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Poésie contemporaine
Hiraeth : Pantoun d'automne
 Publié le 19/01/19  -  5 commentaires  -  1577 caractères  -  162 lectures    Autres textes du même auteur

Well, who wants to keep the human race going?
(P.G. Wodehouse)


Pantoun d'automne



Dis-moi, combien de temps encore ?
Voici l’automne après l’été,
Qui nous rejoue sa vieille aurore.
N’en est-il donc jamais lassé ?

Voici l’automne après l’été,
Le même show, l’éternitude.
N’en est-on donc jamais lassé ?
Toujours je baille à l’interlude.

D’un regard d’or l’éternitude
Fait rougir tous les esprits verts.
Je baille encore à l’interlude ;
Mais pourquoi rient tous ces piverts ?

J’ai vu mourir les esprits verts
Et trembler l’air des chutes d’anges ;
Mais pourquoi rient tous ces piverts,
Chantent ces grives, ces mésanges ?

Et tremble l’air des chutes d’anges,
Vente la pluie sur les maisons.
Des rouges-gorges, des mésanges…
En moi se meurent les saisons.

Et le vent pleut sur les maisons,
Et doux Jésus repart bredouille.
En nous se meurent les saisons :
Face aux écrans, le ciel se brouille.

Et doux Jésus repart bredouille,
Toquant aux portes, chaque jour.
Face aux écrans l’humain gazouille,
Drôle d’oiseau, aveugle et sourd.

Et chaque nuit, et chaque jour,
Des gens se baisent et se tuent.
Pauvres oiseaux, en mal d’amour !
Des bouches marchent dans la rue.

Et l’on se baise, et l’on se tue.
Mêmes infos à la télé :
Des gens débouchent sur l’av’nue,
Un autre mec s’est explosé.

Mêmes infos à la télé,
Un p’tit scandale, un compte offshore.
Un autre mec s’est explosé…
Dis-moi, combien de temps encore ?


 
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   Corto   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Humour et audace sur canevas d'inquiétude.
"l’éternitude. N’en est-on donc jamais lassé ?" Eh oui ! bonne question, qui, comment, pourquoi essayer de faire que les saisons continuent à exister, et accessoirement l'humanité aussi.
Le ton choisi, volontiers provocateur permet bien des fantaisies sur un sujet que personne ne sait vraiment par quel bout prendre. Il y a donc des trouvailles dans la formulation: "En nous se meurent les saisons :Face aux écrans, le ciel se brouille"... "l’humain gazouille, Drôle d’oiseau, aveugle et sourd."
Le final résume un peu le problème:"Mêmes infos à la télé,
Un p’tit scandale, un compte offshore. Un autre mec s’est explosé…
Dis-moi, combien de temps encore ?"
On peut sourire, on peut être glacé devant ces problèmes.
Le poème est fort bien réussi et ne semble pas là pour apporter ses solutions.
Bravo.

   Francis   
19/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La vie est linéaire, comme la nef des fonds baptismaux au chœur de l'église où s'arrête le passage. Mais,à l'image des saisons, le chemin semble cyclique, un éternel recommencement. "mêmes infos à la télé", mêmes défauts chez les humains depuis la nuit des temps ! L’automne est propice au désarroi que provoque notre impuissance à changer le cours des choses. Une plume originale entraîne le lecteur dans cet univers où l'homme avance en tournant en rond.

   STEPHANIE90   
19/1/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Hiraeth,

un grand merci pour ce beau poème, avec quelques originalités pour un pantoun ou pantoum, vers parfois avec reprise exacte et parfois quelques enjambées et remake du vers. J'apprécie, c'est moins répétitif.
J'apprécie cet humour et cette audace, une écriture moderne, une belle envolée lyrique, bravo !
Je suis fan...

StéphaNIe

   papipoete   
20/1/2019
bonjour Hiraeth
Comme je le déclarai à un précédent poète, la forme en " pantoum " me rebute, aussi sa lecture m'est difficile ; en outre le vôtre compte 10 strophes, avec ses sempiternelles reprises de vers antérieurs !
C'est beaucoup trop fastidieux à lire !
NB à jeter un coup d'oeil, je vois pourtant de belles idées ; traité en poésie " ordinaire ", je suis sûr que ce poème nous épaterait sans lassitude !

   jfmoods   
21/1/2019
Ce pantoun est composé de 10 quatrains en octosyllabes, à rimes croisées, pauvres, suffisantes et riches, majoritairement consonantiques, masculines et féminines s'inversant d'une strophe à l'autre.

Entre questions ouvertes ("Dis-moi, combien de temps encore ?" × 2, "Mais pourquoi rient tous ces piverts ?" × 2) et questions fermées ("N’en est-il donc jamais lassé ?" × 2) se décline le constat, particulièrement amer, délétère, de l'usure.

Incapable d'enchanter (d'enfanter) l'avenir, l'époque nous ressert sans cesse, à la manière d'un soap-opéra ("je baille à l’interlude" × 2), les recettes frelatées, indigestes, du passé (groupes nominaux : "sa vieille aurore", "Le même show", néologisme associant éternité et finitude : "l’éternitude" × 2, "Mêmes infos à la télé" × 2).

Ce monde occidental, dans lequel les idéaux ont été sacrifiés sur l'autel de la modernité (image du renouvellement introuvable : "J’ai vu mourir les esprits verts", paradoxe : "Des gens se baisent et se tuent", gradation : "En moi se meurent les saisons", "En nous se meurent les saisons"), où solitude ("Pauvres oiseaux, en mal d’amour ! / Des bouches marchent dans la rue") et narcissisme ("Face aux écrans, le ciel se brouille. / Et doux Jésus repart bredouille" × 2, "l’humain gazouille, / Drôle d’oiseau, aveugle et sourd") dominent, a engendré une hydre bicéphale. La première tête de ce monstre est celle du capitalisme décomplexé ("Un p’tit scandale, un compte offshore") ; la seconde, celle du terrorisme florissant ("Des gens débouchent sur l’av’nue, / Un autre mec s’est explosé").

Merci pour ce partage !


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