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Poésie libre
Lariviere : Printemps
 Publié le 29/01/20  -  20 commentaires  -  628 caractères  -  557 lectures    Autres textes du même auteur


Printemps



Ne confonds pas ta part d'ombre

Avec ton moi profond...


De tes miroirs brisés

Déposés au creuset des regards

Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons...


Ne prête pas l'oreille

Aux grelots de l'hiver

Qui résonnent au loin


Le fruit véritable ne s'offre qu'à la bouche embusquée à l'orée de l'instant

Le feu authentique ne s'exprime que dans la joie...


Les flammes peuvent brûler tous les anciens vaisseaux

L'éternité est un deuil

Que le printemps méprise...


 
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   Gabrielle   
20/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Comment célébrer nos vingt ans ?

La jeunesse, ici, se voit conseillée avec pour ligne de conduite de profiter de "l'orée de l'instant".

"Le printemps de la vie méprise l'éternité" : jolie conception qui rattache la jeunesse au monde de façon épistolaire, plusieurs passages emplis d'authenticité car "les flammes peuvent brûler tous les anciens vaisseaux".

Un texte encourageant la jeunesse à profiter de la vie telle qu'elle se présente, une façon de la préserver des catastrophes qui représentent une véritable menace..

   Queribus   
21/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Quelques belles images poétiques:"Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons", "Aux grelots de l'hiver "la bouche embusquée à l'orée de l'instant" "le feu authentique ne s'exprime que dans la joie", "les flammes peuvent bruler tous les anciens vaisseaux", mais j'avoue que ce type d'écriture me déroute un peu même s'il a un charme certain; il mérite plusieurs lectures pour en saisir le sens global. Du bon travail quand même en peu de mots.

Bien à vous.

   Corto   
23/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Je veux croire que l'auteur se parle à lui-même, sinon la démarche serait très arrogante.

A-t-on ici une volonté de ne pas sombrer dans la dépression ? Si oui, tous mes encouragements pour ce passage si difficile.

Une impulsion peut permettre de surmonter la béance:
"De tes miroirs brisés Déposés au creuset des regards Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons..." sonne ici comme un gros effort qui peut ouvrir un avenir.

On sent une éclaircie possible dans ce sombre tableau car "le printemps" sera le plus fort. Les formulations sont bien évocatrices de ce tourbillon de ressentis.

Merci à l'auteur.

   hersen   
23/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Les impératifs me semblent toujours anti-poétiques par le seul fait qu'ils sont "fermants" à l'imagination. J'y vois trop une direction de lecture que l'auteur voudrait donner. Et c'est carrément le cas ici.
Cette impression domine.
Même si la deuxième partie reprend un élan poétique, c'est un peu trop tard.
Dans cette dernière partie, (à partir de "Le fruit véritable), cet élan poétique entre, je le suppose, en résonance avec les vers "impératifs", mais cette forme impérative m'a trop marquée dans mon début de lecture, et l'élan poétique réel dans la deuxième moitié ne réussit pas à le dépasser.

   Robot   
23/1/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
L'aspect incantatoire accompagne bien le déroulement du poème qui suit vers à vers son idée.
Ce texte est me semble-t-il un appel à ne pas sombrer dans le défaitisme. Une incitation a rechercher le positif. Le renouveau du printemps contre le glas de l'hiver.

La tonalité poétique et la recherche de qualité expressive renforce selon moi cette envie de se tourner vers le meilleur de ce qui est à vivre.

Mon seul bémol tient au découpage qui rend la lecture saccadée.

   papipoete   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Larivière
Ce n'est pas parce qu'il fait sombre, aujourd'hui dans ton coeur que tout est foutu ! Demain, un Printemps nouveau éclairera ton horizon ; regarde devant toi et marche !
NB sûr que ma plume ne sut pas dire, d'un bleu à l'âme, de tels vers...mais en fine poésie, l'auteur le dit à sa façon...

   Malitorne   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Après votre critique détaillée et intéressante de mon texte du dernier concours, j’étais disposé à vous rendre la pareille. Las, je ne peux broder sur une matière qui m’échappe quasi totalement ! Je me sens démuni, ne sachant dans quelle direction je dois aller pour commenter d’une manière constructive. Les vers sont très hermétiques, on peut leur conférer autant d’interprétations qu’il y a de sensibilités sur ce monde. J’y vois une espèce de mise en garde mais contre quoi ? Je n’en sais rien. Une mise en garde suivie d’une promesse de bonheur. Quel genre de bonheur ? Je n’en sais pas plus. Vous vous adressez d’abord à vous-même et oubliez de tendre la main vers le lecteur qui vous regarde en se grattant le menton, dubitatif, sans bien comprendre où vous voulez aller.

   Anonyme   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis fan du style et du ton de la poésie.
Certains commentaires me font sourire.
La poésie ça se prend dans la gueule, les tripes, le cœur, ....
Alors inutile de jouer du divan ou de tout vouloir rationaliser.
"L'éternité est un deuil" j'aurai aimé l'écrire...
On peut lire la poésie d'un trait du début à la fin en se laissant porter entre ombre et lumière, mais aussi par bribes, en détachant quelques vers pour mieux assimiler l'ensemble.
J'aime la peinture posé par l'auteur avec ses mots avec les points de suspension qui invitent aux songes...

   Anonyme   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Une belle et tendre et ferme injonction faite à soi-même, ou à qui le voudra bien, pour se remettre à avancer vers demain. Comme une renaissance...

J'aime les points de suspension qui laissent les portes ouvertes vers tous ces espoirs au bord du chemin qui ne demandent qu'à ce qu'on leur prenne la main...

J'aime les marches - que l'on peut voir aussi en strates - toutes en contrepoint jouant l'oxymore par vers entiers, qui mènent vers le feu purificateur du Printemps.

D'abord, celle où le sombre dispute sa part d'ombre au moi profond pour s'élancer encore mieux vers la lumière ;

Puis il y a la marche du verre, miroir en éclats, qui blesse et qui, passé au creuset des regards, deviendra tour de protection pour le souffle, mais aussi tour d'isolement ;

Vient encore le son. Il accompagne et dit la peur du temps qui passe...

Enfin, arrivé à bon port, la dégustation de l'instant présent, fruit véritable de la seule gourmandise digne de ce nom.

Pour clore la déambulation par tous les sens en alerte, vient le Printemps en véritable apothéose. Il est le symbole du renouveau, après avoir enduré l'épreuve des terres brûlées.

D'habitude je n'aime pas jouer à l'analyse des poèmes, laissant cela aux plus doués dans cet exercice. Ici, il faut juste y voir les étapes par où ce poème m'a emportée, à force de mots simplement dits, et d'images incroyablement belles et réalistes. Et pour l'optimisme qui explose de toutes parts...

Merci Poète.
Et doublement merci, car grâce à ce poème je guéris momentanément de l'aphasie poétique qui me tient éloignée trop souvent des commentaires.

A te lire encore...


Cat

EDIT : ah, ce magnifique ''Puisque l'éternité est un deuil''...

   Davide   
29/1/2020
Bonjour Lariviere,

On sent la patte spirituelle qui modèle ces quelques vers, la richesse du partage de l'auteur. En effet, les pensées et émotions que l'on nourrit ne sont en fait que des énergies (de plus ou moins haute vibration) que l'on met au monde.

Le printemps augure d'une "renaissance du cœur", d'un retour à une vie pleine, authentique, mais comme chacun sait, la crucifixion précède la résurrection ! Il faut apprendre à faire le deuil de notre "part d'ombre".

Pourquoi donc avoir voulu en faire un sermon ? Pourquoi ce ton injonctif qui fige le poème, qui le glace dans une gangue en béton armé ? Cet écrit ne me donne rien à "ressentir", rien à "vivre", rien à "méditer", il dicte, affirme, impose ! J'aime ce qui est écrit, mais quid de la poésie ? Où est-elle ? A vous relire ! ;)

   Michel64   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
De ce poème je garde, "laisse tomber le passé (tous les anciens vaisseaux) et le futur (les grelots de l'hiver) et ne garde que le présent (le printemps)".

J'apprécie beaucoup les deux premiers vers qui nous invitent à ne pas penser que les ombres qui viennent nous assombrir au cours de la vie ne sont pas sur le même plan que notre "moi", mais plutôt comme un vieux vernis qui le dénature. Mais est-ve ce que vous avez voulu exprimer ?

Mes vers préférés :
"Ne prête pas l'oreille
Aux grelots de l'hiver
Qui résonnent au loin"

Ainsi que :
"L'éternité est un deuil
Que le printemps méprise..." Même si l'éternité est un deuil, me pose un peu question.

J'ai bien aimé votre texte même si il n'est pas dans un style que j'ai l'habitude d'utiliser et malgré la mise en page avec ses interlignes qui aèrent un peu trop à mon goût.

Merci pour le partage

   Vincente   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le poète se dédouble ici, apparaissant à la fois le maître et l'élève, le sage et la jeune pousse, le pensif et l'impulsif.

Parce que le premier au fil des années, au gré des rencontres et par le renforcement de son savoir, a pu ériger une philosophie qui lui offre l'ampleur du regard, le second reste l'éternel écoutant, le réceptif plein d'appétence, le primesautier aux éternelles résurgences.

Le premier est celui qui, au sortir de l'été, entre dans la période automnale de sa vie, lieu de recul, de métamorphose de sa vitalité en une matière régénératrice par le don de lui, entendons par ce qu'il peut transmettre ; l'hiver étant le début de l'ankylose dégénérative. Le second est celui qui vit au printemps, fort de ses potentialités.

Dans la narration, celui qui parle est celui qui sait. C'est donc le regard du poète qui a réfléchi, pris du recul et établi ses lignes de force, de conduite, de préhension de son intégration ici-bas ; chose dont il ne doute pas de la relativité. L'autre qui va et brûle, a peu de doute, mais pour la raison assez déraisonnable qu'il se sent fort de son entrain ; il ne sait pas qu'il est fort de son inconscience également. L'un est nécessaire à l'autre.
Dans le poème, la plume s'encre dans la fraîcheur passée, tellement vive (c'est la même personne en le poète dans ses souvenances), et voici qu'elle est à même, avec sa réflexion, de conseiller. Pourtant, l'on comprend dans le dernier vers, "Que le printemps méprise…", que la vitalité première n'en fera qu'à sa tête, négligeant la sagesse qui pourtant la surplombe.

L'investissement de l'auteur embrasse largement un propos qui de toute façon le dépasse, il le sait mais tente comme le jeune de le cerner pour "actionner" sa vie et sa vitalité résiduelle. En écrivant : "L'éternité est un deuil", formidable saisie, mais saisissement terrible… En cela, il est le poète-jeune qui se passionne ; en cela il est le poète-sage qui affirme. Assertions nuancées par l'ambivalence de l'entrecroisement des vers "conseilleurs" (emploi des impératifs "Ne confonds – Érige – Ne prête") et de ceux "avouant" des états de faits dont chacun dépend, donc incontournables ("Le feu véritable… - Le feu authentique… - Les flammes peuvent… - L'éternité est un deuil").

J'ai trouvé d'une grande richesse ce qu'il y a dans, dessous, les deux premiers vers, le "moi profond" au regard de notre "part d'ombre", oui quel champ essentiel que ces deux domaines distincts mais collaborant dans "l'invisible" de chacun.

Et puis, bien que chaque vers est très ajusté, je tiens à garder en mémoire les deux derniers :

"L'éternité est un deuil
Que le printemps méprise…
"

Peu de mots, des interlignes larges qui laissent chaque vers exprimer sa densité, et une profondeur de réflexion pleine d'intérêt.
Le traitement du propos est inspiré, très travaillé, mais son registre très exploité depuis la nuit des temps, ne produit pas une émotion particulière, ni une révélation quelconque, sauf par cette formule "L'éternité est un deuil". Si bien que ce qui a mes yeux fait la grandeur du poème est plus son traitement original, dont quelques formulations, que son fond révélateur.

   Lulu   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Lariviere,

Je suis vraiment très touchée par ce poème qui va à l'essentiel tout en suscitant nos propres réflexions dès la lecture des deux premiers vers.

La part d'ombre, le moi profond… On prend le temps de faire une pause, de s'installer au coeur d'un ton et d'un message qui entrent en résonance avec nos cheminements personnels.

Avoir sauté des lignes entre chaque vers permet aussi, visuellement, de prendre encore plus ce temps nécessaire à la méditation. Rien ne presse. Au contraire, il y a lieu de se poser, de réfléchir et ressentir.

La seconde strophe me parle particulièrement, de par le sens qu'elle porte et les images choisies pour l'exprimer. L'opposition entre les "miroirs" et "la tour de verre" est intéressante car elle nous amène à mesurer entre le jeu "des regards", soit des apparences, et des choses plus profondes qui peuvent s'élever et que l'on puise tout au fond de soi, l'écart et un projet porté par l'espoir dans un impératif sage "Erige la tour…"

La troisième strophe présente une négation, et pourtant, j'ai trouvé amusant d'entendre presque littéralement ces "grelots de l'hiver / Qui résonnent au loin" ; il ne fallait pas les écouter, mais le ton, toujours, me les a rendus, au coeur du texte, doux et agréables, même si dans le sens donné, finalement, ils portent une autre connotation.

Le moment présent, oui, le savourer à son orée… J'ai beaucoup aimé que soit intégré dans cette quatrième strophe ce beau parallèle entre "feu authentique" et "joie".

La dernière strophe m'a semblé, tout comme la première, un temps de pause nécessaire pour appeler à la méditation, comme si tout le coeur du poème était plus évident, et que sur le chemin qui mène du début à la fin, il y avait lieu de respirer, de prendre son temps, tant dans la lecture que dans la vie.

Au vu du titre, je me suis dit qu'on allait me prendre par les sentiments pour sortir, effectivement, de moments pas toujours sympathiques en hiver, mais de façon intuitive et confuse pour nous montrer une certaine luminosité... Or, ce qui est plaisant dans ce poème, c'est qu'il va plus loin pour dire cet essentiel qui en fait une trame de fond plus dense qu'on ne l'aurait spontanément supposé.

Très agréablement surprise, donc !

Au plaisir de te relire.

   Castelmore   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Oui jeunesse brûle les anciens vaisseaux !

Un thème convenu ...
Auquel l’auteur a donné une certaine fraicheur au travers de sa forme déclarative puissante et de quelques formulations ...

quelquefois au delà des limites de la compréhension -
sous prétexte je suppose d’un effet poétique (?) -

« Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons »... ?

« Le fruit véritable ne s'offre qu'à la bouche embusquée à l'orée de l'instant »... ??

N’y avait- il pas une façon moins ampoulée de « poétiser » ?


Un bravo pour
« L'éternité est un deuil »

   Stephane   
29/1/2020
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Bonsoir Lariviere,

J'ai relu plusieurs fois ce poème car je n'avais pas compris de quoi il s'agissait à la première lecture, ni à la seconde... Il m'aura fallu en fait lire le premier commentaire pour faire la relation avec un être de chair et de sang au fait de sa jeunesse (le printemps), du moins c'est ce qu'il me semble...

"Ne prête pas l'oreille
Aux grelots de l'hiver
Qui résonnent au loin"

C'est-à-dire ne pas penser à ces dernières années de vie représentées par la vieillesse avant la mort certaine (l'hiver), du moins c'est ce que je pense...

Pourtant, je ne comprends pas les premiers vers, à savoir : "Ne confonds pas ta part d'ombre avec ton moi profond..." Cela reste pour moi totalement obscur et n'éveille strictement rien ; idem pour les trois vers suivants.

Ensuite, je n'ai pas non plus aimé la répétition de l'assonance en "L" au début des quatre vers suivants : "Le fruit/Le feu/Les flammes/L'éternité", dans le sens où j'y vois une simple énumération d'idées un peu fantasques, ou sans lien réel.

Rien dans ce poème ne m'a touché et j'en suis vraiment désolé.

En espérant pouvoir mieux apprécier votre poésie la prochaine fois,

Stéphane

   Pouet   
30/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

je retrouve un peu de la "philosophie" de François Cheng là-dedans.

Le message est assez clair je trouve: choisir la vie.
Du moins c'est ainsi que je l'entends et ça me va très bien ... :)

Se poisser de noirceur, notamment dans ses jeunes années, serait faire preuve de "facilité". Dans son choix, le chemin de la joie étant sans doute plus ardu que celui de l'affliction. Il faut parfois se faire violence pour ne pas y céder...
Ce qui a été ne définira pas forcément ce que tu seras, ce qui sera gardera le souvenir vivace de ce qui a été. Chaque matin: une éternelle seconde chance, comme un printemps renouvelé. Alors, pêcher cette carpe nommée Diem...

Et puis viendra le "feu" - synonyme de vigueur, de destruction et d'anarchie mais aussi d'insouciance, de chaleur et de réconfort- pour se brûler les ailes, pour entretenir la passion, pour effacer les traces, faisant miroir à l'hiver de l'existence.
L'essentiel résidant dans la maîtrise de la flamme.

Les deux derniers vers sont à mon sens les plus puissants du texte.

L'éternité serait effectivement le deuil de toute envie, de toute passion, de toute création. Seule la finitude - la mort - pouvant révéler l'élan de vie, l'étincelle du vouloir et l'urgence du bonheur.

Au plaisir.

   Aconcagua   
30/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
J'avoue avoir été un peu dubitatif, mais j'ai fini par me laisser bercer par les belles images qui parsèment ce poème:
"Le fruit véritable ne s'offre qu'à la bouche embusquée à l'orée de l'instant"
"L'éternité est un deuil
Que le printemps méprise…"
Le message me semble un peu hermétique, notamment dans les deux premiers vers qui font appel à des éléments psychologiques (le Moi et le çà) en décalage avec le reste du texte.
Le rythme, le déroulé sont pour moi peu logiques, je ne vois pas trop la progression...mais je reste sur les belles images!
Amicalement
Aconcagua

   Gouelan   
31/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"De tes miroirs brisés

Déposés au creuset des regards

Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons..."

J'aime beaucoup ces vers. Ils accrochent la résilience, la lumière.

Ne prêter l'oreille qu'à l'instant, ne pas penser à demain ; l'hiver de la vie. Et à son éternité faisant le deuil de cette vie...

Mais peut-être cette éternité est-elle un autre printemps et "érige-t-elle de nouveaux poumons" avec les bris de vie, les bris de printemps, d'été, d'automne et/ou d'hiver ?

J'aime ces vers aérés, on respire. Le rythme est léger et agréable à l'oreille.

   David   
1/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lariviere,

Il y a une réversibilité dans ce poème :

"Les flammes peuvent brûler tous les anciens vaisseaux

L'éternité est un deuil

Que le printemps méprise...


Le fruit véritable ne s'offre qu'à la bouche embusquée à l'orée de l'instant

Le feu authentique ne s'exprime que dans la joie...


Ne prête pas l'oreille

Aux grelots de l'hiver

Qui résonnent au loin



De tes miroirs brisés

Déposés au creuset des regards

Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons...


Ne confonds pas ta part d'ombre

Avec ton moi profond..."


J'ai déjà "fait cette torture" à d'autres poèmes en vers libres, mais plutôt vers à vers. C'est comme s'il s'agissait d'une suite d'aphorismes qu'une lecture analytique pourrait mélanger sans avoir l'impression de briser une logique. j'ai inversé mais il est également possible de mélanger les 5 "blocs" du poème, mais ça ne produit pas vraiment un ou plusieurs nouveaux sens. La lecture à rebours, par contre, inverse des moments clés, le début et la fin. Ici, ça inverse une négation et une affirmation, en gros le "ne confonds pas" et "l'éternité est un deuil". Un encadrement plus large du poème est même entre son titre : "printemps" et le fait qu'il soit susceptible de mépris, le tout dernier vers.

Je ne vais pas interpréter ce phénomène que je décris, c'est formel, comme de causer diérèse ou hiatus :) plus sérieusement, j'y reviens parce qu'il me semble que ça marque une caractéristique de genre, pour le vers libre, d'écriture même, rompant avec une norme qui reposerait sur le lien logique du discours écrit, un introduction-développement-conclusion, qui est présente dans le sonnet notamment, et bien au-delà, un article de journal ne s'écrit jamais à la façon de ce poème, une lecture à rebours bouleverserait le sens, la logique.

Cette "forme" ne s'oppose ou n'accompagne pas un "fond", elle le constitue autant que son propos, en même temps. Il me semble que ça parle de liberté, j'ai pensé à "l'éloge de la servitude" où le "maitre" est enfermé dans ses rêves d'éternité alors que le serf, dans son asservissement, conserve un sens véritable de la vie : l'ici et maintenant. Alors de la "part d'ombre" et du "moi profond", on peut peut-être deviner aussi un maitre et un esclave, un qui serait ce regard qui ne peut contempler que lui-même où qu'il se pose, et l'autre ce détour vers les profondeurs qui serait seul peut-être à pouvoir s'élever...

   Louis   
1/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le poème prend la forme d’une suite de sentences et de maximes.

L’auteur se les adresse à lui-même, mais aussi à tous et à chacun. Elles ne sont pas prodiguées, en effet, à tous globalement, à tous comme à un ensemble anonyme et indistinct, mais à chacun personnellement, et prennent l’allure, non pas d’impératifs moraux, mais de conseils éthiques. Elles créent une ambiance de rapport amical avec chacun. Elles se veulent un partage à égalité avec le lecteur, et non l’enseignement édifiant d’un maître.
Le texte relève de la poésie et de l’éthique. L’auteur pratique une ‘’poéthique’’.

La première sentence se présente comme objet de méditation, et recommandation :
« Ne confonds pas ta part d’ombre
avec ton moi profond… »

Une confusion est à éviter, une distinction à effectuer. En chacun, il convient de distinguer le « moi » et sa « part d’ombre », car trop souvent nous prenons le « moi » pour son ombre.
Nous sommes dans l’illusion, accordons une réalité à ce qui n’en a pas. L’ombre pourtant, ce n’est pas rien, c’est une réalité, mais à un degré très bas, elle est un ‘’presque-rien’’. L’ombre a très peu de consistance, très peu d’« être ». Elle se réduit à une apparence, fugace et passagère, changeante.
Le moi profond s’en distinguerait alors en ce qu’il serait plus consistant ; il aurait une permanence, une stabilité, il serait notre être véritable. Invariable, il nous donnerait une identité dans le temps, et nous différencierait de tout autre.
La distinction soumise à notre méditation nous mène à considérer que « je » ne suis pas ce que j’apparais à moi-même, et aux autres ; que je ne dois pas m’identifier à ces apparences trompeuses ; que la distinction classique entre « être » et « paraître » est toujours valable, malgré un impensé métaphysique.
Elle invite à l’interrogation : qui suis-je vraiment ?
Mais quel est l’intérêt pratique de cette distinction ?
La suite ‘’poéthique’’ nous le dira peut-être.

La maxime suivante s’énonce :
« De tes miroirs brisés
Déposés au creuset des regards
Érige la tour de verre de tes nouveaux poumons… »

Les miroirs renvoient notre image, réfléchissent notre apparence dans le regard des autres. Ils reflètent, non le moi profond, mais l’apparence. Sur la surface des miroirs glissent des ombres, défilent des fantômes.
L’image que nous donnons aux autres n’est que faux-semblant, double trompeur. Nous nous aliénons dans l’apparence, devenons étrangers à nous-mêmes.
Nous nous préoccupons trop de notre image, ce reflet spéculaire. Nous cherchons à vivre dans le regard des autres, et dans le sien comme s’il était celui de l’autre. Nous manquons donc d’authenticité, nous ne réussissons pas à être « soi-même ».
Nous souffrons de cette aliénation ; nous souffrons encore quand l’image que l’on se fait de soi ne coïncide pas avec celle que les autres nous renvoient ; nous souffrons toujours quand l’on ne se reconnaît plus dans l’image reflétée par les miroirs « déposé au creux des regards » : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi… ».
Il arrive alors que chavire l’image que l’on se faisait de soi, que le sentiment d’identité personnelle vole en éclat : les miroirs se brisent. Et dans leur miroitement, on ne s’y retrouve plus.

Pour se protéger des mirages du paraître, il convient, avec les fragments des miroirs brisés, d’ériger une « tour de verre ». Non pas une tour d’ivoire, celle d’un isolement, mais une tour protectrice, une forteresse.
Une tour qui rend indépendant, par laquelle on ne cherche plus à vivre dans le regard des autres, et dans la soumission à leur jugement.
Tour protectrice, qui abrite le moi profond, mais en surface, le verre réfléchit le monde extérieur. Les autres ne trouvent, comme dans les gratte-ciel de l’architecture moderne, que leur propre image dans la tour. Il s’agit d’être réfléchissant, de se donner une surface-peau de verre, de renvoyer aux autres leur propre image, sans se donner une image de soi attendue.
À l’abri dans sa tour de verre, de « nouveaux poumons » sont rendus possibles. Un nouveau souffle, une nouvelle respiration. Le moi profond n’étouffera plus sous la couche épaisse des habits sociaux et les multiples voiles sous lesquels nous l’enserrons.
Ces poumons seront prêts à respirer un air printanier.

Ne plus se focaliser sur l’image de soi, donc, celle aussi que nous chérissons ; mais aussi ne pas écouter ce qui tinte au loin, et qui ne tinte vraiment que d’être écouté :

« Ne prête pas l’oreille
Aux grelots de l’hiver
Qui résonnent au loin »

Dans le mot même : « grelots », on entend les frimas de l’hiver, la grêle, le gel, le tremblement de qui grelotte.
Grelots annonciateurs d’une saison, celle de la fin de vie.
Ne pas prêter attention au vieillissement. à son image spéculaire. Ne pas anticiper le futur. Ne pas craindre la mort.
Ne pas s’évader du présent.

Nouvel aphorisme :
« Le fruit véritable ne s’offre qu’à la bouche embusquée à l’orée de l’instant
Le feu authentique ne s’exprime que dans la joie »
Il convient de s’en tenir à l’instant présent. Cueillir l’instant, cueillir le présent : rappel du précepte de la sagesse antique.
La vie n’a de saveur fruitée qu’au présent.
La vie ne se croque qu’au présent : leçon épicurienne.

« Le feu authentique », celui de la flamme vitale, de la puissance de vivre, de la force d’exister s’exprime dans la joie, « joie profonde » et non plaisir passager. L’affaiblissement de cette puissance mène aux « passions tristes », comme disait Spinoza.

Quelques maximes encore donnent fin au texte :

« Les flammes peuvent brûler tous les anciens vaisseaux
L’éternité est un deuil
Que le printemps méprise… »

Le passé (les "anciens vaisseaux") s’est consumé, le passé n’est plus.
Vouloir conserver le passé, vouloir « l’éternité » au sens de la perpétuité, de ce qui dure toujours, c’est rester prisonnier du passé. C’est mourir à la nouveauté, au présent, à l’avenir.
L’éternité est alors un « deuil », une mort qui ne laisse pas de place au renouvellement, au « printemps » de la nouveauté. Un deuil : laisser mourir le présent comme jaillissement de nouveauté, comme perpétuel renouvellement.
Le printemps n’est pas seulement une saison nouvelle, mais chaque instant dans l’apport de nouveauté, chaque instant comme renouvellement ; car chaque instant est unique et nouveau, comme l’affirmait le vieil Héraclite : « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ».

Le texte retrouve les maximes des grandes sagesses de l’antiquité, d’une « poéthique » d’inspiration stoïcienne et surtout épicurienne.
Manquerait-il d’originalité ? Mais la sagesse, la vraie, n’a que faire de l’originalité.
Pierre Hadot, philosophe contemporain, qui a beaucoup travaillé sur les sagesses antiques, a pu écrire :
« Je souhaite, en ce sens, avoir été ‘bien neuf et bien original’, en essayant de faire aimer de vieilles vérités. De vieilles vérités… car il est des vérités dont les générations humaines ne parviendront pas à épuiser le sens ; non qu’elles soient difficiles à comprendre, elles sont au contraire extrêmement simples, elles ont même souvent l’apparence de la banalité ; mais, précisément, pour en comprendre le sens, il faut les vivre, il faut, sans cesse, en refaire l’expérience : chaque époque doit reprendre cette tâche, apprendre à lire et à relire ces « vieilles vérités ».

Le texte, semble-t-il, rejoint l’une des aspirations de l’écriture et plus particulièrement de la poésie : celui de la « performativité » ; c’est-à-dire de la capacité du genre à vivre hors de l’écrit, à rejoindre la vie. La poésie ici s’écarte du purement littéraire pour s’insérer dans une inquiétude existentielle et philosophique, au-delà du plaisir esthétique que le poème peut procurer.
Une poésie pour changer la vie ; une poésie pour participer à ce que Michel Foucault appelait « des pratiques de soi », une poésie comme « exercice spirituel ».

Merci Larivière pour ce texte.


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