Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
framato : Vrigne-Meuse [concours]
 Publié le 25/11/18  -  11 commentaires  -  2395 caractères  -  114 lectures    Autres textes du même auteur

« Mourir le dernier jour de la guerre, c’est mourir deux fois. »
(Commandant Charles de Menditte)


Vrigne-Meuse [concours]



Ce texte est une participation au concours n°26 : Centenaire de l'Armistice 14/18
(informations sur ce concours).





____________________________________________Onze novembre mille neuf cent dix-huit
____________________________________________Dix heures cinquante minutes
____________________________________________Il y a quatre heures vingt
____________________________________________Qu’on parle de l’armistice
____________________________________________Ce sera pour onze heures




Six heures trente
Tous le savent maintenant
Mais il y a les ordres
Donnés la veille

Franchir la Meuse
Franchir la Meuse
Pour gagner la guerre
Franchir la Meuse
Coûte que coûte

Sept heures
On chante l’air du régiment
Le chant du quatre cent quinzième
L’air de la division
Le chant de la cent soixante-troisième
Sur le champ de bataille

Et la mitraille d’en face siffle nos mélodies
Par-dessus nos rêves trempés
Au-delà de nos têtes baissées
Dans la gadoue d’un frais matin

Huit heures cinquante
Les obus tombent encore
La journée s’annonce merveilleuse
Sous le soleil rasant

Neuf heures
Et le moral des troupes s’affermit encore
Nous essayons de rester en vie
Nous essayons de garder le terrain
Nous essayons de sortir enfin de là
Des mouchoirs blancs fleurissent nos fusils

Dix heures quarante-cinq
L’église du village tremble
Le dernier feu d’artifice
La fait vibrer
Et sa colonne vertébrale
Se fendille

Augustin se redresse à dix heures cinquante minutes*
Il voulait voir l’église
Il a vu Dieu

La dernière balle
Du dernier tirailleur
Lui a transpercé la tête
Et il a vu Dieu, droit dans les yeux




* Augustin Trébuchon, dernier poilu tué sur le front occidental a été déclaré mort le 10 novembre.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Bidis   
8/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un beau texte. Avec l'harmonie et le rythme que, personnellement, j'attends dans un poème.
Le thème est attendu mais il correspond tout à fait aux contraintes du concours.
Et j'ai beaucoup aimé "il a vu Dieu, droit dans les yeux". On sent dans ce vers, je trouve, toute l'affreuse injustice du destin.

   Coeurdeloup   
8/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Derniers instants dans les tranchées, derniers instants de la guerre et pour finir dernier instant de cette dernière victime qu'on a annoncé mort le 10 novembre alors qu'il serait mort le 11 novembre. Mais comme vous le mentionnez « Mourir le dernier jour de la guerre, c’est mourir deux fois. »

Le sujet du concours est respecté, le rythme soutenu et l'opposition entre les dernières échauffourées et l'imminence de l'armistice bien décrites.

   Anonyme   
12/11/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Un poème assez peu agréable à lire. C'est saccadé, avec une sorte de faux rythme qui ne me semble pas correspondre à quoi que ce soit. Je ne retrouve pas d'images fortes, j'ai plus l'impression de lire un journal intime qu'un poème.
Par ailleurs, c'est le second que je lis sur le même thème du dernier soldat mort au front...pas très original.
Enfin je crois que les tirailleurs étaient des soldats français, donc il ne peut se faire tuer par eux.

   Corto   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce texte est un peu laborieux.
Il reprend des faits décrits par des reportages mais sans rien apporter en plus. Ni émotion ni images évocatrices qui pourraient en faire un poème.
C'est plutôt une chronique lue dans un "journal de soldat".
Bonne continuation.

   papipoete   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a longtemps maintenant, une éternité, que l'on parle d'armistice ; la fin du cauchemar, mais on nous commande de continuer, et même franchir la Meuse pour gagner cette foutue guerre, cette faucheuse qui coupe nos vies dans sa moisson de toute saison ! Même l'église tremble encore, quand Augustin sort de son trou et qu'une balle ennemie le troue ...
NB elle n'en finit pas de finir cette guerre, alors que les chefs couverts de décorations, fument sûrement le cigare et trinquent à la paix !
On n'est pas à quelques morts près en haut-lieu, quelques qui additionnées dans toutes les tranchées, firent combien au total ?
La dernière strophe est forte, répondant à la précédente comme un ultime constat ...

   plumette   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai du dépasser les trois premières strophe pour entrer dans le poème. Car au début c'est très factuel. Même si je comprends bien qu'il faut poser le contexte, je pense qu'il y a moyen de faire plu léger.
C'est dommage que vienne de paraître un texte sur le même sujet car l'effet de surprise est gâché. Mais cela l'auteur ne pouvait le deviner.
J'ai été un peu gênée par les changements de point de vue. Tantôt c'est un narrateur omniscient, tantôt on entend la voix des poilus.
Sinon la fin est prenante, elle est assez visuelle et finalement quand la fin est bonne on oublie qu'on a moins aimé le début.

Plumette

   Anonyme   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Deux textes qui se suivent dédiés à la mémoire de Augustin Trébuchon, c'est bien.
Cette guerre a décimé des millions de soldats, mais mourir à quelques minutes de la fin du feu reste une horrible malchance.

J'ai préféré ce texte dans sa deuxième partie où j'ai trouvé la poésie plus présente.

" Et il a vu Dieu, droit dans les yeux " belle image.

   pieralun   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’aime cette idée du compte à rebours reconté au sein d’une troupe.

Un beau 4ème quatrain.

J’aime les vers:
-des mouchoirs blancs fleurissent nos fusils
- et il a vu dieu, droit dans les yeux.

   Cristale   
26/11/2018
Un texte bien mené dont la disposition des vers impulse un rythme agréable à la lecture.

"Et la mitraille d’en face siffle nos mélodies
Par-dessus nos rêves trempés
Au-delà de nos têtes baissées
Dans la gadoue d’un frais matin"

Le temps, comme suspendu dans un ralenti d’espérance, prend ici une dimension angoissante dans ce compte à rebours finalement dramatique.

À l'avant-dernière strophe je n'aurais pas écrit "il a vu Dieu" puisque l'expression est reprise, et de bien meilleure façon, au dernier vers.

Permettez-moi de suggérer, malgré l'incohérence du mot ' tirailleur' qu'il faudrait sans doute revoir :

"Augustin se redresse à dix heures cinquante minutes*
Il voulait voir l’église

La dernière balle
Du dernier tirailleur
Lui a transpercé la tête
Et il a vu Dieu, droit dans les yeux "

   jfmoods   
27/11/2018
Le titre du poème ("Vrigne-Meuse") annonce le cadre historique du récit.

Les cinq premiers vers, construits sur une analepse ("Il y a quatre heures vingt") et une prolepse ("Ce sera pour onze heures"), ont vocation à fixer l'échelonnage d'un temps qui va se dévider inéluctablement au fil du texte jusqu'à l'heure fatale ("Six heures trente", "Sept heures", "Huit heures cinquante", "Neuf heures", "Dix heures quarante-cinq", "dix heures cinquante minutes"). Ce procédé de mise en perspective renforce l'enjeu tragique du poème.

La fin prochaine des hostilités ("on parle de l’armistice", "Tous le savent maintenant") se heurte à la nécessité d'affermir jusqu'au bout les positions pour arriver en force à la table des négociations ("il y a les ordres / Donnés la veille", leitmotiv obsédant : "Franchir la Meuse / Franchir la Meuse / Pour gagner la guerre / Franchir la Meuse / Coûte que coûte", "Nous essayons de garder le terrain").

Au fur et à mesure où l'espoir des soldats croît ("On chante l’air du régiment / Le chant du quatre cent quinzième / L’air de la division / Le chant de la cent soixante-troisième / Sur le champ de bataille", "Et la mitraille d’en face siffle nos mélodies / Par-dessus nos rêves trempés / Au-delà de nos têtes baissées / Dans la gadoue d’un frais matin", "La journée s’annonce merveilleuse / Sous le soleil rasant", "Nous essayons de sortir enfin de là / Des mouchoirs blancs fleurissent nos fusils"), une sourde menace plane ("Les obus tombent encore"), comme une foudre qui va s'abattre (personnification : "L’église du village tremble / Le dernier feu d’artifice / La fait vibrer / Et sa colonne vertébrale / Se fendille"). Il est l'heure à présent, pour le soldat Trébuchon, de rencontrer son destin ("Augustin se redresse à dix heures cinquante minutes* / Il voulait voir l’église / Il a vu Dieu / La dernière balle / Du dernier tirailleur / Lui a transpercé la tête / Et il a vu Dieu, droit dans les yeux").

On peut donc poser cette hypothèse de lecture...

I) Un armistice imminent

1) Des chefs obsédés

Les gradés veulent arriver en position de force à la table des négociations (leitmotiv : "Franchir la Meuse / Franchir la Meuse / Pour gagner la guerre / Franchir la Meuse / Coûte que coûte").

2) Des soldats pleins d'espoir

L'optimisme est enfin à l'ordre du jour pour les conscrits ("La journée s’annonce merveilleuse / Sous le soleil rasant", "Nous essayons de sortir enfin de là / Des mouchoirs blancs fleurissent nos fusils").

II) Chronique d'une mort annoncée

1) Une mise en perspective habile

Ouvrant le poème, l'analepse ("Il y a quatre heures vingt") et la prolepse ("Ce sera pour onze heures") ont vocation à cloisonner l'événement, à inscrire la mort d'Augustin dans une tenaille temporelle.

2) Des signes avant-coureurs

Une menace plane ("Les obus tombent encore") et la foudre soudain s'abat (personnification : "L’église du village tremble / Le dernier feu d’artifice / La fait vibrer / Et sa colonne vertébrale / Se fendille").

Je crois bien reconnaître, dans le style de ce poème, dans la manière allusive, subtile, de circonvenir le lecteur, de l'amener précisément où l'on veut, une certaine plume talentueuse du forum.

Une dernière chose... La mise en perspective avec "Le der de la Der" est fascinante par la complémentarité qu'elle révèle : l'autre poème voit l'événement de l'intérieur, à travers la conscience d'un homme écrasé par le sort ; celui-ci les considère de l'extérieur et la mort y apparaît comme la rencontre obligée du destin.

Merci pour ce partage !

   solo974   
21/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour framato,
J'aime beaucoup votre poème.
L'incipit, tout d'abord : quelle citation poignante !
La mise en page m'a également plu : la première strophe - qui fixe d'emblée le cadre - est mise en valeur et met le lecteur presque "sous pression", ce qui constitue un gros plus selon moi.
Le reste du poème nous tient tout autant en haleine, avec ses précisions horaires.
L'usage du présent de narration est également un très bon choix, car il rend la scène encore plus prégnante.
Merci pour cette belle découverte.
Je vous souhaite une excellente continuation !


Oniris Copyright © 2007-2023