Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie classique
Gemini : L'arapède
 Publié le 14/11/23  -  13 commentaires  -  1289 caractères  -  192 lectures    Autres textes du même auteur

Tanguy.


L'arapède



Sur les bords d’un rivage essaimé de brisants
Vivait sur un rocher aux recoins complaisants
Un petit arapède, espèce de patelle,
Que nulle, jusque-là, puissance naturelle
Employant son ardeur n’avait pu déloger.
Non pas que le caillou s’avisa d’un danger,
Mais son hôte bougeait sur ses parois rugueuses,
Et les démangeaisons devenaient odieuses.
Mais le mollusque, hélas, sourd à son minéral
Sous couvert d’exercer un art pariétal,
Bravant tous les pêcheurs et les assauts de l’onde
Ne tenait à changer de roc pour rien au monde.
Vivant à ses crochets par le fait du cément,
Les soucis du logeur le peinaient vaguement ;
Les siens ne consistaient qu’à rester loin du sable
Et mettre, pour dîner, son seul pied sous la table.
Pour gratuit. Mais un jour des hordes de varech
Garni de forts relents qui puaient le fennec
Vinrent coloniser la roche chatouilleuse
Et son gastéropode à l’existence heureuse.
Tenu par le devoir de se pincer le nez,
Il chuta dans des fonds autrement habités
Recelant en leur sein d’inouïs personnages :
Des étoiles de mer et de beaux coquillages ;
Un monde qu’il n’avait pu même imaginer
De son cocon douillet, à trop se bichonner.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Lebarde   
29/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
« L’arapède, (patelle, bernique ou encore chapeau chinois) est toute sa vie accroché à son rocher, comme « Tanguy «  voudrait rester ancré au foyer …des parents.
Pour le déloger l’un et l’autre il faudrait une invasion ou d’algues nauséabondes pour l’un ou d’une horde étrangère pour l’autre, les obligeant à découvrir d’autres lieux et d’autres personnages:
« Un monde qu’il n’avait pas pu imaginer
De son cocon douillet, à trop se bichonner « 

L’histoire métaphorique est bien trouvée et me plait bien.

La prosodie un peu dense renferme sans doute quelques « twists » que je ne cherche pas.
Pas aujourd’hui…car le ton, l’écriture enjouée un tantinet ironique, la lecture facile, me conviennent tout à fait.
Merci

En EL

Lebarde

   Ornicar   
31/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Pas mal du tout ce poème sur l'arapède ! J'ai bien accroché.
Sans reprendre tous les codes de la fable (absence de dialogues, absence de variations dans la métrique, absence de véritable morale), il en adopte le coté narratif : il y a une histoire et le récit est bien mené, parsemé d'un humour discret et de quelques formules bien trouvées.
J'ai apprécié l'exergue ("Tanguy") lapidaire dans la forme, mais si explicite et imagé. Pas besoin d'en dire plus.

Ce texte est aussi une métaphore de notre humaine condition. Ne sommes-nous pas, par certains côtés, comme une bernique, accrochés, hormis le temps compté des vacances, à notre vie, notre quotidien, notre quartier ? Et nos chères baraques, "chères" à tout point de vue, ne sont-elles pas le rocher auquel nous nous agrippons coûte que coûte ? Entre la sédentaire sédentarité et le nomadisme sans feu ni lieu, y a-t-il une place pour un juste milieu ?

Les deux derniers vers, sondant les vastes profondeurs de l'âme, ouvrent sur un questionnement philosophique et existentiel : le désir de se "fixer" quelque part peut-il constituer le projet de toute une vie ? L'homme rêve de liberté mais n'a de cesse de se mettre des attaches et des fers aux pieds. A l'inverse, vivre sans attache d'aucune sorte, est-ce bien raisonnable ? Est-ce une vie "humaine" ? Une vie d'errance n'est-elle pas la négation même d'une vie humaine ?

Sur la forme, l'écriture est fluide et maîtrisée. Ce poème est présenté en catégorie contemporaine. Honnêtement, je ne vois pas ce qui l'empêche de prétendre à la catégorie "classique". S'il ne le peut pour une raison ou une autre, les spécialistes trancheront, il s'en approche bigrement, je trouve : alexandrins sans faute, alternance régulière de rimes masculines et féminines, pas de "e"non élidés aux césures, pas de hiatus. Certaines rimes, alors, non conformes ? Faudra me dire lesquelles.

Histoire de chipoter, on est là pour ça, j'aurais formulé certains vers autrement. Par exemple :
- vers 5 : "usant de son ardeur" plutôt que "employant son ardeur".
- vers 9 : "mais le mollusque, hélas, sourd à ce minéral" plutôt que "à son minéral".
- vers 10 : "sous couvert d'exercer son art pariétal" plutôt que "un art pariétal".
- vers 14 et 15 ("Les soucis du logeur le peinaient vaguement; / Les siens ne consistaient qu'à reter loin du sable") - Je me demande si le singulier ne vaudrait pas mieux que le pluriel...
- vers 16 : "Ne mettre, pour dîner, qu'un seul pied sous la table" plutôt que "Et mettre, pour dîner, son seul pied sous la table" dont je trouve la formulation malhabile ("son seul pied", surtout)
- vers 18 : "... qui sentaient le fennec" plutôt que "qui puaient" dont la présence me gêne ici et me semble inadapté dans ce contexte d'une langue relativement élégante.

Mais tout cela n'est qu'affaire de goût et de sensibilité. Pas de quoi faire chuter cette sympathique patelle de son piédestal avec ces bagatelles !

   fanny   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Une jolie fable métaphorique très actuelle, illustrant beaucoup de thèmes, les risques du repli sur soi, l'intérêt de l'ouverture, l'immigration, l'autonomie, les comportements de l'homme vis à vis de sa planète hôte...
Bravo d'avoir mis tout cela dans une poésie classique.
Tanguy...ôtez-moi d'un doute : "Ado de chameau" ce n'était pas de vous ? Je ne le retrouve pas dans le catalogue.
Du chameau à l'arapède, quel drôle d'oiseau.

   Provencao   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Gemini,

j'aime bien cette ambiance métaphorique d’un repli du sens, d’une errance qui observe la propriété du sens, l’identité de l'image et la présence à soi de l'idée, déjà pensée, déterminée par les effets identificatoires d’un retour à la chute, et à ces démangeaisons devenant odieuses.... Le repli du sens, ou le détournement de soi, n’est qu’un instant presque nécessaire d’un retour à soi dans la force du sens.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Gemini
Juste en préambule, dire que ces vers présentés " en gros paquet " me gênent un peu.
Le titre est bien trouvé...
Ce petit arapède, installé chez un voisin rochu, à l'insu de son plain-gré, devient envahissant piquant, fort grattant.
- ne vous gênez pas ; faites comme chez vous !
Le brisant d'écume ne trouvera l'apaisement, que sous un autre occupant aux forts relents...
NB je n'étonnerai pas de dire avoir aimé ; un récit où la nature pense, se lamente, et enfin pousse un ouf de soulagement !
( je les aurais même fait parler, ces deux protagonistes ainsi que la " horde de varech " ) ce qui put donner encore plus de sel à ce conte sympathique !
Des passages savoureux comme " sous couvert d'exercer un art pariétal "
On sourit, et cela fait du bien ces temps-ci !
Si les alexandrins sont sans faute, j'entends par moment des sonorités évitables ( parois/ru.........hordes/de..... )

   Elena   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Alors Tanguy, oui peut-être, mais bien seul l'animal puisqu'il se retrouve avec son unique pied sous la table lorsque vient l'heure du dîner.

Pauvre bernique, qui par peur de décrocher vécu fort égoïstement et surtout loin des beautés et des bontés bien vivantes qui s'ébattent joyeusement sur le pas de sa porte.

Heureusement qu'un fabuliste fort aimable qui passait par là lui a offert l'horizon peuplé de merveilles.

Voilà ce qui arrive à trop se bichonner, à trop se tourner autour du nombril, pourrait être une morale des plus plausibles.

J'ai apprécié le ton qui ne se prend pas au sérieux, même si la situation le mériterait un tantinet.

Apprécié aussi cette impression que ledit fabuliste est dans l'autodérision après s'être vu dans le rétroviseur. Il me le dira... s'il le veut.

Merci, Gemini, pour le bon moment passé auprès de l'arapède. Sans rien connaître à la métrique j'ai quand même pris du plaisir à me laisser porter par l'histoire.

   Geigei   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"Essaimé", selon moi, suppose un mouvement depuis un même lieu.

"Sous couvert d’exercer un art pariétal" Bien vu ! :-))

La morale aurait mérité une punch line plus dense, façon aphorisme, à la mode de La Lafontaine.

   Eskisse   
14/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Gemini,

Jolie fable très bien tournée, qui conte l'itinéraire d"un arapède devenu esthète par la force des choses et du varech !

Alors certes, elle délivre beaucoup d'enseignements ( ouverture aux autres, prise de risque etc) mais comme l'animal chute dans un monde enchanteur, on peut y voir aussi une ouverture à l'Art.

D'autant que l'arapède n'y était pas complètement étranger : le "sous couvertd'exercer un art pariétal m'a bien plu".
La morale pourrait être : Ouvrez vous à la beauté.

   Cyrill   
15/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut Gemini,
J’aime bien cette fable qui ne délivre pas forcément la morale attendue.
On pourrait penser que ce mollusque parasite sera sanctionné de son existence égoïste. Que non pas ! Le hasard d’une odeur désagréable le fait s’ouvrir au monde et à la beauté. Une leçon pour les Tanguy. Parents exploités, prenez-en de la graine !
La note d’humour s’entend de bout en bout, j’apprécie !

   Vincendix   
15/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Absent depuis plusieurs mois, après une période douloureuse, je constate avec plaisir que les anciens sont toujours présents.
J'ai toujours apprécié les fables de Gemini, digne d'Esope et consorts et celle-ci évoque l'un des dérèglements de la nature une réalité qui affecte les humains, délogés de leur "rocher" sombrant dans des profondeurs abyssales.

   Miguel   
20/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Son seul pied sous la table" : il n'y a que Gemini pour avoir de telles trouvailles. Le reste est à l'avenant, enlevé, léger, plein d'humour et , et même temps, porteur d'une morale sérieuse et riche.

   Eki   
25/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La vie réserve de belles surprises parfois malgré soi...
Poème d'ouverture !
Un ermite sorti de sa grotte...j'aime bien cette fable qui déjoue l'ordinaire, laisse place à la beauté d'un monde révélé...réinventé pour l'arapède...

   Annick   
4/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je ne vais pas commenter ce poème délicieux, bien construit, pétillant, alerte. D'autres commentateurs l'ont fait avant moi.
Je dirai simplement que les fables sont particulièrement difficiles à composer car il faut toujours avoir à l'esprit : est-ce que je me fais bien comprendre de mes lecteurs ? Ne manque t-il pas une partie essentielle, aussi petite soit-elle, pour la compréhension du récit ? Sachant qu'il faut faire preuve en même temps d'imagination, d'humour, etc... Sans compter la morale de l'histoire !
Etre à mi-chemin entre réalité et imaginaire.

Ecrire un état d'âme est moins compliqué car on peut faire vagabonder son imagination sans avoir le souci de coller nécessairement à la réalité.
C'est juste mon avis.

A part les deux conjonctions de coordination "mais", en début de vers, un peu trop proches l'une de l'autre, votre poème, c'est de la pure voltige.

Un grand bravo !


Oniris Copyright © 2007-2023