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Sentimental/Romanesque
Respy : Toccata
 Publié le 27/01/15  -  12 commentaires  -  3773 caractères  -  172 lectures    Autres textes du même auteur

"Un cri court dans la nuit…" IAM


Toccata


“On a ce qu’il faut ! qu’il nous disait, du vert et d’la frappe. Au bout de la ruelle mon pote, c’est là que ça se passe !”

Nous autres on le suivait, bien schlass, le glouglou jusqu’au cou.

Et voilà que le type nous cogne sa réalité, d’un trait :

“Pas de fumées ici ! portables, tunes, mp3, cartes, écouteurs, portes-flouz, tout ! giclez-moi tout !”

J’ai cru crever ce soir-là, étranglé par des guirlandes de coups, savates écrasées sur mon corps balbutiant, piteux à voir…

Deux fois déjà, j’avais vu l’abandon prendre vie, rats fuitant, dégueulasses, dans les rigoles du pavé. L’un après l’autre qu’ils s’étaient sauvés, un petit cri et je me casse… Salauds ! je revois vos sales gueules d’anges en cavale, postillonnant d’excuses et jactant à qui mieux mieux devant un parterre de garces à dessaler.

Tandis que les autres, ils s’acharnaient les vaches ! La fuite des copains qu’ils me faisaient payer ! Et ça y allait, va-et-vient redoublant encore, toujours, métronome orné des gloussements d’alentour.

Du bon taf quoi ! Et même qu’ils auraient fait du zèle si je m’étais pas barré de ce fond de chiottes où rien n’y faisait, chasses après chasses, l’étron flottait, se disloquant, se désagrégeant, brinquebalé sur les parois en faïence des W.C.

Oh ! la cavalcade inouïe, sans bornes, poursuivie du rire obèse des choufs à képis qui ne s’étaient pas gênés pour m’en remettre une dernière, dans ces pointillés du monde, moi, gueulant d’un corps que je ne possédais plus. Alors je les ai dévalées les rues de Paris, ces dépôts de bitume aux noms bien ronflants, comme au cinoche elles défilaient ; rue Blanche, le boul’ Clichy et son sale giron, puis un bout de la mappemonde, d’Amsterdam à Madrid.

Manquait plus que la gonzesse et le pop-corn pour s’en payer une bonne, se bécotant à l’ancienne, braguette fermée, devant ce type en proie au délire de la race humaine, l’encéphale fouillé au scalpel.

À ce qu’il paraît, sitôt apaisés, ils se sont mis à me renifler les copains, sur le trottoir de Clichy, flanqué de ses troquets, clubs, sex-shops, cabarets, remblais de capotes, salons de l’ivrognerie où l’on s’étripe pour une œillade de trop. La fesse y règne si bien que chacun veut sa tranche, jouant des coudes pour des enseignes épileptiques. Un vrai bastion du cul hein ! à en retrousser le curé.

“On en a bavé”, qu’ils grogneraient, déjà bien scalpelisés, différent celui-là, un genre plus vicelard qui taffe à son aise, sans se presser. Faut dire qu’ils l’ont tâté en long et en large le chapelet ; mille lunes à égrainer sous lesquelles claquent les talons hauts quand la shmiture graillonne.

À quelques jets de là, moi, je dégueulais mes kilomètres, lové dans les fentes d’un Haussmann que je connaissais. Et pourtant je l’avais arpenté le secteur, c’est peu dire… Depuis les premières poussées d’acné que je m’y trimballais. Pas une rue, de Constantinople à Saint-Lazare, sans une galoche de claquée, un cul-de-joint écrasé. Mais la terreur m’avait jeté là, dru, rendu à bête, au seuil de ce bahut qui, tous les aprems, cadrait nos fumées aux potes et à moi-même.

Ah l’idiote solitude ! Même pas de quoi chialer un coup ! On voudrait bien s’apitoyer un peu, donner gentiment la patte à la misère, mais l’aube se pendouille sur la Grande Ourse, appelant les derniers retardataires, qui glissent ivres devant vous, tout grelottant de rire, bras dessus bras dessous.

L’aube ! La voilà enfin qui se dandine, les premiers métros se ruant vers son derrière. 3 h déjà ! J’en aurais presque invoqué le bon Dieu et la ‘man, si on m’avait pas chourrav’ mon Nokia. Alors ce fut Saint-Laz’, mégots, souterrains ; le métro jouant à saute-mouton avec les grands noms. Puis rien, rien que le goutte-à-goutte des stations.


Saint-Lazare-Bastille-Pantin


 
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   Neojamin   
13/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Ce texte m'a tout d'abord paru baclé, comme un premier jet écrit sur un bout de feuille dans le métro. Difficile à lire mais il y a quelque chose, une ambiance et j'avoue avoir pris plaisir à m'étourdir.

Sur la forme, c'est chaotique, trop chaotique à mon goût. Si c'est un choix que d'écrire comme ça, mélangeant le vulgaire au vocabulaire pompeux, pourquoi pas. La cohérence n'est pas toujours nécessaire. Par contre un minimum d'effort est nécessaire pour rendre le texte accessible. Une ponctuation à adapter, quelques métaphores trop absurde qui compliquent davantage la lecture à ôter:
"étranglé par des guirlandes de coups" " savates écrasées sur mon corps balbutiant" "rats fuitant" " jactant à qui mieux-mieux devant un parterre de garces à dessalées" et bien d'autres encore.

Sur le fond, il y a quelque chose qui me plaît. Une sorte d'honnêteté dans le flot de pensée. J'imagine bien un esprit partir dans ce genre de délire. C'est une confession dénuée de prétention, la vérité brute de pomme. Je pense personnellement qu'une introduction à la troisième personne ou une mise en contexte pourrait permettre au lecteur de rentrer dans ce "trip" plus facilement.

De manière générale, ce texte est trop chaotique a mon goût et difficile à lire. Si c'est un premier jet, je conseillerais à l'auteur de le reprendre pour lui donner une forme qui le rende accessible aux lecteurs.

   Anonyme   
27/1/2015
Bonjour Respy

J'ai aimé. Mais vous dire pourquoi, je ne sais pas. J'ai pas compris grand chose (c'est court) mais l'écriture inspire ou aspire et j'ai couru avec elle. J'ai pensé à San Antonio, votre vocabulaire m'est tout aussi hermétique, cependant quand je perçois un don ou un certain talent, même si je n'y capte pas grand chose, je préfère le dire. J'ai lu, j'ai vu ce que vous décrivez mais j'ai pas compris grand chose à cette course poursuite.
Au plaisir.

   molitec   
27/1/2015
Le début du texte m’avait accroché, j’ai compris qu’il s’agissait du récit d’un membre d’une bande de malfaiteurs en quelque sorte, et qui avait l’air d’être un peu différent ou bien avait des difficultés à suivre le rythme, s’était intéressant sous cet angle; mais après les premières lignes, j’avoue que ma lecture devenait de plus en plus difficile, je n’avais saisi les contours de l’histoire qu’après une deuxième lecture, quant à un sentiment général, il ne s’est toujours pas défini pour moi, sans doute à cause de la narration avec un langage populaire et argotique pour une grande partie du texte ; dommage pour moi, s’il s’agissait de quelques phrases seulement, ça irait, mais là c’était presque tout le texte, et ma lecture allait devenir trop découpée pour pouvoir être appréciée ; il y’avait du mouvement dans l’histoire comme son coup foiré (si j’ai bien compris) et sa fuite vers la fin, mais les mots choisis étaient comme un handicap qui m’avait empêché d’avoir une vision claire et un ressenti plus profond.
Merci pour cette lecture.

   Automnale   
27/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
A Paris, des choufs à képis (je traduis : des policiers !) viennent faire le ménage, au bout d'une ruelle, parmi téléphones portables, MP3, cartes bancaires, écouteurs, tunes... Reste un petit malfrat, le narrateur, le glouglou jusqu'au cou (je traduis : une arme !), fou de rage d'avoir vu ses copains fuir comme des rats... Tel est le thème de cette Toccata ! Pour Jean-Sébastien Bach, la Toccata était l'introduction à une fugue... Le titre est donc bien choisi puisque, pour finir, fugue il y aura...

Le décor est bien planté. L'ambiance, fort bien rendue, est donc, sciemment, noire, sale, abjecte. Le lecteur a même la possibilité - c'est dire ! - de passer par les wc où l'étron, bringuebalé, flotte, se disloque... Passons !

Comme je ne connais pas ce genre littéraire, j'ai, dans un premier temps, pensé qu'il s'agissait d'un récapitulatif des mots les plus vulgaires. Car ils y sont tous, ou presque : schlass, crever, dégueulasses, salauds, sales gueules, jactant, gueulant, garces à dessaler, les vaches, fond de chiottes, braguette fermée, bastion du cul, gonzesse, cul-de-joint.. Pour de la musique, c'est de la musique ! Mais que dirait Jean-Sébastien !

Dans un second temps, les touches du piano, ou du clavecin, étant tellement sombres, je me suis mise à rire. Ne dit-on pas, en effet, que trop c'est trop...

Mais, dans un troisième temps, j'ai réfléchi. L'écriture, qui est belle, fait de ce récit, parsemé de mots orduriers, une mixture originale et, probablement, criante de vérité.

Je n'ai pas manqué de relever cette superbe éclaircie :
"On voudrait bien s’apitoyer un peu, donner gentiment la patte à la misère, mais l’aube se pendouille sur la Grande Ourse, appelant les derniers retardataires, qui glissent ivres devant vous, tout grelottant de rire, bras dessus bras dessous."

En conclusion, je me demande si des phrases, à l'image de celle copiée/collée ci-dessus, placées ici et là, n'auraient pas, à la première lecture, rendu le récit moins indigeste... Est-ce possible d'insérer un peu de poésie au milieu de la mélasse ?

J'ai eu l'impression d'être venue m'encanailler dans un milieu mal famé ! Mais, après tout, n'est-ce pas une manière pimentée de découvrir Paname, de Clichy à Saint-Lazare..., en faisant bien attention à son porte-flouz !

Bref ! Merci, Respy, car votre Toccata décoiffe ! Attention, quand même, avec un langage dont la traduction peut échapper à la lectrice que je suis !

Automnale

   Robot   
27/1/2015
Je ferai pas semblant, mais j'ai rien entravé à ce blitz. S'il y a une chose que je déteste c'est de m'arrêter à chaque mot pour ouvrir un dico même si c'est un dico d'argot. Je crois que dans le style il ne faut pas trop en faire. la seule chose que je retiens c'est que de ce côté anarchiste, les voyous sont toujours des anges méprisés par la vie et les flics des affreux.
Bon, je note pas vu que j'entrave toujours que dalle !

   Dupraievna   
27/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Ça me fait penser a l'attrape coeurs que je suis suis en train de lire mais je rejoins mes camarades il y a quelque chose d'un peu embrouillé et en même temps frais et spontané. Je ne suis pas fan des écrits trop pompeux et cherche la justesse de la pensée.

   Anonyme   
27/1/2015
Je n'ai rien compris.
Sauf que la police n'est jamais là quand on en a besoin.
C'est vrai quoi, pourquoi on l'a laissé sortir celui-là ?

   jfmoods   
18/2/2015
Selon Wikipédia, la toccata possède une structure...

« libre et de caractère improvisatoire et virtuose »

Si l'on s'en tient à cette seule définition, ce texte, foisonnant, à la vivacité marquée, répond bien, selon moi, aux exigences de son titre. Dans ce lieu interlope, le lecteur est en droit de se demander si les flics... sont bien des flics.

Coquillette a joliment écrit (et je partage pleinement ce ressenti)...

« l'écriture inspire ou aspire et j'ai couru avec elle »

San-Antonio, sans doute, mais, en premier lieu, l'ombre de Céline. Parmi les procédés qui maintiennent captive l'attention du lecteur...

Les caractéristiques de l'oralité

- suppression de la négation (« si je m'étais pas barré », « si on m'avait pas »)
- la suppression du sujet («Manquait plus », « Faut dire »)
- l'emploi du pronom personnel « on »
- les formes abréviées (« le boul' Clichy », « chourrav' »« Saint-Laz », « la 'man »)
- le recours au discours direct
- les formes exclamatives
- les interjections (« Oh », « Ah », « quoi », « hein »)
- le jeu des pronoms (toniques : « moi je », anaphorique : « les autres, ils s'acharnaient », cataphorique : « je l'avais arpenté le secteur », « ils se sont mis à me renifler les copains », « je les ai dévalées les rues de Paris »)

Une construction variée du récit

- la juxtaposition, plus rarement la coordination
- l'emploi sporadique de la subordonnée participiale (« »postillonnant d'excuses et jactant à qui mieux mieux », « gueulant d'un corps que je ne possédais plus », « jouant des coudes pour des enseignes épileptiques », « appelant les derniers retardataires ») 
- le déboulé impromptu de subordonnées complexes avec, parfois, enchâssements virtuoses qui donnent un côté héroï-comique, si l'on considère le niveau de langue employé (« ce fond de chiottes où rien n'y faisait... », « La fesse y règne si bien que chacun veut sa tranche... », « sous lesquelles claquent les talons hauts quand la shmiture graillonne », « au seuil de ce bahut qui, tous les aprems, cadrait nos fumées... »)

Le mélange détonnant des registres de langue

- registres familier et vulgaire (« taf », « l'étron », « dessaler », « les choufs », « cinoche », etc.)
- registre soutenu (« balbutiant », « piteux », « abandon », « métronome », « zèle », « parterre », « cavalcade », « possédais », « se disloquant, se désagrégeant », « giron », « mappemonde », « en proie au délire », « ce fut »)

Une agréable palette d'images

- les allégories (« l'abandon prendre vie », « l'aube se pendouille... appelant les derniers retardataires », « l'aube... qui se dandine »)
- les personnifications (« les premiers métros se ruant vers son derrière », « le métro jouant à saute-mouton »)
- les métaphores (« les guirlandes de coups », « ces pointillés du monde », « dépôts de bitume », « le goutte-à-goutte des stations »)
- la métonymie (« dans les fentes d'un Haussmann »)
- l'oxymore (« sales gueules d'anges »)

Des effets de grossissement de la perspective

- les énumérations (« portables, tunes, mp3, cartes, écouteurs, porte-flouz », « troquets, clubs, sex-shops, cabarets, remblais de capotes, salons de l'ivrognerie où l'on s'étripe pour une oeillade de trop »)
- les gradations (« se disloquant, se désagrégeant », « encore, toujours »)
- les hyperboles (« le glouglou jusqu'au cou », « l'encéphale fouillé au scalpel », « un bout de mappemonde, d'Amsterdam à Madrid », « mille lunes à égrainer »)

Merci pour ce partage !

   Francis   
29/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"Voyage au bout de la nuit " ou "les anges se font plumer" ? Céline ou Dard ? Toccata et fugue ? Le rythme heurté, haletant plonge le lecteur dans la faune grouillant au bout de la rue, au bout de la nuit.
L'aube ( dernières lignes ) nous remonte à la surface avec un beau zeste de poésie.

   Coline-Dé   
18/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Plus proche de Céline que de Dard selon moi !
Quelle verve, quel rythme, comment ça colle bien à ce qui est raconté
.( dont on se demande si ça s'arrête bien là ? Je flaire plutôt le roman)
Personnellement j'adore ces écritures foisonnantes qui bousculent allègrement la langue et lui font de beaux petits bâtards :
* rats fuitant ( combien plus efficace que " fuyant" !)
*poursuivie du rire obèse des choufs à képis ( le rire obèse, respect !)
* remblais de capotes ( !!!

Les deux derniers paragraphes sont grandioses !

   carbona   
4/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai survolé les commentaires pour pêcher des indices. Le narrateur est donc tabassé et poursuivi par les flics. Je croyais à une bande rivale ou quelque chose du genre avec en plus l'arrivée de la police...Bref c'était assez confus et cette confusion est due au langage. J'aime bien quand l'écriture est argotique mais là, faut s'y connaître quand-même.

J'ai aimé le rythme de votre récit, l'ambiance que vous créez, je regrette juste les difficultés à comprendre face au langage que vous employez de la même manière qu'un langage soutenu et trop sophistiqué m'empêchent de pénétrer vraiment dans un texte.

A vous relire.

   in-flight   
15/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

" le type qui cogne sa réalité" --> j'avais d'abord pensé à un "videur" de boite qui refoulait la joyeuse compagnie, puis arrivent les "choufs à képis". Ok
J'ai aprrécié l'exercice de style mais je vous avoue que je ne tiendrai pas sur la longueur (un roman entier par exemple).

"le métro jouant à saute-mouton avec les grands noms." --> c'est bon ça.
Un récit vagabond dans le paname actuel servit par un style à l'urgence maitrisée.


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