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Poésie néo-classique
Hiraeth : Portrait d'un vampire
 Publié le 04/12/20  -  11 commentaires  -  1402 caractères  -  261 lectures    Autres textes du même auteur

« Peuples ! écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé. »

Victor Hugo, dans un moment d'égarement.


Portrait d'un vampire



Peuples, prenez garde au poète. Amant des ombres,
Il a bu l'eau des morts et rêve de décombres.
Tout est bon pour nourrir ce vampire du Beau,
Et plus que le bonheur, la peine et le tombeau.

Que vas-tu nous chanter, ô sinistre alchimiste ?
N’espère pas m’avoir avec ta mine triste :
Je sais que tu fondas ta cause sur le Rien,
Nihiliste riant du mal comme du bien.
Prestidigitateur passant pour un prophète,
La vie n’est à tes yeux qu’une éternelle fête,
Menée par l’Ironie qui te casse les reins
À force de danser sur les mêmes refrains.
Je le sais ; je suis toi. De ténèbres avide,
Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Embellissant les maux et déguisant le vrai,
Tu caches aux nigauds ton turpide secret :
Tu n’écoutes les gens que pour un beau poème,
Au contexte mobile afin qu’on dise : « J’aime ! »
Tel malheur au travail se change brusquement
En descente aux Enfers et matière à roman,
Sur fond d’une épopée communiste-anarchique
(Mais bien sûr tu te fous de toute politique).
C’est là ta signature : écouter de travers,
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers.
Dieu, le diable : des mots, des jouets. Tu t’amuses,
En éternel enfant dans les jupes des Muses.
Un sage te chassa de sa juste Cité :
Il te connaissait bien… Et tu l’as mérité.


 
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   Gemini   
23/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un peu d'audace pour éclairer le poète sous un nouvel angle, faisant au passage un contre-pied à Hugo, et tordant le cou à l'Idéal.

Cette image du vampire qui suce le sang du réel, qui essore la vérité pour la faire sienne me semble tout à fait inspirée.
Le propos est net, dit sans fioritures et avec l'assurance d'une pensée droite. Seul le passage du malheur au travail m'a laissé perplexe, ainsi que v13, il m'a paru manquer une virgule pour séparer "ténèbres" et "avide".

J'ai apprécié le très baudelairien "ô sinistre alchimiste", l'emploi de "prestidigitateur", mot rare de 6 syllabes à caser dans un alexandrin, la rime t'amuses / Muses, le rythme qui se brise aux bons endroits : "Je le sais ; je suis toi", l'utilisation des deux points, un vers mis entre parenthèses... parmi des vers souples.

   Miguel   
25/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le nom de ce Grec m'échappe présentement, mais il est bon de rappeler que la méfiance à l'égard des poètes n'est pas nouvelle. Prendre le contrepied de Hugo ne manque pas d'allure, aussi. Mais le poète ainsi rabroué se plaît à cette lecture ; il y sent tout ce que cette gronderie a d'affectueux. De beaux vers, bien rythmés et sonores.

   Anonyme   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il y a eu la tirade des nez, il y aura désormais la tirade des poètes.
Le choix des rimes plates est le seul envisageable au théâtre.
Un défilé de beaux alexandrins, qui frisent le lyrisme de l’épopée, dont le héros serait ici le poète.

Bien sûr, il n’était pas question de pouvoir embrasser tous les gènes de la poésie. Ceux que vous avez choisis me plaisent assez.
« Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Embellissant les maux et déguisant le vrai… »

Ça tombe pile-poil sur ma signature :
« Si tu te contentes de la vérité, écris de la prose. Sinon, essaie la poésie. »

Mais attention, Platon ne voulait pas chasser les poètes de la Cité pour enfantillage mais pour manque de morale :

« La référence au Vrai, au Juste et au Bien est le seul critère valable, car il ne s’agit pas de plaire mais d’instruire. Si Platon chasse les poètes de sa Cité, il ne peut donc s’agir que des poètes indignes… Platon, qui chasse Homère de sa République en le couronnant de fleurs et en l’oignant de précieuses essences, ne le chasserait pas si l’Iliade et l’Odyssée respectaient la Justice et le Bien. Platon n’est pas le premier, il s’en faut, à formuler de si graves reproches à l’endroit de l’épopée traditionnelle… » (Jacqueline Duchemin - Platon et l'héritage de la poésie)

Personnellement, je me félicite de la bataille Philosophie/Poésie. Platon est un rustre :)
Bellini

   Wencreeft   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Déjà, j'aime beaucoup l'idée. La plume trempée dans l'acide, l'auteur.trice signe un poème gorgé de cynisme.
Le discours est caustique, sarcastique : j'adore ce style.

J'ai immédiatement pensé à Baudelaire en lisant ces vers, tant dans le style que dans le champ lexical ( et cette personnification en majuscules des concepts humains - Beau - Rien - Ironie-...). en particulier la fameuse préface des Fleurs du Mal "Au lecteur", avec laquelle j'ai trouvé de grandes similitudes (pas tant dans le fond que dans la forme). C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Une bonne parce que j'admire ce texte et je suis ravi de retrouver cette tonalité dans cet écrit ; une mauvaise car je ne peux m'empêcher de faire la comparaison entre les deux, à l'avantage évident du poète défunt.

J'aime beaucoup les passages :
Peuples, prenez garde au poète. Amant des ombres,
Il a bu l'eau des morts et rêve de décombres.
--
Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
--
C’est là ta signature : écouter de travers,
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers.
--
Dieu, le diable : des mots, des jouets. Tu t’amuses,
En éternel enfant dans les jupes des Muses.

qui sont d'une très grande qualité. Si tout le poème avait été écrit dans cette veine, j'aurai crié au génie.

Et bien sur la référence à Platon (je crois) :

Un sage te chassa de sa juste Cité :
Il te connaissait bien… Et tu l’as mérité.

Les 6 derniers vers offrent donc une fin impressionnante au tout.

Le reste est toutefois assez inégal. Je n'aime pas trop l'apparition soudaine de construction syntaxique très contemporaine comme "communiste-anarchique" ; "tu te fous" ; afin qu’on dise : « J’aime ! » (qui fait pour le coup très Cyrano dans la tirade des "Non, merci !", comparaison renforcée par ces rimes suivies, très théâtrales. ).

La surenchère des "tu" est peut-être un peu lassante à force, tant la construction est répétitive, et parfois le rythme en pâtit.

par exemple :

"Tu" vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Embellissant les maux et déguisant le vrai,
"Tu" caches aux nigauds "ton" turpide secret :
"Tu" n’écoutes les gens que pour un beau poème,

De plus :
Je sais que tu fondas ta cause sur le Rien,
Nihiliste riant du mal comme du bien.
Prestidigitateur passant pour un prophète,
...

-> le point en plein milieu casse le rythme, on a l'impression que les deux premiers vers se retrouvent complètement isolés et ne font pas partie du tout. On pourrait les retirer, on n'y verrai que du feu. J'aime cette idée d'harmonie ou on ne peut justement pas se permettre ni d'ajouter, ni de supprimer quoi que ce soit sans briser l'équilibre.

Je quitte la lecture avec un sentiment d'inachevé, de frustration. Cela aurait pu être exceptionnel, ça n'est que très bon.

Quel dommage

   Annick   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Les quatre premiers vers donnent le ton avec cet impératif, "prenez-garde"! L'hyperbole du titre "Portrait d'un vampire" renforce cette idée que l'on a affaire à un buveur de Beau qui encense la forme et méprise le fond.
Ce faiseur de vers est au pire un escroc aux yeux du narrateur, au mieux un prestidigitateur :

"Je sais que tu fondas ta cause sur le Rien,
Nihiliste riant du mal comme du bien."

Ou encore :

"Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Embellissant les maux et déguisant le vrai,"

Et puis ces très beaux vers :

"C’est là ta signature : écouter de travers,
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers."

Il y a du contenu dans ce poème, de l'élan et de l'éloquence qui n'est pas gratuite, contrairement à ce qui est reproché aux poètes. La forme est au service du fond.

Ce qui prouverait que tous les poètes ne sont pas à mettre dans le même panier. Il y aurait les vrais et puis les faux, les imposteurs, ceux qui se regardent écrire au détriment du juste et du vrai.

Le narrateur évoque le sage qui chassa le poète de la cité : il fait sans doute référence à Platon, surtout en butte avec les poètes sulfureux.

J'ai beaucoup aimé ce poème puissant aussi bien dans la forme que le fond. Quel élan !

Les poètes ne sont pas tous des vampires du Beau !

Bravo !

   Vincente   
4/12/2020
Je n'entrerai pas dans le regard prosodique, la facture générale colle bien à son genre et la qualité de l'écriture, son inspiration formelle en particulier, va ravir les oreilles classiques.

Sans remettre en cause le bien-fondé initial de l'argumentaire, qui dans ses incisions adroites porte l'opération à une juste efficience, après la strophe introductrice et la première moitié de la deuxième généralisatrices, je me demande où sont les modernes ?

Je veux dire où sont les poètes "modernes" dans cette diatribe ? Passés aux oubliettes temporelles peut-être, ou en "valeurs" négligeables, quid de leur emprise qui justement est une contre-proposition de créativité poétique… ?

Ce qui se dit dans la deuxième partie de ce poème, celle qui afflige le poète de mauvaises postures, ou de complaisance mélancoliques, n'est pas "adapté" à la poésie moderne qui se concentre non seulement sur le sens, mais surtout à partir d'un point de sensation ontologique, dans la démarche d'une "poésie réaliste" ; à part l'Oulipo et ses dérivés, qui décident d'utiliser les contraintes comme éventuel tremplin à l'expression, d'une certaine manière comme les classiques.
À l'inverse des classiques, chez les modernes, le sens prime, en sincérité si je puis dire, et le fond est un support, secondaire donc bien que cultivant une pertinence formelle essentielle mais d'une autre manière. Il est à mon sens abusif de soupçonner un manque "d'authenticité" chez eux ; même si quelques dérives stylistiques peuvent affadir la "pureté" de celle-ci.

   Cristale   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Puis-je dire que j'aime votre écriture ?
Les références à Platon qui chassa Homère de la cité, sans doute la genèse de ce poème, ont été évoquées mais ce qui m'interpelle dans votre écrit est la densité de votre "verbe". Peu, pas de place à la fantaisie, le discours est grave, un peu moqueur, autodérisoire peut-être...difficile à commenter (pour moi). Lire et ne rien dire, juste rester dans la pensée.

Des rimes suivies qui n'invitent pas à la légèreté d'une déclamation mais en parfaite adéquation avec l'ampleur du discours.

"C’est là ta signature : écouter de travers,
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers.
Dieu, le diable : des mots, des jouets. Tu t’amuses,
En éternel enfant dans les jupes des Muses."

Oserai-je penser que c'est un peu vous également ?
Le trait serait un peu forcé par pudeur et modestie sans doute, mais ne pas entrer dans le moule ne peut être que satisfaction, à mon avis.

Quoi qu'il en soit, vous êtes sur mon podium l'un des meilleurs poètes de ce site. Tant pis pour vous :)

Cristale

   Stephane   
6/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est de la grande poésie. Il y a tant et tant d'images qu'il faudrait un temps infini pour les décrire toutes et les assimiler à leur juste valeur.

Bravo !

   Donaldo75   
7/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hiraeth,

J'ai beaucoup aimé ce poème qui dépasse à mon goût le seul aspect gothique du thème du vampire tel que j'ai l'habitude de le percevoir. Bela Lugosi n'est pas mort au contraire de ce que disait un célèbre groupe britannique, du moins pas dans cette poésie qui donne une tonalité épique à ces vers si bien composés. Il y a de la satire sociale derrière ce thème, une forme de modernité qui va bien avec la forme employée comme dans un clair obscur d'un tableau de Turner.

C'est fort.

Bravo !

   ferrandeix   
10/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Magnifique poème où le poète est considéré comme un esprit maléfique, ce qui rejoint la pensée de Baudelaire. le poète, cet être maudit! De belles images, notamment dans les premiers vers qui campent bien l'aspect satanique du personnage, un satanisme qui n'est pas réellement moralement négatif au sens conventionnel du terme,mais qui élève le poète au niveau du démiurge. Néanmoins, il me semble qu'apparaît une certaine dilution du contenu dans la seconde partie du poème, sauf les derniers vers qui restaurent le niveau du début. Je regrette quelques vers tirant vers un certain prosaïsme (relativement à ce que représente le genre poétique)

Sur fond d’une épopée communiste-anarchique

On tombe de haut avec ce vers.

Et encore plus avec:

(Mais bien sûr tu te fous de toute politique).

Je n'aime pas non plus l'expression "écouter de travers".

En conclusion du très bon et même de l'excellent à mon avis dans ce poème gâché malencontreusement par quelques trivialités dont la présence me paraît incompréhensible. Je reste néanmoins sur l'impression positive.

   Anonyme   
12/12/2020
Bonjour Hiraeth

C'est avec un peu de retard que je viens commenter votre poème
dont cette description outrancière que vous assumez ne me sied guère.
Le nombre de beaux vers où je ne suis pas d'accord est trop important
pour être tous cités.
Mais des alexandrins comme
Prestidigitateur passant pour un prophète
Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Tu caches aux nigauds ton turpide secret
(Mais bien sûr tu te fous de toute politique). Je hais les politiciens
ce n'est pas semblable.
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers ( celui-ci est le vers
que je réfute le plus)

Pour compenser quelques vérités, quand même :

Tout est bon pour nourrir ce vampire du Beau
À force de danser sur les mêmes refrains.

Je ne dénigre pas les vers qui sont plutôt bien construits
mais le message qu'ils véhiculent.

Beaucoup ont aimé, bien sûr, dès l'instant que l'on sort des sentiers
battus et que l'on dit surtout des bêtises( pour être poli) les applaudissements fusent.

Pas d'appréciation pour ne pas vous déplumer mais ce poème
résume en entier tout le contraire, selon mes critères personnels,
du poète.


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