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Policier/Noir/Thriller
Tchollos : Murmure blanc
 Publié le 31/05/11  -  21 commentaires  -  15354 caractères  -  196 lectures    Autres textes du même auteur

Hector écoute les murmures blancs de la maison de repos... jusqu'au jour où de vieux fantômes viennent frapper à sa porte.


Murmure blanc


Hector Frémond flottait souvent. Quelque part. Fragile. Entre les limbes de ses souvenirs et le marasme d’anciennes émotions. L’air ambiant devenait pour lui un océan de perplexité sur lequel son esprit pâteux cahotait comme une barque de planches vermoulues prisonnière de mauvais vents. La tempête grondait au loin et il chancelait, le vague à l’âme. Sans doute est-ce cet état que les bienveillants nomment mélancolie, que les cyniques appellent désespoir ? Mais Hector savait que quelle que soit la définition, il s’agissait seulement de vieillesse. L’inéluctable et infâme vieillesse. Sa vieillesse ! Pourquoi faire compliqué ? Une charogne qui tendait ses muscles et faisait grincer ses os, qui martelait son cœur et… le faisait flotter.


Dans le home, le temps s’était figé sur un matin gris d’automne. Gris comme le papier peint terne qui couvrait les murs de chaque chambre, comme les nappes effilochées sur les tables du réfectoire, comme le faux marbre en trompe-l’œil autour de la réception.

« Mornes plaines de Waterloo, je vous emmerde », chuchotait souvent Hector lorsqu’il errait dans les couloirs assombris en poussant son déambulateur, parcourant - les bons jours - jusqu’à dix-huit mètres à l’heure. Le calme était appréciable, certes, mais ce qu’il aurait aimé par-dessus tout, c’était du silence ! Ici, c’était encore plus rare qu’un caleçon propre. En fait, ça n’existait pas. Même les rêves étaient bruyants. Ça baragouinait, ça gargarisait, ça marmonnait, ça chantonnait, ça pleurnichait, ça mastiquait, ça hurlait parfois. Le calme de ce matin gris d’automne était assourdissant, comme si le déclin possédait son propre bruit de fond : un murmure blanc, indéfini, de douleur et d’ennui auquel s’ajoutaient les clapotis agaçants des glouglous dans les tuyauteries, et les échos des semelles en liège sur le carrelage.


***

Hector pensait que s’il fixait suffisamment longtemps le portrait de son épouse posé sur la commode en face du lit, elle surgirait du cliché pour le prendre dans ses bras et lui chuchoter que « tout allait bien ».

« Je t’aime. Viens ma chérie, viens… »

Seules deux choses pouvaient rompre cette contemplation :

Soit, une dernière synapse vigoureuse et lucide s’enflammait pour sonner l’alarme, et Hector sursautait en se traitant de « crétin fini ».

Soit, l’infirmière de garde passait sa tête ronde dans l’embrasure de la porte en lui signifiant d’une voix nasillarde qu’il était temps de passer à autre chose - « autre chose » signifiant dîner, se laver ou dormir : activités pour le moins palpitantes.

« … C’est l’heure du bain monsieur Frémond ! »

« Tu sais où tu peux te la mettre ton éponge glacée ? » répondait-il sans ouvrir la bouche.

« … Nous passons à table monsieur Frémond ! »

« Tu sais où tu peux les mettre tes asperges dégueulasses ? »

Inévitablement, il avait très envie qu’elle s’enfile quelque chose dans le trou que Dieu, dans un souci d’hygiène, avait placé loin de sa bouche. L’inventivité, comme la peau, se flétrit avec l’âge, et il avait beau chercher d’autres répliques, il retombait toujours sur celles-là. Ce manque d’imagination l’horripilait.


***

- Vous avez de la visite, monsieur Frémond.

- Tu sais où tu peux te la mettre ta vis… Pardon ?

- Préparez-vous. Une dame est là pour vous, précisa l’infirmière avant de disparaître.

- Pour moi ?


« Une dame est là pour moi chérie », souffla-t-il vers son épouse en ouvrant de grands yeux de chouette.

Que la Nasa pense à lui comme premier homme sur Mars ? Bah, ma foi, c’est évident ! Que son visage décore un timbre ? Bien entendu ! Ils auraient pu y penser plus tôt, là-bas, à l’administration ! Mais qu’une dame lui rende visite ? Arrêtez vos blagues les gars, c’est impossible !

Il baissa les yeux vers ses pieds nus blafards, striés d’éclats de veines pourpres comme des taches de peinture à la surface d’un verre de lait, et il se rendit compte que même ses doigts de pieds semblaient étonnés.


***

Des cernes profonds dégoulinaient sur le haut de ses joues rebondies, comme des larmes d’encre, et vieillissaient de quinze ans un visage déjà soucieux de nature, dessiné à l’équerre par un esprit maniaque. Sa peau, étirée sur des os saillants, était parsemée de failles, sauf autour des lèvres, restées juvéniles faute d’avoir trop peu souri. Tout en elle était anodin et triste : son chignon maladroit, sa veste de tailleur étriquée sur un jean tout aussi démodé. S’était-elle camouflée pour mieux se fondre dans le décor du home ?

Quoi qu’il en soit, Hector la trouva plus belle qu’un rayon de soleil. Il ne voyait que ses yeux bleus, qui illuminaient son visage austère de deux étincelles de grâce, et lui rappelaient ceux de sa défunte épouse.


Elle attendait, jambes croisées, le regard collé au plafond, en triturant d’une main distraite le coin d’un classeur en carton vert pomme.


- Bonjour, murmura-t-il en prenant place devant elle, de l’autre côté de la table.

- Oh, bonjour monsieur Frémond, répondit-elle en se levant d’un bond, comme s’il venait de la surprendre au beau milieu d’un rêve érotique.


Elle tendit une main qu’il serra avec timidité. Ses doigts fins semblaient faits de porcelaine et il ne voulait rien briser.


- Je m’appelle Isabelle Laroche, précisa-t-elle.


Sa voix était cristalline. Les mots se finirent en trémolos mélodieux qui ondulèrent en chair de poule sur les avant-bras d’Hector. Elle était assurément sûre d’elle mais ne parvenait pas à dissimuler entièrement sa nervosité, et ce paradoxe la rendait encore plus charmante.


- Laroche, répéta-t-il dans un souffle.

- Je suis venue pour vous parler de ceci, embraya-t-elle en ouvrant son classeur.


Elle en extirpa une photo au format A4 qu’elle fit glisser sur la table.

Hector ne réagit pas. Les secondes s’étaient engluées dans la mélasse d’apathie qui l’emprisonnait, et ses yeux restaient accrochés à ceux de sa visiteuse. Elle attira son regard en soulevant un index qu’elle pointa sur le cliché. Il baissa enfin la tête - on pouvait presque entendre les craquements de son cou -, et le monde flotta à nouveau.

Sur l’image, d’une netteté effrayante, il découvrit le corps inerte d’une femme sans âge qui s’était assoupie sur un banc, tête posée sur l’épaule droite. Une tache de sang souillait sa robe à fleur de l’encolure à la taille, et ses jambes s’étendaient avec obscénité.


- Un quai de la gare des Guillemins à Liège en avril 1984, expliqua Isabelle Laroche.

- Oui, confirma Hector.

- C’était votre enquête.

- Oui, répéta-t-il d’une voix robotique.


Elle recouvrit le premier cliché d’un second de même taille. Les genoux d’Hector flageolèrent et une goutte de sueur - la première depuis au moins trois ans - se mit à surfer entre ses omoplates.

Le corps d’une autre dame reposait en quinconce sur un banc public, dans une posture indémêlable qui aurait plu à un fabricant de casse-tête chinois.


- La seconde victime. Un parc de la région de Wépion. Même mode opératoire. Un coup de couteau dans le cœur.

- Et un second dans la cuisse. Post-mortem, récita Hector sur ce même ton de pénitent accablé.

- Oui. Le corps a ensuite été déplacé et posé sur un banc dans une position d’attente ou de repos.

- De repos, répéta Hector.

- On pense que la seconde victime est restée sur ce banc pendant 16 heures avant qu’une bourrasque ne la fasse basculer et qu’un passant la remarque enfin.


Elle parlait sans émotion, comme elle le ferait de la liste des courses, mais il y avait quelque chose de déterminé dans sa façon de faire claquer les mots.

Trois autres dépouilles firent bientôt leur apparition sur la table. Une fiancée, une matrone, une grand-mère. Abandonnées au vent, désarticulées. Des poupées de chiffon.


- Cinq meurtres, grinça Hector.

- Un serial killer. Celui que les journaux ont appelé « le tueur des bancs publics ». Vous avez enquêté sur cette affaire pendant deux ans avec votre collègue Georges Moreau.

- On n’a jamais trouvé l’assassin, bafouilla Hector en posant une main sur son front.

- Les meurtres ont cessé en juin 86.

- Oui, je n’ai jamais su pourquoi.

- Cette histoire vous hante n’est-ce pas ?


Il leva les yeux et entrevit un sourire au coin de la bouche de sa visiteuse. Il ne put réprimer un mouvement de recul qui exprimait à la fois sa surprise et un certain dégoût. Elle lui parut soudain étrange, peut-être même démoniaque, et le rayon de soleil qui illuminait sa présence se voila sous un amas de cumulus. Qui était cette intrigante qui, sans se donner la peine de briser la glace, balançait d’affreux souvenirs à la tête déjà confuse d’un vieux débris d’homme, comme le fantôme du passé au-dessus du lit d’Ebenezer Scrooge ?


- Qui êtes-vous ?

- Je suis votre libératrice, déclara-t-elle, affable.


Quelque chose explosa au fond du cerveau d’Hector. Il déglutit bruyamment et posa les paumes sur la table.


- Je ne comprends pas.

- Je sais qui est le tueur des bancs publics, ajouta-t-elle.


Les os de sa mâchoire jouaient sous sa peau comme si elle mastiquait ses idées avant de les cracher.


- Je sais qui est le tueur et je voulais vous transmettre l’information.


Il ouvrit la bouche mais ne dit rien. Une douleur aigüe transperça son flanc tel le glaive d’un centurion.


- Ces crimes vous hantent n’est-ce pas ? questionna-t-elle à nouveau.

- Oui !


Bien sûr que ça le hantait !

Des crimes abjects. Une enquête difficile sur laquelle il s’était brisé l’échine pendant des mois, harcelé par les pressions de sa hiérarchie, de la presse et de la population terrifiée.

Évidemment, il était hanté !

Par les regards sans vie de ces cinq innocentes. Des épouses, des mamans, des filles, qui avaient eu la malchance de croiser la route d’un monstre, et qui, depuis leur tombe, s’immisçaient jusque dans son sommeil pour le supplier de rendre la justice.


- Oui ! hurla-t-il en fermant les yeux.

- Alors, je vais vous libérer.


Il serra les poings.


- Oui, oui, oui, implora-t-il.


Il se foutait royalement de savoir à qui il avait affaire désormais. Il voulait juste qu’on lui ôte le poids de son ignorance, qu’on le débarrasse de son calvaire.


- D’abord, sachez qu’il y a eu six victimes, pas cinq. Mais j’y reviendrai.


Il ne bougea pas, rabougri, comme un sac de frappe troué dans une salle de boxe à l’abandon. Les émotions se bousculaient en lui, pompant toutes ses dernières forces, figeant toute réaction de surprise ou d’impatience.

Elle semblait fière d’elle. La demoiselle farouche avait définitivement cédé sa place à la femme résolue, et elle enchaîna sans marquer de pause.


- Je vous passerai les détails, date et lieu de naissance, mais je peux vous dire que le tueur avait 48 ans au moment des faits. Qu’évidemment, comme souvent avec ce genre de psychopathe, son enfance fut malheureuse. Perte des parents avant l’adolescence. Éducation stricte par une tante rexiste. Un gamin balloté, triste, blablabla. Classique. Si tous les enfants malmenés devenaient des tueurs en série, le monde serait un asile.


Elle ricana. Hector n’osa pas la regarder, de peur d’entrevoir les traits d’une possédée.


- Sa prédisposition à la violence était sans doute flagrante mais il semble qu’il ait trouvé un certain nombre de subterfuges pour canaliser ses pulsions. Le sport en particulier. Je pense personnellement que c’était une brute complètement débile qui a réussi à se faufiler dans les mailles du système et…

- Qui était-ce ? chuchota Hector, dont le cœur de plus en plus comprimé envoyait des messages alarmants au cerveau.


« Sors-nous d’ici ! »


- J’y viens, grogna-t-elle. Mais la question n’est pas qui était-ce mais qui est-ce. Car notre homme est toujours en vie.


Au prix d’un effort dantesque, Hector releva la tête. Son visage marqué par l’effroi tremblait comme un flanc, et sa peau coulait lentement autour de ses paupières comme une rivière de lave dévalant une colline. Il avait mal, mais il ne savait pas où. Partout sans doute. Il fondait dans sa propre désolation.


- Il n’est pas mort. Et s’il a arrêté de tuer c’est simplement parce qu’on l’a mis en prison.

- Je ne comprends pas.

- Sa cinquième victime, Rosa Piazzare, habitait à moins de 100 mètres de chez lui. Notre assassin est devenu fainéant. C’est ce qui l’a mené à sa perte. Mais laissez-moi vous parler de sa première victime. Une secrétaire dans une société de transport en région liégeoise. 29 ans, mère de deux enfants, heureuse en ménage, qui adorait tremper ses fraises dans du chocolat fondu, qui aimait Venise, éperdument, et qui chantait parfois dans un piano bar pour combattre une timidité maladive. Une jeune femme sans histoire dont la seule erreur fut d’embarquer dans un train, un matin d’avril 84. Elle s’appelait Julienne Laroche. C’était ma mère.

- Laroche. Oui, frémit Hector.

- Une femme formidable, avec un cœur énorme, qui est mor…


Elle marqua une pause. Sa bouche entr’ouverte trahissait enfin une émotion et Hector devina la petite fille blessée qui se dissimulait derrière le masque.


- … orte sur le quai d’une gare parce que sa voiture était tombée en panne la veille.

- Je suis désolé.

- Je ne crois pas.

- Pardon ?

- Je ne crois pas que vous soyez désolé puisque c’est vous qui l’avez tuée.

- Qu’est-ce que vous rac…


Une série de souvenirs confus percuta le vieil homme comme autant de japs et d’uppercuts. Des couteaux. Des bancs. Des femmes, belles, trop belles. Des lames qui s’enfoncent dans leur chair, presque en susurrant. Et ce bonheur dégoûtant, sinistre, qui réchauffait son cœur quand l’hémoglobine coulait lentement entre les plis de leur robe.

Il se mit à gémir et à grogner comme un animal terrorisé, encerclé par une meute de chiens de chasse.


- C’est la quatorzième fois que je viens vous voir monsieur Frémond. Quatorze fois que je vous raconte la même chose, hurla-t-elle pour couvrir les sanglots lugubres du vieil homme. Alzheimer vous a tout fait oublier. Les meurtres, l’arrestation, la prison. Mais je ne laisserai pas cette maladie effacer la vérité. Votre culpabilité ne se perdra pas dans l’oubli, même si je dois venir ici chaque semaine jusqu’à la fin de mes jours.


Hector se tordit en tous sens, écartelé par les flashs du passé qui émergeait enfin à la surface de sa mémoire.

Elle se délecta de sa souffrance pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’il s’écroule sur lui-même, livide et misérable.


- Je vous ai dit qu’il y avait une sixième victime. Elle s’appelait Marguerite Vandenbergh et c’était votre épouse.


Il tressauta plusieurs fois, puis ouvrit la bouche pour laisser s’écouler un filet de bave gluant.


- Lorsque vous vous êtes fait arrêter, sa vie a sombré dans le chaos. Elle n’a pas supporté toutes ces révélations et elle s’est pendue à une poignée de porte avec l’une de vos ceintures. Ce n’est peut-être pas un crime Hector, mais, elle aussi, vous l’avez tuée.


Elle se redressa et rangea méticuleusement les photos dans la pochette verte.


- À bientôt, dit-elle en lui décochant un dernier sourire.


***

Un matin, Hector traîna sa piteuse carcasse jusqu’à la photo de son épouse. Il souleva le portrait et souffla :

« Bonjour ma chérie. »

L’infirmière frappa à sa porte pour lui annoncer une visite.

« De la visite ma chérie, je me demande qui c’est ? »


 
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   Anonyme   
17/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Une bonne histoire, j'en avais des frissons ! La description de l'asile est percutante aussi. Peut-être quelques longueurs dans l'exposition des faits par la visiteuse, avant la révélation, mais on peut comprendre qu'elle ait envie de prendre son temps... En revanche, je trouve l'écriture trop appuyée par moments, je me dis qu'un ton plus neutre aurait peut-être été préférable.

"le haut de ses joues rebondies (...) Sa peau, étirée sur des os saillants" : je trouve les deux notations contradictoires

   Pascal31   
21/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une bonne histoire, qui se lit facilement et dont la chute est à la fois originale et terrible.
Je regrette d'autant plus que l'auteur n'ait pas pris plus de temps (peut-être en se relisant davantage) pour gommer les nombreuses erreurs que j'ai notées tout au long de ma lecture : la seule que je peux signaler ici est la confusion entre le verbe "recouvrer" et "recouvrir" ("Elle recouvra le premier cliché d’un second de même taille.")
Dommage également que l'auteur se laisse parfois emporter dans ses descriptions ("Des cernes profonds dégoulinaient sur le haut de ses joues", "sa peau coulait lentement autour de ses paupières comme une rivière de lave dévalant une colline", etc.).
Malgré ces remarques, c'est un texte que j'ai bien apprécié et auquel il manque juste un peu plus de travail pour le rendre très bon.

   Margone_Muse   
24/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le début est délicieux. L’écriture retranscrit bien l’atmosphère des maisons de repos. J’ai beaucoup aimé : le calme assourdissant, l’introduction du murmure blanc, l’état de flottement de Hector, la photo qui prendrait vie si on la regarde assez longtemps, les pieds qui s’étonnent, etc. Il y a vraiment de bonnes choses dans le début de ce texte.

Ensuite, je sais pas… Soit c’est moins bien, soit ça me plait moins.

Je n’ai pas trouvé le personnage féminin très réussi, au moins jusqu’à ce qu’elle se délecte de sa souffrance (la fin quoi) où là j’ai ressenti un truc : elle devenait « vraie » cette femme. Mais avant ça, elle n’avait pas trop de consistance. Je ne sais pas trop pourquoi vu qu’elle est décrite, tout ça, mais… rien, elle était un peu translucide dans ma tête quoi.

Le thème d’Alzheimer est un peu classique mais il est bien employé. Si ce n’est que j’ai du mal à comprendre comment il peut être si désespéré de ne pas connaitre le nom de l’assassin : ça impliquerait qu’il se souvienne très bien des enquêtes (s’il est, comme j’ai compris, l’assassin mais l’enquêteur aussi) mais pas de ses meurtres or ça devait être tellement imbriqué dans son esprit que j’ai du mal à percevoir comment c’est possible. Mais bon, c’est un léger détail.

La chute était évidente mais très bien écrite : sobre, courte et efficace.

C’est une nouvelle que j’ai pris plaisir à lire même si elle ne m’a pas non plus transportée.

Bonne continuation,
Margone_Muse

   costic   
25/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai bien aimé l’histoire de cette visiteuse dont la mission est d’éveiller une mémoire d’assassin. L’ambiance de la maison où Hector traîne ses vieux jours, me parait bien évoquée, ainsi que son état « flottant ». J’aime beaucoup l’idée du murmure blanc. Le suspens est bien entretenu et la solution amenée en point final est assez originale. On peut quand même constater son inefficacité relative, mais les quelques secondes de souvenirs réactivés semblent calmer un peu la fille d’une des victimes. Le passage où elle évoque sa mère « qui adorait tremper ses fraises dans du chocolat fondu, qui aimait Venise, éperdument, et qui chantait parfois dans un piano bar pour combattre une timidité maladive. » est assez touchant. (sauf le éperdument que je trouve un peu lourd à mon goût)
J’aime beaucoup : et il se rendit compte que même ses doigts de pieds semblaient étonnés. Dans le passage qui suit je n’ai pas compris immédiatement qu’il s’agissait de la description de la fille : « Des cernes profonds dégoulinaient sur le haut de ses joues rebondies, comme des larmes d’encre, et vieillissait de quinze ans un visage déjà soucieux de nature, dessiné à l’équerre par un esprit maniaque. Sa peau, étirée sur des os saillants, était parsemée de failles, sauf autour des lèvres, restées juvéniles faute d’avoir trop peu sourit. »
Peut-être aurait-il été préférable, à ce moment de transition, de commencer par : " Tout en elle était anodin et triste…"
Je n’ai compris qu’à la fin l’évocation d’un « un dernier synapse vigoureux et lucide s’enflammait pour sonner l’alarme». A première lecture le mot synapse m’a paru un peu scientifique…
L’humour me parait parfois un peu épais avec les répétitions de : Tu sais où tu peux te la mettre...
Je trouve l’ensemble assez particulier et bien développé.

   Selenim   
31/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
L'idée de départ est plutôt sympa. Un serial killer atteint de Alzheimer flanqué d'une femme opiniâtre à mémoire cyclique.

Mais je trouve le récit vraiment déséquilibré et dénué de tension. Après cette intro lancinante et hors du temps, on entre dans une intrigue plus policière. Le gros soucis c'est que les réponses à reculons de Me Laroche nous indique immédiatement l'identité du tueur. Elle ne donne pas l'identité rapidement pour ne pas éventer la surprise. Si bien que lors du dialogue, je me suis ennuyé car je devinais la fin.

L'écriture est propre, assez neutre. Tout à fait adaptée à ce genre de récit. Ça manque d'un peu de personnalité, d'un petit quelque chose qui hisse le tout dans une atmosphère plus tendue.

L'intrigue est réfléchie, les détails le prouvent. Comme la photo de l'épouse, les relents violents de la personnalité en berne du vieil Hector. La technique est bien présente mais la mise en scène est, à mon gout, ratée.

Je suis déçu car le postulat de départ est vraiment intéressant. C'est vraiment ce manque total de surprise qui a plombé ma lecture.

Murmure blanc est un très joli titre, évocateur, et qui pique la curiosité.

Selenim

   widjet   
2/6/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Tchollos is back !

Deux ans (putain, deux ans !) après le succulent « Némésis et tarte au riz », le meilleur conteur d’histoire (selon moi) nous revient avec un texte à double tranchant. La première partie – la plus réussie – prend le temps de poser le décor et le personnage principal. Le dosage est bon, assez long pour nous immerger dans cet hôpital, assez court pour ne pas nous lasser. Et nous tendre un piège.

Car, là où je dis que l’auteur est malin, c’est que cette entrée en matière nous permet d’avoir une certaine sympathie pour cet homme rongé par la vieillesse, décrépit, mais non dépourvu d’une mauvaise humeur et de jolies réparties (bien aimé les répliques « tu sais où tu peux te les mettre… »), histoire de mieux nous cueillir après, et de nous le faire voir autrement. Ca me rappelle un peu le film « Black Box » de Costa Gavras où le vieil homme en apparence inoffensif et bon grand père est en fait un ancien nazi. J'ai aussi pensé à un film espagnol ou un père atteint d'Alzheimer cherche à se venger avant de tout oublier (*"j'ai retrouvé le titre "La mémoire du tueur")

Cela dit, j’aurai préféré (pendant ce bref instant de souvenance) que le contraste soit plus saisissant et que les révélations fassent ressurgir de façon plus prégnante les anciens démons d’Hector.

La suite avec l’arrivée de la femme est plus classique, un poil décevante aussi, mais elle a l’avantage de faire basculer le texte dans un autre registre. C’est un second texte qui commence. Ce changement de ton, radical, est tout de même efficace, et en quelques lignes, Tchollos nous embarque et pose son suspense qui certes sera de courte durée. Les plus aguerris auront déjà défloré l’intrigue (mais, je me dis qu’avec un texte si court, l’enquête policière et la recherche du coupable était un faux prétexte pour l’auteur pour aborder le thème de la part d’ombre de l’homme de son ambivalence entre le Bien et le Mal, même si insuffisamment exploité encore à cause de la longueur du récit).
Je regrette le traitement psychologique de la femme, pas assez développé, et surtout le fait qu’elle explose à la fin. La froideur implacable – surtout après 14 visites – eut mieux convenu, je pense. Mais cette forme de vengeance répétée est intéressante.

Sinon, l’écriture est toujours aussi plaisante, très fluide et d’une simplicité redoutablement efficace, ponctué ça et là de jolies trouvailles (« Les os de sa mâchoire jouaient sous sa peau comme si elle mastiquait ses idées avant de les cracher ») assez rare pour mieux les apprécier.

En conclusion, un texte double je dirais, qui navigue entre les genres (comme souvent avec Tcho' et c'est ça que j'aime chez un auteur, lorsqu'il prend le risque de briser les codes), mais ne convainc qu'à moitié dans chacun des deux.
Assurément pas son meilleur cru (bien trop bref pour une total plongée en eaux troubles de l'âme humaine ainsi qu'une absence de surprise et de tension), mais bon dieu, que ça fait du bien de (te) le relire !

Widjet

EDIT : j'aime bcp l'interprétation d'aldenor qui me donne envie de relire le récit

   colibam   
31/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte efficace dont la qualité première, selon moi, réside dans le style soigné de l’auteur et la structure habile de l’histoire car dans le fond, l’intrigue est vite (trop vite sans doute) déflorée. Le lecteur subodore dès le début l’identité du braconnier des bancs publics.
Une belle entame et un final en boucle qui dénotent une maîtrise du récit.

Les répliques et le ton de Frémond sont plutôt affriolants même si le verbe ou les images suggérées auraient pu être moins soft.
La mélasse Alzheimer est assez bien retranscrite mais quelques indices m’amènent à penser qu’Hector pourrait simuler sa maladie.

Une histoire agréable à lire mais sans doute trop sage et convenue pour que je puisse basculer dans le délice.

   jaimme   
31/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Tchollos,
Enfin de retour. Yes, du Tchollos. Et pas déçu. Bon, l'histoire est un peu transparente. Sans doute parce que les scénarios sur Alzheimer sont à la mode. Mais j'ai lu avec des épices dans les yeux, et c'est cela qui importe. Pas des trucs qui piquent et prennent à la gorge. Non, des trucs qui montrent un homme. Des phrases qui le placent dans l'âge de la souffrance. Condamné par l'âge. A souffrir de cet âge. Est-il Sisyphe de la maladie? Pour moi non. La maladie est bénite dans son cas. Les remords, la douleur ne sont présents que lorsque cette femme vient la voir. Douleur momentanée, puis vite oubliée. Moins pire, je trouve que s'il devait vivre avec toute la culpabilité de ses crimes. C'est en cela que le scénario est riche, à mon avis.
Ce n'est pas la vengeance qui est la plus puissante, c'est la catharsis de cette femme. Pain béni que de voir la surprise et la mémoire revenir chaque fois.
Mes conseils:
- l'intro est trop en décalage avec le reste du registre utilisé ensuite. Là on sent que l'auteur sacrifie à la "coutume" française qui "veut" une intro qui accroche par le style. Je préfère celles qui accrochent par l'histoire. C'est comme ça.
- le terme "surfer" m'a choqué, il ne va pas avec l'âge du personnage.
- les "tel" et "comme", je déteste. Il y en a très peu, mais je déteste. La langue française, lorsqu'elle est aussi bien maniée par un auteur, offre tant d'autres options.
- pourquoi mettre des majuscules après les deux points de "contemplation". Même en allant à la ligne je ne mettrais des majuscules que s'il y avait des tirets. Pas littéraire, c'est sûr.

Sinon j'aime le rythme. Et surtout, surtout, l'écriture.
Où se place la compassion du lecteur? A chacun de choisir.
Merci.

jaimme

   toc-art   
31/5/2011
Bonjour,

pas convaincu par ce texte, ni par le fond ni par la forme. Je m'explique :

pas une seconde je n'ai cru à cette histoire. Désolé mais la fille d'une victime venant chaque fois "torturer" un pensionnaire d'une maison de retraite, ben, c'est tout simplement pas crédible. Vu l'état dans lequel elle met le retraité, on lui demanderait très vite de ne plus revenir.

ensuite, le rythme. Ben désolé mais c'est raté pour moi. C'est lent, très prévisible, le dialogue est figé et pas naturel du tout (appréciation personnelle bien sûr).

le style, les "comme" plombent plusieurs phrases. avec des comparaisons aussi maladroites, on est dans de la rédaction de lycéen pour moi. De plus, des phrases lourdes comme celles-ci :
" L’air ambiant devenait pour lui un océan de perplexité sur lequel son esprit pâteux cahotait comme une barque de planches vermoulues prisonnière de mauvais vents."
"Mais Hector savait que quelle que soit la définition, il s’agissait seulement de vieillesse."

des banalités déjà lues dix mille fois ("le calme assourdissant" par exemple) qui noient quelques trouvailles sympathiques (les orteils étonnés par exemple).

un manque flagrant de consistance pour le personnage de la fille, physique déjà (joues rebondies / visage émacié, y a quelquechose qui va pas) et psychologique aussi.

un texte que je trouve pour ma part assez anodin et très largement perfectible.

Autant j'aime l'idée de cette torture qui se répète à l'infini, autant je la trouve mal mise en scène ici, comme si l'auteur trop content de son idée avait un peu oublié de peaufiner son écrin.

mais ce n'est bien sûr que mon avis.
bonne continuation

   Anonyme   
1/6/2011
Maestro, très cher, c'est toujours un ultime plaisir de vous lire...
J'aime ta manière de prendre possession de ça. De cette ambiance, de cette plume qui coule et raconte comme on raconterait une journée au parc d'attraction, en mimant les bruits du dehors. Je suis contente déjà rien que pour avoir cette opportunité de te (re)lire.

Bon, la groupie mise de côté, j'ai apprécié le récit. On sait ce que je pense de ton style, je te reconnais bien là. épuré, nettoyé des adverbes parasites, très cohérent dans la narration et ce qui est narré. Et pas lourd, des belles longues phrases, des phrases concises, de belles choses... des références... bref, moi j'aime ton style tu sais :)
Le narrateur est bien campé, neutre, détaché de son sujet, c'est fluide et ça permet de mettre un degré intéressant à l'horreur et à sa montée en puissance.
Les personnages, je dirai qu'au début j'ai eu peur... Hector me semblait un peu transparent... et puis au fil de la lecture, c'est tellement logique que ... c'est juste logique.
Isabelle est un peu trop effacée, je pense qu'il y a de ta part une volonté (consciente ou non) de la laisser un peu dans le flou... on sent la violence en elle, comme on ne la ressent pas du tout chez Hector, sauf quand il veut enfoncer des choses dans le f... des demoiselles... par contre, je la trouve trop peu affirmée, là je pense que tu pêches par manque de... hum... pénétration du personnage.

J'aime bien ce genre d'histoires.

Comme c'est très court on a vraiment un impact violent quand c'est réussi, et là c'est réussi. En fin de lecture, on se dit, merde, le con, et il va de nouveau oublier et elle va revenir, ah! tiens, la voilà!

Tu sais quoi je cherche des points à décharge, j'en trouve pas... :)

Connaissant la politique du jeune homme envers la note, je m'abstiens. Welcome back, et reste un peu ce coup-ci...^^



ps : je pense qu'on peut avoir les joues rebondies et les os saillants...

   Anonyme   
1/6/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai aimé l'idée de ce texte, ce crime que l'auteur est condamné à oublier et se rappeler indéfiniment. Ça rappelle certains mythes et c’est plutôt bien vu du côté de la culpabilité.

J'ai été séduite par les premiers paragraphes sur la vieillesse parce que j'ai éprouvé exactement je crois ce que ressentait le vieil homme donc c'est plutôt réussi.

Par contre le traitement de l'idée par la suite ne m'a pas convaincue.

Autant le vieil homme pour moi a une certaine réalité, jusqu'à l'intervention D'Isabelle. A partir de là, les dialogues ne me semblent pas justes, ni les attitudes des personnages.

Par exemple comme il est atteint d'Alzheimer, quand elle lui montre les photos j'aurais aimé que sa réaction montre de l'hésitation, de l'anxiété, car il ne se souvient pas des victimes, il ne se souvient même pas avoir été chargé de l'enquête sauf s'il n'est pas atteint d'alzheimer, mais dans ce cas la "vengeance " de la jeune femme tombe à plat.

D'autre part s'il a oublié ces souvenirs qui datent quand même d'une vingtaine d'année, il me semble que la maladie est à un stade avancé et donc s'accompagne de défaillances physiques (genre il ne sait plus manger ou autres) qu'on ne voit pas ici. Enfin c'est la perception peut être fausse que j'aie de cette maladie.

Et troisième point et non le moindre : je pense qu'Alzheimer peut effacer les souvenirs mais pas la personnalité (au contraire à mon avis les traits sont accentués). Alors je ne comprends pas pourquoi il regretterait ses crimes pourquoi il en aurait horreur.

Pour la forme : L'écriture me gêne quand les comparaisons sont soulignés par des comme, je pense qu'on peut s'en passer. Elle est un peu trop appuyée par moment (par ex le premier paragraphe, la métaphore vieillesse, il me semble que j'aurais préféré que l'auteur en fasse un tout petit peu moins).


J'ai bien aimé les traits d'humour dans la première partie ...

La nouvelle se lit bien, la découverte de la culpabilité du vieil homme est une surprise.

Merci

Xrys

   Anonyme   
1/6/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Moi j'ai aimé. Et cela tient surtout à la qualité de l'écriture. J'ai trouvé cela impeccable. Je pense que l'intrigue, certes minimaliste, mais c'est une nouvelle courte, se suffit, je pense qu'il en est de même pour le scénario. Je ne devrais pas le dire, mais je trouve l'ensemble des commentaires (j'arrive après la course) assez "fine bouche" avec un texte de belle facture. Que faut-il de plus pour une lecture en ligne ? Le texte est sobre, l'histoire est là, ça tient sur un timbre poste et c'est une nouvelle. Tout est dit sans être dit : pas de digression et pas de pathos.

Un personnage qui flotte, dès le départ, voilà une excellente entrée en matière.

Bref, on a de la visite, c'est celle d'un bon texte je crois.

A l'évidence, je reviens de chez Tchollos, tout est bon dans le cochon.

   placebo   
2/6/2011
Bonsoir Tchollos,
J'ai lu de nombreux textes de vous mais c'est le deuxième seulement que je commente, je crois.

Cela a son importance car j'aime beaucoup la manière de raconter (onirien que des hommes, trompe la mort) par cycles, cercles, spirales plutôt.
Et, ici, la spirale est présente, mais forcée. Il n'y a plus la mort une fois le tour terminé mais une amnésie. Quoi de mieux qu'alzheimer pour une amnésie récurrente ? Le problème, comme l'ont évoqué certains, c'est qu'en tant que maladie neuro-dégénaritive, les symptômes sont un poil compliqués (problème de réaction du personnel de la maison de retraite, également).
Bref, c'est un premier point sur lequel je ne reviendrais pas mais, pour une fois, cette spirale qui me régale à chaque fois dans vos nouvelles m'a paru fade ici.

Ensuite, il n'y avait pas de suspense pour moi, la façon dont est amené la conversation ''je suis venu vous parler de ceci'' et tout ce qui suit sont très clairs. Un des choix de l'auteur est, on le ressent, de décrire le moment où cette étincelle de souvenir va rejaillir. Mais ça n'aurait pas été incompatible avec un doute plus prononcé sur l'objet de la visite de la femme.

Quant à l'écriture, j'aime dans son ensemble. D'autres commentateurs ont été plus touchés par la première partie. J'avoue avoir accéléré ma lecture de ces 3 paragraphes., certains mots comme ''flottait'', ''tempête'' ne m'ont pas trop parlé. (à côté de ça, j'apprécie les 18m/h et les semelles en liège).

Bonne continuation - j'espère être amené à vous relire,
placebo

   aldenor   
2/6/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le thème soulève des questionnements. Sur le rôle de la mémoire dans la continuité de l’individu. Une personne devenue inoffensive, coupée de son passé, est-elle encore le monstre qu’elle fut ?
Et au delà de ce fait, la mémoire apparait comme constitutive de l’individu.
La femme cherchant à cerner l’assassin de sa mère se cogne contre ce mur : un être sans mémoire, appelons-le « dividu », est insaisissable.
Quelque part, le thème fait peut-être déjà-vu. Mais le traitement est convaincant. L’auteur en donne sa sincère et forte interprétation.
L’écriture est fluide, mais aussi inventive, et je serai tenté de dire « fragile, flottante », personnelle ; en tous cas la touche Tchollos est bien présente.

   victhis0   
6/6/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Que de délices formels dans cette histoire, une de plus, de serial killer. Adoré le début sur les maisons de retraite, le meilleur du texte de mon point de vue. Joyau sur la digression entre les deux trous féminins.
Déçu par la forme (et non sur le fond car l'idée est brillante) de la révélation : dialogues trop légers, allusions à la maladie beaucoup trop faibles pour faire de la clé de ce texte un vrai alibi d'histoire. La femme est un peu extérieure ce qui eut été logique avec un texte ecrit à la première personne (j'aurais préféré finalement lire ce texte du point de vue embrouillé du tueur) mais ce n'est pas le cas et je reste sur ma faim. Mais je suis ravi de retrouver l'une des meilleures plumes d'oniris, trop longtemps absente des écrans.

   littlej   
16/6/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai bien aimé l'idée, mais le traitement, à mon avis, n'est pas d'aussi bonne qualité (sans être mauvais pour autant).
C'est un peu poussif par endroits, avec une surdose d'adjectifs ici : " L’air ambiant devenait pour lui un océan de perplexité sur lequel son esprit pâteux cahotait comme une barque de planches vermoulues prisonnière de mauvais vents", ou encore : "Qui était cette intrigante qui, sans se donner la peine de briser la glace, balançait d’affreux souvenirs à la tête déjà confuse d’un vieux débris d’homme, comme le fantôme du passé au-dessus du lit d’Ebenezer Scrooge ?"
Des phrases moches à l'oreille : "Elle était assurément sûre d’elle", "Il leva les yeux et entrevit un sourire au coin de la bouche de sa visiteuse. " (le mot "visiteuse" est vraiment moche, je trouve)...
Le dialogue est un peu longuet, on comprend assez vite de quoi il s'agit, et même, pas très crédible, il fait trop "cinéma".
Bref, ces quelques défauts gâchent l'idée de départ, qui est très bonne cependant.

j

   Ashanon   
19/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve cette nouvelle intéressante non pas pour la qualité - bien qu'elle soit présente ici -, mais pour l'idée dans son ensemble.
Un petit souci, on devine rapidement qui est l'auteur des crimes (mais je pense que c'est voulu par l'auteur et qu'il veut développer sur une autre voie).
J'aurais quand-même préféré assister à un jeu encore plus vicieux de la part du gars Hector. Il ferait tout pour faire croire à sa maladie mais la jeune femme a compris le manège et veut le faire flancher.
Ceci dit, le détail de l'environnement m'a bien plu.
Et la chute aussi.

   beth   
25/6/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce texte pousse le lecteur à le lire : Qui est » le tueur des bancs publics »? Aucune fausse piste n’est donnée quant à l’auteur des crimes, on pense bien que ça peut être Hector, mais bon, il était enquêteur… il nous faut lire jusqu’au bout… pour savoir, pour être sur, pour se souvenir…Ce texte est donc déjà une réussite, de ce point de vue.
Et ce texte pousse le lecteur à le relire : Alzheimer, tiens donc !comment cela est-il amené par l’auteur ? Ce texte est donc une double réussite.
il flottait/fragile/perplexe/esprit pâteux/mélancolie/vieillesse/une dernière synapse vigoureuse/l’inventivité comme la peau se flétrit avec l’âge/manque d’imagination : rien ne nous indique une perte de mémoire …d’ailleurs Hector le dit lui-même : « il s’agissait seulement de vieillesse. » : voilà une première fausse piste, induite par Hector lui-même. Fausse piste, puisque non, ce n’est pas une maison de repos mais un asile pour psychopathes en fin de vie et dans le cas d’Hector ,victime de la maladie d’Alzheimer
L’auteur manipule ses lecteurs, anticipe ses effets avec préméditation….les lecteurs étant eux aussi de par leur statut, amnésiques de cette histoire de meurtres en série.
Ce texte fait plonger le lecteur au cœur de l’histoire : pas d’intro /développement/etc. pas de gestion « scolaire »/chronologique de l’histoire. L’auteur nous fait vivre au rythme des émotions d’Hector : vieil homme empli de douleur et d’ennui qui déambule parmi les vieux dans le brouhaha des rêves bruyants. Vieux qui tente de faire revivre son épouse pour qu’elle vienne l’apaiser(deuxième fausse piste : non il n’est pas émouvant, Hector ! il est responsable du suicide de sa femme)/vieil acariâtre à tendance scatologique, qui envoie paître le personnel féminin/Hector qui s’illumine au rayon de soleil qu’est pour lui cette visite(troisième fausse piste : non, cette femme ne vient pas le délivrer, elle vient le torturer moralement pour qu’il paie pour le meurtre de sa mère)/Hector hébété et qui petit à petit souffre en se souvenant (quatrième fausse piste, oui il était enquêteur mais ça ne l’empêche pas d’être un meurtrier)
La vieillesse n’est pas nécessairement respectable, et pas forcément émouvant le vieux mari assassin devant la photo de son épouse, un enquêteur peut être meurtrier et le refuge dans le paradis blanc de l’oubli impossible.
Dans le paradis blanc de l’oubli (maison de repos et maladie d’Alzheimer)…. le murmure blanc de la conscience (la fille qui demande réparation) traque le criminel, pour qui il n’y aura pas de repos, pas de silence. Le tueur des bancs publics est condamné à entendre la voix… même si elle n’est plus qu’un murmure à cause de sa maladie d’Alzheimer, la voix de sa conscience. Le souvenir renaîtra à chaque visite pour sombrer à nouveau et renaître…
L’auteur fait référence à la nouvelle de Dickens, « A Christmas Carol » dans laquelle le fantôme de Marley assaille et hante Scrooge . Le texte peut être perçu comme ayant une portée philosophique.
Une question à l’auteur : Hector se trouve bien dans un asile de vieux, une prison pour psychopathe ? Alors est ce plausible que l’infirmière lui parle avec autant de déférence en l’appelant « Monsieur Frémond, je suppose que comme dans tout système carcéral on l’appellerait : Frémond ! (c’est quand même un serial killer)
Sinon, bien sur quelques petites imperfections (lourdeurs) ici et là mais tellement de bonnes trouvailles : le tueur des bancs publics (d’habitude les bancs accueillent les amoureux qui s’y bécotent) le murmure blanc (le paradis blanc) et cette phrase : il baissa les yeux vers ses pieds nus blafards, striés d’éclats de veines pourpres comme des taches de peinture à la surface d’un verre de lait, et il se rendit compte que même ses doigts de pieds semblaient étonnés.
Merci à l’auteur et j’ai cru voir qu’il y avait d’autres textes à découvrir…

   Menvussa   
30/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,Tchollos! Content de te relire. L'idée est bonne. J'ai trouvé l'écriture un peu trop fouillée. Il est amnésique, je sais que cette maladie d'Alzheimer présente des variantes mais sont état ne me semble pas suffisamment souligné dans le texte. J'ai rapidement pensé qu'il était l'assassin mais sa maladie m'a semblé un peu parachutée.

Au plaisir.

   Anonyme   
9/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Personnellement j'ai apprécié la mise en scène, l'atmosphère lugubre de "Home", Hector, bien campé dans son personnage et certaines descriptions humoristiques m'ont fait sourire.
J'ai aimé l'idée de cette fille qui par vengeance vient rappeler les faits commis par cet Hector atteint d'Alzheimer, histoire de briser à petits feux le pauvre être qu'il est devenu. Car même si l'on comprend qu'il a été un meurtrier psychopathe, on a du mal à avoir de l'antipathie pour lui.
J'ai donc trouvé l'histoire originale, très agréablement écrite et amusante même si le fond se veut grave.

   Achille   
13/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup la première partie car on se prend vite d'affection pour ce mr Frémond; et j'apprécie l'écriture précise, sans argots tous les deux mots; une écriture comme celle-ci se fait rare.
Quand à la fin de la nouvelle, c'est dans la pure tradition du genre, avec un final amenant à relire le texte sous un oeil nouveau.


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