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Poésie néo-classique
Hiraeth : Les Sans-Yeux
 Publié le 28/02/21  -  18 commentaires  -  856 caractères  -  297 lectures    Autres textes du même auteur

Un archidémon parle.


Les Sans-Yeux



Je suis le Torturé, descendant du Retors,
J’aime les corps vautrés et le Mal qui dévore
Des catins édentées, des bouchers aux doigts tors ;
Mon étreinte est tout sexe, ô Luxe carnivore !

Vous ne me voyez pas ? Idiots sans pareils,
Je darde sur vous tous mes yeux noirs de corneille :
Sous leur bouillante nuit où sombrent les soleils,
La Sainteté se tait et la Bête s’éveille !

… Vous ne me voyez pas ?… Voyez-vous l’Éternel ?…
Pauvre aïeul. Ignoré toi de même. Infidèles !
Les noms de Jéhovah, de Baal, d’Azazel,
Sont-ils déjà trop grands pour vos mornes cervelles ?

Alors dormez, enfants. Tous les esprits sont morts.
Vos âmes ne sont plus que de vides amphores
Où ne coule plus rien, pas même le Remords,
Et vous errez sans yeux au pied des Sémaphores.


 
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   Gemini   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je me suis demandé si le titre n'était pas un clin d'oeil envers certains sans-dents, façon de moquer une forme de mépris vertical envers les faibles, les infortunés.
On retrouve d'ailleurs des "catins édentées" dès le premier quatrain.

On retrouve par la suite cette volonté de distanciation, ce besoin d'écraser le petit pour mieux s'en distinguer. "Idiots", "infidèles", "enfant" aux "mornes cervelles" et à l'âme..vide".
L'archidémon défend sa chapelle.
Dans son monologue, il fait le procès en accusation du délabrement spirituel. A mon sens, il tient bien son rôle de secoueur de consciences : à la fois vindicatif (Hé ! Les Sans-Yeux ! "Vous ne me voyez pas ?", deux fois, comme si en plus ils étaient sourds) et dédaigneux, en patron de la morgue.

J’ai un peu buté sur l’image de la bouillante nuit (des yeux de l’archidémon) où sombrent les soleils. Cela peut vouloir traduire un noir profond, mais pourquoi bouillante ?
V15, j’ai eu du mal à départager s’il valait mieux un "Où" qu’un "D’où" pour signifier que les âmes ("amphores") devaient se remplir ou se vider de "Remords".
Dans cette forêt de majuscules, pourquoi "aïeul" et "toi" v10, n'en comportent pas ?
J’imagine que "Baal" se prononce Bal.
Et j'ai appris la règle d'accord sur "sans pareils", que je ne connaissais pas (et qui est d’ailleurs très intéressante).

Autrement, on sent qu’il y avait une volonté de rythmer le texte. Peut-être une allitération en "r" premier quatrain pour les enferrrrs ?
Pour agrémenter ces consonantiques masculines/féminines de même son, dommage de n'avoir pas trouvé une autre rime que "or/ore" en première ou dernière strophe. Elle revient trop dans l'oreille. Il y en avait tant d’autres ‘(il, ur, er…).

   inconnu1   
13/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'ai rien vu de de rédhibitoire pour du néo classique. La technique est là avec un choix d'écriture en diérèses. Je ne suis pas fan des mêmes rimes par strophe, les unes en féminines, les autres en masculines, mais pourquoi pas.

Sur le style, l'auteur a choisi l'agressivité du lexique plutôt que la musicalité et la métaphore, mais cela est un lien avec le thème.

Pour ce qui est de ce dernier, il y a une certaine originalité. Je ne sais pas s'il y a un message autre que de donner la parole au démon. Sommes nous si aveugles? sans doute, mais que ne voyons nous pas, il y a tellement de choses. L'auteur nous le dira surement

Bien à vous

   Anonyme   
16/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un bon texte anticonformiste qui ressemble un peu à ceux de
Gérard de Nerval, le torturé du 19ème.
Ce poème se démarque par ses mêmes rimes masculines et
féminines.
Le démoniaque nous parle et j'aime bien sa parole, notamment
les 2 premiers vers du dernier quatrain :

Alors dormez, enfants. Tous les esprits sont morts.
Vos âmes ne sont plus que de vides amphores

Oui, nous sommes tous leurrés et endormis par les médias
de tout poil et plus personne ne s'interroge béat devant l'information
qui nous percute.

Un texte qui peut dénoncer les dérives de notre société
même si ce n'est pas forcément son but premier.

   Anonyme   
16/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Outre le caractère imprécatoire du poème que je trouve plutôt réussi, j'apprécie ce choix de sonorité unique à la rime pour chaque quatrain, déclinée en masculin + féminin ; cela illustre, me semble-t-il, l'universalité du Mal qui concerne tous les humains. Une bonne idée donc au vu du sujet.
Je trouve aussi le rythme bon, régulier (peut-être trop, en fait ; le chaos se déroule bien sagement en alexandrins sans enjambements ni heurts !). Un peu trop d'interpellations à mon goût, ce qui accentue l'effet de régularité (retour du même procédé rhétorique) en décalage selon moi avec le sujet.

Sur l'ensemble, un bon poème pour moi. Mon vers préféré est le dernier, avec ses sifflantes sardoniques (vouzerrez sanzyeux)...

   Anonyme   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Hiraeth,

Je ne suis pas certaine d'avoir compris les intentions de l'auteur, mais je ressens le côté engagé de cette poésie qui n'est pas pour me déplaire.
Je ne m'attarderai pas trop sur le fond, juste que "sans yeux" signifierait probablement ceux qui ne voient pas la réalité en face et qui surtout ne veulent pas la voir et la comprendre.

Mais j'ignore dans quel contexte en particulier, les sujets pouvant être nombreux.
L'auteur en dira probablement plus.

J'aime bien le dernier quatrain que j'interprèterais comme :

Puisque vos âmes sont vides, continuez de dormir et ne rien voir.

J'ai bien aimé l'ensemble avec ce vocabulaire employé percutant, ainsi que l'originalité des rimes de chaque quatrain.

   Ligs   
2/3/2021
Bonjour,
je trouve beaucoup de clichés et de superstition dans ce poème et cela me dérange particulièrement...
L'association du mal et de la sexualité en particulier, mais aussi la dévalorisation du métier de boucher, ou l'image des catins édentées.
Par ailleurs, le traitement me semble artificiel. D'entrée le premier vers, qui imite le plus célèbre vers de Nerval ("je suis le ténébreux [...] l'inconsolé"), me fait penser à un manque d'inspiration, une écriture qui cherche à s'autoalimenter. Je retrouve ce côté artificiel dans l'évocation dans le même vers de Jehovah, Baal et Azazel : il me semble impensable à la fois pour un esprit religieux et pour un démon de prononcer ces noms à la suite, et d'évoquer la grandeur de Jehovah pour le démon, celle de Baal et Azazel pour un croyant.

Tout cela me donne le sentiment d'un désir d'écrire un texte provocateur. Il l'aurait été au XIXème siècle, mais il me semble suranné à notre époque.

Je comprends toutefois la volonté de secouer le contemporain endormi et aveugle, sans adhérer au choix thématique.

Je reprends la lecture de ce poème quelques jours après, lis les autres commentaires... et m'aperçois que je me suis laissé dominer par des impressions négatives qui m'ont fait mal juger ce poème à cause de sa thématique. Je n'ai pas été objectif.
Le relisant comme je lirais un poème du XIXème par exemple, j'en vois la qualité littéraire, le rythme, la force du ton imprécatoire.
Difficile de se rendre compte que l'on peut être à ce point partial et subjectif dès que des affects personnels sont en jeu !
J'enlève l'appréciation, qui était injuste. J'avoue être incapable de mettre une appréciation...
Au plaisir de lire d'autres textes de vous qui me feront progresser dans ma façon de recevoir les poèmes de mes contemporains 😊

   Provencao   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
" Vous ne me voyez pas ?… Voyez-vous l’Éternel ?…
Pauvre aïeul. Ignoré toi de même. Infidèles !
Les noms de Jéhovah, de Baal, d’Azazel,
Sont-ils déjà trop grands pour vos mornes cervelles ? "

Moi j'ai bien aimé ce langage usité comme un outil nous servant à rendre compte d'un lien " de savoir" au monde que nous pensons a priori et dont il ne serait qu'un éclat ajusté.

À partir de ces "Sans-yeux" , vous nous présentez " le torturé " avec ses glissements calamiteux irascibles de conduire aux pires reculs identitaristes...

Belle réflexion à mon sens.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Hiraeth
" Enfants, dormez-vous ? je suis l'ange du mal, qui me complais dans la luxure, qui jette du sel sur vos plaies, qui ne sais que blasphémer, qui hante les maisons vives et empêche le mort de reposer en paix !
Vous ne me voyez pas, ne m'entendez pas, alors vous êtes comme moi ; de la pire espèce ! Allez sans paix ! "
NB Un conte pour faire peur, alors qu'on est déjà bien servis depuis Mars 2020 ! Mais il faut bien songer au malin, pour venir chercher le réconfort auprès de qui aime bien !
L'auteur ne fait pas dans la dentelle, en matière " d'affreuseté ", et même la sorcière au nez et doigts crochus de Blanche-Neige tremblerait...
Un texte dont pourrait se délecter un djiadiste en mal de décapitation...
Techniquement, les rimes s'accordent en féminin et masculin telles assonances voisines, ce qui donne un rythme soutenu, lancinant à merveille !
Dodécasyllabes sans faute !
n'allez pas en paix ! amen...

   Angieblue   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hello,

J'aime bien ce point de vue interne d'un narrateur qui pourrait être Satan qui vient narguer les pauvres créatures terrestres créées par son rival tout puissant.

Excellent le premier quatrain avec un superbe jeu d'allitérations et d'assonances.
Le son "or", "tor" est vraiment bien exploité.
"luxe carnivore", j'aime beaucoup.

Très bon aussi le deuxième quatrain.
Belle allitération en "s":
"Sous leur bouillante nuit où sombrent les soleils,
La Sainteté se tait et la Bête s’éveille !"
C'est très bien tourné avec un subtil jeu sur les oppositions.
J'aime aussi "les yeux noirs de Corneille".

Attention cependant à "tous". On a tendance à la lecture à le lier à "mes yeux" et "tous mes yeux", c'est un peu lourd est forcé
Alors qu'il faut le lier à "vous", "vous tous" =vous tous les humains.
Il faut peut-être mettre une virgule après "tous" pour ne pas machinalement le lier à "mes yeux".

"Pauvre aïeul. Ignoré toi de même. Infidèles !"
Attention, pas très fluide à la lecture...

Vraiment top, le dernier quatrain:
Jolies les âmes comparées à de "vides amphores".
Et j'adore:
"Et vous errez sans yeux au pied des Sémaphores."
L'image est très forte! Et c'est bien vu de l'avoir choisie comme titre du poème.

C'est vraiment de l'excellent travail aussi bien sur le plan des sonorités que sur celui des images!

   BlaseSaintLuc   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
contre, la poussière dans les yeux des croyants , contre, les clichés usés jusqu'à la corde , contre, la morale trop facile , ce torturé c'est l'homme , il n'as pas d'autre nom , il est à l'image de lui même , depuis toujours et jusqu'au but .


Pour, les deux première strophe , excellente dans le style .

   Anonyme   
28/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'y vois moins une critique sociale que l'approche d'un démon pour reprendre l'exergue qui s'apprête à abuser des femmes durant leur sommeil. Le caractère fantastique se mêle au religieux, pour le blasphémer, pour reprocher aux gens de les oublier. Trop d'insultes peut-être. Baal est-il le dieu nordique ?

   Miguel   
28/2/2021
Il me semble simplement que ce texte proclame le triomphe du diable qui nous dit qu'il existe, mais les humains aveuglés par leurs péchés ne le voient ni ne le croient. Lecture influencée peut-être, mais qui cadre parfaitement avec ce contenu où je perçois la jubilation du désespoir.

   Quidonc   
1/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hiraeth,
Nous voici face à un archi-démon sans nostalgie. Un démon qui retrouve dans notre monde actuel, tout ce qui fait le sien et qui de moins en poins le mal du pays.
Une vision sans concession, mais peut-on en attendre d'un démon, sur la décadence d'un monde égoïste et sans spiritualité. Ce monde est le sien et il en fait sa délectation...Et le diable hurla de joie.

Brrr... Merci pour ce partage

   Cristale   
1/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Rarement utilisée cette combinaison en poésie moderne est appelée rime hétéro, déjà l'originalité se fait sentir.

J'adore les archidémons, surtout quand ils ont du mordant tous crocs dehors et de l'écume qui dégouline de leurs lèvres violettes (oui je les vois violettes), les croquants de la luxure, les fouettards de morts-vivants.

Au diable les faux angelots !...mais je m'emporte. Il faut dire que votre poème n'a rien du romantisme qui me séduit, par contre il séduit mon penchant pour les écritures expressives qui n'ont pas peur des mots.

Oui, ça me plait.

Cristale

   Anonyme   
1/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Surpris par le style, j'admire les quatrains pairs qui sont superbes.
Ne sont pires aveugles... C'est le titre que j'aurais choisi. Merci pour cet écrit splendide.

   emilia   
1/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui a du souffle et volontiers provocateur, ce qui n’est pas surprenant vu le thème traité, qui parle d’un « archidémon » et d’un « Luxe » bien éloigné de celui évoqué par Baudelaire où « Là, tout n’est pas qu’ordre et beauté… » ; ici, il s’agit plutôt de luxure, où les sonorités proches sont martelées par le rythme donné au poème, comme dans le premier quatrain à l’hémistiche, en rimes internes (torturé/vautré/édentées). L’interpellation faite aux humains à deux reprises, de façon insistante (Vous ne me voyez pas ?) enchérit sur le mépris ironique affiché (« Idiots sans pareils/Infidèles/aux mornes cervelles/Sans Yeux/… qui ignorent l’Éternel…, dont les esprits sont morts, endormis, les âmes, des « amphores vides et errantes… ); une présentation originale avec ces rimes croisées sur le même son et brillamment réalisées, sans oublier la touche finale accentuant la dérision avec ces « Sémaphores » dont les signaux sont vains…

   Ewald   
1/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,
J'ai apprécié l'ambiance générale et le ton imprécatoire et provocateur, les nombreuses invectives aux lecteurs, ça m'a vaguement rappelé certaines strophes des Chants de Maldoror, en beaucoup plus lisse et sage (les références aux corps vautrés, aux catins, aux bouchers et au sexe me paraissent assez convenues).
Et j'ai beaucoup aimé l'idée illustrée par les deux dernières strophes : le vide spirituel et l'apathie qui se sont abattus sur nos faibles et pitoyables esprits humains. Pour le coup j'ai pensé au poème "L'oubli" de Heredia qui se termine ainsi (votre texte pouvant être lu pour moi comme une réécriture punk et démoniaque) :

"Mais l'Homme indifférent au rêve des aïeux
Ecoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les sirènes."

Merci pour le partage !

   Edgard   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La salsa du démon ! Fort bien écrit, une dextérité de boucher orfèvre. Dégommés, nous tous qui errons sans yeux ! On ne se dérange pas pour rien Monsieur Hiraeth !
J’aime bien les rimes façon marteau qui enfonce le clou …dans la menotte. Et le titre, qui n’est pas dénué d’humour. Archi poème? Brrr, pas chaud ce matin.


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