Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
ALDO : Romuald
 Publié le 01/06/24  -  10 commentaires  -  1162 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

Nous venons d’une très grande famille de poètes
qui n’ont jamais rien lu, jamais rien écrit.

Les « faits divers » ont décidé de le publier.


Romuald



La source des plus beaux suicides est en amont des naissances.


Toi que je dirai mon frère,
parce que tu sais mais ne dis pas

que se jettent à la mer et les rires et les jours,

qu’aux ronces marchent les collines,
à nos genoux le sang et les retours

dans les blancs désastres du matin.


Toi, que je dirai le Complice-au-Tambour,
rythme sur les peaux tendues d’avancer et de tomber, primitif
toujours !

et dont jamais l’oubli comme un soleil ne délavera l’éclat infinitif,


lentement, je le sais, tu t’abîmes…


Les phrases, peu à peu, se perdent de notre chapitre intime.


Les entends-tu encore, dans le soir carcéral,
tomber sur la tôle d’un toit invisible
ces amandes jumelles du Jardin de Sophia ?


C’était, sous un grand arbre de fleurs blanches,
deux enfants accroupis, une tristesse à la main
comme une prière.


Quelque part, le mauve du ciel infusait patiemment dans les pierres.


« Philippine ! »


Elle t’avait choisi.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Pouet   
3/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

ça commence fort avec une conscience prénatale, j'aime bien les consciences prénatales...
Beaucoup de formules me plaisent, j'en retiens deux parmi mes préférées:
" dans les blancs désastres du matin."
et "le soir carcéral", faut bien faire bonne mesure.
non allez, trois: "une tristesse à la main
comme une prière."
La poésie du texte me parle, je "l'entends" cette poésie, je l'entends pas toujours, faut dire que je suis dur de la feuille de chêne.
Pas forcément envie ni besoin de livrer mon "interprétation" ou mes résonances internes, profondes et métaphysiques.
Juste, c'est un très beau texte.

   BlaseSaintLuc   
20/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le poème "La source des plus beaux suicides est en amont des naissances" est une œuvre complexe et évocatrice, jouant sur des thèmes sombres et philosophiques, tels que la fatalité, la mémoire, et la tristesse existentielle. Voici une analyse détaillée de ce texte :

Structure et Forme
Le poème est libre de toute contrainte formelle stricte, ce qui lui confère une fluidité et une spontanéité qui reflètent l'intensité émotionnelle des sujets abordés. Les vers varient en longueur et le poème ne suit pas de schéma de rimes particulier, soulignant le caractère désordonné et imprévisible de la vie et de la pensée humaine.

Thèmes et Symbolisme
La Fatalité et le Désespoir : Dès le premier vers, "La source des plus beaux suicides est en amont des naissances", le poème établit un ton sombre. Il suggère que le désespoir et la tragédie sont intrinsèquement liés à l'origine même de la vie.

La Complicité et la Connaissance : Le narrateur s'adresse à un interlocuteur qu'il appelle "mon frère" et "le Complice-au-Tambour", soulignant une relation de profonde complicité basée sur une compréhension tacite et partagée du désespoir et de la condition humaine.

Le Passage du Temps et la Mémoire : Il est question de la perte progressive de phrases et de souvenirs ("Les phrases, peu à peu, se perdent de notre chapitre intime"). Cela évoque la dissolution inévitable de la mémoire et des expériences dans le flux du temps.

L'Enfance et l'Innocence Perdue : L'évocation de "deux enfants accroupis, une tristesse à la main comme une prière" sous un "grand arbre de fleurs blanches" suggère une scène d'innocence empreinte de mélancolie, symbolisant peut-être la pureté perdue et le poids des souvenirs d'enfance.

Le Mystère et la Révélation : Le poème se termine par une révélation personnelle et intime ("Elle t’avait choisi"), ajoutant une dimension de destin et de choix individuels au tissu de l'expérience humaine.

Analyse Stylistique
Le poème utilise une série d'images fortes et souvent énigmatiques. Les "blancs désastres du matin" et "le soir carcéral" sont des expressions visuellement puissantes qui évoquent des sentiments de désespoir et d'enfermement. La métaphore des "amandes jumelles du Jardin de Sophia" ajoute une touche de mysticisme et de symbolisme religieux, renforçant le caractère sacré et mystérieux des thèmes abordés.

La syntaxe est fragmentée, ce qui reflète la nature brisée des pensées et des sentiments évoqués. Les enjambements et les pauses au milieu des vers créent une cadence irrégulière qui souligne la tension et l'incertitude sous-jacentes.

Le poème est profondément émouvant et stimulant. Il aborde des thèmes universels avec une sensibilité et une profondeur qui invitent à la réflexion. Les images poétiques et le langage évocateur créent une atmosphère à la fois mystique et introspective, capturant l'essence des luttes intérieures et des souvenirs douloureux.

Le texte réussit à évoquer une gamme d'émotions tout en restant fidèle à une esthétique sombre et mélancolique. Il rappelle les œuvres de poètes existentialistes et symbolistes, en particulier dans sa capacité à mêler le quotidien à des questionnements philosophiques plus larges.

En conclusion, ce poème est une exploration riche et complexe des thèmes de la fatalité, de la mémoire, et de la tristesse. Il utilise un langage puissant et des images évocatrices pour créer une œuvre qui résonne profondément avec le lecteur, offrant une réflexion poignante sur la condition humaine.

   Eskisse   
1/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Aldo,

C'est -le désespoir autour du cou- "ou la "tristesse à la main" que l'on lit le début du poème.
Ce qui me frappe c'est la surprise que crée chaque image comme surgie d'un ailleurs envoûtant.
Une écriture sensible et légère.

Merci.

   Robot   
1/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je suis frappé par la sensibilité de l'écriture et par la poésie des images. Je me suis senti enveloppé par un halo de nostalgie et de tristesse.
Je n'en dirai pas plus.

   papipoete   
1/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour ALDO
il est des textes dont, dans en avoir compris le thème, les images nous transportent et nous enveloppent d'une aura de soie, d'une couverture pour ne pas prendre froid de tristesse.
Nous étions comme les doigts de la main, inséparables face à toute chose, jusqu'à ce qu'Elle...
Philippine
vienne et te choisisse, t'enlève à moi...
NB ainsi va la vie, selon mon scénario, et quand l'amour passion lézarde l'amour inné, on voudrait s'arrêter de vivre.
je ne peux décrire ces vers, car étant suggestifs, me laissant interrogatifs ; mais chacun me trouble, m'émeut
mais la première strophe me plaît plus particulièrement !

   Myndie   
1/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Aldo,
je vais d'abord demander pardon à Pouet car mon ressenti est si proche du sien qu'il pourrait me reprocher de le paraphraser ; mea culpa, j'aurais dû prendre le temps de commenter en EL.
Le premier vers, aussi intrigant que magnifique, aurait pu constituer l'incipit de votre poème. C'est lui qui m'a tout de suite « accrochée ».
Pour moi, pas besoin d'explications qui flirtent avec l'IA, pas la peine d'intellectualiser et de tout expliquer ; tout simplement se laisser envahir, habiter par les émotions que vos vers suscitent.
Ceux-ci par exemple qui ont une incroyable puissance poétique :
« et dont jamais l’oubli comme un soleil ne délavera l’éclat infinitif, »
«  deux enfants accroupis, une tristesse à la main »
« Quelque part, le mauve du ciel infusait patiemment dans les pierres. »
Ce texte pourtant sombre, est auréolé d'une tendresse et d'une lumière qui en font plus un chant mélancolique qu'un thrène désespéré.

J'aime quand un poète réussit à me faire partager son émotion tout en me laissant apporter mes propres matériaux et voir au-delà de ses mots.

Merci pour ce partage Aldo.

   Cristale   
1/6/2024
Bonjour ALDO,

Désolée de nager à contre-courant mais je n'ai pas réussi à réunir suffisamment de neurones viables capables d'éclairer mon cerveau primitif. En bref, je n'ai rien compris de ces vers qui me sont inaccessibles :
"qu’aux ronces marchent les collines,
à nos genoux le sang et les retours"
"Toi, que je dirai le Complice-au-Tambour,
rythme sur les peaux tendues d’avancer et de tomber, primitif
toujours !"
"et dont jamais l’oubli comme un soleil ne délavera l’éclat infinitif,"
"les amandes jumelles du Jardin de Sophia ?"

Les Jardins de Sophia dans la réalité sont une unité de soins des malades Alzheimer :
Ce qui pourrait expliquer :
"Les phrases, peu à peu, se perdent de notre chapitre intime."

Je me pose des questions quant aux "amandes jumelles".
Est-ce que les deux personnages, celui qui parle et celui à qui s'adressent ces paroles se sont retrouvés dans le monde du troisième âge et de la maladie de Romuald, celui que Philippine avait choisi entre les deux "frères" autrefois ?

Sinon, je trouve jolies quelques expressions :
"... se jettent à la mer et les rires et les jours,"
"lentement, je le sais, tu t’abîmes…"

Je ne note pas par honnêteté car je reste avec plusieurs points d'interrogation en suspens au-dessus de ma tête. Je me rends compte que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre en matière de poésie :)

   Provencao   
3/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour ALDO,

J'ai beaucoup aimé votre déclaration, votre vérité, votre mystère et cette belle initiation de l'aveu en vos vers.


"Toi que je dirai mon frère,
parce que tu sais mais ne dis pas

que se jettent à la mer et les rires et les jours,

qu’aux ronces marchent les collines,
à nos genoux le sang et les retours

dans les blancs désastres du matin."


Si le dévoilement du dire se trouve au mauve du ciel, il s’efforce de prendre, on pourrait même penser et dire que la vérité habite le souvenir, les années passées, les générations passées.

Sublime écrit.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   EtienneNorvins   
8/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Votre texte m’a avalé comme la baleine engloutit Jonas – et il m’ a fallu du temps avant de pouvoir m’y frayer un chemin. Quand ce fut possible, la route était celle, de plus en plus hasardeuse, incertaine, d’un saumon, de l’embouchure vers la source, des derniers vers les premiers vers et l’incipit.

Un double dédoublement me semble être la cause de ma désorientation :

- dédoublement des lieux : le locuteur ‘je’ parle depuis un ‘ici’ non précisé, d’un ‘ailleurs’ dont il se souvient et qu’il décrit comme un Jardin (v.16) que domine un amandier aux fleurs en effet blanc rosé.

- dédoublement des personnages : au locuteur ‘je’ vivant s’oppose un ‘tu’ dont on peut penser qu’il est ‘disparu’ (v.1), sans que l’on puisse déterminer lequel des deux est le ‘Romuald’ du titre. Par son étymologie (Hrod / Ruom, glorieux / Wald, gouverner), ce nom semble trop ‘glorieusement installé’ pour être celui du ‘tu’ (qui s’abîme – v.12). Peut être est-ce donc celui du locuteur – et pour la première fois, ce portrait serait donc un ‘auto-portrait’ ?

Toujours est-il que par cette étymologie germanique, ‘Romuald’ semble être de la même lignée que ‘Ludovic’ – se pourrait-il même qu'ils soient les « deux enfants » du vers 18 ?

Mais à ce dédoublement d’obscurs Dioscures ‘germaniques’, qui n’est pas sans évoquer Les Météores de Tournier, s’ajoute un dédoublement par les prénoms féminins ‘grecs’ : Sophie et Philippine. Ce dédoublement est peut être une illusion d’optique : Sophie me semble plutôt la Sagesse, et son Jardin évoque alors irrésistiblement celui d’Epicure. L’action remémorée a donc eu lieu entre Dioscures philosophes ?

Cette action est articulée autour d’une ‘amande’ et de ‘Philippine’. Faire philippine est en effet un jeu : vous l’avez confirmé dans votre retour sur commentaire ! - jeu où deux personnes, s’étant partagé deux amandes jumelles, conviennent que la première à dire « Bonjour, Philippine » lorsqu’elles se reverront sera la gagnante. Je cite ici le dictionnaire de l’Académie française – qui précise l’origine germanique de cette Philippine : forme altérée ici de l’allemand ‘Vielliebchen’, « bien-aimé » - probablement parce que la réunion d’amandes jumelles dans une même coque était considérée comme le symbole d’une grande passion. Philippine est donc le pont entre ‘germanisme’ et ‘hellénisme’ ?

Et l’amande a donc par jeu choisi le ‘tu’ – mais était-ce seulement un jeu ou cette 'amande' suggère-t-elle une 'amante', et par là, une rivalité amoureuse entre les Dioscures ? Voire un sentiment amoureux ‘impossible’ (carcéral, v.14) entre ces Dioscures ? Car il y a bien entre eux une forme de communauté que suggère le frère du vers 2, qui devient le déroutant ‘Complice-au-Tambour’ du vers 8, qui va jusqu’à un ‘chapitre intime’ au vers 13. La base de cette complicité semble être évoquée au début du texte, du vers 2 au vers 11.

L’amande est fraîche. Donc d’un vert très pâle. Sans doute en effet amère – l’amertume se perd quand l’amande sèche, donc quand on a la patience d’attendre. Le vers 20 (le plus beau de tous, à mon goût…) cite cette patience ; le « mauve du ciel » qui infuse dans une pierre la rend-elle « améthyste », c’est-à-dire « impropre à l’ivresse » ? Ce qui renverrait à la sagesse ‘philosophique’ et non ‘passionnelle’ qu’on attend du Jardin de Sophie ?

A partir de là – il me semble qu’à l’inverse, je commence à divaguer. Car cette améthyste précède le choix du destin ‘philippique’ - un destin rare : de l'amandier, une fleur seulement sur trois donne un fruit (selon Wikipedia...) ; et de ces fruits, la probabilité d'y trouver des amandes jumelles, propres à 'faire philippine', est très faible.

L’un des deux (‘tu’) est ainsi choisi – et ce dernier vers fait boucle avec le premier : choisi sans doute dès avant sa naissance. Il est l'Elu.

Mais étrange élection : votre retour sur commentaire suggère qu’à lui échoit l’amertume. N’a-t-il pas su attendre ? Etait-il trop impatient ?

Confusément, c’est la figure de Rimbaud qui s’impose à moi (v.4-6 ; ‘primitif’ du vers 9, qui n’est pas sans évoquer le ‘mauvais sang’ du début de la Saison ; et ce mystérieux incipit…) – et ces Dioscures sonnent alors un peu comme le couple Paul / Arthur… Quelque chose aussi tourne autour de l’écriture (encore l'incipit). ‘Je’ écrit : la preuve par ce texte ; mais il semble moins ‘hanté’, moins ‘voyant’ ? que ‘tu’. Lequel s’est ‘tu’ ou se tait, et ses paroles se perdent (v.13). Il est pourtant évoqué au présent (v.3, v.12) : le ‘suicide’ du vers 1 n’est donc pas une mort physique. Une mort à l’écriture ?

Une autre figure double m’apparaît alors en filigrane, mais féminine. Marthe et Marie – avec cette pointe de jalousie chez Marthe contre sa sœur qui est ‘choisie’ – qui a la ‘meilleure part’.

Lequel ici a cette meilleure part ? Impossible à dire. Un deuil est à l’œuvre chez l'un comme chez l’autre – différent quoique l’origine en soit commune (vers 13 / vers 2).

Passé ce point, je ne peux plus que me laisser bercer par le rythme des mots. Je ne comprends plus. J’admire, c’est tout.

Demande-t-on une explication, un pourquoi, à la houle sous le vent qui scintille au soleil ? A la baleine qui vous recrache transfiguré sur le rivage ? Non. On les remercie du voyage intérieur qu’elles suscitent.

Merci, Aldo, pour ce texte habité.

   cervantes   
12/6/2024
Je n'ai aucune appétence pour la poésie libre à laquelle je ne "comprends" pas grand chose, le langage des signes m'étant inconnu.

Une émotion chez moi nait d'une phrase construite non d'une juxtaposition de mots improbables sans lien et le plus souvent dissonants. Il est vrai que certains arrivent à écouter Boulez! Je n'ai pas cette chance et je m'en remettrai au commentaire de Cristale que je partage en tout point, sans avoir le talent de le dire aussi bien. Je la remercie en tout cas d'avoir débrouillé une partie de l'énigme en explicitant "les jardins de Sophia". Idem pour "Philippine" que vous expiquez dans le forum. A ce propos, il me semblerait naturel de donner au lecteur la signification d'un terme inconnu de tous en annexe. Ce n'est pas au lecteur de faire un effort de recherche mais à l'auteur de faire un effort d'intelligibilité dans le texte ou en annexe, me semble-t-il...

Comme ma digne consoeur, impossible pour moi d'émettre une note car n'étant pas un spécialiste du domaine, je ne le comprends pas.
Au plaisir de lire de vous des écrits qui m'aideront à vous entendre...


Oniris Copyright © 2007-2023