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cherbiacuespe
7/3/2021
a aimé ce texte
Un peu ↑
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L'exclusion des cons est un problème récurent et insoluble. Notamment parce qu'on est toujours le con de quelqu'un !
Le problème de ce texte est qu'il manque d'un développement plus consistant. On parvient assez bien à cerner le sujet et sa trame. Ce n'est pas suffisant. J'attendais, par exemple, un exposé plus précis des société qui entourent Libra, des transformations et de la création de cette nation, de la philosophie qui l'anime. Mais aussi quelques précisions supplémentaire sur le narrateur, afin de cerner le personnage plus complétement. J'ai conscience que mes remarques demandent un texte bien plus long, donc un travail plus difficile. C'est que l'idée proposée est séduisante et mérite, à mon avis, d'être plus étoffée. Bien qu'écrit avec efficacité, construit précisément, bien pensé, je reste sur une impression un peu désabusée. L'auteur peut faire de ce récit une histoire quatre étoile. Cherbi Acuéspè En EL |
maria
16/3/2021
a aimé ce texte
Un peu ↑
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Bonjour,
J'ai eu la désagréable impression d'avoir raté le début de l'histoire. Pourquoi vient il à Libra ? L'aurait-on appelé ? Mais pourquoi lui, équipé pour la chasse, et qu'on affecte à la maintenance électrique ? Pourquoi ce changement de discours sur les femmes ? A moins que le but de cette nouvelle soit de montrer à l’œuvre un homme qui considère la femme comme un trophée, qui pense qu'une relation lesbienne est une erreur de jugement ? Cette histoire de Vire a-t-elle été pour l'auteur(e) un prétexte à traiter d'un personnage très, très macho ? J'espère que je serai la seule à trouver cette nouvelle trop floue, pas assez campée dans la science-fiction. Mais certainement pas la seule lectrice à saluer l'aisance et la qualité de l'écriture. Merci pour le partage. Maria en E.L. |
hersen
17/3/2021
a aimé ce texte
Un peu
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Je trouve le sujet mal canalisé, pour finir, on se pose trop de questions à la fin qui auraient dû être résolues en cours d'histoire.
Le coup des amphètes, je suis pas fan, ça fait un peu coup de théâtre alors qu'on a un très bon revirement à la fin, avec ce retour planifié. Je ne qualifierais pas cette nouvelle de féministe, mais plutôt de sexiste car au final, c'est l'homme qui prend de la place. Qui va prendre leur place. Je ne suis pas trop fan, un peu l'impression que l'auteur surfe sur ce qui pourrait faire sensation pour que "ça marche". |
Corto
27/3/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Ce sujet est prenant. Bien qu'au début on ne possède aucun élément sur ce qui se passe avant et après "le col", on découvre aisément les conditions de vie dans cette communauté de "femmes libres". Les explications sont claires, le discours est simple et on avance dans la compréhension au rythme du "voyageur" lui-même. Le lecteur peut ainsi accompagner le personnage principal dans ses découvertes et ses progressions. Irais-je jusqu'à dire qu'il y a identification ? Partielle sans doute.
Une pincée d'idéalisme "Ici chacun participe à l'effort ; en prenant son destin en main on résiste mieux, vous verrez" rend l'aventure intéressante. On continue à s'y plonger volontiers. La sexualité fait son entrée discrètement avec la proximité de Lil au point que "je me sentais encore mal à l'aise pour converser avec une femme". Les sentiments et la reproduction de l'espèce seraient-ils les deux plus grands écueils d'une humanité qui se voudrait différente ?(question parfaitement gratuite que je me suis posé en lisant ce passage). La partie post-conflit est moins originale et peut-être un peu longue. J'ai bien aimé les robots. Vigilants, sans sentiments, ils rendent bien des services... Le final nous fait sortir du confort imaginaire pour revenir à des réflexes bien machos, "Je mesure l'impréparation des Librataires". Dans sa toute puissance, l'homme Jupitérien veut rétablir son ordre, pensé par lui et même retrouver Lil qui "portera ses enfants". Ce texte qui pourrait s'insérer dans un développement plus long est solidement construit, porteur de nombreuses réflexions. Sa lecture est un enrichissement. Bravo. |
plumette
29/3/2021
a aimé ce texte
Un peu ↑
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la SF est un genre vers lequel je ne vais pas spontanément mais vous avez su éveiller ma curiosité avec cette arrivée à Libra et les réactions de votre personnage " sevré" de féminin.
Mais il m'a manqué un "avant" pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation. à propos de la forme, j'ai trouvé l'écriture inégale. Voici Quelques exemples qui ont nuit à la fluidité de ma lecture: - Le voyageur que j'étais ne pouvait échapper à sa scrutation. - bien que même les femmes enceintes circulassent à leur guise. -Je rougissais irrépressiblement, et puis les changements de temps ne m'ont pas toujours parus justifiés. la rivalité amoureuse n'est pas très SF ! mais ses conséquences le sont! Voilà finalement ce qui a fait le sel de cette histoire pour moi. |
Pepito
31/3/2021
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Bonjour Socque,
Forme : "scrutation du poste de garde"... snif ?! "vérifier son niveau de décontamination"... "avant" la douche ? "la première femme depuis bien longtemps" ... "première" redonde, en trop à mon avis. Les explications du modèle social ne devrait venir que d'une seule source. Là, c'est un poil laborieux. Fond : Haha, le retour du "Tu sera heureux(se) malgré toi". Conan le Barbare au service de votre bonheur et de "ses" petits n'enfants. Un ch'tite fable anti-machiste, à partir du point de vue du macho, avec toutes les maladresses qui vont avec. Pour moi c'est bien vu. Pepito |
Louis
1/4/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Comme souvent, dans les récits de SF, une catastrophe planétaire s’est produite, et un monde nouveau est à reconstruire par les survivants.
Une communauté parmi ceux-là a mis en place une société de femmes libres, libérée du machisme traditionnel, celui d’avant la catastrophe et celui né du "post-nuke", et protégée de la violence qui lui est liée. Un tel monde, qui fait d’une utopie féministe une réalité, est-il viable? N’est-il pas condamné, du fait des désirs humains, par le retour fatal de la violence et d’une inéluctable réaction machiste ? Tel est le sujet de cette nouvelle, qui met en place une problématique des relations humaines, à la fois psychologique et sociale, morale et politique, à laquelle s’ajoute une thématique sur les mots et la réalité. L’événement catastrophique est désigné, dans le langage des survivants, par le mot : « Vire ». La puissance signifiante du terme concentre tout un faisceau d’idées, en partie fondées sur des craintes et des préjugés, qui imprègne les représentations que les individus post-apocalytiques se font de leur monde et de son histoire. « Vire » : le mot s’entend comme la racine de "viral". La catastrophe est représentée comme une maladie contagieuse, semblable à une pandémie d’origine virale. Le mal affecte la maternité, la procréation, aussi bien chez les animaux que chez les humains : « Je vivais à la ferme, j’ai vu la saison d’agnelage gâchée, ma mère mourir en accouchant d’un avorton, malgré les efforts des médecins à l’hôpital ». La Vire est donc perçue comme une terrible maladie, qui s’est propagée partout, a débordé la borne des espèces et mis en péril la survie des êtres vivants sur terre. « La terre a viré en quelques mois » : se souvient le narrateur. La Vire indique aussi le mouvement de tourner. C’est le moment initial d’une Terre qui tourne mal, engagée dans un mauvais "virage" C’est la mauvaise tournure prise par le monde, qui fait que tout se gâte, comme une sauce ou une crème qui a "tourné". « Vire » s’entend encore et surtout dans la racine latine " vir " : l’homme au masculin. « Vire » serait la crise du "viril", de la "virilité", une crise du pouvoir sexuel mâle. Le narrateur qualifiera, pour l’injurier, un personnage féminin, Lila, de « virago », femme d’allure masculine, de caractère et tendance plutôt virils. Une catastrophe s’est donc produite, dans un virage de l’histoire universelle, entre le viral et le viril et s’est poursuivie dans un virement social qui s’est traduit par une séparation des sexes, une exclusion des femmes ; le narrateur fait ainsi le récit de cet ostracisme dont elles ont été frappées : « J’ai vu de moins en moins de femmes : celles qui ne mouraient pas dévorées de tumeurs, on les retirait de la circulation pour assurer le pool génétique » Il ajoute qu’il rejette ce monde, tel qu’il a viré : « Voilà ce que j’ai fui… Cette séparation, les femmes assujetties, contraintes pour leur sauvegarde ! » Selon le personnage « Bab », et sa déclaration, imprécise et peu explicite : « La Vire a commencé en catastrophe naturelle, beaucoup de dirigeants ont cédé à la tentation de la contrainte et ont complété le désastre ». Les raisons de la catastrophe restent floues et vagues, à la fois naturelles et anthropiques, mais peu importe ; ce qui tient au sujet, c’est l’écho dans le texte de cette crise de la virilité, cette « crise du masculin », dont il est beaucoup question depuis le XXème siècle dans notre monde réel, et du devenir des tendances féministes. Dans cette fiction, la crise sexuelle du « viril » se traduit par un pouvoir machiste exacerbé à l’occasion de la catastrophe planétaire, auquel s’oppose, pour contrepartie, l’instauration du « Pays des femmes libres ». Ce pays imaginaire a pour nom « Libra ». Le terme par sa terminaison vocalique, son "phonème" en « a », désigne le féminin associé à la liberté, et en même temps renvoie au mot latin qui signifie le « livre ». « Libra » concentre donc en lui, du point de vue terminologique, les idées de liberté, de livre et de genre féminin. En exergue, apparaît une référence explicite au livre, dans la devise de Libra : Au pays des femmes libres Les livres le sont aussi. Il n’y en aura pas d’autres. Le livre semble complètement absent du monde de Libra ! Du monde libre des livres. On peut constater une grande proximité phonétique et graphique entre les deux mots : « libre » et livre », presque homonymes, quasi homographes à une lettre près. Or le personnage du psychologue de la nouvelle émet cette idée remarquable à propos d’une autre proximité de mots : « Les femmes constituent (…) un ensemble d’êtres humains qu’on ne doit ni déifier ni réifier. Rappelez-vous, ce n’est pas par hasard que ces deux verbes ne diffèrent que d’une lettre : ils illustrent le même mécanisme d’exclusion de l’humanité commune ». Deux mots, deux verbes, « déifier » et « réifier » se présentent très proches, à une lettre près ; les idées dont ils sont porteurs semblent opposées, l’une se rapporte au processus par lequel les femmes sont magnifiées, sublimées, élevées dans une transcendance qui dépasse l’humanité alors que l’autre, au contraire, renvoie aux "choses" sans dignité humaine. Les deux idées reviennent donc au même, au même processus d’exclusion des femmes hors de l’humanité, l’une par le haut, les plaçant au-dessus de l’humanité (la déification), l’autre par le bas, les rabaissant en-dessous de l’humanité (la réification). Ce processus "vire" les femmes de l’humanité, pour ne laisser subsister que le "vir" masculin viril, pour toute humanité. La proximité des mots ne serait donc pas le fait du « hasard », mais indiquerait une autre proximité, celle des idées, et, au bout du compte de la représentation, celle d’un même processus réel d’exclusion. Il faudrait donc tirer la même conclusion de ces mots si proches : «libre » et « livre ». Ils renvoient à un même processus de libération. Le livre libère, le livre délivre. Toute liberté est le résultat d’une libération. Mais puisque du « livre », il n’en est nullement fait référence dans Libra, sinon dans sa devise et dans son nom, on peut émettre l’hypothèse que Libra est tout entière un livre, un monde du livre, une fiction livresque. Un livre qui tente de se faire réalité. Ainsi tout dans Libra se lit ; et tout est affaire "de lettres" et de l’être. Les noms des personnages féminins, très proches, le confirment. L’une s’appelle « Lila » et s’entend « lis-la ». S’entend aussi sa terminaison en « a » purement féminine, l’évocation en elle florale et non divine. L’autre s’appelle « Lil », et renvoie au masculin, « il », mais dans une terminaison indéterminée, en suspens, ni lis-le ni lis-la, indiquant son irrésolution sexuelle dans sa préférence de genre. Ce monde-livre qu’est Libra renvoie, par intertextualité, à d’autres livres. En particulier à celui de Sartre, qui est en même temps, pièce de théâtre : Huis-clos. Le monde fermé de Libra est à peu près l’équivalent de ce salon où se situe l’action de Huis-clos. Libra est un huis-clos à grande échelle. La triade qui se constitue dans Libra entre Lil, Lila et le narrateur comporte bien des similitudes avec celle de Sartre, infernale, entre Estelle, Inès et Garcin. Estelle est une proie fascinante pour les deux autres personnages, Inès, homosexuelle, et Garcin, le personnage masculin ; elle est l’enjeu des rivalités entre Inès et Garcin, objet de manipulation par chacun contre l'autre. De même, Lil est une proie fascinante pour les deux autres personnages, Lila, homosexuelle, et le narrateur, personnage masculin ; Lill est l’enjeu des rivalités entre Lila et le narrateur, objet de manipulation de chacun contre l’autre. Au pays libre de Libra, les personnages se retrouvent prisonniers d’une triade infernale, qui débouche sur la violence. Dans l’appartement où se situent les personnages de Sartre, la triade constitue un emprisonnement infernal, qui débouche sur la haine et l’horreur que chacun inspire à l’autre et à soi-même, alors même que, dans la pensée de Sartre, les êtres humains sont essentiellement et nécessairement libres. Dans les deux scènes, la liberté semble déboucher, du fait des désirs humains, sur la violence et la haine, et surtout sur sa propre négation en tant que liberté, et ainsi s’autodétruire. Le narrateur prétend révéler Lil à elle-même. Il a taillé le buste de Lil dans le bois et le lui a offert. Ce buste correspond au regard qu’il porte sur elle. En contemplant ce buste, Lil, comme en un miroir doit se voir elle-même, se reconnaître, dans le regard de cet Autre qu’est le narrateur. Elle doit se reconnaître comme une femme qui aime les hommes et leurs qualités viriles. Le narrateur veut montrer qu’il est, lui, le véritable objet du désir de Lil. Il prend donc la place que pourrait occuper Lila dans le désir de Lil, l’image d’un sculpteur, l’image d’une âme d’artiste qui n’a pu se réaliser en tant que telle, parce qu’on lui a coupé les mains, « pour blasphème ». Lila apparaît ainsi, par l’acte réussi de création du buste, comme un être mutilé, qui n’est pas seulement une artiste manquée, mais laissant croire aussi qu’elle est un homme manqué, une « virago » comme le narrateur va la qualifier. Le narrateur, poursuivant dans sa perfidie, complote en sorte de faire exclure Lila pour violence, et se débarrasser ainsi de sa rivale, lui faisant avaler des amphétamines et jouant de la provocation. Mais le narrateur se perd, en perdant ses nerfs, ne maîtrisant pas ses tendances violentes ; d’autant plus que Lila s’en prend aux organes de sa virilité, à ce qui fait de lui un mâle, ce qui lui est insupportable. Nouveau Garcin, le narrateur se comporte comme un lâche, et comme un traître : il trahit l’idéal affirmé en entrant dans Libra, celui d’un monde libre sans « femmes assujetties, contraintes pour leur sauvegarde ». Il déclare vouloir consacrer sa vie à conquérir Libra, à « reforger ses institutions » dans l’intérêt prétendument des femmes elles-mêmes, pour « préserver » cette « parcelle la plus précieuse de l’humanité » et contraindre Lil à devenir son épouse et la mère de ses enfants. Ainsi dans Libra tout se passe comme dans un livre, ou comme sur la scène d’un théâtre qui donnerait Huis-clos pour représentation. Tout se passe de façon aussi pessimiste que dans les livres. Cependant, il n’y a peut-être pas dans l’utopie menacée de Libra une fatalité, l’inévitable retour du machisme dominant et violent, de même que Sartre n’a pas voulu dire, en plaçant dans la bouche de Garcin la célèbre formule : « L’enfer, c’est les autres », que le rapport à autrui ne pouvait qu’aboutir à une situation infernale, mais il résulte de l’aventure de Libra, et de ce qui se dit dans les livres, que la lutte pour la liberté des femmes, comme celle de la liberté en général, est une perpétuelle conquête. Jamais définitivement acquise, toujours menacée, elle ne peut être que défendue, étendue, et toujours à reconquérir. |