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Poésie en prose
LeopoldPartisan : Écho des clairières de Broadway
 Publié le 10/01/09  -  2 commentaires  -  11687 caractères  -  26 lectures    Autres textes du même auteur

New York, New York...
De Sinatra à Lou Reed, sans oublier le passage remarqué à la Factory de James Douglas M. que débaucha la troublante Nico.


Écho des clairières de Broadway



En souvenir de trop de rendez-vous manqués, retrouvons-nous le jeudi 27 mars à 15 heures précises devant le Gunther Building qui se situe à l'angle de Broome street et de Greene street dans Soho. Si nous devions encore nous manquer, nous pourrons nous rencontrer le dimanche 30, à la même heure, au pied du Crown Building dans la 57ème rue (entre la 5ème avenue et l'avenue of the Americas (6ème)). Happy new year !

James-Douglas.



"Is everybody in !
IS... EVERYBODY... IN ???
The ceremony is about to begin !!!"

Branchée France Culture ânonnant un "morbidido cantabile" à la gloire d'une Marguerite Duras enfin devenue Barbituricaine, la Ville de New-York dormait encore de l'East Side au village de Greenwich. Ce ne serait pas encore, ce matin blême que les tambours du Bronx parviendraient à sortir les Golden Boys de Manhattan de leur torpeur cocaïnisée, où les avaient plongés leurs folles soirées et leurs folles enjambées, dans des bars enfumés par les rythmes endiablés des queens de Harlem et des sorcières de Salem.

Déjà, leur nuit s'étiolait dans une autre redevenue sauvage comme à l'envers de tous ces décors une bande magnétique ayant perdu le nord à force de chercher midi à quatorze heures, ânonne à l'infini un "! Ruoma nom" repris en chœur par des tahitiennes de fantaisie déguisées en Marquises, autres Vénus de pacotille dérivant vers Time Square... Ce maquis de sueur aux ombres volatiles et volubiles donnait à cette aurore déjà si sale des reflets jaunâtres pareils à ces chiens qui errent et s'égarent à la recherche d'un dernier espace vert. Autres jours, autres peurs pour les macadam Cow boys et autres beautiful Losers qui cachent dans la terreur leurs pleurs.

Valse des limousines où le champagne s'écoule dans la mousseline tandis qu'accrochés à un mât de cocagne les pauvres petits lapins de Play boy soupirent au souvenir de leurs dernières Dinky Toys. C'est de ce délire électrique que naissent les plus belles cicatrices dont se tatoueront, encore longtemps, nos actrices préférées pour les exhiber comme des reliques.

Oh Jim ! Tous les poètes ont disparu ! Oh Jim ! À cause de ces fausses modesties dont les vagues molles ont noyé l'envie... Oh oh Jim ! Décidément, tous les poètes ont bel et bien disparu, dans un monde où il faut toujours apporter la preuve de ses rêves, qui ne résistent pas à tant d'épreuves. Ooh oh oh Jim !

Saumâtre délire et coca-cola chaud comme les bouches de métro qui enfin respirent dans le matin où les pires folies expirent. White Zombies, Black Junkies, Gray or green Yuppies... Un pont, rien qu'un pont, pour franchir ce doute, pour reprendre la route et fuir cette peur du vide... Ces frissons aussi. Oh Jim ! de l'ennui que distillent ces corps nus auxquels on a pourtant cru à se tordre, à se mordre.

Saumâtre dérive et certains l'aiment chaude, comme les fourches des vélos qui enfin expirent dans ce matin où les pires de nos phobies respirent Oh Jim ! Cent mille milliards de millions de poussières d'étoiles déjà mortes retombent sur nos têtes sans raison pour se mettre enfin à notre diapason... Combien faudra-t-il encore de révolutions à notre terre pour retrouver l'instinct de la passion...

Fronde amère, sœur de Caïn dont la jalousie d'Abel scella son destin... Fronde amère, fille de Goliath dont la gourmandise de David étouffa son entrain... Quel sera notre Golgotha ? Qui sera notre Attila, tandis que des bouches d'égouts s'échappent une fumée blanche comme pour annoncer, la descente des nouveaux Papes Apaches dans ces rues glauques, sales, inanimées et blafardes où je me suis égaré, où j'ai peur, où j'ai froid et où je ne me reconnaîtrais même pas !

Sweet Babylone, sister alone... Sweet Maryline, sister morphine ! Qui de Sodome ou de Gomorrhe, la première embrassa jusqu'à l'embraser la ville encore sainte de Salem, pour que cette liberté si chèrement gagnée, en se retournant vers la mer se transforme en une statue de nonante mètres de haut, aujourd'hui rongée par le sel !

Voix monocordes et regards "off"... Ne pleure pas petite sœur ! Ce velours bleu a tant de profondeur... Ne pleure plus petite sœur ! ce n’est qu’un cauchemar, ce climatiseur...

Appels monocordes et retours "off"... Ne ris pas petit frère ! Elle est malsaine, cette bière sud-américaine... Ne ris plus petit frère ! Elle est d'Athènes, cette valse afro-cubaine...

Dirty woman... Dirty boy... Dirty Boulevard... Dirty Day... Écoutez les rappels qui montent à l'angle de l'Iran Gate et de l'Oliver Noort Square... La guerre sainte est proche et le vieux Cow-boy n'hésitera pas, si vous le lui demandez à réenfourcher son vieil Oncle Sam pour pénétrer au grand galop dans le 21ème siècle... America is beautiful... America is beautiful...

Oh Jim ! Qu'es-tu donc devenu, toi qui me jurais qu'un soir, tu organiserais au Madison Square Garden, le combat du siècle entre Elvis Presley et John Lennon...
Oh Jim ! Savais-tu seulement que le fait d'avoir prononcé ces mots-là faisait déjà de toi un assassin...

Sa souffrance était à l'image de cette ville meurtrie et racornie... Violentée, répudiée, oubliée et débranchée comme les arbres de Central Park après l’avant-dernier crash boursier. Elle a fini par en mourir, sans croire que cela pouvait lui arriver. Car c'est cela aussi New-York ! Une arrivée dont jamais on ne repart, un départ dont on ne connaîtra pas l'arrivée.

Lorsque l'âme du Vaudou plane sur le Lower Manhattan ; lorsque l'âme du Veau d'Or plane sur le South-Bronx, les cadres "Commiters" dans leur costume d'organdi, se prennent à rêver de trains vers l'enfer dans lesquels pétilleraient comme des pépites, les nouveaux commanchero's de l'U.S. Komitang...

Lorsque l'âme du Vaudou déploie ses longues ailes sur le toit de la Citibank ; lorsque l'âme du Veau d'Or déploie ses longues ailes sur le toit du Botton Line ; que l'on soit enfant juif, palestinien, ukrainien ou portoricain ; que l'on soit fils de "WASP" bon teint ou d'immigré clandestin, l'on prend ces marques rouges qui strient alors, les visages décérébrés des accro's boursiers pour les peintures de guerre dont s'enduisirent avec cérémonie en l'honneur du grand Manitou, les malheureux vainqueurs du Général Custer en cette si unique et si belle nuit qui précéda la bataille de Little Big Horn...

Oh Jim ! En est-il réduit à cela et à seulement cela le Grand Rêve Américain ?
Oh Jim ! En sommes-nous réduit à cela pour oser croire encore à un Capitalisme à visage Humain ?

Oh Jim ! Quel serait ton totem maintenant ?
Oh Jim ! Quel sera mon totem dorénavant ?

Étrange brasier, aux collines libérées. Étrange sablier, aux solives ajournées. Étrange levier, aux rotatives anémiées.
Étrange clavier, aux mélodies assenées.

Oh Jim ! Pourquoi tant de sauvagerie dans ton regard ?

Est-ce toujours l'humidité des trottoirs, la nuit qui affûte ta violence ?
Est-ce toujours la fumée des boulevards, la nuit qui allume ta véhémence ?
Est-ce toujours la curée des dépotoirs, la nuit qui déchaîne ta virulence ?
Est-ce toujours la brutalité de tes déboires, la nuit qui aiguise ainsi tes sens ?

Combien de paumés, combien de clochards, combien de commis voyageur, combien d'allumés, combien de ringards, combien d'apprentis dealers, combien d'excités, combien de loubards, combien d'anciens raiders, combien ? Combien de désaxés, combien de taulards, combien de nouveaux prêcheurs, combien de cyanosés, combien de blafards, combien d'éternels emmerdeurs, combien ? Cela ne sert à rien d'essayer de tous les compter !
Cela ne sert à rien d'essayer de tous les dévisager ! Puisque tous font partie du même décor... Puisque tous sont liés au même sort...
Murs / vidéo / pour / informations / digitales / Micro-climats / pour / éditions / fatales... / Macro-photos / pour / pénétrations / globales / Royaumes / technos / pour / inséminations / musicales... / Psychic / T. V. / and CO / pour / digestions / vespérales... /Paranoïac / radio / pour / méditations / transcendantales... / Iconoclastes / logos / pour / vaccinations / dominicales... / C'est la lutte finale ! / Avant la confusion générale... / avant la concentration animale...

La précision de l'image s'est soudain muée en un étonnant patchwork de sensations bleutées ; pour ensuite se transmuter en une alchimie bizarre. Était-ce à cause des trop nombreux phares qui sans cesse redessinaient par pans entiers l'obscurité de cette rue trop inanimée ? Ou bien était-ce à cause des gaz d'échappement, trop longtemps compressés par ce paysage usiné, dont les toxines enfin libérées, nous étreignaient jusqu'à l'étouffement ?

Nébuleuse azurée ; Dieu, que la terre est encore éloignée, tandis que je relis ces lignes maculées en repensant à cet enfant-loup que jamais je ne serai ! Les murs de cette ville ont beaucoup trop d'oreilles, tandis que l'instinct de ses fondations manque cruellement de ce souffle, qui jamais ne manqua à ces bâtisseurs... Voilà pourquoi il faut les "taguer", jusqu'à en boucher tous les pores !

Samedi. ""'''"''''percussion !
Dimanche. ""'' bandonéon !
Lundi. nc""''"'' dépression !
Mardi. nchem constipation !
Mercredi. emeexplosion !
Jeudi. nchem' évasion !
Vendredi. em' extinction !
Et adieu belles illusions, oubliées au fond du caisson !

Billevesées et paradoxes...
Sera-ce notre dernier combat de boxe ?
Ou est-ce encore de l'info ou de l'intox,
comme lorsque tu m'as fait croire que c'était toi que l'on entendait dans le juke-box ?

Quel est donc ce ménage d'œstrogènes carburant à l'oxyde de carbone et au kérosène, dont nous abreuvent à longueur de journée sur leur réseau câblé, les apôtres du jour dernier ?
Quel est donc ce message homogène, bannissant toutes zones érogènes, qu'ont concocté dans leurs abris feutrés, les Télé-évangélistes pour ne plus être brouillés par le crachat des cibistes ?
Est-ce d'allier la dialectique aux coups de trique, qui leur permet d'engranger autant de fric ?

Oh Sana les loubards !
Oh Sana les routards !
Il n'y aura plus d'anti... Moine !
Il n'y aura plus de patrie... Moine !
Juste du Surmenage dans les cercles concentriques de cette ville à l'architecture bien trop théorique !

Oh Jim !
Déjà nos souvenirs se recouvrent de ces herbes folles qui jamais ne cesseront de grandir dans les décombres du Bronx et que leur importera ce soleil que tu as toujours honni à cause des rayons dont les angles aigus et tranchants transperçaient ton existence obtuse et éparpillée comme les pages de ce roman que tu n'as jamais achevé...

Oh Jim !
Sais-tu seulement que contrairement à la légende Rikky Story et Lucky Reflex n'ont jamais vécu ni à New-York ni à Paris et que s'ils ont finalement survécu c'est surtout grâce à notre imagination...

Oh Jim !
Il y a maintenant trop de murs entre nous trop de fascinations aussi. Et si les Berlinois dont on admirait tant les graffitis ont finalement tout effacé ; Pas Nous !

Oh Jim !
C'est pour cela qu'on en restera là ! chacun de son côté à s'inventer un tout autre passé... ou du moins essayer !



 
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   David   
11/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Leopoldpartisan,

Je me dis qu'il y a peut être des choses à reconnaître mais je ne les ai pas reconnu : une ville étrangère, des noms/mots-valises qui défilent, plus qu'il ne m'est possible d'en suivre. Mais une ivresse à lire, un prisme teinté de nostalgie, mélancolie ?

   Anonyme   
14/1/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une écriture originale, vive et enivrante. Certains passages me font penser à "Howl" d'Allen Ginsberg avec peut-être moins de rage.
Merci.


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