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Poésie contemporaine
Hiraeth : Oh mais quels sont ces bruits…
 Publié le 09/07/21  -  7 commentaires  -  2081 caractères  -  105 lectures    Autres textes du même auteur

"O what is that sound which so thrills the ear,
Down in the valley drumming, drumming?"

W.H. Auden


Oh mais quels sont ces bruits…



« Oh mais quels sont ces bruits qui s’élèvent au loin,
D’où viennent ces clameurs dans la ville endormie ?
– C’est sans doute une fête ; et bientôt, mon lapin,
Ce sera l’accalmie.

– Oh vois-tu ces fumées qui montent lentement,
L’une après l’autre au ciel comme des filets d'âmes ?
– Rien que des feux festifs, ô mon doux petit faon,
N’en faisons pas un drame.

– Oh mais quel est ce son qui vient de retentir,
Si soudain et si sec qu’il me glace la tempe ?
– C’était juste un pétard, mon diamant, mon saphir…
Mais ma chère, tu rampes ?

– Oh n’aperçois-tu pas tout ce monde qui court
Et qui crie en tous sens là-bas sur l’avenue ?
– Ça s’agite en effet, mon tendre et seul amour,
Mais pas dans notre rue.

– Oh mais qui sont ces gens qui s’avancent de front
Et s’arrêtent parfois devant certaines portes ?
– Je ne sais, mais du calme, adorable bichon :
Seul notre couple importe.

– Oh mais qui cherchent-ils ? Est-ce monsieur Granger ?
A-t-il encore dit le fond de sa pensée ?
– Nous sommes là tous deux à l’abri du danger :
N’aie crainte, ô mon aimée.

– Oh pourquoi tournent-ils ? Visent-ils le docteur
Qui réside tout près ? Il faut qu’on le secoure !
– Non, ils ont dépassé son cabinet, mon cœur ;
Et maintenant ils courent.

– Oh pourquoi t’en vas-tu ? Reste ici près de moi !
As-tu feint tous tes vœux, tous tes vœux volubiles ?
– Non chérie, j’ai promis de t’aimer sous la loi,
Mais il faut que je file. »

Oh la porte est brisée, l’escalier pris d’assaut,
Oh c’est là qu’ils se ruent, tout hérissés de lames ;
Leurs pas lourds tonitruent jusqu’au seuil du Très-Haut,
Et leurs yeux sont des flammes.


 
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   ANIMAL   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a quelque chose d'inexorable dans ce poème qui commence comme un conte pour enfants et se termine en forme de cauchemar.

Quels sont ces bruits de bottes... pourrait-on dire. Et cette femme est bien naïve de croire aux paroles et en la parole de son cher ami qui l'abandonne dans la déconfiture.

" j’ai promis de t’aimer sous la loi" lui dit-il, mais s'il devient hors-la-loi, qu'en sera-t-il de cette promesse ? Les mots sont du vent, seuls les actes comptent.

J'espère pour cette femme que les intrus n'en veulent qu'à Monsieur qui a fui et la laisseront en paix ; on peut en douter car la foule en colère se doit de mettre la main sur une victime expiatoire.

Un texte étonnant.

   Anonyme   
28/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé prenante cette litanie montrant une femme inquiète de l'état du monde, voyant le danger de plus en plus proche. En est-elle la cible ? Son compagnon ou sa compagne (pas de marqueur grammatical), résolument lénifiant(e), finit par l'abandonner, peut-être pour se joindre à la horde meurtrière. Beau dernier quatrain à mon avis, intense.

La progression, le rapprochement du désordre et de la violence, m'a paru bien menée. On peut imaginer je crois, au-delà de l'interprétation politique, une allégorie de la solitude et de la mort, par exemple le corps qui peu à peu succombe à la vieillesse ou la maladie représentée par la horde... Un peu tordu j'en conviens, mais j'ai le sentiment que ce sens possible rôdaille sous les mots, peut-être à cause de l'évocation du toubib.

   Robot   
9/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le récit peut valoir pour toute les époques. Saint Barthélémy, descente de police gestapiste, pogrom, etc...

La crainte de l'une tempérée par les excès de confiance de l'autre. Le final de l'avant dernier quatrain semble exprimer une trahison ou une lâcheté, prélude à l'abandon et à la tragédie.

La progression du récit est bien conduite. Elle tient le lecteur en haleine.

J'espère que l'auteur apportera quelques lumières en forum sur le sens de son récit. Peut-être les vers du préambule donnent-ils une explication, mais il aurait fallu fournir une traduction. Tout le monde ne lit pas l'anglais couramment. (Ma flèche descendante pour traduire ce manquement car il me semble qu'une traduction serait de bon ton sur un site francophone.)

   Corto   
9/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La construction de ce poème est prenante.
Le décalage entre ce qui se passe en réalité et le questionnement de la femme rassurée perfidement par son mari est bien posé. Il participe strophe après strophe à la tension vers un lointain qui se rapproche, toujours plus inquiétant.

Le désordre semble absolu, les règles ont disparu, la sauvagerie est partout.

En dernière strophe l'allusion au "Très-Haut" semble une référence au fanatisme religieux avec ses éventuelles ramifications sournoises comme le nazisme (ou autres, on a le choix selon les époques et les lieux).

L'ambiance créée et la progression de la tension sont remarquablement maîtrisées.
Frissons garantis. Optimisme en berne.

   Cristale   
9/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Entre respecter ses promesses sous la loi envers son épouse et respecter son engagement d’homme au service de sa patrie pour sauver son pays, l’acteur de ce texte a fait son choix, qu’on imagine déchirant, d’abandonner sa femme, avant que la milice ne vienne l’arrêter, pour rejoindre ses camarades de la Résistance.

Grand philosophe, licencié ès sciences mathématiques, docteur ès lettres, professeur épistémologue et autres titres élogieux ce monsieur Granger, évoqué par le personnage féminin à la sixième strophe s’est engagé dans la Résistance durant le seconde guerre mondiale, sous le nom de « Gilles », dans le maquis de la Creuse.
Oui, je ne pouvais ignorer cet indice du narrateur et internet m’a bien aidée pour découvrir qui était ce monsieur Granger.
Si j’ai tout faux, l’auteur le dira.

Un excellent récit, un dialogue qui tient en haleine, que de bons ingrédients pour réussir cette pièce poétisée bien rythmée.
Ici l’Amour l’emporte dans toutes les dimensions du sacrifice et du dévouement.

Bravo !

   papipoete   
9/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Hiraeth
" ne t'en fais pas, tout va bien ! " put-on dire en quelques strophes, puis ces bruits enflent comme le réveil prochain d'un volcan ; et ça va crescendo jusqu'à ce tsunami qui déferle dans la maison !
NB un récit que l'on pourrait juxtaposer sur bien des drames ( on pense forcément à ces descentes de la Gestapo... et bien d'autres moments affreux auxquels nul ne s'attendait ! )
Du " pianiste, Anne Franck au dernier des Mohicans ", ce récit monte, monte jusqu'à l'explosion finale ! pourvu que jamais nous ne connaissions ces hordes de barbares...
un poème vraiment bien agencé, au suspense extraordinaire !
mais quelques bémols :
3e strophe " ce son " semble trop doux par rapport à l'inquiétude
3e strophe " tu...rampes " est surprenant
les rimes semblent quelque peu forcées par moment.
mais toute strophe me plaît !
dodécasyllabes et hexasyllabes me semblent sans faute

   Miguel   
10/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce que je préfère dans ce poème,ce sont les vers qui expriment l'inquiétude. Ce sont les plus forts. Ceux du pieux mensonge laissant croire que tout va bien sont plus mous, mais sans doute est-ce dû à leur contenu lénifiant. Je regrette cet emploi du verbe "filer", familier dans ce contexte. La fin est superbe et terrible.


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