit quelques mots d’amour destinés à Néhérica. Liänne est un gentil garçon, mais sa plume est assez médiocre, ça n’avait pas porté ses fruits. Et puis c’était la pré-adolescence : il avait plus envie d’être amoureux qu’il ne l’était vraiment.


- Alors, tu viens ? insista-t-il. Y aura du monde, allez, ça sera sympa !

- Pas ce soir. Puis on est déjà sorti hier.

- Mais hier, ça compte pas, c’était ton anniversaire !

- Ben justement : mon oncle revient de Zare dans l’aprèm, et ce soir je re-fête mon anniversaire avec lui et Sama.

- Je vois, Akïan rentre à la maison. Tu lui diras bonjour de ma part, alors.

- Monsieur Ople et Mademoiselle Tiriès ! appela la professeur Milga. Pouvez-vous me dire ce que vous pensez du partage des pouvoirs dans notre pays ?


Les deux agitateurs se regardèrent, gênés. Sachant que son ami ne saurait quoi répondre, Néhérica décida de prendre la parole.


- Eh bien… Le partage y est plus… large, qu’à Loégot… et moins qu’à Goèm.

- En effet, le roi de Loégot détient, en théorie, tous les pouvoirs sur son royaume. Même si en pratique il délègue beaucoup à ses ministres. En ce qui concerne Goèm, Monsieur Ople va nous expliquer.

- Euh… alors… en fait, l’état de Goèm est une démocratie, et tous les citoyens ont leur mot à dire.

- Précisément ! dit avec vigueur le professeur. Mais ?

- Mais seulement le tiers de la population a la citoyenneté, répondit Néhérica.

- Bien, acquiesça Madame Milga, et près de dix pour cent des habitants sont des esclaves. Bon, ça sera tout pour aujourd’hui, vous n’oubliez pas de me préparer le commentaire sur le développement des routes marchandes. Et vous deux, vous viendrez me voir.


Les étudiants se levèrent et un brouhaha envahit la salle.


- Ah la la ! Avec le devoir de magie ancestrale, je vais jamais y arriver, dit tristement Liänne. C’est quoi, le sujet ? Passe-moi un stylo, s’te plaît.

- T’es encore venue en pèlerin, toi, se moqua Néhérica.

- Ma foi, on n’a besoin que de son âme pour apprendre, répondit-il en riant. Alors c’est quoi, le sujet ?

- Le commentaire, c’est sur le développement des routes marchandes et le devoir, ça sera sur les enchantements de sauvegarde. Et te plains pas : t’es un surdoué, en magie.

- Ouais, ben y a que là, alors !

- Je descends voir la prof.


Madame Milga rangeait ses notes éparpillées sur son bureau, au centre de l’amphithéâtre.


- Mademoiselle Tiriès, ce n’est pas parce que vous venez d’avoir vingt ans que vous êtes dispensée de suivre mon cours avec attention, dit-elle, faussement fâchée.

- Oui, professeur, répondit Néhérica avec timidité. Mais vous êtes au courant ? Je veux dire, pour mon anniversaire.

- Ma chère, vous oubliez que j’ai très bien connu votre père. D’ailleurs, j’ai quelque chose pour vous.

- Professeur, je suis gênée.

- Moi, le jour où un prof m’offre un truc, je le refuserais pas, dit Liänne, qui venait de les rejoindre.


Madame Tiriès tendit à Néhérica une chaîne avec un petit pendentif qui ressemblait à une pierre précieuse brute.


- Joyeux anniversaire ! C’est le reste d’un des premiers artéfacts de contrôle que votre père a créé. Je l’avais trouvé dans les décombres de son laboratoire. Aujourd’hui, j’ai pensé qu’il devait vous revenir.

- Merci, professeur, ça me touche énormément ! répondit Néhérica avec sincérité.


Dans son journal, on avait beaucoup écrit sur son père. Qui était-il ? Que cherchait-il ? J’avais souvent marqué ces mots.


- Votre père serait fier de vous savoir ici.

-Je l’espère... Pardonnez-moi, professeur, mais je dois y aller.

- Attends, j’ai gardé ton stylo, s’écria Liänne.

- Tu me le rendras demain, dit Néhérica, qui se dirigeait déjà vers la sortie. Bonne soirée, professeur.

- Liänne, dit Madame Milga, quand mon étudiante eut passé la porte, c’est pour bientôt. Très bientôt. J’ai déjà annoncé au Conseil que je rendais ma chaire. Tiens-toi prêt.

- Oui, madame, répondit-il anxieusement, mais je ne suis pas sûr qu’elle accepte.

- Ça, c’est à toi de t’en assurer. Tu sais ce qui nous attend dans le cas contraire.

- Oui, madame.


Ce soir, c’est le commentaire de Liänne que j’écrirai. Même avec mon aide, ça ne donnera rien de formidable. Mais pour sa décharge, Liänne a des choses autrement plus importantes à penser.



Prosopopée 5


Je suis une des tasses de Sama. Je suis en porcelaine blanche de Jalis, avec des motifs fins bleu marine. Je préfère le café plutôt que le thé : avec le thé qui est si clair, j’ai l’impression d’être nue. Alors qu’avec le café, je me sens belle. Le contraste entre le noir et le blanc y joue beaucoup. Le café produit près de Lexab est bien, mais celui qu’Akïan ramène de ses voyages est meilleur. Il fait toujours ça : quand il part pour une longue mission, dans une région éloignée de la capitale ou hors du pays, il revient avec un cadeau pour Sama et Néhérica. Un souvenir, une plante typique de la région, quelque chose pour se faire pardonner de son absence.


Cette après-midi, Sama attend avec moi et un peu de café de Tuvpa, sur le balcon, le retour de Akïan. Il ne devrait plus tarder. C’est devenu une habitude pour nous, d’attendre le Teniver ici. Sama et Akïan se sont connus à l’Académie. Ils formaient une bande de copains. Il y avait Makil, la sœur de Akïan, Tyness, Néfel, Akïan bien sûr, et Sama. Ils passaient de bons moments ensemble. À la sortie de l’Académie, ils ont chacun pris des orientations différentes. Sama est devenue médecin, elle y pensait depuis toute petite ; c’était, selon elle, un des meilleurs moyens d’aider les autres. Makil avait obtenu un poste d’adjoint au Concile, la vie de la cité et la politique l’attiraient depuis longtemps. Néfel lui, avait réussi le concours d’alchimiste royal. Il était doué, il obtint vite son propre laboratoire. Les parents de Tyness le poussèrent à s’engager dans l’armée, espérant qu’il y trouverait enfin le sens des responsabilités. Il ne l’y trouva pas tout de suite, mais la rigueur lui apporta une certaine stabilité et il décida de rester dans l’armée pour faire carrière. Quant à Akïan, il entra au service de la Chambre des Pères. Chacun s’épanouissait dans son métier.

Les inclinations sentimentales qui s’étaient créées pendant les années d’études perdurèrent. Ainsi Makil se maria avec Néfel, Sama se rapprocha d’Akïan, et Tyness continua de batifoler un certain temps encore. Un temps de bonheur simple, auquel la tragédie mit fin. Un jour, il y eut un incendie dans le laboratoire de Néfel. Il se propagea à la maison des jeunes époux qui était adjacente. Ce fut terrible, seul le nouveau-né, dont la chambre était la plus éloignée du laboratoire, put être sauvé.

Cet évènement bouleversa tout le monde, en particulier Akïan. Il prit alors des décisions que peu comprirent. Il accepta la garde de l’enfant et se proposa en même temps à la Chambre des Pères pour devenir Teniver. Celle-ci au vu de ces antécédents, lui accorda la fonction sans trop de discussions. À la veille de sa première mission, il passa une longue nuit à parler avec Sama. Il lui dit que, malgré tous ses sentiments, il se devait de prendre ce poste. Il lui dit qu’il serait souvent absent et qu’il ne pourrait la rendre complètement heureuse. Il lui dit qu’il avait néanmoins besoin d’elle, pour lui, pour le bébé. Il lui dit qu’il partirait cette fois-ci avec l’enfant et que, si à leur retour, elle était toujours présente, il partagerait le peu que sa charge lui laisse avec elle. Ils partirent donc, et à leur retour elle était là. Elle s’occupa de Néhérica et fut présente à chacun des retours de mission du Teniver. Celui-ci éprouvait cependant certains remords à lui imposer cette vie, et il choisit de ne pas l’épouser, pour qu’elle soit toujours libre de partir. Mais vingt ans après, elle était encore là.


Quelqu’un frappa à la porte. Sama me posa sur la table et alla ouvrir.


- Bonjour Madame, excusez-moi mais êtes-vous bien Sama, le docteur Sama Rolij ? demanda le jeune homme qui se tenait devant la porte.

- Oui… oui, répondit Sama surprise que ce ne soit pas celui qu’elle attendait. Mais entrez, je vous prie. En quoi puis-je vous aider ?

- Merci, je m’appelle Yoa, et à vrai dire je viens vous porter un message.


Sama fit asseoir le visiteur et lui proposa à boire, ce qu’il refusa.

Yoa, ce nom lui disait quelque chose. Elle s’assit à son tour et me prit pour boire une gorgée.


- Eh bien, quel est ce message ?

- Pour commencer… dit doucement Yoa en gardant le regard bas. Je suis désolé de devoir vous apprendre qu’Akïan est mort.


Sama me lâcha et je percutai le sol. Je me brisai en mille morceaux, comme le cœur de cette femme.



Prosopopée 6


Je suis le drap de deuil de la maison de Néhérica. Comme selon la coutume dans ce genre de situation, Sama m’a posé sur la rambarde du balcon. Je suis bien propre et bien repassé : on a eu le malheur de devoir m’utiliser il y a peu. C’était pour le deuil national, à la mort du prince héritier. La maladie a emporté le petit enfant il y a deux mois. Tous les habitants de Lexab avaient alors sorti leur tissu de chagrin : les étoffes sombres avaient orné les maisons de la capitale pendant une semaine. Mais ce soir d’été, je ne dois pas être loin d’être le seul dans la ville.

Quand Néhérica est rentrée, elle a d’abord vu les yeux de Sama rougis par les larmes, puis l’air si triste de l’étranger qui était assis au salon. Elle a ensuite constaté l’absence de son oncle. Et enfin elle m’a vu, moi.


- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, inquiète.

- Une funèbre nouvelle nous est parvenue, dit Sama en posant ses mains sur ses épaules. Akïan est… il est mort.


Le souffle de la jeune fille se coupa et ses yeux se figèrent dans l’horreur et l’incompréhension. Son visage affligé exprimait si profondément la toile de ses sentiments que sa bouche ne pouvait faire mieux. Elle réussit finalement à parler.


- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle d’une voix déchirée.

- C’est arrivé dans l’auberge de ma mère, dans les plaines du nord, dit Yoa, mal à l’aise, choisissant ses mots pour ne pas froisser davantage la pauvre fille. Akïan nous a quittés il y a trois jours, suite à un empoisonnement.


Ces mots l’assommaient. Ses idées se brouillaient et des larmes lui venaient. Néhérica marcha d’un pas fébrile vers le balcon. S’appuyant sur la rambarde, elle essaya de respirer un peu l’air du soir, entre deux sanglots. Ses larmes me tombaient dessus une à une, lourdes, tristes, amères, frustrées. Soudain elle se redressa comme interpellée.


- Oncle n’aurait jamais pu s’empoisonner avec une plante, dit-elle en regardant Sama, comme si l’absurdité des conditions de la mort avaient pu l’annuler. Il était incollable en botanique. Et il savait se prévenir des insectes !

- C’est vrai, dit Yoa dans un soupir. J’attendais que vous rentriez pour vous expliquer les détails.


Néhérica regarda ce jeune homme au regard ténébreux comme si elle se rendait à peine compte de la présence de cet inconnu. Yoa se leva et regarda par-dessus le balcon si personne n’écoutait depuis la rue. Il ferma la porte vitrée et demanda aux deux femmes de s’asseoir, mais Néhérica préféra rester debout. D’un calme qu’il avait dû travailler, il livra une part des secrets qu’on lui avait confiés.


- Je m’appelle Yoa. Ma mère, Tine, tient une petite auberge près de Kolia comme je l’ai dit. Néhérica, si vous essayez de vous souvenir, Akïan vous avait sûrement déjà parlé de nous. En tout cas il m’a souvent parlé de vous. Du plus loin que je me souvienne, je l’ai toujours vu. Il passait tous les deux-trois mois. Il restait parfois une semaine ou deux quand l’objet de ses missions n’était pas très éloigné de l’auberge. Tout cela pour vous dire qu’Akïan était loin d’être un étranger pour moi, ni un fonctionnaire ou un simple client. Il y a quatre jours, il est revenu de Zare avec de la fièvre. Son état de santé s’est vite dégradé. Le soir, il m’a pris à part pour me parler. Il me raconta que parallèlement à sa fonction de Teniver, il surveillait un groupe de personnes depuis une vingtaine d’années. Ce groupe faisait jouer son influence à différents endroits de Flone mais toujours de façon discrète et très rarement préjudiciable. Mais Akïan découvrit que le médecin royal était lié à ce groupe et qu’il aurait plus ou moins laissé mourir le prince.


C’était donc un meurtre qui m’avait fait sortir de mon placard la dernière fois ! L’information mit un temps pour percuter Néhérica. Quand elle comprit la gravité de la chose, elle s’assit pour reprendre ses esprits. Sama écoutait depuis son fauteuil, la mine grave, en serrant une tasse de thé entre ses doigts. Yoa reprit son récit.


- Akïan se mit alors à enquêter pour essayer de confirmer cette hypothèse. Et ce qu’il apprit par la suite est plus grave encore : la vie du roi est aujourd’hui menacée.


Sama posa sa tasse et Néhérica rapprocha sa chaise. Ce flux de nouvelles terribles les avait terrifiées et abasourdies. Quelle affliction si l’on devait m’étendre pour le père, si peu de temps m’avoir étendu pour le fils ! Voyant qu’aucune des deux femmes n’osait prendre la parole pour l’instant, Yoa continua.


- La possibilité même d’un attentat sur le roi était bien trop grave pour qu’il la garde pour lui. Il a donc quitté Zare pour prévenir les autorités. Mais il a commencé à se sentir mal durant le voyage. Quand il a fait étape à l’auberge, il était déjà dans un état critique. Lui-même ne savait pas qui l’avait empoisonné ni comment. La seule chose qui était sûre, c’était pourquoi.

- Afin qu’il ne puisse prévenir personne, répondit Sama, qui était sortie de son mutisme. Dès demain, tu vas aller voir un ami : le général Agdar Tyness. Je vais t’écrire une lettre d’introduction. Tu ne seras pas pris au sérieux si tu vas voir qui que ce soit d’autre.

- Ce n’est pas la peine, répondit Yoa un peu surpris du ton décidé de Sama, tranchant avec la torpeur où elle se trouvait jusque là. Je veux dire, pour la lettre. C’est ce qu’Akïan m’avait demandé de faire. Et il m’a déjà donné de quoi entrer en contact avec le général.

- Il est… intervint anxieusement Néhérica. Il a été enterré… chez toi ?

- Je suis parti avant que ce soit fait, répondit tristement Yoa. Mais oui, il a été enterré là-bas. Et en fait, la dernière chose que je devais vous dire, c’est comment vous rendre là-bas, pour vous recueillir sur sa tombe. Il aurait voulu que vous passiez quelques temps chez moi, ou du moins que vous évitiez la capitale tant que cette histoire ne serait pas finie. Si vous voulez bien, on partira après demain, à l’aube.

Le vent souffle ce soir et mes fibres imbibées de larmes sèchent doucement. Les larmes de Sama sècheront plus lentement encore, celles de Néhérica se dilueront dans les évènements à venir. Pour elle et Yoa, les rubans de la vie se croisent une deuxième fois. Les projets se sont tissés depuis longtemps pour arriver à la broderie que ces deux-là peuvent voir aujourd’hui. L’un a envie d’en découdre, quel que soit l’ennemi. L’autre a envie de démêler tout ce rébus.


Tout le monde s’est couché, mais personne n’arrive à dormir. Dans cette maison dont je symbolise le deuil, chacun réfléchit à la fragilité de la vie. Yoa s’est levé et a pris dans son sac une écharpe noire, qu’il a posée sur le bord de la fenêtre de sa chambre. Avant d’aller se recoucher, il dit à demi voix :


- Messieurs les marchands, paix à vos âmes.


 
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   Tchollos   
16/4/2007
Je continue a adorer tes accroches. Tu as trouvé une recette très efficace qui permet, à travers de délicates observations, de créer un atmosphère de merveilleux tout à fait originale. C'est très difficile de te faire une critique constructive car tu manipules ton histoire avec dextérité et je suis fan. Alors en me forçant à chercher la petite bête, je dirais que tu mets énormément de soin dans la construction des phrases et que parfois certaines sont moins mélodieuses que d'autres. C'est très subjectif mais j'aime aussi sentir une certaine spontanéité dans l'écriture. Chez toi, on sent le travail et parfois on le sent trop. Quelques mots de trop, quelques phrases un peu "complexes". Exemples : "Néhérica regarda ce jeune homme au regard ténébreux comme si elle se rendait à peine compte de la présence de cet inconnu" ou "Les projets se sont tissés depuis longtemps pour arriver à la broderie que ces deux-là peuvent voir aujourd’hui". Je suis sûr que tu pourrais garder "ta" poésie tout en simplifiant certains passages.
ps : je chipote sur des détails pour par avoir l'air trop fan ;)

   Maëlle   
29/4/2007
J'accroche à fon aussi. Le risque, c'est de vouloir publier trop vite quand on sait que la suite est attendue: surtout pas! Par contre, un résumé serait bienvenu (une présentation des personnages important pourrait suffir, au moins sur cet épisode).

   Ninjavert   
30/4/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Hé hé, décidemement nous sommes au moins trois à apprécier :) Je continue à adorer le genre, et contrairement à Tchollos, l'aspect "trop travaillé" de certaines phrases ne me gêne pas. Probablement car j'ai un peu le même souci (si c'en est un) quand j'écris... Probablement une simple histoire de préférence.
Par contre, je trouve qu'il y a des fois un décalage entre le ton utilisé pour la narration (celui des accessoires) et celui des personnages. Certains mots utilisés ("stylo", "la prof" et quelques autres) donnent un ton "parlé" assez sympa, mais parfois la tournure des phrases des personnages sonne un peu trop simple, un peu trop enfantine, surtout pour des personnages qui ont au minimum 20 ans... Mais là encore c'est juste du ressenti :)
Enfin, et là c'est une question : Les accessoires ont tous le même ton (que j'adore, au passage) à la fois détaché et subtil. Mais auront-ils tous le même ton ? Ca uniformise le récit, mais ça pourrait être intéressant que selon la fonction de l'accessoire, il n'est pas le même phrasé qu'un autre. (entre une hache et une plume par exemple) Enfin, ça n'est qu'une idée. Bravo et continue surtout !

   Pat   
5/5/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
j'ai trouvé le texte moins travaillé que le premier. J'ai été gênée par plusieurs maladresses. ex : "inclinaisons sentimentales "(n'est-ce pas plutôt inclinations? "Une funèbre nouvelle" (funeste, même si ça ne veut pas dire la même chose me paraît plus approprié). Trop lourd, par endroit : notamment les § 5 et 6.
L'histoire montre toujours un imaginaire polifique. les noms sont beaux, bien que certains (en toute subjectivité) attribués à des noms masculins me semblent féminins et vice-versa (mais là ce n'est vraiment qu'une affaire de goût... Comme le reste d'ailleurs)

   David   
20/11/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Oxoyoz,

Néhérica arrive comme une promise pour le jeune héros, mais le poncif passe bien, il y a une certaine tension qui m'a fait coller à l'histoire, je continuerais avec plaisir à la suivre. La tasse de thé est ma prosopopée préférée pour cette nouvelle, pour sa scène de fin.


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