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Fantastique/Merveilleux
Skender : La société des tombes flottantes
 Publié le 17/12/23  -  11 commentaires  -  10925 caractères  -  67 lectures    Autres textes du même auteur

Par-delà la mort…


La société des tombes flottantes


Il était onze heures trente lorsque le contremaître se présenta devant la porte de l’atelier de Viktor Tcherniak. Il frappa trois coups secs puis, sans saluer, déposa une feuille de papier sur l’une des tables avant de se servir une tasse de café. Tcherniak saisit le document et le parcourut rapidement, persuadé qu’il s’agissait d’une énième demande de devis telle que la manufacture en recevait tous les jours. Cependant, à mesure qu’il lisait, les yeux de l’ouvrier s’écarquillèrent et une expression de surprise se dessina sur son visage. Cette demande de devis n’avait rien d’habituel… Dix ans plus tôt le gouvernement, ayant constaté la croissance soutenue de la population ainsi que la diminution de la surface terrestre disponible, avait décidé une fois pour toutes de mettre un terme aux enterrements. Un comité d’experts avait alors été convoqué et avait travaillé d’arrache-pied pour trouver une solution à ce problème pressant. Le système qui en résulta fut d’une telle ingéniosité que les pays voisins s’empressèrent eux aussi de l’adopter. Celui-ci s’articulait autour d’une innovation technique majeure, un nouveau modèle de cercueils dans la base desquels était insérée une fine plaque de basalte. Ainsi assemblés et après avoir recueilli les corps des défunts, ces cercueils étaient « mis en circulation » ce qui signifiait en pratique qu’ils utilisaient les champs magnétiques terrestres pour se déplacer constamment autour de la planète et à quelques centaines de mètres au-dessus du sol. Le mouvement se perpétuait sans qu’aucune énergie ne fût requise et malgré quelques accidents mineurs, dus le plus fréquemment à des erreurs d’aiguillage, le système était considéré comme extrêmement fiable. Son seul inconvénient était d’avoir rendu impossibles les traditionnelles visites que les proches rendaient à leurs morts. Ces « tombes flottantes » étaient en effet parfaitement anonymes et il n’y avait aucun moyen de savoir dans laquelle d’entre elles se trouvait un parent ou un ami décédé. Le gouvernement avait cependant donné la possibilité à ceux qui le souhaitaient de procéder à un enterrement traditionnel, à la condition bien sûr qu’ils puissent s’offrir une de ces précieuses places qui se négociaient désormais à des tarifs exorbitants. Dans les faits, seules les familles les plus aisées pouvaient agir de la sorte et l’on se livrait dans ce cas à un tirage au sort pour désigner le malheureux qui devrait abandonner sa sépulture. Celui-ci était alors déterré et placé dans un cercueil flottant avant de rejoindre la singulière procession de ces aéronefs d’un genre nouveau qui naviguaient autour du globe.


La demande de devis qui était parvenue ce matin-là à la manufacture de cercueils où travaillait Viktor Tcherniak concernait donc un cercueil traditionnel. Pas un de ces vaisseaux de mauvais augure dont on fabriquait des dizaines chaque jour, non, un cercueil classique, tout en bois, bien qu’autrement plus luxueux que les planches d’aggloméré auxquelles il était habitué. Le contremaître, avant de partir, indiqua à Tcherniak qu’une cargaison d’ébène et d’acajou l’attendait au premier étage et que les instructions relatives aux dimensions et aux finitions du cercueil y seraient incluses. L’ouvrier tressauta légèrement à l’évocation de ces bois précieux aujourd’hui hors de prix puis songea que pour quiconque pouvait s’offrir une place d’enterrement, ce coût devait être particulièrement insignifiant. Viktor Tcherniak travailla ainsi pendant quelques jours. Il se réhabitua au parfum et à la texture si subtils de ces bois luxueux que ses doigts n’avaient plus touchés depuis des années. Avec une grande minutie, il sciait, ponçait, sculptait cette matière noble qui sous ses mains expertes révélait davantage encore sa grandeur. Un soir, absorbé par son travail et n’ayant pas remarqué l’heure tardive, il fut le dernier à quitter son atelier juste avant que la nuit ne tombât. Tcherniak, comme à son habitude, marcha jusqu’à son lieu de résidence, une petite maison individuelle attachée à une rangée d’autres toutes semblables. C’était un soir de pleine lune et un vent glacial sifflait dans les ruelles. D’épais nuages noirs défilaient à toute allure devant le disque jaunâtre comme dans une pellicule de ces films anciens que quelqu’un s’amuserait à repasser en accéléré. Une chose cependant attira l’attention de Tcherniak. Un seul nuage restait immobile et cachait toujours le même morceau de lune tandis que les autres apparaissaient et disparaissaient rapidement. Il s’arrêta, scruta mieux et put finalement distinguer une forme géométrique ressemblant vaguement à un losange. Ce n’était pas un nuage. Ce corps parfaitement immobile qui se tenait exactement au-dessus de la maison de l’ouvrier, c’était une des tombes flottantes. Tcherniak resta sur le pas de sa porte encore un instant puis, frigorifié, se décida finalement à rentrer. Il avait entendu parler à plusieurs reprises de cas inexpliqués dans lesquels un cercueil s’immobilisait à un endroit précis, parfois pendant quelques heures, d’autres pendant des semaines entières. Le gouvernement assurait que des études étaient en cours afin de trouver une explication à ce phénomène et d’ainsi accroître l’efficacité du système.


Le lendemain, après avoir vérifié que le cercueil fût toujours là, Tcherniak se rendit à son travail et fit comme si de rien n’était. Plusieurs jours s’écoulèrent sans que l’ouvrier mentionnât l’étrange phénomène à ses collègues. Concentré sur l’avancement de cette commande prioritaire dont la réalisation toucherait bientôt à sa fin, il ne pouvait cependant s’empêcher de conserver dans un coin de sa tête la mystérieuse apparition. Il avait quarante-cinq ans et ne s’était jamais considéré comme quelqu’un de superstitieux, pas plus qu’il n’éprouvait d’ordinaire la moindre gêne en observant le ballet des cercueils flottants dans le ciel. Mais pour une raison qu’il ignorait, cette unique tombe, fixée juste au-dessus de son habitation telle une épée de Damoclès, oppressait sa poitrine et le plongeait dans une certaine forme de tourment. Il se jura qu’une fois sa tâche accomplie, il prendrait un peu de temps pour essayer de comprendre de quoi il en retournait. Quelques jours plus tard, le splendide cercueil de bois sombre fut achevé. Une énorme croix aux circonvolutions baroques y était gravée, chaque recoin était incrusté de joyaux éclatants et le couvercle verni avec soin flamboyait sous les rayons du soleil. C’était une dernière demeure telle que les rois ou les princes des temps anciens s’en seraient fait construire. Viktor Tcherniak poussa un soupir de satisfaction et de soulagement. La réalisation de cet ouvrage avait consumé en lui plus de forces qu’il ne l’aurait imaginé et il pouvait désormais enfin se consacrer à résoudre l’énigme qui avait occupé son quotidien depuis trop longtemps. Après avoir éteint toutes les lumières, il quitta l’atelier d’un pas décidé.


Une fois arrivé à proximité de son domicile, il retint un cri de surprise. Le cercueil, qui depuis son apparition se trouvait à une centaine de mètres au-dessus de la maison, s’était soudainement abaissé jusqu’au niveau du toit, de sorte qu’il fût accessible par la lucarne qui surplombait le grenier. Viktor Tcherniak fit le tour de son salon pendant de longues minutes en se demandant comment il devait agir. S’agissait-il d’une panne ? Un cercueil défaillant qui serait venu, par une simple coïncidence, atterrir chez lui. Devait-il appeler la police et signaler cet accident ? Une telle nouvelle alimenterait sans nul doute la rubrique faits divers des journaux locaux pendant de longues semaines. Pourquoi les voisins, qui pouvaient certainement observer l’apparition tout comme lui, n’avaient-ils rien dit ? Possédant plus de questions qu’il n’avait de réponses, Tcherniak se décida tout de même à monter sur le toit et à vérifier d’abord par lui-même de quoi il s’agissait. Il passa la moitié de son corps par l’étroite fenêtre et se trouva alors nez à nez avec une de ces boîtes de bois qui ne lui étaient que trop familières. Il ne ressentait pas de véritable peur mais une curiosité mêlée d’appréhension. Ouvrir le couvercle d’un cercueil avait quelque chose de profane, comme ces explorateurs de jadis qui, après avoir brisé le sceau de tombeaux anciens, avaient également hérité des malédictions qu’ils renfermaient. Tcherniak poussa doucement le couvercle sur le côté jusqu'à ce qu’il puisse apercevoir le visage du défunt. C’était une femme dont la longue chevelure blanchâtre enveloppait la face émaciée d’une aura fantomatique. La chair avait presque entièrement disparu, seules les pommettes conservaient quelque chose de vivant tandis que les yeux avaient été remplacés par deux larges cavités noires dans lesquelles l’ouvrier n’osa plonger le regard. Un chemisier, qu’on aurait dit autrefois coloré, était boutonné jusque sur le col et les mains rassemblées au niveau de la taille. Viktor Tcherniak sentit un frisson se glisser entre ses omoplates, qu’il attribua à la froide brise hurlant au-dessus du toit. La présence de cette morte ne le troublait pas autant qu’elle revêtait une sensation vaguement familière sur laquelle il peinait à mettre un nom. Viktor glissa sa main sous l’oreiller de la défunte, là où il savait que les familles plaçaient d’ordinaire un effet personnel ayant appartenu au disparu. Ses doigts heurtèrent une forme ovale accrochée à une chaîne. Il fit défiler les petits maillons dorés et ouvrit doucement le couvercle du médaillon.


Ses yeux se remplirent de larmes et un cri terrifiant, tel le râle d’une bête blessée, jaillit de sa poitrine sans qu’il pût le retenir. Le médaillon renfermait une minuscule photo dont la couleur était intacte. À gauche de la jeune femme, il observa les contours d'un homme d’une trentaine d’années, aux épaules larges surmontées d’un visage rond mais gracieux. Il reconnut ses propres traits et ceux de sa fiancée. Des souvenirs qu’il pensait enfouis à jamais se précipitaient désormais à la surface tel un magma d’émotions retenu trop longtemps et qui ne demandait qu’à jaillir. Le premier rendez-vous dans un parc, le déjeuner avec les beaux-parents, les préparatifs heureux d’un mariage sobre mais qui promettait d’être réussi, l’accident de voiture… Si d’aventure quelqu’un avait traversé la rue cette nuit-là, il aurait pu apercevoir un homme penché au-dessus d’un cercueil entrouvert et dont les longs sanglots silencieux étaient parfois entrecoupés de cris d’une infinie douleur. Un homme qui avait non seulement échoué à partager avec celle qu’il aimait un mariage heureux mais également à lui offrir une sépulture digne de ce nom. Le lendemain, lorsque les ouvriers paniqués arrivèrent dans une manufacture en proie aux flammes, certains purent distinguer, à travers les gerbes flamboyantes qui s’élevaient de la tombe d’acajou, le visage couvert de larmes de Viktor Tcherniak.


 
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   Jemabi   
1/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La trame très visuelle de ces tombes volantes est, je trouve, bien exploitée, tenue jusqu'au bout. L'écriture parvient à la rendre crédible, ce qui n'était pas gagné, mais aussi à créer une atmosphère mitteleuropa, ce qui n'est pas chose aisée. Au fur et à mesure que l'étrange phénomène du cercueil immobilisé au-dessus de sa maison touche le personnage principal, l'intrigue se resserre et le lecteur se questionne autant que lui, dans un suspense à la fois poétique et fantastique. Le dénouement ajoute habilement une note romantique "par-delà la mort" en donnant tout à coup au personnage une épaisseur dramatique.

   jeanphi   
17/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Je regrette, pour ma part de lecteur, qu'une si belle histoire d'amour soit basée sur l'éviction d'une incohérence (incinération = gain d'espace). La nécessité d'admettre cet état des choses n'a que très partiellement entravé mon plaisir à la lecture.
La profanation d'un cercueil ne constitue pas une incohérence de scénario, mais cela m'a renvoyé au sentiment d'une légère faille.
J'aime beaucoup le rythme resseré, le vecteur informatif optimal, on attend pas un complément derrière une foule d'adjectifs, de figures de style, et de détournement, ici, il y a comme une pudeur et un classicisme dans l'écriture.
Amour tendre et par deux fois tragique, les larmes qu'appelle votre dernier paragraphe se trouvent tout à fait être dans l'esprit de pudeur épurée décrit plus haut.
Un navrement fruit d'un coup du sort ou un hasard trop puissant qui laisse la question en suspend : pourquoi cette commande, pourquoi justement son cercueil. Au lecteur d'apporter ses propres réponses, tel qu'à la mort chacun apporte ses propres questions.

   Cornelius   
17/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Skender,

Des tombes flottantes, l'idée est aussi originale qu'incongrue à notre époque où l'incinération est de plus en plus en usage. L'idée est toutefois intéressante, mais on imagine mal avoir des cercueils en orbite au-dessus de nos têtes. Ce n'est cependant qu'un détail car cette nouvelle est classée dans la catégorie fantastique.

Sinon j'ai tout de même apprécié cette histoire bien écrite et agréable à lire et qui se termine en fin de compte par une
incinération générale.

   Perle-Hingaud   
18/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
J'ai bien aimé cette idée de cercueil volant, c'est original et glauque à souhait ! D'autant qu'il ne s'agit que d'un gain de place, assez cynique, alors qu'avec une explication plus philosophique/ métaphysique, la justification de la pratique aurait été bien différente !
J'ai trouvé la fin un peu rapide, expédiée, par rapport au potentiel de l'idée ; je suppose que c'est bon signe 😊
Le tout raconté dans un style limpide, c'est agréable.
Merci pour cette lecture !

   Miguel   
19/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une écriture très aboutie (malgré quelques subjonctifs non justifiés) et une idée géniale. Ça me plaît, cette histoire de cercueils lancés dans l'espace. Au moins, il n'y a pas, tous les trente ans, de réduction de corps : on est en l'air pour l'éternité. Mais il faudrait les envoyer plus haut, dans l'espace, sinon à force ils vont nous cacher le soleil. J'aurais souhaité un fin moins tragique à l'histoire de cette ancienne fiancée venue retrouver son amoureux. Cela prouve que je n'ai pas lu le texte de façon distanciée, comme une simple production, mais que je m'y suis investi et que je l'ai vécu. Il aurait pu la garder près de lui en l'enterrant secrètement dans son jardin, il aurait pu voler le beau cercueil et le lui offrir ... Mais j'extrapole, le choix de l'auteur était tel, et il est bon de finir une lecture sur un peu de frustration. En tout cas, j'aimerais bien que mon cercueil soit ainsi satellisé, tant pis pour les chrysanthèmes, je serais plus proche du Paradis à l'heure du Jugement dernier !

   Vilmon   
19/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Si c'était si simple, pourquoi les voitures ne planent pas de la même manière ? Qu'en est-il de la gestion de la circulation de ces tombeaux autonomes ? Qui est responsable des accidents ? Pourquoi ne pas faire flotter des urnes, plus compactes et plus légères ? Dans le sol, les corps et les cercueils se dégradent et laisse de la place pour d'autres, en voguant ainsi, ce n'est qu'une accumulation qui fait que les morts occupent plus de place que les vivants.
D'autant de questions qui m'ont complètement décroché de ma lecture. Désolé, pour moi c'est de la créativité qui ne tient pas la route, même dans un monde imaginaire.

   Eskisse   
19/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Skender,

J'ai passé un agréable moment de lecture; je ne me suis pas arrêtée aux détails de crédibilité ou de vraisemblance plongée que j'étais dans un univers fantastique qui m'a rappelé Gogol.
L'idée des tombes flottantes est poétique et parviendrait presque à faire adoucir la mort. La fin aurait pu être plus ralentie.

Merci du partage.

   Cox   
21/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Oh, je m'excuse par avance, mais je dois décharger ce fardeau qui pèse sur mon petit cœur fragile de scientifique effréné ; qu’est-ce que c’est que cette histoire de tombes magnétiques qui bougent sans apport d’énergie ! Les lois de la thermodynamique expirent dans le futur ? « Erreurs d’aiguillage » ? Et comment ça, vous pouvez aiguiller vos machins sans fournir d’énergie ? Comment ça, vous avez des projectiles qui fusent à travers les airs á seulement quelques centaines de mètres d’altitude ? Vous savez combien de piafs vous allez buter, combien de montagnes vous allez bombarder ? Combien d’avions vous allez descendre, combien de Burj Khalifa vous allez 9/11-iser ? Comment ça « une fine plaque de basalte ». Une grosse couche de bullshitium, oui !

Ah.
Ca va mieux.
Non, mais je comprends bien qu’on s’en fout, que c’est pas le propos. C’est pas grave que ce soit la solution la moins crédible au problème de surpopulation, j’entends bien. Mais vous savez, ca fait du bien, et maintenant je peux continuer ma lecture en toute sérénité.

Qu’importe ! Pour le reste j’ai bien aimé. On est porté par une écriture fluide, claire, avec juste ce qu’il faut de style. L’histoire est courte, dynamique, on n’en fait pas des caisses. Je ne suis pas sûr de la fin par contre. Est-ce que Tcherniak s’immole avec sa défunte fiancée ? Ça m’est apparu un peu extrême et trop dramatique pour ce gars qui est précédemment décrit comme assez terre-à-terre. Je comprends que l’apparition bouleverse un bonhomme, mais le suicide et le sabotage de son usine me paraissent excessifs. Bien sûr ce n’est jamais très drôle de devoir se retaper le deuil. Mais enfin mes enfants, s’il a survécu au premier, le deuxième n’a pas tellement de raison de consumer ce brave type.
Autrement, le récit coche toutes les cases vraiment importantes ; on ne s’ennuie pas, on se demande ce qui se passe, on est emporté et on a de jolies visions de choses exotiques et fantastiques.

Allez, ca nous fait une bonne moyenne: 3/20 en physique, mais mention très bien en littérature ;)

   Skender   
22/12/2023

   AMitizix   
23/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
J’ai bien aimé cette nouvelle.

J’ai trouvé que l’idée de départ et l’intrigue étaient vraiment bien trouvées, nous installant dans une sorte de dystopie à peine esquissée, mais très prégnante. On ressent tout au long de la lecture ce décalage, et sans doute, malheureusement, que le format réduit de la nouvelle a empêché l’auteur de le développer. Mais, vraiment, j’ai été touché par un sentiment de malaise analogue à celui que j’ai pu ressentir au début de certains romans de Barjavel : on perçoit confusément qu’il y a quelque chose de ridicule, absurde, peut-être malsain, mais aussi, en quelque sorte, "absurdement poétique" dans le nouveau monde qui nous est décrit. Comme cette idée de faire voler les tombes dans un grand bal aérien pour lutter contre la surpopulation… J’ai beaucoup aimé la description de ce que la nouvelle laisse entrevoir de l’univers du narrateur.
Quant à l’intrigue en elle-même, j’ai trouvé qu’elle était bien construite, en cohérence avec l’univers étrange que nous découvrons, et elle installe un suspens qui vient encore augmenter le plaisir de la lecture - qui est déjà installé largement par la simple mise en scène de l’univers des tombes flottantes.

En revanche, j’ai moins aimé la forme du texte, même si j’ai trouvé l’écriture largement “convenable”. Je veux dire que j’ai parfois eu l’impression que “ça sonnait faux”, que des formules ou des rythmes “artificiels” troublaient ma lecture. Peut-être est-ce dû à une volonté de coller de trop près au “type” de la nouvelle, ou plus probablement à la brièveté du texte, qui oblige l’auteur à avancer rapidement et donc à admettre ces formulations. J’aimerais essayer de donner quelques conseils, à partir de mon ressenti ; j’espère être assez compréhensible pour aider l’auteur.
Pour commencer, j’ai souvent eu l’impression que certaines descriptions étaient stéréotypées : “les yeux de l’ouvrier s’écarquillèrent et une expression de surprise se dessina sur son visage”, par exemple. De même pour certaines expressions et articulations du texte, comme le “une fois pour toute”. Mais peut-être que je suis ici un peu trop sévère dans mon jugement. Un troisième point, qui, je crois, pourrait aider l’amélioration du style, est l’instauration d’un peu plus de liant entre les phrases, qui me semblent parfois un peu hachées, “plaquées” ensemble artificiellement. Et puis, un point de détail sur les verbes, il me semble qu’à certains endroits, l'emploi du subjonctif est erroné, et à d’autres, peu optimal pour la lisibilité et la fluidité.
En général, j’ai tout de même trouvé l’écriture correcte et fluide, malgré les quelques idées que je souligne pour l’améliorer, car elle me semble un peu inférieure à la valeur de “fond” du texte.

Au fait, j’ai beaucoup aimé le titre, qui est poétique et onirique, et qui en plus résume très bien les enjeux du texte, et donne envie de lire la nouvelle.

Pour résumer, si je n’ai ni vraiment apprécié, ni vraiment été gêné par le style de la nouvelle, j’ai beaucoup aimé l’idée et l’histoire qui se construit, surtout l’ambiance et l’univers qui va avec. Merci beaucoup !

   dowvid   
30/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
L'idée de départ est saugrenue, sachant déjà que l'incinération est la solution au problème d'espace. On la pratique depuis des lustres en Inde et ailleurs.
Dans une société avancée où on fait flotter les cercueils, on ne fabrique pas ces tombes à l'aide de machines ?
J'ai trouvé l'écriture un peu longue et monotone. J'aime les surprises dans les textes, les images, les "tours de mots".
Et le pauvre homme qui découvre son ex dans le cercueil accroché à sa maison...
Non, pas pour moi


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