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Sentimental/Romanesque
Thorgal : Clarisse
 Publié le 09/02/14  -  6 commentaires  -  30782 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

C'est l'histoire d'un homme et d'une jeune femme qui ont une liaison amoureuse et puis...


Clarisse


Elle était sur le point de se barrer. Rectification faite, elle se barrait. Il le savait… elle ne reviendrait plus. Bon sang ! Qu’attendait-il pour la retenir !? Il pressait contre sa poitrine la poupée blonde, et, secoué de tremblements, de spasmes périodiques, il observait, immobile et hagard, cette jeune femme sortir de sa vie.

Pourtant tant de choses avaient été partagées entre eux, le meilleur comme le pire. À présent, ses failles, ses fêlures, son passé, n’avaient plus aucun secret pour elle. En lui confiant les mots interdits, en lui avouant l’inavouable il avait mis à nu ses sentiments, son âme. Elle savait mieux que quiconque que seul un fil décousu le retenait à la vie.

Il a attendu un signe, même infime, espéré un regard d’adieu, le regard posé sur sa chevelure dorée. Elle ne s’est jamais retournée. Elle a passé la porte, traversé la cour, rejoint le chemin blanc de lune, franchi le portail sous le grand cèdre, atteint la route. Et la pénombre s’est refermée sur elle.

Ils étaient morts. MORTS, MORTS, MORTS, MORTS… ! Pas un seul n’avait survécu. Dorénavant il devrait vivre avec ça.


Ils attaquaient leur huitième jour. Côté est, au soleil levant. Jonathan Sollers, trente-sept ans, d’allure plutôt sportive, professeur des écoles, marié depuis quinze ans à Jeanne, deux gosses, tenait bon. Pas plus qu’un autre, mais pas moins non plus. Il progressait à son rythme, sans excès ni zèle. C’était la seule façon, à ses yeux, de parvenir au bout. Dans l’ensemble les corps violentés surmontaient chaque jour la fatigue et les douleurs musculaires. Seul un jeune type, fraîchement bachelier, avait capitulé dès le premier jour. Il s’était tiré en jurant qu’on ne l'y reprendrait plus. Le soir même, Le Grand l’avait remplacé. Clarisse avait intégré l’équipe au matin du deuxième jour. Ils avaient continué à couper, remplir, vider… couper, remplir, vider…

Donc, ils entamaient leur huitième jour. Au loin, la cloche d’une église sonna neuf heures. Le soleil matinal de ce mois d’août escaladait la cime de hauts peupliers qu’une légère brise chatouillait. L’ombre des arbres s’étirait jusqu’aux trois quarts de la pente. Au sommet, les coupeurs les plus rapides baignaient déjà dans une lumière blanche.

Jonathan Sollers, recouvert de l’ombre des hauts peupliers, se redressa en grimaçant. Il souffrait d’une douleur passagère aux reins. Il vit, loin devant, Marie-Ange et Marion, infirmières de leur état et en congé annuel, mettre à mal leurs derniers ceps. En haut de la côte, à hauteur du tracteur bleu, elles vidèrent d’un geste souple et ample leur seau dans le bac en inox que supportait une longue remorque. Puis, la serpette à la main, dominant le reste du groupe, elles s’accordèrent un moment de répit. Une fois encore les deux trentenaires achevaient leur rang avant tout le monde. L’instituteur se promit de briser le secret de leurs prouesses répétées. Il replongea la tête dans le cep et trancha la queue à une dizaine de grappes bleu foncé.

Elle se rapprochait. Il sentait sa présence dans son dos, son parfum qui lui avait brûlé les lèvres la veille au soir. Il se demandait quelle suite donner à leur histoire.


– Jonathan ?...


Il se retourna. La vendangette à la main, Clarisse le dévisageait avec un large sourire. Le seau à ses pieds débordait d’énormes grappes de raisins.


– Il faut qu’on parle, dit-elle.

– Plus tard… On nous écoute.


Au fur et à mesure des jours, Clarisse et lui avaient appris à s’apprécier et une complicité inattendue avait transformé leurs rapports. Toujours côte à côte, ils montaient leur rang respectif à la même allure, s’aidant mutuellement lorsque l’un d’eux ralentissait ou peinait. On les voyait toujours ensemble, de bonne humeur.

Hier soir, après une soirée arrosée avec le reste de la troupe, ils s’étaient éclipsés derrière le hangar. Et sous le firmament, dans l’herbe verte, ils avaient franchi la ligne rouge. Elle s’était offerte à lui. Il avait éjaculé en elle presque immédiatement après l’avoir pénétrée, en l’embrassant sauvagement. Bien après avoir joui, il l’embrassait toujours. C’est une chose qu’il ne faisait plus que très rarement avec sa femme : s’embrasser. S’embrasser à perdre haleine, à se dévorer les lèvres.

Avec l’aide des premiers, les retardataires achevèrent de dépouiller les derniers ceps avant de profiter de la pause.

Le patron, un géant de 2 m 07, qu’on surnommait dans tout le Beaujolais Le Grand, sortit une glacière du tracteur et la déposa à l’ombre d’un noyer. Jonathan fit la queue comme tout le monde avant qu’on lui serve son gobelet de vin rouge. Il dénicha un petit talus où il se posa, pénard. Il avait besoin de se retrouver seul, de faire le point. Clarisse se ramena avec son gobelet et un sourire radieux.


– Je peux… ?


Elle s’installa, sans même attendre la réponse.

Le soleil inondait maintenant toute la pente. Les parcelles de vignes resplendissaient sous un magnifique ciel bleu.


– T’es un bon coup, fit-elle.


Il la regarda, sans s’empêcher de sourire. Elle avait quatorze ans de moins que lui, en était à sa quatrième année de médecine et louait un studio dans le 8e arrondissement de Lyon. Ses cheveux lisses, couleur sable, retombaient sur ses frêles épaules. Elle portait un débardeur noir que ses seins déformaient.


– Jeanne, ma femme, ne me le dit plus que très rarement.

– Tu l’aimes encore ?

– Je crois... oui…


Les autres repartaient à l’attaque, armés de leur seau, redescendaient la pente. Seul le porteur de hotte, le jarlot, comme on le nomme dans la région, juché sur le bord de la remorque, ne bougeait pas et dévisageait les deux tourtereaux derrière ses lunettes noires.


– On se voit ce soir ? demanda la jeune femme

– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

– Ta famille ne rentre que demain soir de vacances, c’est toi-même qui me l’a dit…Tu ne le regretteras pas. Je connais des trucs que tu ne soupçonnes même pas.


Son regard malicieux et enflammé dévorait en lui toute résistance. Jeanne l’observait-elle encore ainsi ? Son énergie libidinale le poussa une fois encore à accepter l’irraisonnable. « Ce soir, 21 h 00, au bout du chemin. Ne sois pas en retard. » Elle se leva et déposa sur lui ses yeux d’ébène. Il regarda sa jeunesse, sa beauté s’éloigner sans pouvoir bouger. Le cul, toujours le cul. Certes, il avait bon dos, mais que pouvait-il contre ce genre de fille ? Il aurait fallu qu’il soit eunuque, pédé ou sacrément cul béni pour l’envoyer valser.

Le porteur de hotte pencha son imposante carrure au-dessus du bac en inox, y attrapa une grappe de raisin sentant la géosmine et s’en débarrassa en l’expédiant par-dessus son épaule. Puis, sautant d’un bond au pied de la remorque, il gloussa bêtement :


– Hé l’instit, tu ne jouerais pas double jeu ?


Jonathan se redressa, attrapa son seau et le fusilla du regard.


*


21 h 03 : Clarisse posa son cul sur le siège du mort. 21 h 23 : ils franchirent ensemble la porte d’entrée. 21 h 24 : Clarisse, au beau milieu du salon, se débarrassa de sa jupe fendue, du string à dentelle, et Jonathan découvrit stupéfait son sexe rasé qui ne l’était pas la veille.


– Merde, qu’est-ce qui s’est passé ?

– Ça te plaît ?

– Je ne sais pas... enfin… Oui…


Elle défit son chemisier et libéra sa poitrine. Cette fille était une bombe, dans les deux sens du terme, de la dynamite à manier avec précaution. Le risque ? S’attacher en trois jours et tomber raide dingue amoureux au bout de six. Jonathan aimait profondément Jeanne, mais il savait aussi que rien n’est éternel, que tout est à refaire chaque jour. Dans un cadre en bois, la photographie de sa femme et de ses deux gosses, Mathis, neuf ans et Louise, quatre ans, sous le soleil de Madrid, observait les étapes d’un drame annoncé.


*


– On vide !


Jonathan se redressa, et d’un geste devenu mécanique, souleva son seau par-dessus la hotte du jarlot et y versa le raisin. Reposant le seau à ses pieds, il s’épongea le front de l’avant-bras et examina la situation. Le soleil au-dessus de leur tête les écrasait littéralement depuis le début de l’après-midi. La longueur des rangs et la chaleur creusaient les écarts entre les coupeurs. Marion et Marie-Ange, tels deux bolides, se disputaient la première place, fondant sur la départementale qui délimitait la fin de la parcelle. Loin derrière l’échappée de serpettes, le gros de la troupe, composé d’une quinzaine de vendangeurs, dont Clarisse et Jonathan, en tête de peloton. Dans le gruppetto, deux sexagénaires aux cheveux rares et blancs, une lycéenne et un informaticien au chômage.


– Tu étais en forme hier soir, dit la jeune femme.

– Ah…

– Tu l’as fait cinq fois, précisa Clarisse en souriant.

– Fait quoi ?

– Jouir en moi.


Inquiet, il lança un regard circulaire. Les autres étaient assez loin d’eux.


– J’espère que personne n’a entendu… Tu sais… je préfère ne pas parler de tout ça ici… Tu comprends ?


Elle finissait son cep et passait au suivant.


– Ta famille rentre ce soir, n’est-ce pas ?

– Oui.

– Plus de rendez-vous câlin alors ?

– Nous le savions l’un et l’autre.


Pour soulager sa colonne, Clarisse posa ses genoux à terre et fit tomber plusieurs grappes dans son seau. Son visage se ferma.


– Clarisse ?... Ça va ?...

– Maintenant laisse-moi. J’ai besoin d’être seule !

– Mais…

– LAISSE-MOI !


Craignant d’attirer l’attention sur eux, l’instituteur n’insista pas. Clarisse se laissa distancer, le peloton l’avala, la recracha, puis elle fut absorbée par le gruppetto. Au contraire, Jonathan mit la gomme et guillotina avec frénésie chaque cep. Il termina son rang sur les rotules, mais à la troisième place, derrière Marion et Marie-Ange. Il se redressa avec l’impression que deux pit-bulls avaient planté leurs crocs dans ses reins. Qu’avait-il fait pour mériter ça ? Verrait-il un jour le bout du tunnel ? Clarisse avait été sa seule éclaircie depuis pas mal de temps. Une éclaircie avec son lot d’emmerdes, mais une éclaircie quand même.

Le tracteur était arrêté en haut de la côte, le long d’un chemin qui suivait une départementale qu’empruntaient d’imposant camions-bennes.


– Te bile pas mon gars. Y manque plus que douze tonnes. Demain soir on aura le quota.


Jonathan leva les yeux sur le visage rond et jovial du viticulteur qui le dévisageait du haut du bac en inox.


– Je ne suis pas mécontent de vous l’entendre dire, fit-il.

– Pour un instit vous tenez bien.

– Mmmm…


Jonathan rejoignit le patron sur la remorque. Il jeta un œil à la marchandise en hochant la tête.


– C’est propre, remarqua-t-il.

– De la première catégorie, annonça fièrement le vigneron. C’est une année exceptionnelle ! Une année en 3. Tu parles, commencer le 16 août. Jamais vu ça !


Le jarlot escalada l’échelle, la hotte remplie à ras bord. Il se pencha et se débarrassa de sa cargaison en donnant un brusque coup d’épaule. La récolte roula jusqu’au fond du bac. Il enleva quelques feuilles, des grappes rongées par la pourriture, puis retourna dans la vigne. Jonathan le suivit du regard, puis s’attarda sur Clarisse et ses vingt-trois printemps. Déjà la nostalgie de leurs ébats passionnés et clandestins lui serrait la poitrine. Demain, à la suite de la dernière journée de vendange, Clarisse regagnera son studio et son monde universitaire. Seul lui restera le souvenir du visage rieur et doux de la jeune femme. Sa jeunesse qu’il avait bue comme une eau de jouvence s’envolera sous d’autres corps. La vitalité retrouvée à son contact, cette légèreté qui lui donnait le sentiment d’une nouvelle jeunesse allait s’éteindre au même titre que leur liaison.


– Pause ! cria Le Grand.


L’équipe entière se regroupa à l’ombre de la remorque et du bac en inox. Les camions-bennes, recouverts d’une poussière grise, déboulaient sur la départementale dans un fracas assourdissant.

Le viticulteur extirpa de la cabine du tracteur la glacière, la déposa contre une roue et en souleva le couvercle. C’était un vrai trésor à l’intérieur pour tous ces regards assoiffés : des litres et des litres d’eau fraîche, presque glacés.

Les bouteilles circulèrent de main en main. La sueur ruisselait sur les peaux brunies par neuf jours de soleil. Les sourires de cette équipe hétéroclite ne cachaient rien d’autre qu’une lourde fatigue. Certains parlaient fort, comme Franck, le porteur, qui roulait les mécaniques. D’autres se taisaient, s’étendaient dans l’herbe jaunie par le soleil, les yeux clos, le dos en sursis. Pris en tenaille entre les deux sexagénaires causant déforestation, dérèglement climatique, Jonathan n’avait d’yeux que pour Clarisse. Ça le tuait presque de ne plus pouvoir la toucher, l’embrasser, la sentir. Peut-être bien qu’il l’avait dans la peau. Peut-être bien que durant un temps il s’en mordrait les doigts de l’avoir laissé filer. C’était le piège.


*


21 h 30 : Après huit demi-citrons et six grands verres de vin rouge, il y pensait toujours. PUTAIN, ÇA N’AVAIT PAS SUFFIT ! Il y penserait toujours. Il se pencha sur son assiette. La ratatouille niçoise préparée par ses soins était froide à présent. Il y pensait, oui, mais sans l’admettre, c’était là toute la différence. Il n’était pas cinglé, mais l’anéantissement dans lequel il était plongé le condamnait à suivre un chemin tronqué.

Dressé sur la table les couverts de Jeanne, Mathis et Louise. Des couverts immaculés avec leurs serviettes pliées en deux et leurs morceaux de pain. C’était à pleurer.

Jonathan quitta sa chaise. Il tenait debout, mais il tanguait à chaque pas comme un passager sur un cargo en pleine tempête. Il enfonça les mains dans les poches de son blue jeans. Ses bouts de doigts étaient gelés. Il avança en titubant jusqu’à la porte d’entrée vitrée. Le crépuscule jetait sur lui ses dernières forces. Il balaya du regard la petite cour bordée de hautes haies en friches. Il ne la supportait plus cette haie, si mal entretenue, si volumineuse, si hideuse. La nuit tombait sur elle comme pour l’étouffer. Un jour, il y mettrait le feu. Pour ne plus se souvenir. Un jour, il la supprimerait. Il détourna les yeux et fixa la masse imposante de son Audi. À ses côtés, il manquait le Scénic de Jeanne.

Il se retourna, fit face à l’espace de cette grande pièce où, auparavant, se mêlaient rires et joies d’enfants. Ce silence, tout ce vide autour de lui, l’angoissaient, lui fichaient un cafard terrible. Il voulut crier, cria, se tut. Il aurait beau hurler sa rage, ça ne changerait rien.

Près du buffet peint d’une lasure jaune, la poupée de Louise fixait le plafond blanc et les trois longues poutres en bois qui le traversaient. Elle portait une robe bleue à bretelles et ses cheveux ébouriffés sortaient d’une casquette. Jonathan s’avança jusqu’au buffet. Parfois, il lui arrivait de lui parler, à cette fichue poupée. Il lui demandait si Louise ne lui manquait pas. Ce genre de truc dingue. Alors pour oublier qu’il était à moitié fou il se soûlait. Et il oubliait. Au moins pour un temps.

22 h 30. Jonathan s’était de nouveau assis devant la table en chêne. Il observait les couverts, immaculés, disposés de part et d’autre des assiettes. Et plus il les observait, plus la lame du couteau qu’il serrait dans sa main se rapprochait de son poignet.

Il savait que ce geste ultime de désespoir ne résoudrait rien et qu’il était peu probable de se foutre en l’air en se coupant uniquement les veines. Il allait perdre du sang et s’évanouir. C’est tout ce qu’il récolterait. Et il n’avait aucune envie de se réveiller dans une flaque d’hémoglobine ou dans un hosto avec un tas de psychiatres autour de lui.

Découragé, il lâcha le couteau. Il se voyait comme une larve, un parasite, une bête blessée, mutilée qui se débattait dans un monde qu’il ne reconnaissait plus. Il se remplit un autre verre de vin et se le mit tout entier dans le gosier. L’ivresse l’engourdissait davantage.

Tout à coup, il tourna la tête en direction de la porte. La poignée avait bougé ! Jonathan crut à un miracle, à UN PUTAIN de miracle. « Jeanne, Mathis et Louise sont de retour ! »

La porte s’ouvrit sur Clarisse.


– BORDEL, QU’EST-CE QUE TU FOUS LÀ ! hurla Jonathan en jaillissant de sa chaise. Tu es cinglée ?! Ils peuvent rappliquer d’un instant à l’autre.


Clarisse remarqua illico les couverts, les tranches de pains, les serviettes et tout le toutim.


– Où sont ta femme et tes enfants ? demanda-t-elle.

– Je n’en sais foutre rien !

– Tu mens !

– Ils devraient être là depuis des heures ! Je suis mort d’inquiétude !


Elle le regarda, médusée, promena son regard dans la pièce :


– Tu n’as pas rangé cette poupée habillée d’une robe bleue… elle était là hier soir, exactement où elle se trouve. Et je suis certaine qu’elle s’y trouve depuis bien plus longtemps.

– Mais qu’est-ce que tu crois ? Je ne suis pas Superman ! Je ne peux enchaîner deux boulots à la suite. Le soir je suis crevé, je ne veux qu’une chose : me reposer. Le ménage attendra la fin des vendanges. Où veux-tu en venir ? Où est le problème ?

– Tu ne vois pas où est le problème… TU NE VOIS PAS OÙ EST LE PROBLÈME ! s’emporta-t-elle.

– Hé, calme-toi.

– NON JE NE ME CALMERAI PAS… JE NE ME CALMERAI PAS !

– Ok ! Clarisse… on va s’asseoir. Je crois que tu as besoin d’un petit remontant, hein…

– VA TE FAIRE FOUTRE !


Jonathan était pas mal éméché. Ses guiboles flanchaient et il n’y voyait pas clair. Il n’était pas certain de pouvoir supporter ce genre de conversation.


– Je sais tout, lâcha-t-elle.

– Ah, nous y voilà, s’écria-t-il. On avance… Et que sais-tu au juste ?

– Je suis venue à pied, Jonathan. Neuf kilomètres.

– C’est long.

– NE TE FOUS PAS DE MOI ! JE NE TE LE PERMETS PAS ! Je suis venue dès que j’ai su, je n’ai pas hésité, je n’en croyais pas mes oreilles, j’avais l’impression de me réveiller en plein cauchemar !


Jonathan s’avança, les mains tendues vers elle :


– NE T’APPROCHE PAS ! beugla-t-elle.

– Ok, ok… je reste là… regarde… tout va bien.


La bombe explosait. Ce canon de beauté allait lui sauter à la gueule. Jonathan en avait assez vu pour prendre l’affaire au sérieux. Elle portait une robe transparente, soutien-gorge et culotte rouges, baskets blanches, grandes boucles d’oreilles bleues. Il aurait pu la sauter dans d’autres circonstances.


– ILS SONT MORTS ! lâcha-t-elle soudain.


Il tressaillit, recula malgré lui.


– Qui ! Bon sang ? Tu vas parler ?!


Elle le fixait d’une drôle de façon. Il s’attendait à recevoir les premiers éclats, les premiers coups.

– Tous !

– CLARISSE… NOM D’UN CHIEN… PARLE ! QUI EST MORT ?


Elle s’avança sur lui. Il se retrouva acculé contre le mur.


– Tu l’auras voulu, dit-elle. Ton père était chez Le Grand.

– M…mon père !

– Il voulait interroger tout le monde.

– De quoi se mêle-t-il, je vais lui…

– Laisse-moi continuer ! Par chance il est tombé directement sur moi. Quand il a fini de me raconter ce qu’il avait à dire, je lui ai fait promettre de repartir et de n’en parler à personne.


L’instituteur tentait de faire bonne figure en esquissant un bref sourire, mais il était évident qu’il recevait la nouvelle comme un coup de poignard.


– Q…Que t’a-t-il dit ?

– Que tu ne lui donnes plus de nouvelles depuis trois mois, entre autres.

– J’ai une vie compliquée…

– Tu l’aurais menacé de représailles s’il tentait de t’approcher.

– Baliverne !

– Jonathan… Arrête… Je sais tout… Tu entends… Je sais tout… TOUT !

– NON ! TU NE SAIS RIEN ! Et comment a-t-il su pour la saison de vendange ? Je n’en avais parlé à personne !

– Le milieu viticole est un petit monde.

– Qu’importe ! Mon père vieillit. Le pauvre homme n’a plus toute sa tête.

– Je sais qu’il dit vrai !


Jonathan resta saisi par la certitude qu’il lisait dans le regard de Clarisse. Tout était donc foutu ?


– Tu as besoin d’aide, Jonathan.

– MERDE !!! TU VAS FERMER TA PUTAIN DE GUEULE !


Son regard vitreux cadra Clarisse. Il devait l’arrêter de parler, par tous les moyens. Toute l’affection qu’il lui portait s’envola dans une colère brusque. « Cette sale pute veut me faire cracher le morceau. Je ne laisserai pas une gamine tout gâcher ! »

Il s’élança. Il zigzaguait mais c’était rien, il allait où il voulait, il se rua sur elle, l’empoigna par les épaules et la secoua énergiquement.

« Bordel, qu’est-ce qui déconne chez moi ? se dit-il. Est-ce que je perds réellement la boule ? »

Clarisse expédia son genou entre les jambes de Jonathan. Ce dernier se plia en deux, les mains crispées sur ce qui avait été jadis ses bijoux de famille. Elle se dégagea, et tandis qu’il agonisait, elle chopa la photographie dans le cadre en bois sous le soleil de Madrid, et la lui planta sous les yeux.


– Où sont-ils ? hurla-t-elle.


Jonathan glissa sur les carreaux et se recroquevilla en position fœtale.


– REGARDE-LES ! cria-t-elle en tendant le cadre en bois. REGARDE CETTE PUTAIN DE PHOTO ! ILS SONT MORTS !!!


Il rampa sur le sol, couina, rampa encore.


– Bordel ! JONATHAN ! Parle-moi ! Où vas-tu ? Reste ici !


Il se traîna jusqu’au buffet et saisit la poupée de Louise. Il se redressa avec peine, s’assit et s’adossa contre le buffet. Il souffla profondément. Il observa la poupée, les larmes aux yeux, la pressa de toutes ses forces contre son cœur.

Elle savait tout, songea-t-il. Elle connaissait la face sombre et cachée de son histoire. Pourquoi lui demandait-elle alors de déballer toute la vérité ? Pour entendre sa version des faits, sa souffrance. Mais la douleur, trop vive encore, étouffait toute parole. Le jour de leur disparition, il y a un an pile, la vie de Jonathan s’était arrêtée net. Comment se remettre d’un tel drame ? Cette question a hanté Jonathan des jours, des nuits, des semaines, des mois sans qu’il trouve de réponse. Comment se remettre d’un tel drame ? On ne s’en remet pas. Voilà tout. On s’effondre, on cherche à quoi se raccrocher, se tenir, mais tout semble glisser entre les doigts, il n’y a plus que du vide autour de soi, alors on dégringole comme dans un puits sans fond. C’était dans un état d’abattement absolu que Jonathan, après leur mort, avait démissionné de son poste d’instituteur et qu’il était resté des journées entières prostré chez lui, errant de l’une à l’autre des chambres. Mathis était un fou d’aviation. Ce gosse pouvait rester des plombes devant ses maquettes à les assembler bout par bout, à peindre chaque pièce avec une minutie surprenante. Comment Jonathan, son père, aurait pu décrocher le Goliath, le Zeppelin, ou le Concorde, et foutre le tout dans un carton comme si tout ça n’avait jamais existé ? Et la chambre de la gamine, peuplée de jouets, de princesses et de livres fabuleux ?

Non, c’était au-dessus de ses forces. Un jour, peut-être, se dit-il, leur absence définitive ne lui reviendra plus comme un boomerang en pleine figure. Il a attendu ce moment qui le libérerait des ténèbres. Mais ce jour n’est jamais arrivé. Leur mort a peu à peu vampirisé Jonathan. Lentement, il s’est retiré du monde des vivants. En deux ou trois mois, pas plus, il a fait le vide autour de lui, refusant toute invitation, se cloîtrant chez lui lorsqu’une visite se présentait. Doucement, il s’est enfoncé un peu plus profondément dans les sables mouvants de ses démons.

En réalité, depuis leur disparition, la seule chose positive qu’il a entreprit sont les vendanges. Et Clarisse…

C’était il y a un an. Au matin du 25 août, sur les coups de 10 h 15, les parents de Jonathan ont stationné leur Picasso gris métallisé devant le portail ouvert, sous le grand cèdre. Le soleil matinal resplendissait. On annonçait des températures records pour la journée. Mathis et Louise, qui trépignaient depuis une bonne demi-heure derrière les fenêtres du salon, sont sortis de la maison comme des fusées et se sont précipités dans les bras tendus de leurs grands-parents. Jonathan Sollers les a suivis d’un pas calme et posé. Mathis et Louise, quant à eux, sautaient comme des puces à l’idée de passer une journée entière au parc de la Tête d’Or, à Lyon. Après les dernières recommandations, Jonathan a salué ses parents et a embrassé ses enfants, sans savoir qu’il le faisait pour la dernière fois. Il a regardé repartir le monospace jusqu’à l’angle de la rue, puis il est allé retrouver Jeanne dans la cuisine. Elle était penchée au-dessus de levier, une éponge dans une main, une casserole dans l’autre. Scène banale d’une vie conjugale, sauf que Jeanne vivait là ses dernières heures.

Jonathan se souvient de cette dernière journée dans les moindres détails. Il lui suffit de songer à n’importe quel moment de cette journée pour qu’elle lui revienne tout entière à l’esprit.

En se réveillant ce matin, il s’était juré de s’occuper de la haie du jardin, un travail déjà reporté trois fois au cours des dernières semaines. Il a dit à Jeanne qu’il en aurait certainement pour la journée, puis il est allé enfiler un vieux tee-shirt mité, un pantalon déchiré aux genoux, une paire de baskets et une casquette. Après quoi il s’est attelé à la tâche.

Ce n’est qu’à 17 h 30, après être revenu de la déchetterie, où il s’était débarrassé des branchages, qu’il s’est enfin posé sur une chaise pour souffler. Il ne s’était même pas arrêté pour manger. Il était en nage, ruisselant de sueur. Il avait soif, il avait faim. Jeanne est arrivée avec une carafe d’eau fraîche, du pain et du saucisson. Parfois elle lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il a posé sa casquette sur la table et a embrassé sa femme en la remerciant. Il se souvient d’avoir bu quatre verres d’affilée avant d’apaiser sa soif.

La sonnerie du téléphone a retenti dans toute la maison à 18 h précises. Jonathan était sous la douche, il se débarrassait d’une couche de crasse qui lui collait à la peau. C’est pourquoi il n’a rien entendu, malgré les coups répétés. C’est Jeanne qui a décroché.

Lorsqu’elle est entrée dans la salle d’eau, Jonathan s’était déjà lavé, rincé, séché et même habillé d’un tee-shirt noir et d’un bermuda beige. Elle a ouvert la porte avec précaution et s’est avancée dans la pièce. Elle portait un jean serré qui lui moulait l’entrejambe. Après treize ans de vie commune et deux enfants, le corps de sa femme le fascinait toujours autant.


– Ton père a appelé, elle a dit en passant une main dans ses cheveux noirs. Il veut qu’on vienne chercher les enfants.

– Pourquoi ne les ramène-t-il pas ? a demandé Jonathan.

– Je ne sais pas… il est probablement fatigué.

– Alors j’y vais, a dit Jonathan.

– Non ! Toi tu restes ici. Tu en as assez fait pour aujourd’hui. Je ne suis pas sortie de la journée, j’ai besoin de prendre l’air.


Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’était pas mécontent qu’elle se coltine les vingt kilomètres qui les séparaient de ses parents. Il sentait ses membres s’alourdir, la fatigue l’envelopper.

Ils ne se sont pas embrassés. Pas même de dernier baiser. Juste un regard, quelques mots lancés avec banalité « à tout à l’heure » « à très vite. » Et elle a quitté la salle de bain, la porte s’est refermée sur elle et il n’a plus jamais revu son sourire.

Il a profité du temps qui lui restait pour se mettre aux fourneaux. En repérant les légumes frais étalés sur le plan de travail, l’idée de préparer une ratatouille niçoise lui parut une évidence. En moins d’une heure, oignons, courgettes, aubergine, tomates, poivron mijotaient au fond d’une marmite, baignés d’huile d’olive.

Après avoir dressé la table et baissé le feu du gaz sous la marmite, il est allé se chercher une bière dans le réfrigérateur et s’est installé dehors sur la terrasse en bois. Il a bu une gorgée en contemplant fièrement la haie qui délimitait son jardin. Elle était belle, régulière, la base plus large que la cime afin de donner de la lumière à l’ensemble des arbustes.

Ses yeux se fermaient seuls quand il a entendu le bruit du moteur. Il a pivoté la tête du côté du portail et du grand cèdre. Naturellement, il s’attendait à reconnaître le Scénic de Jeanne avec elle à l’intérieur et les deux gamins à l’arrière, mais son regard a heurté le monospace de son père. Il était seul au volant.

Jonathan a jailli de sa chaise. Un mauvais pressentiment l’avait assailli. Il s’est approché de la dernière lame de la terrasse. Son père s’est garé, a coupé le contact puis il est sorti. À ce moment, Jonathan a su que sa vie était sur le point de basculer. « Fiston, a dit son père en lui attrapant les mains, il faut que tu sois fort, très fort. J’ai une nouvelle, une terrible nouvelle. Un accident… Tu sais, le croisement des quatre chemins… Un camion a surgi par la droite, a coupé la route au Scénic. »

Jonathan était toujours assis contre le buffet, la poupée de Louise contre lui. Lentement, il leva les yeux sur Clarisse, prit une profonde inspiration et déclara d’une voix tremblotante :


– Ils sont morts…. Jeanne, Mathis et Louise. Ils sont tous morts. Je crois qu’ils n’ont pas souffert…


Elle posa son regard sur lui. Elle ne le jugeait pas, elle le regardait avec cette lueur de tendresse qui la caractérisait.


– Je sais, elle dit en s’agenouillant à ses côtés. C’est bien…


Oui, c’était bien, même énorme. Avoué, enfin, l’inavouable. Le dire à haute voix c’était l’admettre, ne plus nier leur disparition. Il avançait enfin sur ce chemin peuplé d’ombres et de ténèbres. Grâce à elle. Grâce à Clarisse.

Elle lui prit la main, tout en douceur. Il la retira. Il ne savait même pas pourquoi. Il voulut parler, la remercier d’exister, d’être elle et personne d’autre, mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge. Il pressa nerveusement la poupée de Louise contre sa poitrine.


– Jonathan…


Jeanne ne reviendra plus. Ni Mathis… Ni Louise…


– Jonathan…


Il donnerait tout ce qu’il possède pour les revoir une journée, une heure, une minute. Les larmes lui montèrent brusquement aux yeux. Il baissa la tête et se cacha le visage de ses mains crispées.

Clarisse était une lumière, une luciole, une fée venue le sauver, le tirer des griffes de la mort. Elle avait fait bouger les lignes en lui faisant prononcer les mots bannis, les mots refoulés. Il le savait, il lui en serait éternellement reconnaissant.

Ils sont restés un certain temps l’un et l’autre dans cette grande pièce silencieuse où seul le tic-tac de l’horloge ponctuait leur sourde respiration.

Puis Clarisse s’est redressée. Elle était suffisamment intelligente pour se retirer à présent et laisser Jonathan faire seul son travail de deuil.

Elle a tourné les talons en direction de la porte d’entrée. Il a redressé la tête, les yeux et les joues trempées de larmes. Il ne l’a pas retenue. Elle a passé la porte, elle a traversé la cour, rejoint le chemin blanc de lune, franchi le portail sous le grand cèdre, atteint la route… Elle s’est est allée, sans se retourner.



 
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   Anonyme   
19/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien
La fin boucle bien, je trouve, éclaire le début. Dans l'ensemble, j'ai trouvé convaincante la construction du texte.

Il fallait cette habileté, je pense, pour me faire trouver intéressante une histoire somme toute banale (encore que ce ne soit pas tellement ce qui me gêne en l'occurrence) et surtout une fin très en demi-teinte, sans catastrophe ni subit renouveau : non, Jonathan va réapprendre doucement à vivre. C'est réaliste, ce qui n'est pas synonyme pour moi de passionnant. La narration est parvenue à me garder intéressée par l'intrigue tout du long, malgré le côté archétypal des personnages dont, finalement, on ne saura pas grand-chose ; je ne discerne pas vraiment leur caractère.

Une remarque : on est dans le milieu viticole, un "petit milieu". Je m'étonne un peu que le "porteur de hotte" n'ait pas l'air au courant du drame survenu un an auparavant, pour qu'il se permette de dire à Jonathan :
"– Hé l’instit, tu ne jouerais pas double jeu ?"
Ce ne serait peut-être pas plus mal de glisser une explication là-dessus : puisque le propriétaire, le Grand, sait, comment se fait-il qu'il n'en ait pas parlé aux autres de l'équipe ? Ou quelqu'un d'autre sur le domaine : ce genre de ragot juteux, dans un milieu fermé, ça circule...

   placebo   
21/1/2014
 a aimé ce texte 
Pas
La première partie m'a presque fait arrêter ma lecture. C'est écrit dans un style différent du reste du texte, pompeux et plein de clichés.

J'ai plus ou moins accroché à la suite, sans réussir à "y croire" malgré tout, le début de leur relation, la réaction de cet homme. Je n'arrive pas à comprendre s'il est dans le déni, la colère, la maladie… Je pense que la nouvelle a une bonne base mais qu'il faut la retravailler.

Bonne continuation,
placebo

   antares77   
10/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
ben moi ça m'a plutôt captivé cette histoire, je ne l'ai pas lâchée jusqu'au dernier mot.

C'est prenant, jusqu'aux tripes, bien au fond.

Il y a bien des petites choses qui m'ont un peu gêné, mais pas suffisamment pour que la lecture en soit rompue.

Bravo encore !

   MissNode   
13/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Les trois quarts de l'histoire, je n'imaginais pas un retournement, donc j'ai cru à la banale aventure de vendanges... pas passionnant, bien que j'ai trouvé agréable à lire.
Puis l'histoire bascule, j'ai trouvé bien mené ce moment qui permet au lecteur de se recomposer un personnage, me soulageant de la frustration de n'avoir pu m'impliquer jusqu'ici. A partir de là, le texte prend une perspective beaucoup plus aboutie, selon moi, et justifie toute la première partie (qui a parfois des longueurs à mes yeux).
Bien construit. Je ne me suis pas ennuyée au bout du compte.

   Bidis   
17/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Le début me paraît nébuleux, je ne comprends pas grand-chose et puis les vendanges et leur atmosphère sont si bien rendues, que j’oublie cette confusion de départ. Pour les scènes de sexe, je trouve qu’il y faudrait tout de même plus de subtilité mais je sais que c’est très difficile et ne pourrais donner aucun conseil à cet égard. C’est dommage parce que d’autres images font ressortir leur crudité (Par exemple : « des couverts immaculés avec leurs serviettes pliées en deux et leurs morceaux de pain. ») Mais la crudité ne suffit pas...
Cela devient très palpitant quand surgit Clarisse dans la maison. Je me suis mise à lire à toute allure tant je voulais connaître le fin mot de l’histoire. Et puis ce n’est pas ce que j’avais cru, de bien terrible, de bien gore, j’imaginais que le personnage avait trucidé tout le monde et puis il ne s’agit que d’un accident ! Et comme je suis une abominable, je suis abominablement déçue...
Petites remarques :
- On ne se taillade pas les veines avec un couteau de cuisine, surtout pas un couteau dont sont censés se servir des enfants
- « infirmières de leur état » : le « de leur état » est un peu lourd. Même remarque pour le « préparée par ses soins » (« La ratatouille niçoise préparée par ses soins »)
- « couverts, immaculés » : Répétition. Et cela déforce le mot "immaculé" dont je relève plus avant l'importance.
- « Ce dernier se plia en deux, les mains crispées sur ce qui avait été jadis ses bijoux de famille. : pas très subtil comme expression
- « Elle se dégagea, et tandis qu’il agonisait, » : trop exagéré
Bref, pour moi, du très bon et du médiocre dans ce texte que finalement j'ai lu avec plaisir.

   hersen   
1/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On ne comprend pas trop bien au début, puis on se retrouve en pleines vendanges, qui sont tout à fait bien racontées (vous avez fait les vendanges, j'en suis sûre !). C'est bien parce que ça nous donne un peu d'air, de cet air qui brasse toutes sortes de gens.
ça rend l'atmosphère légère avant d'attaquer le vrai sujet de la nouvelle.
Ce que nous prenons au début pour une petite amourette de vendanges se révèle être en fait le début du salut pour le narrateur.
J'ai aimé la façon dont vous mettez en scène le déni et la douleur de Jonathan. Petit à petit.
Bien sûr, le personnage de Clarisse est important, mais pour moi, et ce serait le seul bémol, pas au point d'être le titre de la nouvelle car le fond de l'histoire n'est pas là.

A vous lire encore.


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