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Sentimental/Romanesque
Palimpseste : Les luxuriants jardins de Gaza
 Publié le 19/11/11  -  9 commentaires  -  15495 caractères  -  67 lectures    Autres textes du même auteur

Je dédie cette histoire écrite il y a maintenant deux ans à mes amis des deux côtés. Verrons-nous la Paix un jour là-bas ?


Les luxuriants jardins de Gaza


David avance de maison en maison… Lentement… Calmement…


Son sac pèse à ses épaules et l'enfoncerait presque dans le sol tellement il est lourd… Son fusil aussi… C'est à la fois son meilleur ami et son pire ennemi… On se passerait bien d'un ami qui peut vous transformer en tueur, mais on ne se passe pas d'un ennemi qui peut vous sauver la vie… D'un autre côté, son arme n'a pas d'âme, elle n'est ni courageuse ni sadique : ce n'est qu'un assemblage inerte d'acier qui ne fera rien que David n'entreprenne, et David ne fera rien que son chef de section n'ordonne, lequel ne fera rien sans en recevoir l'ordre de « en haut » et ainsi de suite jusqu'à un niveau que certains n'hésitent pas à faire remonter jusqu'au « Très-Haut ». Mais Celui-ci s'intéresse-t-Il vraiment à chacun des gestes accomplis par chaque soldat dans l'armée ?… bof…


Pour l'instant, David réfléchit peu à ce genre de considérations… Il progresse dans les faubourgs de la ville dévastée par les tirs d'artillerie. Le moment n'est pas à gamberger sur la justesse d'une action politico-militaire, mais de remplir sa mission, si possible en restant en vie.


Ceux d'en face n'ont pas d'uniformes, mais ils ont aussi leurs fusils… Sans doute aussi un mélange de leur meilleur ami et de leur pire ennemi… Comme pour tous ceux qui se battent dans le monde…


David a des ordres stricts : rallier un bâtiment administratif au bout de la rue et, si possible, y pénétrer et rendre compte à l'état-major s'il est vide ou non, miné ou pas, utilisable ou inutilisable. Les bons ordres sont toujours simples… Mais les ordres les plus simples sont souvent aussi les plus dangereux. Son cousin Isaac, lui, a toujours des ordres très compliqués, mais sa vie de soldat se passe derrière une console vidéo, retranché dans un bâtiment enterré loin du front… La guerre à travers les satellites, ça n'a pas le goût de la poussière et du feu… et encore moins celui du sang…


Le soldat continue à pas lents et circonspects, en évitant de s'attarder : il a beau être en guerre, il est sensible aux corps figés qu'il croise, et ne demandaient qu'à vivre quelques heures auparavant…


David passe devant l'encoignure d'une porte et, musique presque irréelle, entend de l'eau couler, un bruit dont il a perdu l'habitude depuis son départ. Son expérience de la guerre est celle des extrêmes auditifs : on est écrasé par les explosions et les cris, ou bien on marche dans un silence quasi absolu de cimetière…


Il s'agit d'un simple robinet ouvert au-dessus d'une bassine. En temps de paix, ce n'est rien… Mais là, dans cette cité dévastée aux rues désertes, le spectacle est inattendu, charmant et rassurant.


David fait deux pas dans le corridor vers cette source providentielle : un peu d'eau lui fera du bien. Sa gorge est sèche comme un parchemin. Une parenthèse, même minuscule, dans sa progression sera la bienvenue pour évacuer la tension qu'il ressent. Le stress est le mauvais génie du soldat, et fait faire le pire aux meilleurs.


Une ombre apparaît derrière le robinet : David a peur pendant une fraction de seconde. Et si ce n'était qu'un piège pour l'attirer dans un coin sombre où le descendre sans rémission ?


Le temps d'amener son fusil d'assaut en position de tir, deux grands yeux sortent de la pénombre. Deux grands yeux pleins de peur aussi, mais pas la même que celle de David. Les deux grands yeux d'une mère, d'une sœur ou d'une fille, qui vient en pleine guerre chercher de l'eau pour sa famille et se met en péril pour le ravitaillement.


David a par contre appris qu'on peut être une gentille femme et un cruel soldat en même temps : « ceux d'en face » les entraînent à exécuter leurs ennemis sans pitié. Dans sa propre armée, les femmes ne sont pas toutes infirmières et nombreuses sont celles qui servent au front, dans les unités d'élite. Deux grands yeux de femme ne sont pas une raison suffisante pour baisser la garde et risquer sa vie.


Finalement, David lit dans le regard qu'il n'est pas face à un guerrier, mais bien à une femme qui brave la mort pour sa mission. D'ailleurs, elle écarte les mains pour montrer qu'elle ne cache rien, s'avance un peu pour sortir de l'ombre et rassurer ainsi le militaire. Dans le grand jeu des soldats qui évitent de tuer pour rien et des civils qui tentent de survivre pour quelque chose, ils viennent de réussir parfaitement la passe.


David tente un sourire : pas facile quand on est bardé d'armes, à personnifier la destruction. Elle le regarde d'un air un peu distant : pas facile de retourner un sourire depuis les ruines de sa propre maison.


S'étant retourné, David ne voit pas la roquette qui arrive, tirée du toit de la maison d'en face. L'explosion le projette en avant. Son esprit s'enfonce dans un trou noir bordé d'une insoutenable douleur.


* * * * * * * * * * * * * * * * *


David ouvre péniblement les yeux…


Il se redresse, l'air un peu hagard, le treillis plein de poussière. Il s'époussette sommairement et recrache un peu de plâtre.


Le soleil est généreux. « C'est curieux, pense David, tout à l'heure le ciel était bas et gris. Il ne pleuvait pas mais presque. »


La maison avec le robinet n'existe plus. À la place, il est dans une vaste cour ouverte face à une belle fontaine octogonale, dont les faïences bleues, jaunes et vertes dessinent des surates. David ne lit pas la langue, mais devine quelques mots.


Une femme s'avance vers la fontaine, une jarre à la main qu'elle remplit au jet limpide. Tournant la tête vers lui, elle sourit, sans peur ni arrière-pensée.


David fait deux pas en avant et ôte son casque en souriant gauchement.


La femme lui tend une timbale pleine d'une eau délicieusement fraîche. David boit à petites gorgées en la regardant. Elle a de longs cheveux noirs et lisses, des traits fins et une peau de la même couleur que les petits pains d'épice que sa mère sortait du four familial, les jours de fête… Par ses grandes pupilles noires, elle laisse le soldat entrer dans un monde où la guerre est si loin que la fureur des hommes ne peut l'atteindre.


– Merci, dit David de sa voix la plus douce, celle qu'il n'emploie plus depuis son casernement. Je croyais avoir été blessé mais je vais finalement bien. Où suis-je ? Qui êtes-vous ?

– Je m'appelle Amal, lui apprend la jeune femme.

– Cette maison est magnifique, fait David en regardant autour de lui. J'espère que l'explosion ne l'a pas endommagée.

– Non, se borne à ajouter la femme avant d'ajouter : elle est tellement belle qu'elle est indestructible. Elle appartient à mon imaginaire et rien ne peut me la détruire.

– Ah ? s'étonne David. Qu'est-ce que ça veut dire ?

– Tu es venu m'envahir avec tes armes et tes certitudes. Alors moi, je viens t'accueillir parce que je ne veux pas que tu restes là en vainqueur, mais que tu repartes vite, mais surtout en ami…

– Si seulement ça pouvait être vrai… Je suis venu en ami pour protéger nos deux peuples de la sauvagerie de tous les fanatiques, et c'est justement pour cela que je veux vaincre.

– Tu es bien un homme, à penser que les amis s'invitent avec un casque lourd et des grenades plein les poches… Comme les autres hommes qui m'entourent, tu ne sais rien d'être ami, ni d'être vainqueur. Si tu me fais l'amour, tu crois qu'on sera amis, si tu me fais la guerre, tu crois que tu seras vainqueur… Je suis une femme et vois les choses autrement.

– Ah ? Explique-moi… Je fais de mon mieux mais je ne te comprends pas.

– Viens avec moi, tu comprendras… Si tu me suis en confiance, alors tu commences à devenir mon ami plus sûrement qu'en me faisant cent fois l'amour… Et si tu comprends, tu seras vainqueur, mais je ne serai pas ta vaincue…

– Et si je ne comprends pas, c'est moi le vaincu ?


Elle part d'un petit rire légèrement moqueur.


– Tu es vraiment un homme, à parler comme ça. Non… Si tu ne comprends pas, nous perdons tous les deux. Mais viens avec moi…


Passant devant le soldat, elle prend sa main et le précède dans le petit couloir qui mène à la rue.


David craint de passer la porte. Après quelques hésitations, il franchit le seuil et s'étonne de ne pas sortir dans le champ de ruines de tout à l'heure. Il s'agit d'une grande artère, lumineuse et aérée, bordée de maisons cossues et ombragée. Des palmiers adoucissent le soleil éclatant.


– Sommes-nous toujours au même endroit ?

– Oui… Nous sommes toujours dans mon imaginaire, sur le boulevard où j'ai toujours voulu habiter. Il n'a pas de nom, mais c'est la rue centrale de ma ville.

– Je ne vois personne. Ton imaginaire est-il un désert ?

– Non… Tu ne vois personne parce que mon imaginaire préfère te faire visiter ma ville sans ses habitants. Ce sera plus agréable pour une première fois, autant pour toi que pour eux. Mais ici, les commerçants font des affaires, les femmes font des courses et les hommes flânent… et des ribambelles d'enfants jouent et chahutent.

– Comme chez moi ?

– Comme partout sur Terre, veux-tu dire… Enfin, partout où la paix règne.


David laisse sa main dans celle d'Amal. Elle marche sans se presser. Volontiers bavarde, elle donne au soldat des détails sur les maisons et les échoppes devant lesquelles ils passent : là c'est un coiffeur qui s'est établi il y a quelques mois ; ici, une entreprise d'import-export qui travaille avec le monde entier ; là encore, l'appartement de la meilleure amie d'Amal ; plus loin, l'immeuble où habite son cousin.


– Veux-tu visiter les jardins de mon imaginaire ? demande Amal à David.

– Oui bien sûr, répond ce dernier.

– Alors suis-moi encore. Tu verras des choses que bien peu d'entre vous ont vues.

– Je te suis, souffle l'homme.

– Ferme les yeux. Compte jusqu'à cinq, puis ouvre-les.

– Un… compte David après avoir fermé les yeux, deux… trois… quatre… cinq.


Le soldat ouvre les yeux. La lumière manque de le faire défaillir…


La rue a disparu. Il se tient devant une orangeraie où des arbres chargés de fruits font une ombre douce sur le sol.


Amal tire doucement sa main.


– Viens par là. Ce sont mes oranges… J'ai aussi des citrons et des pamplemousses. Et puis aussi des fleurs : des camélias de toutes les couleurs et des jasmins odorants. Et plein d'oliviers.


L'emmenant entre les arbres, la jeune femme lui montre des vignes aux grains chargés de sucres, des cactus pleins de fleurs délicates. Partout, des oiseaux sifflent et chantent.


David sourit d'un air désolé.


– Amal, cet endroit est magnifique. Je ne savais pas qu'il existait. Je croyais qu'il n'y avait ici qu'une bande de sable, étroite et surpeuplée.

– Oui, mais tu parles de mon pays réel… Celui qui est instrumentalisé par ceux qui, chez toi et chez moi, ne connaissent que la haine aveugle et nous dressent l'un contre l'autre. Pourtant, ceux qui se disent nos amis ont bien assez de moyens pour que mon pays réel soit un havre de paix, s'ils voulaient réellement le bien de ceux qui vivent ici. Mais là, c'est le pays de mon imaginaire. Celui où mes frères et les tiens ne se battent pas mais coopèrent à leurs entreprises… Celui où tes sœurs et les miennes donnent la vie à des enfants et non à des soldats ou des martyrs.


Une larme perle au coin de ses yeux.


– C'est un pays si beau, reprend-elle. Et tellement serein. Ici, personne n'a envie d'avoir raison ni ne se soucie d'avoir tort.


Une heure encore, ils se promènent dans le jardin luxuriant, se rafraîchissant aux fontaines qui jalonnent leur chemin.


Au fur et à mesure que la journée s'avance, ils s'amusent de plus en plus… Joyeux d'être là, de leur jeunesse insouciante et d'une vie sans barrière… Ils s'éclaboussent dans des bassins aux eaux turquoises, pressent des oranges cueillies sur les arbres et jouent à se poursuivre dans cet immense Éden.


Amal court en riant quand elle entend un grand cri :


– Amal, Amal ! appelle David. Retiens-moi ! Ils m'enlèvent !


Trois soldats l'entourent et se saisissent de lui. Sans faire attention à la jeune femme pétrifiée, ils l'emmènent. Quelques secondes plus tard, seule une kippa tombée dans l'herbe rappelle sa présence.


Les jardins de l'imaginaire s'estompent jusqu'à disparaître.


* * * * * * * * * * * * * * * * *


Les paupières de David sont lourdes.


Au-dessus de lui, un plafond blanc uni l'aveugle et le glace en même temps.


Il referme les yeux…


Un long moment plus tard, se sentant confusément vivant, à cesser de flotter dans un brouillard d'anesthésiants et de calmants, il ouvre à nouveau les yeux et commence à remuer.


David gît sur le simple brancard d'un hôpital de campagne. En tournant la tête, il aperçoit, sur la civière voisine, une forme cachée par une couverture qui ne révèle que de longs cheveux noirs et lisses, ainsi qu'un bras féminin couleur de pain d'épice.


Un individu se penche au-dessus de lui et l'interpelle d'un ton acerbe :


– Ah ! On se réveille à ce que je vois. Je suis le docteur Abhramovitcz. Votre amie nous a dit que vous étiez David, mais comme vous avez perdu votre plaque militaire d'identification, il faudrait que vous me donniez vos matricule et numéro d'unité.

– Mon amie ?

– Oui, la jeune femme allongée à côté de vous. L'équipe de secours l'a ramenée en même temps que vous, car le souffle d'un tir vous aurait projetés l'un contre l'autre, occasionnant aux deux un traumatisme crânien. Vous étiez tellement collés ensemble qu'ils n'ont pas osé vous détacher.

– Ah ?

– Oui… Finalement, plus de peur que de mal, vous vous en tirerez chacun avec une grosse commotion cérébrale, mais pas de lésions. Par contre, je dois vous dire que la justice militaire s'intéresse à vous et aura quelques questions à vous poser : vous étiez en mission et pas spécialement pour aller retrouver votre copine en plein territoire occupé, durant une opération de guerre.

– Mais… Je n'ai pas de copine !

– Et elle ? Inutile de mentir : elle s'est réveillée il y a une demi-heure et nous a appris que vous vous appeliez David. Elle était encore un peu dans les vapes quand elle nous a parlé de sa visite d'une ville aux larges avenues et aux jardins extraordinaires… Vous avouerez que ce n'est pas ici que ça peut se passer. Vous la connaissez donc depuis assez longtemps pour l'avoir emmenée en voyage à l'extérieur d'ici.

– Que dites-vous ?

– Qu'elle nous a raconté en sortant de son évanouissement que vous l'aviez emmenée dans votre pays, et que c'était serein et luxuriant, avec des vergers et des fontaines. Persistez-vous à nier toute relation avec cette femme ? Elle déclare s'appeler Amal, mais refuse de nous donner son nom de famille.

– Excusez-moi… Je ne me sens pas très bien.


Tournant la tête à demi vers le brancard voisin, David voit la jeune femme, sans doute réveillée par la tirade de ce médecin de malheur, ouvrir les yeux et l'envelopper d'un regard confiant et bienveillant.


Et dans ce regard, se trouvent des orangeraies, du jasmin, des fontaines aux eaux turquoise, des commerçants volubiles dans des échoppes affairées sur des boulevards en paix.


Le médicastre avait tort sur un point : ce n'était pas du passé, dont parlait Amal, mais du futur…


De leur futur, quand la haine évaporée laissera la place aux amours possibles…



--------------------

PS : pour ceux qui l'ignorent, le prénom palestinien Amal signifie « l'Espoir » – J'envoie mes plus sincères pensées à tous ceux qui, à Gaza ou ailleurs, dans leurs maisons ou dans leurs blindés, n'ont eu qu'une seule envie : sortir de cet enfer et laisser la paix s'y installer à jamais…


 
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   Anonyme   
23/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Une belle histoire, à laquelle on aurait envie de croire, mais je dois dire que les considérations d'Amal sur la manière forcément différente dont les hommes et les femmes voient les choses m'a paru très convenue... et fausse : les femmes, à mon avis, sont tout autant capables de cruauté et de brutalité, d'opinions tranchées, que les hommes.
L'ensemble de l'histoire me paraît souffrir de simplisme, voire d'angélisme ; je considère le texte comme un conte, ce qui n'est en rien péjoratif.

"elle laisse le soldat entrer dans un monde où la guerre est si loin que la fureur des hommes ne peut l'atteindre." : je comprends bien que "l'" fait référence au monde, mais la proximité laisse à penser qu'on parle de la guerre qui ne pourrait être atteinte par la fureur des hommes...

   Anonyme   
19/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Texte émouvant, certes, par les bons sentiments qu’il développe. Si ce pouvait être vrai ! Si tous les humains pouvaient, un jour, entrer dans ces jardins luxuriants et y trouver les raisons de faire la paix, de vivre en paix ! Amal, l’espoir. David, le bien aimé, belle association, c’est vrai. Et qui peut donner à rêver. Seulement à rêver, malheureusement… D'ailleurs, la justice militaire est évoquée et le rêve est anéanti...

C’est très correctement écrit. Le style n’est pas éblouissant mais il est clair, simple, efficace. Il n’y a pas de tournures bizarres. Les mots sont utilisés à leur juste valeur. Et c’est, pour moi, aussi important que l’histoire elle-même.

   caillouq   
16/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Première partie: la description de la ronde du soldat correspond assez à l'idée qu'on peut s'en faire - je n'ai aucun mal à plaquer sur ce début les images glanées "là-bas". Mention spéciale pour "Son expérience de la guerre est celle des extrêmes auditifs : on est écrasé par les explosions et les cris, ou bien on marche dans un silence quasi-absolu de cimetière...", et "Dans le grand jeu des soldats qui évitent de tuer pour rien et des civils qui tentent de survivre pour quelque chose, ils viennent de réussir parfaitement la passe."
Deux phrases qui, à mon avis, résument beaucoup de la guerre.
En revanche, l'emploi du mot "charmant" me semble vraiment trop décalé dans le contexte.
A l'opposé, je ne suis pas convaincu par le "il a beau être en guerre, il est sensible aux corps figés qu'il croise, et ne demandaient qu'à vivre quelques heures auparavant...". Il n'y a pas besoin de corps pour être oppressé dans une situation pareille, et la mention de ceux-ci est, à mon avis, contre-productive. L'auteur pourra peut-être me prouver le contraire, mais j'ai des doutes sur la possibilité d'une situation suffisamment extrême à Gaza pour que les palestiniens laissent les corps des leurs dans la rue, ET où on envoie un soldat partir SEUL en éclaireur dans la ville ...

Deuxième partie: je ne raffole pas spécialement des bons sentiments, et là, c'est vraiment trop pour moi. Je trouve l'ensemble (idée, traitement) assez convenu. Et frustrant: j'étais parti sur une nouvelle de guerre, avec toute la perspective de points de vue qu'on peut en espérer, et paf, on se retrouve dans les luxuriants jardins de Gaza ! Bon, OK, d'un autre côté, c'est le titre.

Troisième partie: chic, il y a une troisième partie, on retourne à la guerre ! J'en aurais bien repris, de cet état d'esprit borné des cheffaillons bornés, mais ça se termine. Trop vite.

Au final, une nouvelle bien écrite, mais que j'ai trouvée frustrante car l'universalité des bons sentiments prend le pas sur la spécificité de l'histoire qui, moi, m'intéressait.

   Anonyme   
19/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Palimpseste ! C'est une belle histoire avec de beaux sentiments, un rêve en quelque sorte... Après tout, pourquoi pas, on peut toujours rêver en espérant qu'un jour ces songes deviennent réalité. Malheureusement je pense que tant qu'il y aura deux hommes sur la terre ils trouveront toujours un prétexte quelconque pour s'entretuer... Ne gâchons pas notre plaisir et souhaitons qu'un jour tous les David, les Amal et les autres lâchent enfin leurs fusils pour se tenir la main.
Pour en revenir au texte, à l'exception du "n'entreprend" en place de "n'entreprenne" je trouve que c'est un texte clair et bien écrit...
Au plaisir de vous lire...

   Palimpseste   
3/12/2011
Merci à tous pour vos commentaires...

Pour la réponse à vos commentaires, c'est ici: http://www.oniris.be/forum/visite-des-luxuriants-jardins-de-gaza-t14740s0.html#forumpost192932

   monlokiana   
4/12/2011
On retrouve là l'écriture de Palimpseste: simple, juste, rythmé, pas trop lourd ni complexe, pas trop ni inutilement détaillé. Ce sont ces points là qui rendent la lecture agréable. C'est un point fort chez l'auteur...

J'ai trouvé l'histoire très romantique... Par là je veux dire qu'elle sort vraiment du commun: en temps de guerre où les balles fusent de partout, un soldat en mission se permet de telle rêverie. Je pense que cela ne reflète pas le sérieux de ces hommes qui partent en guerre pour accomplir leur mission. Je ne pense pas qu'ils aient le temps d'être déconcentré avec tout ce qu'on leur dit (d'être très prudents et méfiants). Si David était un débutant (et encore là même...) j'aurais peut-être pu le croire une seconde (seulement une seconde hein) mais là, cela fait un peut «tirer pas les cheveux»...

Pour moi, le gros point faible et noir du texte, c'est la transition entre le monde de la guerre et celui de l'imaginaire, du merveilleux. C'est maladroit et j'ai trouvé ridicule le comptage (un deux trois quatre cinq et op on se retrouve dans un jardin merveilleux) C'est beau oui, mais c'est mal fait. On sent bien que c'est un rêve et qu'il va tôt ou tard se réveiller. Cette proximité entre les deux mondes et la taille courte de la nouvelle sont deux indices qui tapent à l'œil. Je pense que ce passage aurait pu être un peu plus long et descriptif. Pourquoi pas créer une petite complicité entre les deux même s'ils viennent à peine de se rencontrer. Oui j'avoue que cela ferait «waow c'est rapide» et que Socque aurait plus que raison sur les termes «angélique et simplisme»:-D

Ce passage m'a fait penser à Adam et Ève dans le Paradis. Je ne sais pas ce qu'en pensera l'auteur mais moi voici comment je l'ai interpréter: ils échappent de ce monde en guerre pour se retrouver dans le paradis (symbolisé par le jardin avec les fruits et tout. Parait-il il était comme ça leur jardin à E/A).
Aussi, je pense que ce texte aurait pu être transféré dans la catégorie fantastique/merveilleux.

J'ai trouvé certaines phrases très forte et touchantes (ouais, je ne vais quand même pas tout détester lol)

«On se passerait bien d'un ami qui peut vous transformer en tueur mais on ne se passe pas d'un ennemi qui veut vous sauver la vie», ne le prends pas mal que je te pose cette question Palimpseste: elle est de toi cette phrase? Je la trouve magnifique...

-Veux tu visiter les jardins de mon imaginaire? Demande Amal à David
C'est une précision inutile. On sait logiquement que cela ne peut pas être le contraire. Et la nouvelle et la surprise de ce réveil à l'hôpital marcherait mieux s'il n'y avait pas eu l'emploi même du mot «imaginaire».
J'aurais mieux apprécié qu'on me plonge dans l'imaginaire sans me le dire.

Je n'ai pas pu croire à ce David qu'on décrit après avoir rencontré Amal (c'est fou en Wolof, Amal veut dire «obtenir»). Il devient moins prudent et très crédule. Pourtant, dans le premier paragraphe, il est dit qu'il obéit aux ordres, est un soldat exemplaire... Donc, le voir suivre une inconnue comme ça, sans arrière-pensée, sans méfiance, ni soupçon, c'est pas très crédible je pense. Sans cette chose, l'histoire ne continuera pas:D

J'ai aimé cette vision de la guerre (qui est et restera toujours) comme un acte de division entre les peuples. J'ai bien aimé cette thèse et je suis totalement d'accord. La guerre il faut la laisser avant qu'elle ne nous y laisse tous. Je pense que les siècles des guerres sont dépassé. Je ne peux concevoir la guerre en ce XXIème siècle. Cependant, je crois aussi que la Palestine et l'Israel feront un jour la paix mais ce sera un long processus, incluyant des sacrifices que chacun des deux camps doivent faire (et ne veulent faire pour le moment)

S'il y a bien une chose que Palimpseste ne peut pas s'empêcher de faire, c'est bien d'être drôle. Oui, il faut toujours que tu fasses rire. Je ne sais pas pour les autres, mais moi je l'ai trouvé drôle ce passage:

-oui, la jeune femme allongée à coté de vous. L'équipe de secours l'a ramenée en même temps que vous car le souffle d'un tir (le souffle?) vous aurez projetés l'un contre l'autre occasionnant aux deux un traumatisme crânien. Vous étiez tellement collés ensemble qu'ils n'ont pas osé vous détacher

Est-ce possible ça? Je n'y crois pas désolée et pour cela que j'en ai ri...

Bref, je reste très mitigée. Le texte est bien écrit, l'écriture permet une lecture fluide et une bonne compréhension. J'ai aimé mais pas tellement. C'est la première fois que j'ai du mal à noter un texte. Finalement, je ne vais pas laisser de note. Je ne sais vraiment pas quoi mettre.

Merci pour cette lecture
J'espère que mon commentaire te servira (j'essaie de faire de mon mieux :-(
Monlo

   Anonyme   
4/12/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Je dois dire, Palimpeste, que je n'avais pas lu ce texte, sans doute simplement agacée de voir "Gaza" dans le titre. C'est qu'on en a tellement entendu sur le sujet que je n'ai pas eu envie d'en savoir davantage.
J'ai bien aimé le début avec la description de ce David en mission et des passages intéressants et émouvants comme : "on est écrasé par les explosions et les cris, ou bien on marche dans un silence quasi absolu de cimetière." J'imagine assez bien la guerre comme ça.
Et puis l'idée de l'eau qui coule est excellente.
Après, nous sommes dans un conte, avec ce que ça suppose de descriptions de paysages enchanteurs et de bons sentiments.
Et dans son genre, ce conte est parfait.
La fin, est très "happy end" mais, après tout, pourquoi pas ? Je dois même dire que ça aurait été très mal venu d'en faire une autre.

   Anonyme   
4/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé l'idée derrière cette nouvelle, surtout la fin : le jardin du futur et non du passé, par contre je n'ai pas apprécié le dialogue prolongé avec le médecin, qui a appauvri le texte. "Inutile de mentir " ...

   Laroche   
4/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a peu de temps, un film israélien, ou israélo-palestinien, vu à la télévision, m'a fait forte impression, car il se déroule dans un secteur de Jaffa où vivent des gens des deux nations. Le ton de ce film, âpre, m'a paru tout du long parfaitement adapté au récit, qui croise les vies ordinaires de gens qui ne sont ni de parfaits héros ni d'immondes ordures; un film attachant, juste, dans toutes les acceptions de cet adjectif.
On l'aura compris, ce sont là des qualités que j'ai cherchées en vain dans ce qui ici hésite, on l'a fait remarquer, entre le récit réaliste et le conte, sans jamais être ni l'un ni l'autre et sans jamais constituer une synthèse réussie de l'un et de l'autre.


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