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Poésie libre
Hiraeth : Prière
 Publié le 28/03/19  -  4 commentaires  -  1318 caractères  -  168 lectures    Autres textes du même auteur

"Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair."
Ézéchiel, 36:26


Prière



Colère : feu noir de glace,
Cloaque, marais du cœur,
Tours brûlant dans le brouillard –
Je sais. J’ai senti. J’ai vu.
Vu les yeux voilés de flammes,
Vu les statues pourrissantes
Dans le jardin des ténèbres.
Je sais les sinistres rois,
Détrônés par Ton côté.

Profonde gît Ta lumière,
Abmaveth, et oublié
Ton amour, Ton sacrifice
Doré aux couleurs de l’aube.
Le ciel, blanc ou noir, est vide,
Une toile pour nos peurs ;
Trop proches de nous la brume,
Les vapeurs d’esprits fumants,
Les rêves déchus des hommes.

Est-ce la tienne, ô Papa ?
Cette terre dure et morte,
Calcinée de cauchemars ?
Des mains ridées ont jadis
Écrit un conte, des voix
Ridées l’ont jadis prêché :
Tu serais venu sur Terre
Faire ton Dieu… Je souris.
Existes-tu ? Dieu seul sait.

Les vents soufflent. La pluie tombe.
La bâche de la nuit couvre
Bâtiments et cœurs de pierre.
Que faisons-nous, sœurs et frères ?
Vivrons-nous donc solitaires ?
Oublierons-nous les oiseaux
De l’aurore ? À Dieu ne plaise.
Seigneur, Amour,
Dans la nuit de feu,
Sauve-nous du mal.


NB : "Abmaveth" veut dire "Père de la mort" en hébreu.


 
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   Gemini   
14/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Pour personnellement méconnaître Ab/maveth, je pars du principe qu’il s’agit de Dieu. Et je suppose que l'appeler ainsi revient à un blasphème (ou presque).
Cela débute comme un psaume, avec des idées d'Apocalypse, puis on en vient au fait, coeur du texte, ce questionnement sublime : "O Papa" (rappelant l'origine du mot pape) qui exprime le doute : cette part sombre de la foi, cette tentation du coté obscur de la force, où apparaissent les difficultés quand on confronte le divin au réel.
La dernière strophe éteint l'incendie, formule liturgique à l'appui (mais il manque "Amen").
Quelques bonnes incises ; "…jadis écrit un conte" "Dieu seul sait" "À Dieu ne plaise" qui détendent l'atmosphère.
Juste une remarque sur la reprise de "ridées" v22,24 (surtout pour des voix !)… est-ce voulu pour amplifier le côté sarcastique ?
Je ne sais pas si la forme avait une importance avec ses trois fois neuf vers plus dix, mais, sans métrique, sans rimes ni assonances je pense que le texte devrait être en libre.
La sobriété du titre choque un peu (j'aurais mieux vu "Papa").

   Hiraeth   
29/3/2019
Modéré:commentaire de l'auteur sous son texte

   senglar   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Hiraeth,


Dieu aurait-il un concurrent ("Abmaveth") qui aurait tenté de se substituer à lui pour régner sur l'homme déchu n'ayant cependant dans sa besace sombre que la mort. D'où cette prière ultime au dieu créateur : Ne fais pas de nous des semeurs de mort eux-mêmes condamnés à périr, écrase cette face obscure, délivre-nous du mal et ouvre-nous les portes du paradis éternel à l'heure de notre mort avecque ton pardon.
C'est ainsi que je comprends ce texte glaçant, cette "Prière". Encore faudra-t-il que l'homme terrestre renonce à ses idoles et sois secourable envers son prochain.
"Vaste programme !..." répondait le Général de Gaulle à un quidam qui le traitait de con.
Et la face noire Et la face blanche de votre "Prière" que répondraient-elles si on les traitait de même ?
Après tout c'est vous le spécialiste hein :)
Lol

senglar

   Davide   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Hiraeth,

Ce poème se lit, si je comprends bien, comme une prière, une supplication à la rédemption divine, avec la trame de l'Ancien Testament.
Du monde ténébreux dans lequel nous vivons aujourd'hui, la dernière strophe devient une véritable imploration (d'où le titre).

Malgré l'absence de rimes et de régularité formelle (notamment, un nombre aléatoire de syllabes dans chaque vers), je trouve l'ensemble très bien rythmé, limpide, en somme, très bien écrit.
J'ai particulièrement apprécié les rejets, notamment au début de la deuxième strophe, qui nimbent le poème d'une solennité particulière, comme on réciterait une antienne.

Plein de belles images : "feu noir de glace", "Le ciel, blanc ou noir, est vide", "Une toile pour nos peurs" et j'en passe...
C'est très poétique, peut-être un peu trop intense, un peu trop pompeux parfois, mais... c'est une prière, donc, on comprend.

L'originalité du poème et le talent d'écriture de l'auteur m'ont fait apprécier ce texte. Une belle lecture, vraiment. Merci !

Davide


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