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Poésie contemporaine
Meaban : Puits
 Publié le 02/07/11  -  11 commentaires  -  1376 caractères  -  202 lectures    Autres textes du même auteur

Photo d’illustration : http://www.cevennes-photo.fr/mines/val%20ricard/images/mines%2004%2080190_jpg.jpg


Puits



Sainte Barbe
La recette pue comme il y a trente ans. Une odeur de métal et de graisse noircie, les cages sur leurs taquets, en équilibre sur le puits. Une percée de sept cent quarante-deux mètres d’où remontent encore des effluves de vase, de roches humides et de bois trempés.
Les câbles d’extraction, encore à leur place sont tendus comme des flèches, sombres comme une sentence. Ils filent s’enrouler là-haut sur les molettes d’un chevalement ferreux aux nuances de rouille.
Une grille efflanquée : « houillères des Cévennes », et cet oxyde noir qui mange la peinture, un énorme cadenas qui git dans la poussière.

L’émoi d’un abandon



Sérénités anciennes, bout de petit jardin
Un mégot sur le bec, une vareuse râpée couleur ciel de misère

Un récent moyen âge tout encombré d’usines
Les cités ouvrières, parfumées d’indigences
La paresse des chats, une clameur de gosses
Une rumeur de scie déchirant la torpeur

Une fanfare dans la rue, ces journées d’obédiences et d’ateliers chômés
Nos mères « incoquettes » aux regards d’inquiétudes
Les boutiques foraines au bout de l’avenue
Le rythme des manèges aux couleurs incongrues

Sonorités anciennes
Espoirs sans lendemains
Dimanches effondrés
Étalés sur mon aire.


 
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   Anonyme   
14/6/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une très belle maîtrise de la forme et du rythme, je trouve ! Des mots simples, expressifs, toute une ambiance en quelques lignes... Chapeau.

   Mona79   
22/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'ai pas compris "la recette pue" De quelle recette parle-t-on ?

Sinon, c'est une fête des mineurs bien noire dans le souvenir de l'auteur. Une pauvre fête ratée :
"ciel de misère/cités ouvrières parfumées d'indigence/mères "incoquettes"/dimanches effondrés".
A l'aide de la photo on comprend et on partage l'émotion de cet abandon.

   Damy   
26/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime beaucoup ce regard sans complaisance, presque sans regret, sur une friche industrielle. Un constat, au fond.

J'ai aimé "Le récent Moyen-Âge" auquel ne succédera pas la Renaissance ("Espoirs sans lendemains"). Au moins l'auteur n'est pas abusé par les promesses de reconversion.

J'ai aimé aussi l'allusion aux jeux des enfants, naïfs, insouciants, l'avenir des Cévennes.

Je n'ai pas aimé "incoquettes", je ne vois pas l'utilité de ce mot valise. J'aurais plus volontiers aimé lire "inconquises".

J'aurais pu écrire, à ma manière, peut-être moins élégamment et sûrement plus désespérément, plus révoltée, la fin du gemmage et la mort proche de l'économie forestière, dans mon pays.

Bref, ce constat plutôt froid, m'a ému, par sa qualité d'écriture.

   Pascal31   
2/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup le découpage du poème, notamment cet "émoi d'un abandon" mis à l'écart pour bien appuyer sur le côté "délaissé".
C'est un poème dur, aux images terribles ("une vareuse râpée couleur ciel de misère", "les cités ouvrières, parfumées d'indigences", "une rumeur de scie déchirant la torpeur", etc.)
J'ai moins apprécié la "percée de sept cent quarante-deux mètres" (préciser le nombre de mètres m'a semblé superflu) et les "mères 'incoquettes' aux regards d'inquiétudes" (le néologisme est incongru, casse un peu la lecture).
J'ai jeté un coup d’œil à la photo, à la fin, mais c'était presque inutile : le poème se suffit à lui-même, il est assez visuel et assez fort pour apporter une émotion, ce mélange d'amertume et de rancœur. La strophe de conclusion en est la parfaite illustration.
Un texte qui ne m'a pas laissé indifférent...

   Marite   
2/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup ce poème contemporain. Les mots, simples et d'aujourd"hui, font naître les images et c'est vrai, la photo n'est pas indispensable pour visualiser la scène. Les premières lignes plantent le décor puis, la poésie, les émotions ... aucun obstacle.
Pour ma part, le vers:
" Nos mères « incoquettes » aux regards d’inquiétudes "
me plaît bien.
Merci Meaban, ce poème me réconcilie avec la poésie contemporaine qui, parfois, ne suscite chez moi aucune émotion.

   Charivari   
2/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Du Zola en poème. J'ai beaucoup aimé l'expression "un récent moyen-age" et ces deux vers : Sonorités anciennes / Espoirs sans lendemains.

Personnellement j'aurais essayé de glisser ces deux vers à la toute fin car ils concluent magistralement le texte.

Une très belle ambiance, on y est.

Réédit : ce que j'ai moins aimé.

- La recette "qui pue" de Ste Barbe. J'ai pourtant été prof une année dans une zone de mines et sais grâce à cela que Ste Barbe est la patrone des mineurs, mais je ne comprends toujours pas cet incipit.

-incoquettes aux regards d'inquiétude : alors que l'ensemble du texte coule tout seule, ce jeu de sonorité parait un peu forcé. Un néologisme dans ce texte plutôt classique choque un peu.

   Cyrielle   
2/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’ai lu ce poème avant même de regarder l’image et je n’ai pas été déçue puisque le poème est à lui tout seul un magnifique tableau.

J’ai été gênée, dès les premières lignes, par des expressions telles que « la recette qui pue », « l’odeur de métal et de graisse », « les cages sur leurs taquets » (rien de poétique, pour moi, dans tout cela !)

Dès le 2ème paragraphe du passage en prose, le charme a opéré grâce aux belles images qui métaphorisent une réalité ressentie jusque là comme trop prosaïque. Le procédé de juxtaposition (dans la partie versifiée) permet de saisir en peu de mots cet univers industriel grâce à des expressions fortes parce que bien choisies : « récent moyen âge », « les cités […] parfumées d’indigence ». Je salue d’ailleurs la restitution harmonieuse d’un univers aussi hétéroclite.

L’évocation de cette réalité sociale tire sa force poétique de sa justesse mais aussi de sa richesse. Les images sont à la fois métaphoriques et sensorielles : « parfumées d’indigence », « vareuse râpée couleur ciel de misère », « clameur de gosses »… Le choix de la forme (prose puis vers) et la disposition de cette forme sur la page donne toute son ampleur au fond (le sens) de ce poème.

En revanche, quelle surprise lorsque j’ai découvert l’image ! Je n’en ai retrouvé la trace que dans le début du passage en prose. Je suppose que cette image aura servi de point de départ à l’auteur. Ce poème est d’autant plus réussi qu’il ne se contente pas de compléter l’image, il l’amplifie. D’une image en noir et blanc, on aboutit à un poème tout en couleur qui prend forme par tous les éléments qui s’y ajoutent (le décor, les personnages…) avec beaucoup de poésie et de réalisme. Une réussite !

   Anonyme   
2/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir ! C'est un Meaban toujours un peu sombre qui sait peindre avec les mots choisis ces tableaux d'une région minière qui semble lui tenir à coeur... et je le comprends...
Je retiens particulièrement ces quatre vers tant pour leur réalisme que pour leur beauté.

Un récent moyen âge tout encombré d’usines
Les cités ouvrières, parfumées d’indigences
La paresse des chats, une clameur de gosses
Une rumeur de scie déchirant la torpeur.

Merci et au plaisir de vous lire dans le même registre ou tout autre domaine.

   pieralun   
3/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une première partie en prose dont l'auteur, il me semble, n'a pas voulu qu'elle soit poétique. Elle est uniquement là pour planter un décor où rien n'est beau: ni les machines, ni les couleurs, et encore moins les odeurs.
Cela peut-être pour la mieux opposer à une petite vie que l'on construit au travers de quelques minuscules bouts de verdure, un peu de paresse, un animal domestique, la musique des rues, une fête foraine. Malgré la grise réalité, la vie normale d'un petit village s'est créée, et bien évidemment elle distribue quelques petites parts de bonheur, et plus tard de la nostalgie.
Une évocation parfaite si telle est cette évocation.
Du Méaban dans le texte.

   Anonyme   
3/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tout d'abord, merci à vous et à google, je sais à présent ce qu'est une recette dans le jargon des mineurs. Et je pige le jeu de mots dans la première phrase.

J'aime bien cette façon de passer de la prose aux vers.
Avec la première vous plantez le décor.
Les seconds vous permettent d'exprimer votre rêverie.

L'austérité du dernier quatrain contraste avec l'abondance d'images de tout ce qui précède et n'en traduit que mieux le désenchantement du narrateur.

   wancyrs   
3/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cet histoire à deux tons m'aurait beaucoup plu si elle avait respectée une certaine forme(très logique pour moi).

J'aurais commencé par les vers libres et clôturé par la prose. Je pense que le vers de fin de prose aurait plus claqué que s'il était le vers de la fin. l'émoi de cet abandon aurait retenti encore lorsqu'on aurait quitté son écran. Mais disposé comme tel dans le texte, on dirait qu'il prend le lecteur par la main et le prépare aux vers qui suivent, tuant le plaisir de l'imaginaire.

Je ne veux pas réécrire le texte, mais je l'aurait trouvé plus percutant ainsi :

Sérénités anciennes, bout de petit jardin
Un mégot sur le bec, une vareuse râpée couleur ciel de misère

Un récent moyen âge tout encombré d’usines
Les cités ouvrières, parfumées d’indigences
La paresse des chats, une clameur de gosses
Une rumeur de scie déchirant la torpeur

Une fanfare dans la rue, ces journées d’obédiences et d’ateliers chômés
Nos mères « incoquettes » aux regards d’inquiétudes
Les boutiques foraines au bout de l’avenue
Le rythme des manèges aux couleurs incongrues

Sonorités anciennes
Espoirs sans lendemains
Dimanches effondrés
Étalés sur mon aire.


Sainte Barbe
La recette pue comme il y a trente ans. Une odeur de métal et de graisse noircie, les cages sur leurs taquets, en équilibre sur le puits. Une percée de sept cent quarante-deux mètres d’où remontent encore des effluves de vase, de roches humides et de bois trempés.
Les câbles d’extraction, encore à leur place sont tendus comme des flèches, sombres comme une sentence. Ils filent s’enrouler là-haut sur les molettes d’un chevalement ferreux aux nuances de rouille.
Une grille efflanquée : « houillères des Cévennes », et cet oxyde noir qui mange la peinture, un énorme cadenas qui git dans la poussière.

L’émoi d’un abandon


Autre chose, je suppose que "sainte barbe" est un juron, pourquoi n'y a t il pas de point d'exclamation ?

Édit : Sainte barbe n'est pas un juron, donc je retire ma remarque sur le point d'exclamation.


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