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Poésie en prose
Damy : La curée de mes mots d'amour
 Publié le 02/10/12  -  16 commentaires  -  7118 caractères  -  218 lectures    Autres textes du même auteur

« Les mots, comme les armes, partent parfois tout seuls. »
de Daniel Pennac
Extrait de La Petite Marchande de prose


La curée de mes mots d'amour



Je vous déchirerai chérie,
creuserai vos blessures,
que de vos mots
expirent les douleurs de ne pouvoir aimer…


Votre poésie n’a plus rien à dire
qu’un pardon sacrilège
de ne pas savoir vivre,
de ne plus pouvoir toucher la peau des hommes, las…


Las de vous,
de vos dégoûts des corps nus
bandant comme des ânes
quand dans les rues glauques d’Ostende
vous traînez lamentablement votre Opium de misère.
Miserere mei ! Putain de votre grâce,
agenouillée aux confessionnaux pervers
où vos murmures inaudibles
érigent les tiares des évêques émus.
Je vous déchirerai chérie
pour que l’arme des poèmes
que vous croyez volupté,
déesse des sévices brûlants,
vole en éclats désolés…


Vous serez confondue à votre laideur première,
quand vous n’avez jamais osé le lui dire,
préférant vous mettre à la colle
d’un infirme d’amour.
Je vous ferai toucher les blessures d’enfance
qui n’ont jamais pu
noyer les profondeurs mauves voilées
sous des organdis délicats et provocants
de votre sexe interdit…


Je ne veux plus de vos mots évaporés
qui ne touchent
rien d’autre
qu’une idée de ma peau,
qu’une idée de mes larmes,
qu’un effleurement de mes péchés.
Venez nue, sans fard, sans armes, laide !
Dans votre rage de n’avoir jamais été désirée
que par moi !
Je vous déchirerai chérie ;
vos chairs violacées et meurtries
ne seront plus l’idée que vous vous en faites
mais des crevasses gercées par tant de sécheresse…


Vous ne mouillerez pas de rimes,
vous n’aurez pas la pâmoison des vers,
vous ne compterez plus l’extase des pieds du contre-amour ;
vous ne serez que charogne puante.
Je vous ferai transpirer.
Supportez !
Supportez mes chagrins sublimes…
Accusez mes colères muettes…
qui ne supportent plus vos privations monacales.
Sainte Thérèse ! Avalez !
Ingurgitez cette hostie de sperme gluant
jusqu’à ce qu’un frémissement
enfin
vous donne envie de voyager
par-delà votre plume imperméable,
votre désir adultérin.
Touch me !
Alléluia ! Tordez vos reins dans une danse infâme,
joignez les mains et ouvrez-vous,
vulgaire,
ivre d’envie animale,
que j’éclate en rire démon brûlant d’un manque de vous
dénudée de vos rimes précieuses,
qui avez recours aux prières
plutôt que de vous vautrer sur mon corps
et sucer mes doigts dégoulinant de vos oublis.

Les mots !

La magie des mots ! La volupté des mots !
Qu’aucune caresse ne transgresse,
qu’aucun sexe en érection ne surpasse,
qu’aucune niche humide et tiède n’habite,
qu’aucune fleur mauve ne parfume…
Qu’aucun clitoris en feu n’excite…


Les mots !

Le pouvoir des mots !
De nous envoler, fusionnés, dans des éthers variés et éternels.

Les mots !

Gravés sur des palimpsestes indélébiles,
hiéroglyphes secrets des trésors des pyramides vitales ancestrales,
prophétie des apocalypses et des Nouveaux Mondes
où vous pourrez baiser
sans crainte de ne pouvoir jouir,
sans plus aucune peur de votre frigidité.
Sainte Mère l’Église ! Orgie de mes désespoirs !
Qui soulevez avec indécence votre aube devant des enfants de chœur chérubins qui se masturbent…


Les mots !

Les mots s’évaporent bien plus haut que les paradis artificiels de vos parfums, vos phéromones de femelle sans issue.

Les mots !

Venez donc les mordre dans ma bouche
leur rouler une pelle majestueuse,
laper leur salive veloutée,
avaler leur moelle gargantuesque.
Venez les saigner dans mes veines, dans les caillots de mes souffrances, dans mes tripes, exhalés d’impuissance…
Venez les sucer sur ma verge conquérante de l’inutile, dans l’orifice noir de la dérision, insane et stupide.
Et faites-les-moi boire à votre calice, que je les bave sur vos lèvres pourpres, tendres, innocentes, offertes à tous les délices libres de frontières et de religions, à tous les délires de vos expirations, sur toutes les candeurs de vos fesses douillettes, sur les oreillers moelleux de vos seins maternels, sur les profondeurs ultimes de vos cris d’orgasmes simulés.

Comprenez-vous enfin que les mots ne sont que des magies d’Aladin dont les poètes schizophrènes se gavent parce qu’ils ont peur de vivre… Parce qu’il faut sublimer le désarroi de ne réussir autre chose que d’écrire, l’incapacité d’aligner deux caresses sur les envies de la chair.

Les mots !

Ces vagabonds de l’âme cloîtrée dans la prétention d’élever au-dessus des bassesses terrestres sans miséricorde.

Les mots !

Ces psychotropes de mon cul qui empêchent d’aller chier sur les trottoirs les vomissures des non-êtres.

Je vous déchirerai chérie puisque vous brandissez les armes convenues de l’in-rencontre, la protection fatale contre le toucher de votre corps énervé, la caresse, la palpation des intimités.
Les mots qui ne sont que distance savoureuse, délicate et élégante, empathie jouissive.
Bouffez-les mes mots, puisque vous en mouiller le sexe, vous en enduire la rose, vous en vaseliner le clitoris, vous en parfumer le trou du cul, vous fait jouir !
Enduisez-vous-en les seins qu’ils en deviennent lourds et luisants,
frottez-en vos yeux qu’une fontaine jaillissante de larmes vous fasse pleurer vos amours déçues,
habillez-vous de leurs cuissardes rouges, de leur corset de dentelles noir, badigeonnez-vous de leur rouge à lèvres incendiaire, de leur khôl aguicheur, défaites leurs boucles ondoyantes coulant sur vos épaules nues.
Mettez-les délicatement dans leur petit carnet rose, sous les Kleenex dans votre sac à main, juste à côté de vos protections menstruelles.
Déhanchez-vous dans leur danse macabre à travers les ruelles sombres du port, à peine éclairées par des lampadaires de sécurité, pour entraîner les rares mendiants affamés dans quelque arrière-cour d’un bistro malfamé où règnent en déesses des putes à quatre sous.
Lacérez-vous-en passionnément les cuisses et le dos que ça leur réveille un regain d’agressivité.

Les mots ?
Dégueulez-leur aux visages ! Soulagez-vous et revenez-moi pure… et envieuse… et amoureuse… Je vous en dirai des tendres…


Mes mots ?
J’avais besoin de vous les dire comme une urgence folle, parce que vous les exacerbez, que vous les inspirez sublimement et, surtout, par manque énorme de vous…


Je vous aime…


Et cela vous amuse à ne faire que les lire…
Moi je me branle des vôtres, réellement… et j’en éjacule.
Je vous aime…


Les mots sont le marbre dont on fait les caveaux.


 
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   Pimpette   
4/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a tout dans ce texte!

Une forte personnalité poétique...un souffle long et rare...un goût de la provoc qui n'est pas pour me déplaire car j'aimerais bien moi aussi en faire un peu de la provoc...mais je n'ai pas la force ni le culot!
On sent une vigueur, un déferlement de mots qui vient tout au long nourrir le texte et le déborder façon geyser...il y a du sexe et de la sensualité à revendre...

ce qui m'échappe, mais c'est certainement due à moi seule, c'est le vrai SENS de ces imprécations; cet amour/haine pour une femme???
Je ne sais pas!

J'admire l'ensemble avec des bons et moins bons côtés, des trouvailles, des réussites, mais surtout un auteur de chair et de sang!!!

   LeopoldPartisan   
12/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Sacrée curée que ce vomissement de frustrations sur la personne qui pour x raisons n'aime plus le narrateur de ce long poème aussi contemporain qu'épique. C'est vraiment passionnel, souvent cruel, toujours obsessionnel et fortement sexuel. Sans rire ce texte déchire littéralement à grandes dents le bel amour d'antant.

Sans être béguelle, je me dis qu'il y a dans ce texte, une forme de machisme abolument affolante. De plus la rage envers cette femme (objet de toutes ces fustrations) est quasi psychopathique. Dès lors, ici se pose pour moi la cruciale question qu'en littérature et en écriture, je me pose très souvent. L'authenticité du témoignage. Qu'est-ce que l'auteur veut nous dire...

S'il se positionne en faveur de son narrateur, j'ai très peur. Remenber Vilnius et la désastreuse fin de l'histoire d'amour fusion de Bertrand Cantat et de Marie Trintignant. Sans oublié cette phase ultimement provocatrice de Gainsbourg que je répète souvent : "l'amour physique est sans issue", car par ce côté obsessionnel du texte c'est aussi cela que reproche l'auteur à la FEMME, son inappétence sexuelle.

A ce propos, on se doit alors de relire, les âges de la vie de Christiane Singer ainsi que sa guerre des filles.

La polémique est ouverte.

   brabant   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Damy,


Eh ben, on peut dire que ça déménage !

On croit qu'on à tout entendu à mi-parcours, mais non, ça va crescendo au fur et à mesure des phrases qui s'allongent dans ce texte en forme de bouddha assis vu de profil.
ça grouille, ça borborygme au niveau du gras du bide, ça pète et ça remugle en descendant au caveau.
Heureusement ! Les caveaux sont des prisons ! J'espère aussi que les cercueils y sont bardés de zinc aux feuilles bien soudées.

Freud a encore du boulot hein !


Paradoxalement je n'ai pas été dégoûté ; peut-être parce que ce tableau est très clinique. Les "chairs violacées", variqueuses ou hémorroïdales, pourraient faire l'objet d'un joli tableau abstrait. Serait-ce à dire que cette façon de lire le texte m'a servi de bouclier ?


Je me suis dit aussi que l'on pourrait peut-être foutre la paix à l'Eglise. A trop la voir chargée de tous les malheurs du monde et de l'individu, ça donne envie de la défendre. Je les aime bien, moi, mon curé, mon vicaire et mon doyen. Ils ont même lâché la soutane et ils ont été là quand j'ai eu besoin d'eux alors que je ne vais même pas à la messe. On a dépassé l'Inquisition, le XVIIè et même les années 50, on ne brûle plus les sorcières et celles qui le désirent peuvent faire un enfant toutes seules (c'est pas Goldman qui dit ça ?) ; ils ont bien gagné le droit qu'on leur flanque la paix avec nos histoires de fesses.

Y a Freud que j'vous dis !


Bon, ben, j'ai pas été dégoûté par ce texte dégoûtant, c'est un abcès que l'on crève et à ce titre je l'ai trouvé salubre. Du pus c'est jamais que du pus et quand il y a du pus c'est que l'on a commencé à guérir.
En prime on a les mots pour le dire !
Ce texte, au fond ou en fin de compte, c'est un phylactère. M'en vais le porter autour du cou, ce sera un moindre mal !


ps : Bon, ben, j'ai déjà mis un Except. aujourd'hui. Va pour TB, avec un pince-nez mais sans pincettes.

ps2 : Ayant lu le commentaire d'Alex, j'ai décidé de sauter le pas et je mets moi-aussi Except + à ce texte, finalement, d'exception, et en lui souhaitant de faire partie du Top 20 c'est-à-dire de la vitrine d'Oniris.

:)

   Anonyme   
3/10/2012
Commentaire modéré

   Labrisse   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Bonjour Damy,

Il émane de cette délicieuse évocation, ce que je trouve être un possible dépassement des "grâces» ! ... Mais ce n’est pas sûr !

Car malheureusement la technique n'est assurée que sous la forme planifiée d'une liste des commissions, où l'auteur campe sur les impossibles accointances, les infinies distances entre la lettre d'amour à mots de désirs assombres et le discours pornographique éclairé propre à tout être bien constitué, celà, la queue bien rangée au fond du kangourou (je parle du slip, pas de l'animal) ;-); indubitablement, rien ne viens poivrer ce que l'on sait déjà de la chose! Pas un mouvement d'action, pas même la course d'une goutte de sueur de l'auteur!

Par contre j'ai relevé quelques imperfections (mais c'est un goût tout personnel) à :
1 - rouler une pelle majestueuse !
Là, je dis non, je n'ai jamais aimé cette expression de style travaux publics ou rayon jardinage à carrefour pompadour.
Un petit bisou eut été, pas plus mais, mieux vulgaire.
Aussi :
2 - que ca leur réveille un regain d’agressivité !
Là pareil, je m'érige en faux, il eut été correct de ne pas transitiver sur le réveillé du regain mais plus à l'agressivité supputée de vous même face à ces péripatéticiennes trottoirisées... donc (et cela change tout) : "Que ca réveille un regain de leur agressivité" aurait envoyé la purée fameusement, cher ! Et pas du flocon lyophilisé !

Voila, sinon, réflexion faite, une discutable filiation baudelairienne vous enlève le poids de l'originalité, le béotianisme qui vous anime n'épice pas tant le style que ce que vous le croyez. Vous avez ce défaut de ne pas savoir que l’on n’écrit pas comme l’on parle… plus ! Vous êtes trop bavard et au vrai, vous vous répépétez!
Ce poème à la beauté des émanations chaudes d'une merde de chien rue de Saussure un matin de beuverie… un sous produit de croquette frolic qui ne fait pas de bruit et dont on se fout bien de l'odeur salée; tout occupés que nous sommes, à nos chansons joyeuses.
Travaillez mieux les sons, autant que les images puis campez des histoires: paysage, personnages, action!

Après? Essuyez vos pompes!...et on verra!

Labrisse.

   leni   
2/10/2012
Mélange de haine et d'amour dans un crescendo verbal hallucinant
Rien ne me choque dans les mots même quand ils flirtent au vulgaire
Mais je ne comprends pas où l'auteur veut en venir Sainte Thérèse Avalez!Et les enfants de choeur qui se masturbent ça mène à quoi
Ce texte pourrait être dit sur le divan d'un psychanalyste Dans ce cas il serait libératoire voire thérapeutique Je suis peut-être à coté de la plaque et à dire vrai un peu perdu Mais cela reste mon hypothèse privilégiée Leni

   Anonyme   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Déjà vu, déjà lu, sans intérêt.

C'est le genre de poème qui m'agace très rapidement tellement tout est surjoué, tellement c'est pédant et convenu.

De la fausse colère de bazar, de la colère prétentieuse.

Elle a bien fait de le quitter.

   Anonyme   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien
A force de parcourir ce site, je me sentais devenir un peu asexué.

Merci donc à vous de m'avoir aidé à retrouvé tous mes petits.
Un seul regret : je n'ai pas pu vérifier l'orthographe du mot bite, que j'ai oubliée dès mon inscription ici.. Une négligence de votre part, ou une intention délibérée de rester pudique pour plaire à tout le monde ? Dommage.

J'ai lu votre poème à une copine. Je m'en suis pris deux bonnes : elle a cru que je la trompais avec " les mots ". Vous irez lui expliquer, maintenant que le mal est fait! Ça m'apprendra à lire de la poésie.

   Arielle   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Pas
J'hésite entre les délires masturbatoires d'un adolescent courroucé et la plainte du petit abbé qui voudrait bien monter en chair(e) ...

J'ai de la tendresse pour les deux personnages que je trouve touchants mais un peu bornés : Ils font le lit de cette coincée du c* qu'ils convoitent avec une telle obstination qu'ils me font bâiller d'ennui.
Tout est dit dans les huit premiers vers : ils ne coucheront pas ensemble et le petit abbé ferait mieux de changer de crémière. A trop insister, on se ridiculise et dans cette orgie de maux on perd "la magie des mots"
Désolée Damy, une autre fois sans doute ...

   Anonyme   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Damy… La nuit porte conseil et même les imbéciles peuvent changer d’avis, j’en suis la preuve vivante. Je m’explique… Hier, après avoir "survolé" votre texte, j’avais cru bon m’indigner en rédigeant un premier commentaire, justement modéré par… les modérateurs. Si vous l’avez lu, oubliez-le s’il vous plait ! Après réflexion nocturne et moult relectures, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas là sujet à fouetter un chat (ou une chatte, si vous préférez) ; ce que j’avais qualifié dans un premier temps de vulgarité n’est en fait que de la poésie moderne décomplexée, j’en conviens aujourd'hui. Idem pour ce qui est du terme « obscénités » figurant dans mon commentaire passé ; je n’y vois plus qu’une leçon de sciences naturelles traitant de l’anatomie féminine dans le détail…
En somme ce poème est tout simplement la déclaration, façon début XXIème siècle, d’un amour impossible ou tout au moins contrarié… ce que j’ai mis du temps à comprendre compte tenu de la pudibonderie qui caractérise trop souvent les gens de mon âge…
Au vu de la qualité de ce texte qui traite à la fois, en quelque sorte d'éducation sexuelle, des sciences naturelles mais aussi d'un vocabulaire assez peu usité, sans oublier la poésie omniprésente, je pense qu’un Exceptionnel + n’est pas démérité et j’espère que l’algorithme distributeur de bons points me suivra en attribuant une seconde plume à ce petit chef d’œuvre qui les vaut bien…

   So-San   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Quel texte... c'est sa froideur et sa dureté qui le rende beau. La capacité à mettre en mot de telles émotions est plus jolie à mes yeux que l'enchaînement d'images trop brutes, dont j'ai l'impression au fur et à mesure de la lecture, qu'elles ne deviennent que des formes de plus en plus vides... mais ce n'est que mon ressenti.
Pour autant, j'aime beaucoup l'idée, que j'ai trouvé dans ce texte, d'une dynamique d'écriture représentée unique voie, unique chance de pouvoir avancer sur un évènement qui semble-t-il est difficile (sans pour autant savoir s'il est vrai).

   Damy   
3/10/2012

   Charivari   
3/10/2012
Salut Damy.
J'ai lu ce texte en espace lecture, il y a deux ou trois semaines, et je ne le relis pas maintenant, à l'heure de faire ce commentaire... Je ne laisserai pas d'appréciation, juste mon impression lors de ma lecture.

C'est un texte très fort, crû, qui a beaucoup de gueule... Le fond et la forme vont bien ensemble, le texte est long et se lit en apnée, on sent bien la colère de ce type au bout du rouleau, qui ne mesure pas ses propos. Donc, le côté "machiste" qu'on pourrait reprocher au texte, personnellement je ne le vois pas comme ça: c'est un élan instinctif, du fiel qui sort directement de la bouche sans réflexion

Le texte ne m'a pas choqué particulièrement, mais il y a un truc qui me fait tiquer, quand même... J'avoue ne toujours pas comprendre le pourquoi de toutes ces références religieuses. Non pas que je sois gêné par ces propos sur la religion, pas du tout (j'allais dire "au contraire"), et en plus, je trouve que les images sont particulièrement bonnes, mais j'ai quand même l'impression que c'est là pour faire de la provo gratuite et un peu démago, et ça, ça a plutôt tendance à m'enquiquiner.

Mais il y a peut-être tout un aspect du texte qui m'a échapé, j'en sais rien...

   Lunar-K   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Damy,

Eh bien... Difficile de rester indifférent devant pareil cri, face à une si cruelle et violente déclaration, de haine et de dégoût bien sûr, mais aussi d'amour, par endroits, si on cherche bien (peut-être n'est-ce qu'ironiquement d'ailleurs, mais ça m'est tout de même assez difficile à croire...). Après tout, cela est dit d'emblée : "que de vos mots / expirent les douleurs de ne pouvoir aimer"... Il ne s'agit pas du tout du narrateur qui ne peut plus aimer et qui n'aime plus, mais bien plutôt cette femme, l'heureuse destinataire de ce brûlot...

Un poème et un thème qui me sont vite apparus d'inspiration romantique. Essentiellement à cause du thème récurrent de la religion et de l'Eglise. Le lien entre les deux, la femme qui n'aime plus (ou du moins pas comme le narrateur le voudrait) et le religieux, n'est pas vraiment explicité dans ce texte. Mais il se laisse deviner assez aisément néanmoins. Sans doute cette femme a-t-elle rejoint les ordres, écartant par là-même son amant au profit de sa foi. Mais bon, il n'est pas non plus besoin d'aller aussi loin. Cette femme pourrait tout aussi bien simplement ne pas vouloir consommer avant mariage (ça arrive encore paraît-il...).

Dans tous les cas, il est évident que cette femme se refuse à lui, et que c'est bien là tout le noeud du problème. Car, n'en déplaise au narrateur, j'ai bien l'impression moi que cette femme sait aimer encore, et, de fait, l'aime encore. Mais d'un amour "fait de mot", quand l'amour de l'homme est lui "fait de chair". Cette opposition irréconciliable apparaît partout dans le poème. Et sans doute est-ce précisément à cause de cette opposition que le narrateur se sent ainsi "désaimé", quand lui et sa belle se trouvent simplement sur deux plans distincts, deux réalités.

D'où aussi, je crois, l'extrême violence de ces propos. Quand la femme, dans l'esprit du narrateur, brandit "les armes convenues de l'in-rencontre" (c'est-à-dire les mots, ces "magies d’Aladin dont les poètes schizophrènes se gavent parce qu’ils ont peur de vivre") pour tenter de le reconduire à son amour, à sa propre façon d'aimer, le narrateur, lui, brandit "les armes convenues de la rencontre" (à savoir de la rencontre physique) pour la reconduire au sien, d'amour... Finalement, l'un comme l'autre sont cohérents avec eux-mêmes, dans le prolongement d'eux-mêmes (si ce n'est, bien sûr, et l'objection est de taille..., que le narrateur écrit sa violence plutôt qu'il ne la fait, tout comme son amante "alignait les mots plutôt que les caresses"...).

Bref, il y a vraiment beaucoup à dire de ce poème, énormément de subtilités, de profondeur. La violence ne m'a, à aucun moment, semblé gratuite. Un peu répétitive à la limite, le texte étant quand même fort long et ayant tendance à ressasser les mêmes choses. Mais malgré cela, je reste convaincu que tout a été pensé, réfléchi, mesuré même dans l'apparente démesure du propos (par exemple, je trouve particulièrement intéressant tout ce jeu d'opposition entre la viande et les mots, et la confusion entre les deux qui peut s'installer, et qui s'installerait même carrément chez l'amante à en croire le narrateur). Ce qui n'exclut pas sans doute une certaine dose de provocation, mais cela non plus n'est pas pour me déplaire...

Je suis entièrement conquis.

Bravo à vous, et bonne continuation !

   aldenor   
4/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En première lecture, j’ai été transporté par la rage de l’écriture, contrôlée au début, explosant progressivement ; par ce rapport orageux avec les mots.
En fin de compte, ce qui me chagrine, c’est la situation : le poète ici est l’autre, l’être chéri. Le rapport aux mots passe par le rapport à l’autre. Ça n’a pas la noirceur poétique d’un rapport direct. Voit-on ce que je veux dire ?
Un quidam amoureux d’un poète s’en prend aux mots. Or ce n’est pas lui, c’est le poète, qui a vécu avec les mots, qui devrait exprimer cette rage, ces orages et outrages…

   Bidis   
5/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce que je trouve de remarquable dans ce "poème" et ce qui m'a plu, c'est que l'on voit très bien les deux personnages - l'homme qui ne risque pas grand chose à se laisser emporter par ses pulsions et la femme qui sans doute pense qu'après la "bagatelle", elle va devoir aller faire les courses ou prendre le bus pour aller au bureau ou toute autre activité dans laquelle il ne s'agit pas d'être une pauvre petite chose pantelante à la merci du regard des autres, même si son poète est fou d'amour et d'autant plus qu'il est fou... Il y a peut-être d'autres raisons et de beaucoup moins nobles pour qu'elle réagisse par une réserve, exagérée ou non, peu importe, je répète que ce qui m'a plu, c'est que l'écriture m'a dessiné de façon vivante, expressive, animée, deux figures antagonistes, comme deux guerriers en quelque sorte, pris dans une situation ambiguë.
En tout cas, je serais tellement incapable d'une telle performance que pour moi, elle est exceptionnelle.

   Fortesque   
12/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Voilà un bel exemple d'amour vache poussé à son paroxysme : le type, un hyperkinétique du sexe, malmène sa meuf au bord de la mort cérébrale. Désolé pour cette entrée en matière pas très catholique, mais apparemment, l'auteur et moi-même avons le don d'en faire tout un pâté. Et pour dire la vérité, çà ne m'a pas tellement épaté tout ce pathos. Revenons à nos bovins ! La raison essentielle est que je n'ai pas pris plaisir à lire cette poésie, même si par ailleurs elle est très bien écrite et qu'elle distille une morve du plus bel acabit. Aussi je me fais un devoir de moucher l'auteur, sans méchanceté du reste, juste pour le plaisir. Je lui dis sous forme de clin d'oeil : "La lampe d'Aladin, il faut la frotter (dans le bon sens du poil) pour que sorte le génie". L'amour sans la manière perd toute sa saveur, surtout en poésie, j'ose l'affirmer. ;-)


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