|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
INGOA
3/2/2019
a aimé ce texte
Bien
|
Cet ersatz de vie pour ennoyer la mort et ne pas plonger dans une profonde solitude est bien dépeint. Dommage que le thème soit éculé et immortalisé par des travaux d'orfèvres.
Dans la dernière strophe, je trouve mal compensée l'allusion faite à la mort chimiquement assistée. |
archibald
7/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
La première chose qui m'a frappé, c'est le choix de Baudelaire en exergue. C'est le dernier tercet d'un poème qui dit les beautés inaccessibles et perdues à la connaissance humaine. J'ai du mal à comprendre en quoi il fait écho au texte proposé.
Un texte sombre, et même obscur : je saisis le sens du poème (désarroi, angoisse et douleur de l'auteure auprès d'un être aimé et souffrant), mais le dernier vers me laisse perplexe ; il résout le titre du poème d'une façon que je trouve énigmatique. Je sais bien qu'il faut cela pour prétendre à la poésie : une certaine marge d'incertitude qui laisse place à la vibration du sens (qu'est-ce que je cause bien moi tout de même), ce pourquoi je ne serai jamais vraiment poète. A part ça, de la belle ouvrage qui parvient à respecter le carcan du classique en s'accommodant d'une liberté syntaxique justifiée par la violence psychique que ce sonnet tâche d'évoquer. Formellement, ce principe d'écriture m'a rappelé le poème « Fenêtres ouvertes » d'Hugo. |
Hiraeth
25/2/2019
|
Commentaire modéré
|
Hananke
25/2/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Bonjour
Bon texte classique même si je n'aime pas trop le style télégraphique des quatrains.Surtout du premier. Ils tombent dans la facilité et cassent le rythme de l'alexandrin. Et tous ces verbes des tercets : faufile, exhume, serre, oppresse, étouffe, se retire, inhume, arrache. Quelques beaux vers : Le vent frissonne et glisse entre tes cils – une onde. Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie ! Et j’arrache au cercueil de ton âme endormie Au final, comme je l'ai dit plus haut, un bon texte classique, mais. |
chVlu
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
|
Quelle maîtrise ! Une technique classique pour un poème qui trouve de l'audace dans son phrasé. Je lis dans ce poème un tableau de ces instants de brouille où le silence étouffant finit par voler en éclat sous la passion des corps. En peu de mots toutes les sensations, les émotions de ces moments fâcheux sont là dans leurs subtilités et leurs contradictions.
MAGNIFIQUE! |
hersen
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Exactement le genre de poème où je ne peux m'empêcher d'interpréter, quitte ensuite à me trouver bête.
Donc, mon impression, en première lecture : une douleur, une très grande douleur. Des phrases non verbales. Un mot ou deux, imageant comme un souffle coupé qui ne peut dire plus. je vais dire un gros mot : C'est du libre. (il n'y a qu'à une classique comme toi que je peux dire ça :)) puis les deux tercets, une phrase chacun, sont comme une exhalaison de cette peine ressentie. Comme pour enfin pouvoir exprimer... Et puis vient l'impuissance, il y a un poignard, un long poignard comme la peine sans fin, qui fait encore plus mal à forcer le passage dans ce ventre noué, dans le dur. Cette image est très forte pour moi. Puis la souffrance, l'angoisse qui serre oppresse étouffe, et qui ne peut que crier muettement, dont la chimie est la barrière, un "traitement" assassin qui annihile tout un univers; tout un pan du patient. Il reste les corps, leurs deux corps, c'est tout ce qu'il reste au spectateur (trice) de cette immense douleur de l'autre Le titre, Ersatz, est un mot dur, un mot sans pitié. Un mot qui prive du réel. Un mot qui prive du vrai. de la vraie personne. Un sujet très difficile, la souffrance psychique, dont rien dans l'écriture n'est laissé au hasard n'est laissé au hasard. |
Anje
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Noir, noir, noir... Une souffrance qui hurle en silence et tait le lecteur que je suis. Difficile de commenter. J'ai envie de me retirer sur la pointe des pieds et ne surtout pas chercher à interpréter. Laisser la douleur de l'écrivaine talentueuse se dissoudre dans sa solitude. Avec respect.
|
Annick
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Avant toute chose, je voulais dire que cette forme de poésie libérée, hachée, nous change du long déroulé, du lent déploiement des vers habituels de la poétesse, comme distillés goutte à goutte.
Cristale est donc un écrivain protéiforme ! Comme Victor Hugo ! :-) La narratrice s'adresse en pensée à celui dont elle devra bientôt faire le deuil. Le dernier tercet semble le confirmer : "L’univers se retire, inhume tes mots morts Et j’arrache au cercueil..." Les deux rimes en onde et ard "emprisonnent" les deux premiers quatrains et du même coup le lecteur, dans cet univers "baillonné de chimie". Dans le premier quatrain, les groupes nominaux cassent le rythme. Les images viennent comme des flashs, rapides, et permettent au lecteur de s'imprégner de l'atmosphère lourde du moment. On voit, on entend, on ressent... Le dernier vers plus ample semble comme une respiration : "Le vent frissonne et glisse entre tes cils – une onde." Dans le deuxième quatrain, j'aime beaucoup l'association d'idées entre les embruns et la larme : "Embruns. Je me retourne. Une larme m’inonde. Le tourment roule et frappe et pousse un long poignard" Ce quatrain est empreint de la douleur de la locutrice. Un "je" et "tu" poignants car le "tu" est "Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie !" Une douleur autant morale que physique : "Le tourment roule et frappe et pousse un long poignard Dans mon ventre noué..." Un tourment partagé : L’angoisse se faufile, exhume tes douleurs Et serre, oppresse, étouffe et j’ai mal de tes pleurs Le dernier tercet se clôt dans l'acceptation d'un deuil annoncé où le lien puissant entre ces deux êtres s'exprime : "L’univers se retire, inhume tes mots morts Et j’arrache au cercueil de ton âme endormie Le réel, sans ersatz, le duo de nos corps." Je ne parlerai pas de prosodie ou de versification.... ce doit être parfait ! Un trop plein de souffrance se déverse de ce poème, comme une lamentation, si proche du deuil annoncé. Merci pour ce très beau poème. |
papipoete
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
bonjour Cristale
Vous n'avez pas cité Baudelaire au hasard, car je crois l'entendre à travers ces lignes sombres, que put lui inspirer la " fée verte " ? L'auteure a mal pour celui qui souffre de toute part, du corps comme de l'esprit ; et bientôt le désespoir de la victime, s'insinue en celle qui ne peut rien, plus rien pour cet autre... NB étrange ce genre " morse " qui habille des alexandrins, mais comment pourrait-il en être autrement, alors que la voix qui écrit, le fait sûrement entrecoupée de sanglots ! Le premier tercet est particulièrement douloureux ! |
senglar
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Bonjour Cristale,
Impressionnant... glaçant... ça laisse baba... baba pas cool... pas cool du tout. Rythme mallarméen, décor baudelairien. ça fait très Second Empire. Lourd papier peint. L'effet camisole paralyse. Pourtant vous ne laisserez pas les mots de votre amant griffer leur cercueil, le jeu des corps se substituera à la chimie. On devine là une belle âme Et un beau corps Ersatz senglar van brabant |
Anonyme
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Ce doit être terrible d'assister à la souffrance - morale et physique - de l'Autre, avec cette certitude que plus rien ne peut y remédier.
Cette atmosphère de noirceur au paroxysme est bien rendue. " Le tourment roule et frappe et pousse un long poignard Dans mon ventre noué " " tes pleurs Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie " une façon très discrète de donner la raison de ce départ. J'ai assimilé cet " ersatz "à l'aspect du corps en cette fin de vie. Mais le souvenir reste intact : " Le réel, sans ersatz, le duo de nos corps." un texte sombre, magistralement écrit. |
VictorO
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Poème baudelairien. Difficile d'écrire dans ce registre. Bravo pour la maîtrise technique, notamment la cadence avec ces mots isolés à l'intérieur des vers.
|
Ithaque
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Excellence,
Rigueur, Sublime, Accompagnent Ton Zénie! félicitations... |
Stephane
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Bonjour Cristale,
Difficile de commenter après tous ces commentaires. Beaucoup de choses ont déjà été dites, mieux que je ne saurais le faire. C'est bien sûr un poème très noir qui rappelle par certains aspects l'univers de Baudelaire et Mallarmé (mais même cela a déjà été dit). Je pense savoir à quoi - ou plutôt à qui cela fait référence - et je m'abstiendrais bien sûr de tout commentaire à ce sujet... Sur la forme, les deux premiers quatrains m'ont quelque peu dérouté et j'ai été plutôt surpris (dans le bon sens du terme), notamment dès le 1er vers avec un 3/3/2/4 au niveau de l'alexandrin au lieu l'éternel 6/6 avec césure à l'hémistiche, et je crois que, personnellement, je ne m'y ferais jamais. Je ne veux pas dire par là que je n'aime pas cette construction, mais elle me semble moins mélodieuse que celle, plus conventionnelle, du 6/6. Et puis est arrivé le second vers avec ce fameux point à l'hémistiche, justement, marquant un véritable temps d'arrêt dans l'alexandrin, puis à nouveau trois points dans le vers suivant - comme dans le 1er vers - et cela m'a paru évident que ce choix n'était pas anodin, connaissant votre style d'écriture habituel, et que cela tranchait véritablement avec votre façon d'écrire. Même chose dans le second quatrain, à quelque chose près, et je me suis dit que les points étaient là pour décrire et mettre en avant l'ersatz en question. Les deux tercets marquent une "fracture" par rapport aux quatrains, sur la forme (avec l'absence de points), plus fluide, et sur le fond (surtout par rapport au vers final). Là, l'ersatz a disparu pour faire place au réel, d'où une forme plus conventionnelle au niveau des alexandrins. Bon, il se pourrait que je fasse fausse route, bien entendu, mais je le vois ainsi. Un sonnet absolument magnifique ! Bravo Cristale, Stéphane |
Anonyme
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Bonjour Cristale,
D’abord laissez-moi vous dire combien je suis heureux de vous découvrir dans ce registre différent. Non que j’aie définitivement fondu votre image dans celle d’un romantisme élégiaque, mais je reste étonné de votre capacité à varier vos thèmes, la contemplation, l’amour, le désespoir. Et lorsque vous traitez de ce dernier, comme ici, votre pudeur est la politesse de ce désespoir. Elle semble le mettre à distance comme le fait l’humour, mais par son décalage avec lui elle lui donne du sens, le renforce dans sa fatalité : « Horizon. Sombre azur. Éclairs. L’orage gronde Sur le refuge froid. Je retiens ton regard : Images. Souvenirs. Ciels ombreux. Il est tard. Le vent frissonne et glisse entre tes cils – une onde. » Si on a eu le plaisir de s’attarder sur votre œuvre poétique, on comprend mieux la gravité de ces mots. Le drame est latent, ça ne fait aucun doute. Lorsque vous en venez à briser vos vers de telle sorte, c’est qu’ils traduisent une rupture émotionnelle. Car la forme chez vous n’est jamais gratuite, elle vient toujours en support du fond, le signifié trouve sa force dans le signifiant. Votre poésie est secrète mais jamais hermétique. De l’hermétisme elle n’a ni l’arrogance ni la suffisance. L’hermétisme c’est ne jamais trouver le moindre bout de ficelle vers la sortie, c’est quand l’auteur a brisé le fil d’Ariane qui le lie au lecteur. Alors on finit par s’asseoir, se bricoler des ailes et s’enfuir au plus vite pour trouver un peu d’air, comme Dédale et son fils Icare. Le secret c’est autre chose, c’est ce bout de ficelle qu’on aperçoit dans son propre imaginaire, mais qui mène toujours vers une sortie, fût-elle celle de secours. L’important n’est pas de rejoindre l’auteur, c’est d’y avoir trouvé un chemin. Et ici j’ai trouvé le mien. Alors surtout ne me contredisez pas. Ce « refuge froid » je le vois comme une chambre d’hôpital ou de résidence. Le résident souffre probablement d’une longue dépression (marasme immonde) accompagnée d’une certaine asthénie psychique, morale et physique. Les derniers vers semblent montrer un lien très fort entre la visiteuse (oui je vois une femme) et le malade : « Et j’arrache au cercueil de ton âme endormie Le réel, sans ersatz, le duo de nos corps. » J’hésite à le définir exactement, ami, mari, compagnon, mais je n’y vois rien d’érotique. Je n’y vois pas la mort non plus, si ce n’est celle de la conscience qui s’émiette. Pour moi, lorsque le malade quitte sa conscience (endormissement-traitement chimique…) la visiteuse se retrouve seule, sans rien, sans aucun ersatz de remplacement pour combler ce vide, et elle sent son corps se déliter, par empathie ou par amour, dans un duo mortifère. J’ai relu votre poème dix fois et je le trouve étonnant dans cette manière de synthétiser une longue histoire (Images. Souvenirs. Ciels ombreux. Il est tard.) où chaque point tourne la page d’une chronologie aux réalités bien différentes et aux espaces temporels qui se réduisent de plus en plus. Sur le plan des figures de style, j’ai beaucoup apprécié l’hyperbole très hugolienne « Une larme m’inonde. » Elle dit tout. Pour moi, un très beau poème qui montre que vos univers classiques n’ont pas de limites. FrenchKiss Qui va hésiter de moins en moins entre poésie et pétanque. |
leni
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
bonsoir Cristale
Un texte fort dans le suggéré qui laisse au lecteur la possibilité d'interpréter Les mots ciselés sont durs Le jour s’enfuit, blafard. Ton silence m’aspire en son marasme immonde. Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie ! il est difficile se commenter des évènements qui ont fait partie intégrante de votre vie Et c'est mon CAS les mot qui me viennent à l'esprit sont la dignité le respect la compassion SUPERBE Merci AMITIES Leni |
Davide
25/2/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Bonjour Cristale,
Il semble que le narrateur / la narratrice s'adresse à un être cher (la formulation "le duo de nos corps" me fait penser à l'être aimé...), ce dernier étant sur un lit d'hôpital (?) en train d'agoniser. Le mot "chimie", bien qu'il apporte en compréhension, m'a gêné. Pour la forme, je n'ai pas grand-chose à dire, à part les vers "hachurés", comme haletants. On a dû mal à respirer... Il y a de belles images pour exprimer la douleur : "une larme m'inonde", "exhume tes douleurs" en écho à "inhume tes mots morts / Et j'arrache au cercueil" ou encore cet oxymore "pleurs bruyants de cris muets" très fort. On dirait que le poème a dû mal à contenir ce désespoir, comme si lui-même voulait crier sa douleur, sans vraiment y parvenir. C'est touchant ! Mon regret : peut-être un peu trop de préciosité pour que j'arrive à étreindre à mains nues la détresse exprimée... |
myndie
25/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour Cristale,
Tu cites Baudelaire fort à propos et d'ailleurs qui pourrait t'en faire grief, toi qui foules les sillons du romantisme en évitant les pièges de la facilité et de la mièvrerie ? Je ne t'imposerai nulle analyse prosodique. D'autre sont mieux armés pour le faire et moi, je n'y trouve vraiment rien à redire. Moi qui suis à fleur de ressenti, laisse moi plutôt te parler de tout ce qui m'a touchée, remuée jusqu'au tréfonds de ma sensibilité et aussi de ce qui m'a -un peu – moins plu. Ce que je retiens de ton poème, c'est que, revisité avec ta maestria, ce sujet rebattu prend une force nouvelle, stupéfiante même. Je me suis laissé prendre par ces vers où tout n'est que souffrance, emprisonner par l'oppression, étouffer jusqu'au paroxysme. S'il fallait un exemple, je citerais ce seul vers dont la respiration hachée prend à la gorge : « Et serre, oppresse, étouffe et j'ai le mal de tes pleurs » Tu nous offres une belle déclaration d'amour et de souffrance, jalonnée de superbes métaphores et portée par un langage d'une suprême élégance « le vent frissonne et glisse entre tes cils – une onde » et un formidable sens de l'harmonie et de la musicalité « le tourment roule et frappe et pousse le poignard ». J'ai été moins sensible au dernier tercet et ses « mots morts ». mais je voudrais te dire combien j'ai aimé ton poème qui survole les thèmes classiques : amour/souffrance/ mort/solitude avec des vers magnifiques et une écriture, des formulations sans cesse renouvelées. Je n'oublie pas non plus le travail qui est derrière tout ça, ce travail qu'avec ton talent et ta délicatesse, tu réussis à gommer pour que ne subsiste que l'émotion pure. Et comme je ne vois pas le moyen de te dire quelle admiration j'ai pour toi, je te dis juste merci Cristale. myndie, erstaz de poète |
Vincente
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
|
Bien souvent un sonnet trace une impression furtive, où un champ circonscrit se cisèle dans la rigueur des quatorze vers. Ici j'ai ressenti une immensité.
L'expression s'est dispensée de l'empreinte lyrique à laquelle l'inviterait un académisme classique. Cette liberté dont profite le libre, vous avez su la fondre dans la concision du sonnet. Par un phrasé court, comme rythmé sur les respirations émues et vivantes des deux personnages, le vécu s'affirme, authentique. Immensité du sujet (toute une vie en concrétion...), concision du propos (peu de mots où l'on entend beaucoup), ampleur du propos (l’écartèlement des sentiments, l'amour puissant/l'ultime qui se dessine). Un ensemble audacieux où l'évocation aurait failli en se contentant de rester au second plan. Il n'en est rien. Les mots se rident, ondoient, marquent, chacun laissant une trace essentielle ; c'est cette pertinence que je cherche dans la poésie. Ici je l'ai trouvée. L'image, ce vecteur argumentant le sujet m'est apparue très judicieuse ; encore que cet adjectif me semble souligner une démarche calculée, alors que j'y ai vu d'abord l'émotion comme guide. J'y ai vu l'accompagnement de l'être cher dans la tourmente de la maladie, elle ne cache plus dans la douleur de l'advenue la fin imminente (ou peut-être surplombante ?). Une réalité sans ersatz pour les deux corps aux cœurs associés dans cette dernière communion. Alors chapeau bas, Madame. En d'autres temps, une révérence admirative aurait convenu... mais faisons fi du temps pour ce poème intemporel, trêve de retenue, je vous salue bien bas. Sachez que j'apprécie votre regard et ce talent qui nous réjouit. |
Eki
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
La longue marche silencieuse dans le vent qui gémit...
La grâce poétique, c'est parfois trouver en plein noir une émulation scintillante, un mot qui bat de toute son ardeur... Le silence ici est éloquence, mystère... Nous suivons la rupture irrémédiable : les mains qui se délient, les vies qui se séparent, les douleurs qui s'étreignent...et les adieux déjà sur les lignes de fuite... Le suaire des nuages....Baudelaire bien sûr... Me vient cette image après ce poème tourmenté... Bravo élégante plume ! |
emilia
25/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Dans ce superbe sonnet, la situation sombre et orageuse bouscule de plusieurs façons la musique de l’alexandrin et l’instant « froid » entre deux êtres, avec ce « je » qui tente de capter à travers le regard de l’autre, qu’il lui faut retenir, cette onde de souffrance qui le traverse et les souvenirs partagés enfuis, d’où l’expression minimaliste mais intense et bien illustrée par les tétramètres du troisième vers. Le second quatrain révèle combien il peut être douloureux de soutenir le poids si lourd de la souffrance de l’autre qu’il ne faut pas laisser paraître… ; le regard se détourne pour ne pas exposer le chagrin, en retenant cette unique larme qui n’a pas le droit de s’épancher même si tout son être est noyé par le tourment rendu de manière si expressive à travers ces oxymores poignants et l’image très forte du long poignard qui lui transperce le corps, vampirisé par le silence qui installe l’accablement et l’angoisse dans une gradation hyperbolique (serre, oppresse, étouffe…), avec une empathie si profonde que le mal se partage en duo, jusqu’à pressentir les « cris muets » de la douleur astreinte au traitement médical qui réduit le malade au silence, son âme est « endormie », ses « mots morts », dont l’allitération renforce l’effet dramatique qui se prolonge par la chute du poème et son image saisissante et violente de l’arrachement effectué par la sinistre réalité finale et son registre lexical évoquant la mort (inhume, cercueil, l’univers se retire…) ; merci à vous pour ce partage si maîtrisé et bouleversant…
|
STEPHANIE90
26/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Bonjour Cristale,
je suis pantoise et le cœur serré après cette lecture. Du classique contemporain comme je l'aime qui laisse en passant ce vent d'angoisse décrit par l'auteure. En effet pas Bisounours du tout... L'ensemble est majestueusement écrit, je dirais avec une sensibilité cash voilée de poésie. Je ressent ce poème comme une confession intime. "L’angoisse se faufile, exhume tes douleurs Et serre, oppresse, étouffe et j’ai mal de tes pleurs Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie !" Si c'est pour parler d'antidouleurs qui rendent comateux, c'est dit avec finesse. Merci pour cette troublante lecture, StéphaNIe |
Cat
26/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
|
Bonjour Cristale,
Il faut être timide ou extrêmement pudique pour ne pas donner du passionnément d'emblée à ton poème. Cette houle, qui va, qui vient, qui te prend aux tripes. Tu joues des mots, tu joues de la ponctuation pour en faire un ressac qui nous entraîne et nous ballotte dans l'angoisse et une marée d'orage d'un cœur qui saigne au diapason d'un silence bruyant de souffrance. Tu mets le feu dans ma tête en même temps que tes mots inondent d'une peine profonde mon cœur. Je ne voudrais m'exalter que de beauté, pourtant ici, c'est une horrible douleur qui m'emporte. Peut-on remercier pour cela ? Moi, je ne le peux pas, mais, Dieu, que ta façon d'écrire les choses de la vie est belle ! Cat |
domi
26/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bravo pour l'originalité de l'écriture, tout en restant dans les contraintes classiques.
Des phrases d'un seul mot alternent avec des vers plus longs, tout cela avec cohérence car ce travail sur la ponctuation n'a qu'un but : l'expression recherchée, la douleur. (Juste un petit problème de compréhension avec le mot "chimie", et de sonorité avec "mots morts".) Merci Cristale pour cette lecture inventive et très belle. |
Hiraeth
26/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Mon commentaire précédent a été modéré, mais il faut rendre à César ce qui est à César. Je dirai donc que c'est un fort beau texte ; j'ai notamment apprécié la syntaxe du premier tercet, qui semble faire fusionner dans la souffrance la voix lyrique avec l'être aimé : les verbes "serre", "oppresse" et "étouffe" semblent s'appliquer autant à la première qu'au second.
|
Provencao
26/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
"Embruns. Je me retourne. Une larme m’inonde.
Le tourment roule et frappe et pousse un long poignard Dans mon ventre noué. Le jour s’enfuit, blafard. Ton silence m’aspire en son marasme immonde" Sublimes vers, où le silence devient solitude...presqu' une communion, un recueillement. L'angoisse et la douleur se nourrissent l'une de l'autre. Vraiment sous le charme de ce vers:" L’univers se retire, inhume tes mots morts" Jolie écriture. Au plaisir de vous lire Cordialement |
jfmoods
26/2/2019
|
Ce sonnet en alexandrins est à rimes embrassées, suivies et croisées, suffisantes et riches, majoritairement masculines et presque exclusivement consonantiques.
Le cadre temporel signale une nuit naissante ("Sombre azur", "Ciels ombreux. Il est tard", "Le jour s’enfuit, blafard"). Nuit réelle à laquelle s'adosse une nuit métaphorique : celle de l'âme. Au fil des deux quatrains, une première violence s'impose : celle de la syntaxe (phrases nominales et verbales réduites à l'essentiel et entraînant une découpe heurtée, deux points, tiret, enjambement des vers 7/8 qui brise encore le rythme en construisant un bloc de 18 pieds). La seconde violence est celle des éléments ("Éclairs. L’orage gronde / Sur le refuge froid"), la troisième celle subie par la locutrice ("Le tourment roule et frappe et pousse un long poignard / Dans mon ventre noué"). Ici, le ciel et la terre se font écho : l'au-delà et l'ici-bas, les morts et les vivants. Car c'est bien la figure de l'Absent qui se lève dans ce poème, cet Absent dont le souvenir vous saisit. Là, tout à coup, la détresse que l'on veut cacher ("Je me retourne. Une larme m’inonde."), le harpon impitoyable du manque ("Ton silence m’aspire en son marasme immonde"). Le visage chéri se redessine pour vous seule ("tes cils", "ton regard"). Et la souffrance vous assaille ("L’angoisse se faufile, exhume tes douleurs", "serre, oppresse, étouffe", "tes pleurs / Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie") avant de vous déserter ("L’univers se retire, inhume tes mots morts"). Ainsi va la vie, entre flux et reflux. Quel est donc cet ersatz du titre sinon le poème lui-même, lieu de résurrection de l'Absent ? Et qui est donc cet Absent ? Les images conjuguées du ventre et du duo des corps semblent dessiner ce lien indissoluble entre une mère et son enfant, l'euphémisme ("ton âme endormie") marquant la persistance d'un regard empli de tendresse, preuve d'un amour indicible. Merci pour ce partage ! |
BlaseSaintLuc
26/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Comme le cristal quand on l'effleure nous donne si belle musique !
Bon ce que j'aime le moins (pour se débarrasser de l’embarrassant) " L’angoisse se faufile, exhume tes douleurs. Et serre, oppresse, étouffe et j’ai mal de tes pleurs Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie ! " C'est beau, mais le reste est "sublime." Recevez madame les hommages d'un gueux. |
wancyrs
27/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Salut Cristale,
Si je ne suis pas fan de la poésie classique, c'est généralement à cause des contraintes de pieds et de mains et je ne sais quoi ; j'aime bien le libre et la prose, et votre texte coule comme du libre en arborant la beauté de la prose. Puis cette écriture cinématographique qui me séduit, l'authenticité du propos... bref, tout est réuni pour me faire passer un bon moment de lecture. Merci ! Bonne continuation ! Wan |
sympa
27/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément
|
Bonjour Cristale,
L'angoisse, la solitude , la souffrance etc...ce n'est pas très gai mais ce sont des thèmes que j'affectionne en poésie. De très beaux vers qui ont enchanté ma lecture. Merci . |
bipol
27/2/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
|
bonjour Cristale
je ne suis toujours pas érudit en classique et étant ailleurs en moi j'ai commencé par me tromper l’impression que laisse votre texte est saisissante il est visuel et sensoriel ce poignard dans le ventre noué cet univers est au confins de l'étrange, bravo |
Pouet
28/2/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bjr,
je viens coller un trente et unième commentaire, on me pardonnera cette audace... Je reviens sur ce poème donc que j'ai lu plusieurs fois car il m'a ému et questionné. Concernant le style, j'aime beaucoup le rythme "syncopé" du premier quatrain, je trouve cela original et bienvenu. Mais j'aime l'ensemble de cette belle écriture. Concernant le fond, je ne saurais trop me prononcer sur cet "ersatz" qui qualifie je crois, un remplacement, un "sous-produit" de quelque chose. Quel est donc cet ersatz? Je crois comprendre qu'il est ici question de la mort d'un être cher, peut-être passé par les "soins palliatifs" au regard de ce vers: "Bruyants de cris muets bâillonnés de chimie ! " et du souvenir de la personne subissant cette perte. Je me dis d'ailleurs en écrivant ce commentaire que l'ersatz c'est peut-être ça: le souvenir ne pouvant se substituer au réel. J'espère que vous pardonnerez ma compréhension balbutiante. Quoiqu'il en soit j'ai beaucoup apprécié avec une mention spéciale pour le premier quatrain. |
Gouttes-de-Vie
5/3/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour,
Suivant la réflexion de "Pouet", mais pas seulement pour le 1er quatrain, j'apprécie également «le rythme "syncopé"» de ce sonnet. Un peu façon slam pour ce rythme, mais avec plus de profondeur, plus de sentiments intérieurs. Avec une "rigueur" poétique et une inspiration qui m'enchantent. Dans l'un de mes recueils de poèmes en forme fixe, je précise ceci : AUJOURD'HUI ... comme hier. Les jours passent et les amours se ressemblent. Dans les règles d'antan, Les pensées du présent Avec le verbe de nos jours Et les sentiments de toujours ! J'ai retrouvé tout ça dans ce texte. Un poème très prenant. A lire, à relire et à garder dans un petit coin de mémoire. |
krish
18/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
L'amoureux dans les tourments de l'absence et le besoin de l'autre qui pourrait le délivrer de sa solitude, de ce manque d'amour qui fait que le monde devient trop vaste, trop grand, donne le vertige de par son "infinitude" et fait naître en l'amoureux la mort de la vie et l'idée de la mort.
Je pense que dans ce texte, tout y est, même cette confusion entre le moi et le toi, signe d'une fusion passionnelle qui ne peut que conduire à la souffrance. |