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Poésie néo-classique
Graoully : Le roitelet
 Publié le 13/09/24  -  8 commentaires  -  1779 caractères  -  130 lectures    Autres textes du même auteur

« L'orgueil est le consolateur des faibles. »
Vauvenargues

« Tout oiseau aime à s’entendre chanter. »
Proverbe anglais


Le roitelet



Pour les endormir, à l’aurore,
Un sage hibou narre encore
À ses petits, le bec rieur,
La détestable politique
De ce roitelet pathétique
Certain d’être supérieur :

« Il habitait une aubépine
En fleurs : forteresse et rapine
Qui fit clochard un muscardin.
Pour lui, c'était de la roture.
Il promenait sur la nature
Des yeux qu'allumait le dédain.

Il disait : je suis grand ; je prône
L’amour exclusif de mon trône.
Suzerain de tous les oiseaux,
Les beaux geais font leur tour de garde
Pour moi. – Soudés par ma cocarde,
Les geais sont de probes vassaux.

Seigneur, j’ai des terres censives
Que des taupes inoffensives
Me labourent chaque matin,
(Ô saint labeur du prolétaire !)
Et qu’elles paient en vers de terre
Dont je fais un joyeux festin.

Il était bruyant, minuscule,
Superbe jusqu’au ridicule.
Cet impérieux roitelet,
Grand provocateur d'escarmouches,
Suivi d'un escadron de mouches
Dans le sous-bois transi volait.

− La fin de l'histoire est prochaine. −
Un jour, en contemplant un chêne
Splendide et séculaire, il dit :
Mon trône est vraiment misérable
Auprès de ce tronc vénérable.
Là-haut, là-haut on resplendit !

Il s’envola jusqu’à son faîte
Sous la prunelle stupéfaite
De la grive et de l’étourneau.
Il en asservit l’avifaune
D’opéra, devenue aphone
Sous le joug de ce tyranneau.

Il bannit même la sittelle
Qui nichait là, car il fit d’elle
Une persona non grata ;
Et du lundi jusqu’au dimanche,
Il chantait, chantait sur sa branche…
L’autour le vit qui l’emporta. »


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   poldutor   
28/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour

Belle poésie en forme de fable, voici que le plus petit, le plus faible et minuscule des oiseaux, se prend pour le roi de l'univers !
Le voici mouche d'un coche végétal, qui chasse les autres oiseaux de "son" territoire, avisant un chêne, il veut en faire son trône et à force de monter, se trouve à découvert et la proie de l'autour !
Moralité : pour vivre heureux, vivons cachés !
Rien à dire de ce poème, sinon qu'il est agréable à lire, nous ramenant à l'époque de la communale.
Bravo et merci.
poldutor en E.L

   Robot   
28/8/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Une fable qui, bien que comportant quelques "à peu prés" est réussie dans sa démonstration.
Une leçon de morale pour les prétentieux et ambitieux comme ce roitelet.
Monter trop haut, c'est se mettre à découvert à portée des oiseaux de proie qui attendent leur tour.

   Mokhtar   
4/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le propre d’une bonne fable, l’œuvre du Maitre en est la preuve, est de toujours trouver écho, quelle que soit l’époque, dans les travers de genre humain.

Ici nous est décrit un ambitieux, intrigant, roué, prétentieux qui réussit à se hisser au plus haut : ce qui ne l’empêche pas de périr misérablement. Bien évidemment, il ne saurait être question, sur ce site, de discerner dans ce récit toute allusion à des personnages existants ou ayant existé. Ni même de subodorer l’ombre de la tentative d’une caricature légèrement partisane.

Remarquons qu’imposteur ou légitime, modeste ou ambitieux, incapable ou compétent, méprisable ou honorable…celui qui se trouve en haut du chêne est toujours vulnérable aux rapaces et aux charognards, motivés essentiellement par leur appétit égoïste.
N'est pas aigle qui veut.

Mais la vocation de ce site est de disserter sur l’écriture. Pour ma part, je trouve ce texte remarquable dans sa forme. L’emploi de l’octosyllabe donne un rythme allègre qui emporte le lecteur. La chute sur un vers est amenée avec talent. Enfin la richesse du vocabulaire et l’emploi de mots parfois surannés colore avec brio un texte qui devient du coup plus intemporel, plus…classique. Joli travail. Merci.

Mokhtar

   Provencao   
13/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Graoully,

Je me suis beaucoup amusée à lire et relire votre fable.
Chapeau bas pour votre aisance dans l'écriture et ce sublime vocabulaire qui l'accompagne.

Vous avez fort bien mis en exergue ce rôle central que joue l’image de ce roitelet dans la Fable.
Joli tableau avec cette richesse des mots où tout un chacun de nous se trouve dessiner, portraiturer .
Belle narration et description dans vos vers.

Il ne me manquait plus que des illustrations .

Sublime fable bien greffée, reposant en outre sur l'appréciation du mot et de l'image propre aux formes concises que sont le pathétique, un muscardin, le suzerain, le seigneur et surtout, l’autour...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
13/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Graoully
Le genre de poésie qui devrait paraître, systématiquement car rigolote, pas idiote, pour tout humain douce litote ( riche ou pauvre, bête ou sensé... )
n'arriva-t-il pas à quiconque de pèter plus haut que son C... ?
Je ne peux m'empêcher de songer à notre Président, que l'on compare à un Roi, un Phoebus mais je ne vois pas l'Autour qui pourrait le croquer.
NB mais restant au niveau de ce petit passereau, qui ne se prend pas pour rien, je suis le conte de l'auteur, avec attention et plaisir ; passant de son Aubépine " forteresse en fleurs et rapine " d'où il contempla la plèbe, digne " suzerain de tous les oiseaux "
et voir tout là-haut le faîte d'un chêne
plus approprié trône pour notre personnage...
mais toute histoire a une fin, dont le menu se mange sans faim, et bientôt le roitelet, sous des griffes acérées s'en fut vers son trépas.
Très bien mené ce portrait, où la saveur des dialogues est gourmandise, telles les lignes de la 4e strophe, mais les autres n'ont point à rougir !
J'aurais même fait parler la Star, davantage !
techniquement, je vois de parfaits octosyllabes ( aux diérèses exactes )
au 23e vers, " qu'elles pai/ent " sont peut-être une faute en " classique "
mais quel bon moment !

   BlaseSaintLuc   
13/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Personnages et Symbolisme :
Le roitelet : Symbolise l’arrogance et la vanité. Malgré sa petite taille, il se considère supérieur et impose son autorité de manière tyrannique.
Le hibou : Représente la sagesse et la transmission des leçons de vie à travers des histoires.
Les autres oiseaux : Illustrent les sujets soumis et les victimes de l’oppression du roitelet.
Thème et Morale :
Critique de l’arrogance et du pouvoir abusif : La fable critique ceux qui, malgré leur insignifiance, se croient supérieurs et abusent de leur pouvoir.
Leçon d’humilité : La fin tragique du roitelet, emporté par l’autour, montre que l’arrogance et la tyrannie mènent souvent à une chute brutale.
Style et Langage :
Rimes et rythme : La fable est écrite en vers avec des rimes régulières, ce qui lui donne une musicalité agréable et facilite la mémorisation.
Langage imagé : Utilisation de métaphores et de descriptions vivantes, comme “forteresse et rapine” ou “escadron de mouches”, qui enrichissent le texte et captivent le lecteur.
Structure :
Introduction : Le hibou sage raconte l’histoire à ses petits, ce qui crée un cadre narratif.
Développement : Description de la vie et des actions du roitelet, illustrant son arrogance et son comportement tyrannique.
Conclusion : La chute du roitelet, emporté par l’autour, qui sert de morale à l’histoire.
Impact Émotionnel :
Empathie pour les victimes : Le lecteur ressent de la sympathie pour les autres oiseaux et les taupes, victimes de l’oppression du roitelet.
Satisfaction de la justice : La fin de la fable apporte une satisfaction morale en voyant le tyran puni pour son arrogance.
En résumé, cette fable est une critique efficace de l’arrogance et de l’abus de pouvoir, habilement racontée à travers des personnages animaux et un langage poétique. Elle rappelle que la véritable grandeur réside dans l’humilité et le respect des autres.

   Rosaura   
14/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ah! Ah! Quel régal de lire et relire cette fable si habilement contée ! Et de grappiller de-ci,de-là des mots joyaux de la nature ! Qu'il est drôle et pompeux ce seigneur à plumes qui veut asseoir ses privilèges au détriment de ses " sujets" croit-il... Seulement voilà... la nature veille ! La nature aux yeux d apache ! En cape de frou-frou... et la chute que l' on guette dans le sous-bois est remarquable de concision ! On en redemande de cette vivacité de trait de plume !

   jfmoods   
24/9/2024
Trois passages sont particulièrement marquants dans ce poème.

Le premier, c'est la personnification du vers 3. Le "bec rieur" donne d'emblée la morale de la fable. Quiconque s'exonère de la mesure, de la modération, pour se laisser entraîner vers la démesure, l'excès, l'hubris, doit être moqué, et ce impitoyablement.

Le second passage se situe au vers 31. Le poète fait mine de prévenir la lassitude du lecteur après un développement un peu long (4 strophes) sur le roitelet et son environnement immédiat. Cet espace de convivialité entre tirets est particulièrement bienvenu.

Le troisième passage concerne évidemment la chute du poème. Le vers final suffit pour évacuer l'insupportable volatile. Aussi rapide et efficace que la plongée du prédateur sur sa proie.

Merci pour ce partage !


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