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Poésie contemporaine
Arielle : Dans tes souliers
 Publié le 15/10/13  -  15 commentaires  -  636 caractères  -  426 lectures    Autres textes du même auteur

Pour Basile, maçon immigré du Frioul, venu chez nous dans les années cinquante.


Dans tes souliers



Dans tes souliers tu avais cru
vieil homme
emporter ta montagne

Toi l’exilé
tu as couru
les plaines nues et les campagnes
rompu ton pain loin de tes mânes

Tu t’es usé à corps perdu
bâtissant à chaux et à sable
avec toujours
au cœur cousu
l’ample plissé de tes montagnes
à l’horizon de tes efforts

Aujourd’hui tu cherches l’issue
de cette vie
frêle et fourbu

Aux murs de cette chambre nue
ton rêve encore
est chevillé
au rude pays de cocagne
perdu là-bas dans ces montagnes
que tu n’auras jamais revues


 
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   Robot   
28/9/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Voilà un poème plein de bons sentiments.
Belle entrée par les 3 premiers vers et quelques vers à remarquer:
"l’ample plissé de tes montagnes
à l’horizon de tes efforts"
Pourquoi ai-je cependant de la peine à trouver une crédibilité à ce texte qui au final, malgré son sujet n'atteint pas ma sensibilité:
D'abord, pourquoi aurait-il quitté "ce rude pays de cocagne perdu la bas dans les montagnes".
Belle rédaction mais n'est-il pas illogique de quitter un pays de cocagne pour s'en aller chercher misère ? Je trouve au texte un excès de misérabilisme peut-être parce que descendant d'un modeste plâtrier Lombard arrivé en France dans l'entre-deux guerres mondiales, j'ai du mal à imaginer qu'un maçon arrivé du Frioul dans les années 50 n'a pas pu retourner voir ses montagnes depuis. La nostalgie en poésie doit s'ancrer dans une certaine réalité générale et le cas poétiser ici m'apparaît trop particulier et dénote à mon sens le refus de dépasser une désespérante soumission à une fatalité.
Bien pour l'écriture. J'ai hésité à placer un moins pour marquer une certaine déception. En tout cas, sans plus, en raison des explications que je précise ci-dessus quant à la crédibilité du sujet.

   Anonyme   
4/10/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un trajet sobre, élégant je trouve ; ce poème me frappe par son mouvement assuré et son laconisme efficace, qui n'empêche en rien l'émotion ! (Au contraire.)
Le retour du son "u" en fin de plusieurs vers, sa présence insistante en leur sein, est à mon avis une trouvaille ! Il dit l'aigu d'une vie pointue, qui blesse, est acéré comme la crête des montagnes.

Il est facile avec ce sujet de tomber dans le pathos, le dégoulinant. Ici, tout est sec et abrupt comme un à-pic. Ce poème est pour moi une merveille d'intelligence et d'équilibre ! Je ne vois pas un mot à retirer ou à changer... C'est simplement parfait.

EDIT (un peu plus tard) : Voilà plusieurs fois que j'y reviens... vraiment je ne m'en lasse pas. Superbe rythme !

   Pimpette   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Socque dit tout ce que je pense aussi!

Quelle belle plume distinguée, sobre, légère, sans rien de tarabiscoté,sans rond de jambe...ce qui rend le texte émouvant par sa dignité...On est vraiment en poésie!

Je suis touchée par le com de Ludi!
On voit bien que je n'ai jamais été dans la situation de ces exilés!
Je ne devrais JAMAIS commenter ce que je ne connais pas!
PImpette la gourde!

   Anonyme   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Combien d'hommes comme lui ont quitté leur pays avec l'espoir d'une vie meilleure, surtout pas misérable.
Certains ont réussi; d'autres moins. Ce n'est pourtant pas le pain sur la planche qui les a rebutés. Mais dans la vie il faut faire aussi avec la part de chance que le sort dispense à chacun de nous.

   David   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle,

Un air de lettre au père Noêl, mais à son intention pour le coup, un petit cadeau pour ses propres souliers, ce poème chantant. Ce n'est pas comme un chant du terroir sur un vieux paysan vissé à sa terre, ça m'évoque d'autres poèmes comme ça, mais ça prend un autre chemin, sur l'exil, sur l'ailleurs. Il y a un air d'épitaphe aussi, le futur de la fin annonce bien que son rêve est perdu pour toujours, qu'il aura été la seule réalité de ce voyage rêvé, comme beaucoup d'espoirs sans doute qui ne vivent que dans ceux qui les portent.

   leni   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Arielle
Bien sûr on quitte un endroit pour un autre avec l' espoir de trouver mieux Parfois on n'a même pas le temps de terminer "l'exode"
Si on y arrive parfois c'est un aller sans retour D'où que l'on vienne
Ce sujet a été souvent traité Mais ici nous sommes devant un écrit très particulier sur ce thème Expression brève et imagée avec une
une recherche des sonorités Avec un écho montagne d'un son à l'autre et parfois l'écho de l'écho C'est très beau J'aime l'ensemble
et je suis un peu distant devant"à chaux et à sable" "pain loin de tes mânes"Mais je trouve tout à fait superbe "les souliers qui emportent
la montagne"et "au coeur cousu..."Arielle merci je suis avec plaisir
l'évolution de ta plume depuis ton herbier :mon point de référence
Pour moi mais c'est seulement un avis j'évoquerai un impressionnisme sonore Salut très cordial à toi Leni
Reedit: ce type d'écrit peut laisser un manque quant au fond de l'histoire à propos de la quelle on est en droit s'interroger Tout dépend du lecteur

   senglar   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Arielle,


Bien entendu c'est bien. Il n'y a pas à ergoter là-dessus :)

Peut-être trop marqué au sceau de l'empirisme. L'empirisme ne spécule pas, j'aurais aimé lire de l'expérimentation chez cet immigré. Or il subit dès le début même un éventuel espoir. L'issue en devient automatiquement la faillite de ne pouvoir retrouver même ses racines, comme beaucoup d'immigrés d'ailleurs. Manque de moyens financiers ou s'est-il coupé de ses racines ? A-t-il encore des racines ? A-t-il la honte d'affronter ses racines ? Ce texte est noir, très noir.

- Pourquoi "Basile" ? Y a-t-il un rapport avec la chanson ou... l'Empire Byzantin ?
- Techniquement on bâtit à ciment et à sable. La chaux est pour le dedans.
- "Frêle" me semble renvoyer à une éventuelle ossature, or cet homme est un homme de peine, de force et d'endurance.
- Bien sûr son pays de cocagne est rude et on a une alliance de mots rares, mais un pays de cocagne (Eldorado) peut-il être rude ?

Des images simples mais belles : 1ère et 3ème strophes.


Senglar-Brabant

   Anonyme   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Pas
J'ai sincèrement du mal à reconnaître l'auteur, tant ce texte me semble modeste, chiche, et je m'arrête là.
Réduire un exil à ces descriptions convenues, banaliser le voyage avec ces images d'épinal, me semble faire peu de cas des Basile.

Les émigrés du Frioul des années 50 ont une autre dignité que de vieillir dans une chambre nue, un autre courage que d'être frêles et fourbus. Les italiens sont les premiers à être repartis chez eux au cours des années 60. Ceux qui sont restés ont vécu modestement, mais heureux, intégrés et entourés de leurs enfants. Certainement plus fiers que ces insipides souvenirs mélancoliques.

"Un rude pays de cocagne" : qualifier de pays de cocagne (sorte de paradis terrestre) un pays qu'on a dû quitter à cause de la misère, est assez risible. Rattraper la bourde en lui collant un " rude " , c'est carrément un conte pour enfants demeurés.

Pauvre Basile ! On pourra toujours en trouver un comme lui... Mais être réduit à un petit vieux qui a trimé toute sa vie pour se retrouver minable au point de n'avoir jamais PU revoir ses montagnes ! Ben moi ça me mettrait en rogne. Car c'est bien le sens des derniers vers, trempés dans la guimauve.
S'il est une chose qu'un immigré italien, espagnol ou portugais faisait, c'était bien retourner voir ses montagnes une fois par an pendant un mois. Alors pourquoi ce misérabilisme ?
Franchement, un peu de respect ! :)

   Anonyme   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pourtant ce n'est pas seulement l'exil. C'est une vie aussi. Je trouve ce poème remarquable. En effet, l'écriture et ce qui est dit, tout cela relève de la distiction. J'ai lu comme on lit un roman ou une nouvelle. J'ai lu comme on lit la poésie. J'ai lu comme on regarde un paysage.

C'est très beau.

   Anonyme   
16/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Arielle... Je pense que Basile existe vraiment sans toutefois représenter toute une génération d'immigrés italiens , ou autres, de cette époque... La chambre nue est peut-être une chambre d'hôpital où, frèle et fourbu compte tenu de son âge, il attend le grand départ en songeant à ce que fut sa vie.
Deux points me chagrinent un peu :
- rude et cocagne pour qualifier un pays me semblent contradictoires.
- pourquoi, en plus d'un demi siècle, n'a t-il jamais revu ses montagnes ?

J'ai bien apprécié le pain rompu loin de ses mânes tout comme l'ample plissé de ses montagnes...

Ni Faible ni Exceptionnel à mes yeux, c'est un poème qui part d'un bon sentiment mais qui suscite quand même quelques interrogations et c'est fort dommage.
En attendant un éventuel éclaircissement concernant les zones d'ombre précitées, je réserve mon appréciation.

Edit. Je comprends mieux et sous cet angle je trouve cet hommage à Basile, paix à son âme, Très bien... avec un petit moins pour le rude pays de cocagne

   troupi   
16/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Arielle.
J'apprécie l'audace d'avoir écrit tout ce poème sans l'ombre d'une ponctuation et surtout d'avoir pour compenser su le rythmer afin de le rendre vivant.
J'apprécie sa sobriété et la manière dont tu salues le courage de ces gens qui ont tout quitté pour nourrir leur famille au prix de sacrifices incessants et ton poème leur rend un hommage bien mérité.
J'apprécie toujours autant ton écriture qui va à l'essentiel sans se perdre dans les méandres de la lourdeur.
Merci pour cette belle lecture et à bientôt.

   Arielle   
16/10/2013

   melancolique   
23/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Arielle,

C'est un texte très beau et très touchant. Le style d'écriture est fluide, et musical, avec cette élégance qui caractérise toujours vos poèmes.

Tout me plait, et surtout la fin triste et chargée d'émotions:
"Aux murs de cette chambre nue
ton rêve encore
est chevillé
au rude pays de cocagne
perdu là-bas dans ces montagnes
que tu n’auras jamais revues"

Merci beaucoup pour cette lecture.
Au plaisir de vous relire.

   Anonyme   
26/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Non, Arielle, je n'avais pas oublié ce beau poème, élégant et touchant par sa sobriété et sa pertinence évocatrice.

Je suis étonné du grief d'invraisemblance qui t'est par ailleurs adressé. Non rien de rien, cela m'est bien égal. Tiens c'est comme le" bateau ivre", entre nous, est-ce bien raisonnable l'histoire de ce bateau bourré qui tout soudain ne se sent plus guidé par ses haleurs au motif qu'ils ont été cloués nus au poteau de couleurs par de vilains peau-rouges gueulards. Vous en avez-vu beaucoup, vous des chemins de halage fréquentés par des indiens ? ça ne tient pas la route une seconde !

Depuis quand, le poéte doit-il se soucier de vraisemblance. Du coup, on en viendrait à regretter le petit mot de présentation qui fout la panique chez les commentateurs. "Oui, mais moi, mon père, mon oncle, mon grand-père, c'était pas comme ça... "

La force de ce texte, c'est la silhouette parfaitement stylisée d'un homme et d'une vie " sur fond de montagnes dans les brumes de l'enfance. Pour moi, le rapport mots/émotion est très élevé, d'autant plus puissant que chaque mot, chaque vers y tient exactement sa place et son rôle.
C'est précisément ce que j'attends de la poésie, cette formule alchimique idéal qui rend le lecteur un poil différent pour lheure ou la journée qui suit.

Bien cordialement

   Dyonisos   
5/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je voyageais sur la planète Oniris et ne regrette pas de m'être arrêté sous ce poème fort réussi...
Merci Arielle.


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