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Lotier : Roue de la fortune
 Publié le 07/05/14  -  38 commentaires  -  1291 caractères  -  1527 lectures    Autres textes du même auteur

Rond : forme maïeutique.


Roue de la fortune




Les enfants
De la balle cheminent,
Insouciants ou petites mines,
Et le chat savant suit l’éléphant
Qui se souvient des bois, des savanes.
On entend le geai bleu qui radote là-bas,
Le cocher lui réplique en fumant son tabac.
La poussière se frotte à la peau des gitanes,
Espiègles, tout au bord d’une patache en croix,
Leurs jambes balançant aux ressauts de la route.
Au fond de la roulotte, un nain compte et ajoute,
Un à un, tous les sous, seulement vingt et trois.
Faut-il encor nourrir l’Homme Énorme et sa femme ?
En lâchant cette idée, qui lui corrompt les sangs,
Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent
Vies enchantant la troupe arrimées par les âmes.
À l’horizon sanglant, le soleil n’est pas rond.
La troupe fait étape alors, dans la clairière,
Où jadis l’homme-tronc commença sa carrière.
En cercle, les charriots avec force jurons
Se regroupent ici, puis naît une flambée
Grâce au cracheur de feu, qui d’amour
Se consume pour l’enfant-tambour.
Il la regarde à la dérobée…
L’engoulevent se fond
En un rond.


 
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   David   
22/4/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un chouette calligramme sur un thème bohémien, le texte a un petit côté Prévert, même si les libertés me semblent plus tenir au thème : évoquer les gens du cirque permet d'évoquer des physionomies hors normes, plutôt qu'à un travail de style proprement dit. Ce travail de style est quand même présent sur la forme avec du vocabulaire rare ou littéraire comme "geai" ("Geai" est "littéraire" à mon avis parce qu'à l'oral, c'est un son qui peut-être confondu avec de nombreux mots ou groupe de mots (jet, j'ai) donc c'est peu commode dans une discussion spontanée) "patache/ressaut/engoulevent". Je me demande aussi pourquoi il y a des majuscules à "l'Homme Énorme" et pas à "l'homme-tronc" (ou "cracheur de feu" et "chat savant") j'ai cherché un moment une double lecture "maïeutique" mais sans parvenir à la décrire si elle bien là. Comme il y a le choix des majuscules en début de vers, c'est difficile de me convaincre d'une intention plutôt que d'une norme, mais quand même cette succession "Homme Énorme/homme-tronc/cracheur de feu/enfant tambour" semble esquisser quelque chose, d'autant que "enfant-tambour" comme "homme Énorme" d'ailleurs ne désignent pas couramment des acteurs de cirque ambulant.

   Anonyme   
26/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup cette forme maïeutique ! Et le texte n'en a pas souffert malgré la petite difficulté de lecture. Rien de forcé excepté ces trois vers qui tant dans la forme (cent et vies à la ligne et beaucoup de "an"...
"En lâchant cette idée, qui lui corrompt les sangs,
Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent
Vies enchantant la troupe arrimées par les âmes."
Chariots avec un seul R... le cercle ne devrait pas en souffrir...

J'apprécie l'ambiance de cette roulotte de gitans qui rejoint les autres autour d'une flambée et de danseuses... Tout cela crée en moi comme un dessin animé...

   Anonyme   
7/5/2014
Bonjour Lotier

Comment ne pas penser à Appollinaire, grand créateur de calligrammes et à son poème sur les balladins.

Ces balladins, vous en faites une revue de détail.
A chaque vers, ou presque, on se régale d'une trouvaille.

Vous auriez pu céder à la facilité en vous contentant de remplir votre disque de prose ou de vers non rimés.

Ce serait mal vous connaître.

Vos vers sont hétéromètriques, mais riment en rimes embrassées selon les règles néo-classiques. Vous respectez comme il se doit l'alternance des rimes F/M.

Votre premier vers
"Les enfants"
cible le public favori des balladins
le dernier
"En un rond."
est un clin d’œil à la forme de ce calligramme.

Merci Lotier, et bravissimo pour cette poésie vraiment exceptionnelle.

   Anonyme   
7/5/2014
Bonjour.

Bien entendu, la forme de cette présentation poétique est magnifique.Et rien que pour cela la clémence est de mise
pour le contenu que je trouve beaucoup plus laborieux.
Mais c'est inévitable et toutes les formes calligraphiques souffrent
en général de ce défaut.

Bravo pour cette présentation de la roue de la fortune.

   Anonyme   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lotier,
Visuellement magnifique, je rejoins en tous points le commentaire d'Hananke.
En tous cas, tous mes compliments pour la mise en forme !
Olivier

   Robot   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai franchement apprécié ce poème si rond car l'objet et le texte sont en adéquation. Même si je suis sûr que cette rédaction a demandé beaucoup d'investissement, les vers ne semblent pas contraints par la forme que vous vous êtes imposé, le texte coule aisément dans ce cercle et les images oniriques s'accordent bien entre elles. On est prit par la lecture qui nous entraîne dans le monde rêvé de cette étrange troupe. Un microcosme regroupé comme dans le cercle des chariots de pionniers autour du feu de camp lorsque vient le soir.
Un doute: chariot s'écrit-il avec un ou deux R, a moins que les deux orthographes soit admises ?

   troupi   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vraiment j'ai tout aimé dans ce texte, cette forme originale au possible, l'histoire avec des personnages bien campés, les animaux eux-mêmes ont une place de choix.
L'éléphant qui se souvient des savanes apporte une touche de nostalgie.
De belles images parfois amusantes :
"le geai bleu qui radote"
D'autres très visuelles :
"La poussière se frotte à la peau des gitanes,"
"puis naît une flambée grâce au cracheur de feu"
Une dernière image mystérieuse et très poétique :
"L’engoulevent se fond en un rond."
Vraiment en quelques phrases la vie de cette troupe est effleurée tout en dévoilant beaucoup de leur existence.
Et alors cerise sur le gâteau ; des rimes tout du long qui ne manquent pas de charme.

Très bien !

   Myndie   
8/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Lotier,

Le cirque, quelle belle idée! Je voudrais inventer un mot rien que pour ce poème; je n'ai que celui-ci à te proposer : MA-GNI-FI-QUE!
Apollinaire, le nom a été lâché, ce n'est que justesse.
Lotier, est-ce toi le magicien du cirque, qui d'un ballon parfaitement rond cousu de mots et de rimes, fait naître des images qui réveillent les enfants que nous sommes restés?
La lecture est aisée, ton style est fluide et précis en même temps.
Même sans être M. Loyal, je te tire mon chapeau, le talent est bien là, on l'avait déjà remarqué; mais le travail, que cela a dû représenter, alors que tout semble couler de source comme une eau claire...eh bien là, moi je dis respect, monsieur!

PS : Je m'auto- corrige : retour sur ce poème dont la relecture m'enchante tout pareil ; me pardonneras-tu cette interprétation un peu à l'emporte-pièce, due à mon enthousiasme et mon admiration sur la forme, les mots, les rimes, toute cette beauté poétique que tu as su insuffler, moi qui d'ordinaire n'ai pas ce regard-là immédiat...Je m'imprègne avec d'autant plus de bonheur de cette magnifique évocation de l'âme bohémienne, de l'errance des saltimbanques saisie à même la vie. C'est un thème riche de mille interprétations et d'analyses passionnantes et l'on pourrait la-dessus faire couler l'encre à l'envi. ( oui, je pense moi aussi à certain poème en prose de Baudelaire) Quoi qu'il en soit, ces bateleurs des temps anciens ne sont-ils pas les aïeux des enfants du cirque ? Et moi, je persiste et signe : c'est un poème exceptionnel que cette Roue de fortune

RE-PS : j'ajoute que cette roue d'ailleurs, semble à mes yeux plus proche d'une balle, d'un ballon, ou mieux d'une bulle, dont elle suggère plus les rondeurs que la plate circonférence d'un cercle (euh...j'espère être claire, je suis fâchée depuis toujours avec la géométrie dans l'espace^^).

   Arielle   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une roue de la fortune qui vaut vraiment son pesant d'or !
Non seulement la pièce se referme sur un rond parfait mais l'histoire se tient, on en attend la suite de vers en vers tout en se régalant des images au passage.
Non seulement les rimes s'embrassent avec élégance mais le rythme régulier parvient à nous bercer autour de ce feu de camp : cinq vers de neuf syllabes encadrent les seize alexandrins centraux. Je trouve l'exercice remarquable !
J'en viens à me demander si au lieu de vingt trois sous, en comptant pour un seul vers les deux premiers et les deux derniers, la recette n'aurait pas pu être de vingt et quatre :
"Un à un, tous les sous, seulement vingt et quatre." la rime en "atre" ne devrait pas poser de gros problème ...

Mais tel qu'il est ce calligramme est vraiment une réussite que j'ai pris un grand plaisir à lire et à décortiquer ce qui est loin d'être toujours le cas pour ces formes souvent un peu difficiles à déchiffrer.

J'imagine aisément le travail qu'il vous a fallu pour tracer cette piste aux étoiles !

   Anonyme   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette forme d'écriture me trouble les yeux mais bon passons.
Beau calligramme je salut la performance.
J'ai beau lire et relire je ne vois pas avec quel sujet s'accorde "qu'elles soient"

"En lâchant cette idée, qui lui corrompt les sangs,
Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent
Vies enchantant la troupe arrimées par les âmes."

Pourquoi mettre une majuscule à "l’Homme Énorme" et pas à "l’homme-tronc"?

Une chose qui est bien c'est que je n'ai pas entendu les sonorités des rimes, je n'y avais pas fait attention, pour moi elles n'existaient pas.

Des personnages folkloriques, hauts en couleur. Leurs pensées et leurs émois, leurs rires et leurs différences font vivre le poème. Ils vivent en harmonie.
Quoi que en y réfléchissant le calligramme signifie l'Humanité, la Terre. Belle leçon de tolérance. C'est beau tout ça.

   Anonyme   
8/5/2014
Bonsoir Lotier... Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse... écrivait Musset.
Ici le flacon est parfait et j'applaudis le maitre verrier qui en est à l'origine... Pour ce qui est de l'ivresse je suis moins convaincu...
Rassurez-vous, je n'aurais pas l'outrecuidance de comparer vos vers à un breuvage de bas étage mais, il faut bien l'admettre, la parfaite rotondité de cette roue est difficilement compatible avec une versification tout aussi parfaite.
Toutefois vous vous en tirez bien et j'aurais mauvaise grâce à ne pas reconnaitre le travail que représente une telle œuvre que je considère tout autant comme exercice géométrique que poétique !
Il n'en reste pas moins que la présentation de ce poème est originale... et par là même exceptionnelle...

Edit... Je viens de m'apercevoir que c'était en catégorie Laboniris.
Je comprends mieux cet essai... transformé si j'en crois les différents commentaires.

   senglar   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Lotier,


Cette rotondité qui m'a sauté aux yeux m'a fait penser aux sphères qui ont révolutionné un temps les chariots et l'esthétique des machines à écrire avec les deux rr l'air de ne pas en avoir l'air. Ainsi "charriot" serait un jeunnot tandis que "chariot" serait accablé par le poids des ans ! Où la poésie va-t-elle se nicher pour éviter les formes patatoïdes !...

M'en vais jeter l'exception qui confirme la règle aux urticantes orties !

Merci pour cet enrichissement orthographique en ce qui me concerne :) tout autant que visuel et poétique.

Très design :))) )))

brabant

   Anonyme   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir,
J'avais lu votre poème sur téléphone aujourd'hui mais je n'avais pas la forme. Je la découvre à présent et je suis émerveillée. C'est une véritable prouesse que j'admire.

   Bidis   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ce que j'admire le plus dans ce poème, c'est que le texte ne souffre pas de la mise en page, cette sphère parfaite qui éclate à l'oeil, appelle la lecture et réjouit l'esprit. Quel travail ou quel talent !!! Sans doute s'agit-il des deux...

   Anonyme   
7/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'avais vu ce texte en espace lecture et avais déjà, comme Tizef, évoqué Appolinaire, non tant par rapport au calligramme que par rapport au contenu (les bohémiens). J'ajouterai, à lecture attentive, que l'on pourrait aussi, à travers ce poème merveilleusement travaillé au plan technique, évoquer certains poèmes en prose de Baudelaire où les notations sensorielles se complètent et se confondent pour constituer un univers onirique dont le thème que vous avez choisi est déjà porteur. Une poésie profonde émane de ce texte où vous avez créé un univers magique digne du pays d'Oz. Ce n'est pas qu'un cercle, un orbe ou une roue, en s'éloignant de l'écran on perçoit des ombres et des clartés qui ajoutent le relief de la sphère à votre calligramme. Vous venez d'inventer la poésie en 3D.
C'est absolument superbe. Je suis affreusement jaloux.

   Lulu   
8/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé ce poème sphérique. J'ai toutefois été perplexe à la première lecture, n'ayant pas tout saisi. Enfin, en relisant le texte, je ne comprends toujours pas ces deux vers, ce qui est bien dommage :

"Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent
Vies enchantant la troupe arrimées par les âmes."

Grâce à vous, j'ai appris quelques mots... : "maïeutique", "patache", "engoulevent".

Merci pour ce travail, et cette lecture.

   Louis   
8/5/2014
Un poème rondement mené.
Le fond et la forme : tout en rond.

Ils « cheminent », nomades, partout à la ronde ; ils font leur tournée, les saltimbanques, les Gitans, les Bohémiens, les bateleurs, producteurs sur les foires de mille tours, tours de force et tours d'adresse, tous, gens du cirque, gens du cercle, du circus.

Il y a les «  Les enfants de la balle », les paumiers, fabricants des balles du jeu de paume, artisans des éteufs, sphériques, ronds, comme des œufs, comme le poème que l'on a sous les yeux, et qui fait ouvrir aux spectateurs des yeux ronds.

Présent aussi : le chat savant, comme dans une poésie de Pouchkine, ( Rouslan et Ludmila. Prologue ) :
«  Un chat savant, dans le silence,
nuit et jour déambule en rond »
En cortège, il suit ici « un éléphant », l'animal rondouillet, «  qui se souvient des bois, des savanes », le pachyderme à la mémoire qui tourne et retourne aux lieux de ses origines.

« On entend le geai bleu qui radote là-bas »
Le geai « radote », son chant sans cesse repris, en boucle, en une mélopée cyclique.

« Le cocher lui réplique en fumant son tabac » : Le geai radote, le cocher d'une roulotte, lui, crachote des ronds de fumée.

Un nain compte les sous, il compte les ronds. Maigre recette, les affaires peu florissantes ne tournent pas très ronds, comment arrondir les angles d'une difficulté financière ?
Comment faire des économies ?
« Faut-il encor nourrir l'Homme Énorme et sa femme » :
faut-il dépenser des ronds pour arrondir toujours ce membre de la troupe, l'homme énorme, l'homme ballonné, rondouillard. Ou économiser un peu pour arrondir ce qu'on appelle aujourd'hui « les fins de moi ?

Le nain est dans le dilemme. Il ne veut rien sacrifier. Et voudrait échapper au cercle vicieux.
Il tient à l'unité de la troupe, au cercle qu'elle constitue.
Cette unité est celle des contraires : le petit et le grand, le nain et l'énorme ; le chat et l'éléphant.

Il rêve à cent âmes « arrimées » dans la cercle des bateleurs saltimbanques, cent : un chiffre rond.
La perspective de briser le cercle des gitans, paradoxalement pour des sous, pour des ronds, lui tourne le sang, en un tour destructeur, « cette idée, qui lui corrompt les sangs ». Et « corrompt » s'entend « corps rond ».

Le premier hémicycle, demi-cercle supérieur, est sous le signe du « geai bleu », bleu céleste. Il dessine un ciel, une voûte céleste, une élévation sereine.

Le deuxième hémicycle, la partie basse, plus terrestre du grand cercle, est sous le signe de l'inquiétude : crainte que leurs affaires ne tournent plus rond.
Plus assez de ronds, une troupe qui risque d'être défaite, la perfection du cercle menacée.
Ce demi cercle inférieur est sous le signe du rouge, rouge sang  :
« A l'horizon sanglant, le soleil n'est pas rond »
Le cercle s'avère une roue, un roue comme celle des chariots du groupe des gitans, une roue de la fortune, roue qui ne tourne pas seulement sur les chemins de terre, mais qui roule aussi sur les chemins chaotiques du temps, où elle connaît ses faveurs et ses revers.

Ronde des soirs et des matins :
au soir, sous le soleil menaçant qui perd sa rotondité, la troupe reconstitue son unité, les chariots placés en cercle.
L'étape se fait dans une clairière, précisément là où «  jadis l'homme-tronc commença sa carrière » : un retour au commencement, aux origines, la roue tourne encore, ce qui menace la troupe d'une fin retrouve son point de départ, cycle de la fortune.

Pour compenser le soleil défaillant, un feu est allumé : « naît une flambée grâce au cracheur de feu ». On se donne un nouveau souffle, le souffle d'une flamme, la flamme d'une vie pour la troupe qui veut se perpétuer, et ne le peut en ligne droite, mais sous les coups de la fortune seulement, en ses tours et mauvais tours, bons et mauvais jours.
On se donne une lueur d'espoir : il y aura de nouveau un matin, un retour du soleil dans sa ronde splendeur.

Ce souffle d'espoir est amoureux de « l'enfant-tambour ». La vit bat encore sur le cœur rond de l'enfant-tambour. L'enfance est une promesse, elle est l'avenir, gage de la perpétuation de la troupe qui ne veut pas finir. L'enfant ira encore à la ronde, tambour battant, cycle du renouveau, présenter ses tours de force. La troupe continuera d'être productrice de mille tours, prouesses et prodiges qui font les yeux ronds du public.

Au geai bleu du matin, répond l'engoulevent du soir. Il tourne, au crépuscule, dans le ciel assombri ; il prend le vent, il accepte le vent tournant de la fortune ; il se fond en un rond prometteur.
Rond de ce très beau calligramme.

   Lotier   
8/5/2014
Bonsoir à tous,
J'explique ma démarche ici :
http://www.oniris.be/forum/a-propos-de-roue-de-la-fortune-t18877s0.html
Bien cordialement
Lotier

   Anonyme   
10/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour, Lotier,

Tout d'abord, je dois vous avouer que, le plus souvent, les mises en page particulières m'agacent, tant en prose qu'en poésie, car elles me semblent vouloir forcer un intérêt par ailleurs absent, et m'apparaissent alors comme grotesque prétention.
Ensuite, je dois vous dire que je ne connais rien de ceux qui auraient pu inspirer votre travail.

Ces mises en page, qu'il s'agisse d'un calligramme ou d'autre chose, c'est un peu comme l'humour volontairement de mauvais goût : si c'est marrant, ça passe sans la moindre honte; si ça ne l'est pas, c'est immonde. Mais lorsque le travail est si bien fait qu'il ne se remarque pas au premier abord, ce qui aurait pu n'être qu'un artifice devient partie intégrante de l'oeuvre.

Après la suprise à la découverte de la mise en page, vient le moment de la lecture et là, manifestement, vous ne vous êtes pas moqué de moi.
L'histoire - car il y en a une - se tient, l'atmosphère est dense, pleine de vie, les images sont belles (A l'horizon sanglant, le soleil n'est pas rond), les échos lexicaux rehaussent et unissent les vers (tabac/gitanes, sans parler bien entendu du leitmotiv justifiant le calligramme), des formules rejetant la banalité maintiennent le lecteur en éveil (vingt et trois plutôt que vingt-trois).

Vient ensuite le temps de l'analyse.
Les syllabes et les rimes, qui formaient la musique du texte sans qu'elles soient comptabilisées ni qualifiées, apparaisent.
Seize véritables alexandrins enrobés de progressions ascendante et descendante en 3-6-9, des rimes embrassées alternant le masculin et le féminin, clôturées par une rime plate accélérant le rythme vers la chute, le tout symétriquement disposé par rapport à l'équateur.
Le plus remarquable, c'est-à-dire, je l'imagine, le plus difficile, me parait encore d'avoir fait gonfler et dégonfler vos alexandrins sans avoir tordu la syntaxe ni usé d'un lexique incongru pour y parvenir.
Pendant un moment, j'ai même cru qu'il y aurait également symétrie des nombres de caractères, mais non, et ce n'est pas grave (faut pas charrier, quand même !). La Terre elle-même n'est-elle pas faite de monts et de vallées ? Mais tout de même, en inspectant les nombres de caractères, je maperçois qu'il s'agit peut-être là du seul degré de liberté que vous ayez utilisé avec (mais tout est relatif) un peu plus de facilité que le reste. Un signe de ponctuation, c'est tout de même pratique pour ajouter un caractère, voire deux lorsqu'il s'agit d'une virgule à l'intérieur d'un vers. Ainsi, la virgule dans "En lâchant cette idée, qui lui corrompt les sangs" me parait présenter surtout l'avantage d'augmenter de deux unités le nombre des caractères. Je ne m'en serais probablement pas aperçu si ne n'avais pas trouvé, surtout, qu'un déficit de ponctuation aux deux vers suivants en rendait la compréhension un peu ardue.

Vous ne savez probablement pas qu'il s'agit là d'un compliment, mais j'ai fait lire votre texte à mon fils. C'est le premier texte onirien que je lui fais lire. Il a beaucoup aimé, et il est aussi peu complaisant que son père.

Votre travail est remarquable. Comme j'aimerais pouvoir lire vos brouillons !
Si j'avais le talent de Merseger, je dirais aussi que je suis affreusement jaloux, mais comme je ne l'ai pas, je me contente de vous dire que j'ai sacrément envie de vous copier. D'ailleurs, j'ai déjà ma petite idée (elle est contenue quelque part dans ce que je viens de vous écrire).

   Anonyme   
12/5/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'avais lu ce poème, été éblouie par la forme, ravie du choix du vocabulaire (je ne connaissais pas "patache").
Et c'est finalement en lisant vos explications autour de la naissance de ce calligramme, que me voilà convaincue de vous laisser un commentaire.

Si votre roue est magnifique en la découvrant, elle devient encore plus intéressante et fascinante après en avoir découvert tous les "rouages".

Merci vraiment de ce partage.
Éclaircie

   iboubirago   
20/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Lotier!
Profane,je ne saurai jeter un profond regard critique sur ton texte!
Je suis juste tombé en pâmoison devant les "rondeurs de Dame fortune ",en appréciant positivement l'originalité de la démarche.
Je devine l'effort fourni,en réajustant,rallongeant,modelant,ciselant,coupant et alignant mots et phrases.....pffffff!BRAVO !
Je lais le soin aux "critiques" de décortiquer ton oeuvre!
Mes encouragements!

   Anonyme   
15/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis bluffé...
L'exercice n'est pas simple et pourtant tout y est : la forme et le fond.
Bien sûr, de temps à autre, la lecture peut être difficile (par exemple : "En lâchant cette idée, qui lui corrompt les sangs, Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent") mais cela reste minime par rapport au résultat final : le texte est de toute beauté.

   Anonyme   
16/8/2014
Commentaire modéré

   Anonyme   
27/8/2014
Commentaire modéré

   Anonyme   
2/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Rien qu'en voyant le rond (si bien construit), j'ai pensé à Appollinaire, dont l'une de ses calligrammes m'a donné un jour la chair de poule. Et puis le texte avec ce cortège d'image, semble nous raconter simultanément: la vie des gitans (qui s'en fichent pas mal de tout) à travers ces gitanes à bord de la patache, et puis les soucis des soucieux à travers "le nain qui compte et ajoute" et puis ces expressions (chat savant, homme énorme, homme tronc, enfant tambour) qui semblent toutes être à mon avis les caractéristiques de certains hommes politique d'un bien singulier petit pays que j'arrive pas à découvrir. C'est très bien fait!!!

   Francis   
2/9/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique calligramme dans sa forme en roue de roulotte et dans son contenu. Personnages et animaux sont peints avec finesse et originalité: " cracheur de feu qui se consume, le geai bleu qui radote,
l'Homme Énorme, la forêt et l'homme tronc..."
Voilà un calligramme que je verrais bien étudier ou réciter par collégiens et lycéens. C'est la rentrée !

   aldenor   
17/10/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Les images se suivent, simples et vivantes, réjouissantes ou attendrissantes, dans cet éloge de la rondeur.

Le chat savant qui suit l’éléphant, le geai et le cocher, l’Homme Énorme et sa femme, le cracheur de feu amoureux de l'enfant-tambour... Le nain, les gitanes... Magique!

Le calligramme produit une forte impression, il épouse bien le sens du poème, encore que cette contrainte, parfaire le cercle, me semble la cause de quelques petites dérives. Ainsi :

"Et" me parait superflu avant "le chat savant suit l’éléphant."

"À l’horizon sanglant, le soleil n’est pas rond.". "Plus rond" rendrait je crois mieux l'image du soleil couchant.

"La troupe fait étape alors...", "Se regroupent ici...". La scène est posée sans alors et ici.

Une phrase que je n'ai pas compris : " Le nain rêve soudain qu’elles soient plus de cent
Vies enchantant la troupe arrimées par les âmes."

   Anonyme   
12/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle "fortune" que cette roue ; une belle idée ! Je me suis même amusé à prendre un mot ici et là en l'ajoutant à un autre mot situé plus loin dans la roue, et ça marche. On pourrait donc y associer des "formules" à l'infini, ou presque.

Cette roue m'a fait pensé à l'Etoile de la Mort dans Star Wars, à cause du 13è vers, asymétrique.

Le tout est très original et extrêmement appréciable.

   Meaban   
8/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
je l'ai lu un bon nombre de fois, en me disant tu devrais commenter, c'est trop beau

évidemment j'ai pensé a Appolinaire, mais ce texte est plus gracieux encore

merci de ce partage égayeur de soirée

Loic

   Anonyme   
9/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Très bel exercice, autant sur le plan de la graphie que sur le fond, qui lui est subtilement associé : évoquer "les enfants de la balle" dans une telle roue, c'est astucieux ! Le texte se dit bien à haute voix, avec du rythme et de la musicalité, mais je me demande encore d'où sort cet engoulevent avec lequel le poème se conclue...

   lala   
26/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Après la surprise, en ouvrant la page, de ce beau ballon, j'étais impatiente de rencontrer les mots. La rondeur se décline, ainsi qu'un long clin d’œil, dans un univers qui frôle la magie. Un délicieux moment !

   CalamusInscius   
22/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour.
Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais ajouter aux autres commentaires, si ce n'est qu'à mon humble avis, ce poème est un véritable défi aux explorateurs du calligramme.
Franchement, je serais étonné qu'il ne fasse pas d'émules.
Bravo !

   OH2Warenghien   
11/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Belle poésie rimée, il fallait la sphère géométrique, c'est fait et c'est bien calculé! Je vous tire mon chapeau, rond, bien entendu!

   Paul777   
29/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Chouette histoire qui fait penser dans sa forme a Apollinaire et dans le fond...je ne sais pas... une histoire délirante de forains, gens du voyage, avec de l'humour et de belles formules... J'aime

   dom1   
26/7/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Voici de ces cirques qui ne sont pas d'actualité. Ont-ils d'ailleurs existé un jour ? La plupart de nos cirques contenporains sont plus ou moins miteux et où le dromadaire squelettique n'a rien à envier au vieux lion.
Hormis dans le cerveau du poète, ce cirque-là n'est qu'illusion. Ici l'illusion à le mérite de faire son travail, mais sans convaincre.

Dominique

   AxelDambre   
28/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ouahh... et quel accouchement !
Super donc, et pour le calligramme et pour les rimes embrassées qui bien sur, donnent un peu de structure et de "répondant".
Au delà de ça, il y a de très belles images. J'aime particulièrement les vers sur le cracheur de feu et l'enfant tambour... de même que la réplique du cocher. C'est fantastique et baroque, m'a fait penser à Big Fish. Bref beaucoup de bon. Si je m'efforce de trouver quelque chose de perfectible, je dirais que le passage sur le nain est peut-être un peu long... mais n'est-ce pas normal au milieu de la roue... ?!
Bravo.
Axel

   mina   
3/10/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Me voilà envoûtée par cette forme ronde ! Des images quasi surréalistes , bravo !

   Queribus   
24/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lotier,

Tout d'abord bravo pour l'exercice pas facile du calligramme, un vrai travail de magicien, un vrai travail tout court qui mérite un beau coup de chapeau. Sur la forme, je n'ai pas compris les majuscules à l'Homme Énorme; je pense qu'elles sont inutiles; par ailleurs, chariots s'écrit avec un seul r, me semble-t-il; juste deux petits détails faciles à corriger, à mon avis bien-sûr. Le fonds est un moment agréable avec un texte qui se comprend facilement et se laisse lire sans ennui. En tout cas, encore bravo et au prochain calligramme.

Bien à vous.

   Corto   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Lotier . Je découvre ce texte et sa belle mise en forme avec pas mal de retard mais je veux vous en féliciter tout de même. Ce beau rond est déjà une performance étonnante! De plus à la lecture j'ai cru tout d'abord être embarqué dans la roulotte de Capitaine Fracasse... C'est dire que vous avez su créer une ambiance captivante dont on réclamerait volontiers la suite.
Merci pour une telle envolée pleine de talent.

   Eki   
4/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Amis mots font la ronde qui donne un rayonnement lunaire à cette roue de la fortune.
Entrez dans la danse et embrassez qui vous voulez....Je le trouve joli ce poème.


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