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Poésie contemporaine
Miguel : Aux bords de la Cadoule
 Publié le 07/11/15  -  12 commentaires  -  1590 caractères  -  192 lectures    Autres textes du même auteur

Rêverie de celui à qui est rappelée la fugacité des jours.
La Cadoule est une rivière de chez moi.


Aux bords de la Cadoule



Je m’en étais allé, dans la tiédeur de l’air,
Lire Chateaubriand, aux bords de la Cadoule ;
Sa lyre pour moi seul sonnait dans le soir clair,
Comme l’onde à mes pieds, chant du Temps qui s’écoule.

Or, comme j’en étais à ces mots : « Revenez,
Beaux jours de ma misère et de ma solitude… »,
Où, célébré des rois et de la multitude,
Il pleure cependant ses jours infortunés…
Et comme je songeais à ma propre jeunesse,
Quelques adolescents, frais bouquet d’allégresse,
Offrant à mes regrets ce que je fus jadis,
Par leurs folâtres jeux le long de la rivière
M’arrachèrent soudain à ma lecture austère,
Et rendirent mon âme à ses printemps enfuis.

Enfants, j’eus bien aussi mon aube radieuse :
Nous avions tous quinze ans et, filles et garçons,
Nous formions comme vous une troupe joyeuse,
Prodigue de baisers, de rires, de chansons.
Instants évanouis ainsi qu’une fumée !
Où sont les yeux ardents de ma première aimée ?
Où bat le premier cœur qui battit dans mes bras ?
Oh ! profitez, enfants, de ces heures bénies,
Qui s’en iront si vite et ne reviendront pas,
Et comblez de l’amour aux douceurs infinies
Vos cœurs, vierges encor des peines d’ici-bas.

Mais le groupe charmant s’éloignait sur la rive ;
Le silence revint dans ma tête pensive,
Et je repris mon livre, un instant délaissé :
Les mots du grand poète enchantèrent mon âme,
Et, parés par le Ciel des vertus du dictame,
Firent doux à mon cœur les regrets du passé.


 
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   Mauron   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Les vers sont bien venus, et la forme choisie, rétro, convient parfaitement au sujet... Un topos, évidemment, mais très bien traité, avec fluidité et fraîcheur. Le poème sonne un peu comme une parodie ou un pastiche. Nostalgie, quand tu nous tiens!
Bien sûr, il s'agit d'un bibelot d'époque et non pas vraiment de "littérature" selon moi. Mais on peut s'attarder sur du "néo gothique".

   Anonyme   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hola Miguel ! Quoi de mieux que ce superbe poème pour attaquer ce samedi automnal et pluvieux ? Tout est clair, la description des lieux, l'introduction soutenue par les vers de Chateaubriand, le flash back sur l'enfance à jamais enfuie, le message à la jeunesse pour en terminer avec un retour à Chateaubriand et la paix retrouvée... et ce vers final que j'aime beaucoup :

Firent doux à mon cœur les regrets du passé.

Un poème constellé de magnifiques vers, un véritable plaisir de lecture ! J'ai apprécié à leurs justes valeurs tes méditations poétiques sur les bords de la Cadoule. Merci Miguel !

   Vincendix   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
La Cadoule ! Rien que le nom de cette rivière est poétique, je l’imagine ce petit cours d’eau qui se traverse à pied sec en été en sautant de pierre en pierre, une réplique de MA rivière. J’imagine les promenades dominicales d’une jeunesse insouciante (pléonasme pour cette époque). Les rires, les chansons, les « agaceries » des garçons envers les filles offusquées (faussement).
Je retrouve des lieux communs dans ce poème, je fais abstraction de la prosodie et de Chateaubriand qui n’est pas dans ma bibliothèque (à tort peut-être), pour me focaliser sur le sujet et je rêve aussi.

   Anonyme   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Ce joli poème décrit parfaitement par la réflexion l'instant de distraction qui peut survenir à tout moment par un événement
extérieur.
Bien sûr, l'arrivée d'un groupe de jeunes fait automatiquement
penser à ce que fut notre jeunesse et comment elle s'est vite enfuie.
Point de surprise pour la réflexion mais quelques beaux vers
viennent enjoliver cette démarche :
Enfants, j’eus bien aussi mon aube radieuse :

Et toute la strophe sur le sujet.

Il est marrant de constater que, seulement, les bonnes choses
nous viennent à l'esprit dans ces contextes.
Un peu comme si la jeunesse ou l'enfance ne pouvait avoir
ses calamités.
La nostalgie n'a qu'une direction et peut-être tant mieux
finalement.

   Francis   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
j'ai aimé la sérénité des décors : tiédeur de l'air, clapotis de la Cadoule propice à la rêverie, la méditation, la mélancolie. J'ai aimé cette passerelle que la plume pose entre le livre et le réel, entre le passé et le présent. L'innocence de l'enfance " vos cœurs vierges encor des peines d'ici-bas " est peinte avec une douce nostalgie que je partage. Merci pour ce partage.

   Pimpette   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C'est joli!

moi... à cet âge là je lisais plutôt L'Os à Moelle mais ça ,n
e change pas la situation générale du texte!

Ma petite bande était moins sage que la tienne sans doute?

Tres sympa, Miguel, ce charmant souvenir...

   Lulu   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Miguel,

votre poème me fait penser un peu à Lamartine avec "Le lac", un poème sur la fuite du temps et, bien sûr, la nostalgie.

J'ai beaucoup aimé vos mots, la tournure de vos vers. C'est très imagé. On se représente bien tout ce que vous écrivez ; et l'on devient nostalgique à son tour...

Le jeu des rimes est doux, sans pesanteur, fort bien réussi.

Au plaisir de vous lire à nouveau.

   papipoete   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Miguel; c'est un plaisir de vous relire!
Nous la faisons ensembles cette promenade aux bords de la Cadoule. le vent a demandé aux feuilles de ne plus frémir sur leurs branches, le temps de tourner quelques pages de Chateaubriand.
Mais l'endroit s'agite et bruit des cris et des rires d'adolescents. les filles en flirt roucoulent comme celles de mes jeunes années; et je revis ces moments délicieux en les voyant; et je revois celle de mon premier baiser.
Je replonge dans mon livre, et " doux se font les regrets de mon passé ".
Que demain nous prête encore vie, pour aller s'asseoir sur les bords d'une Cadoule.
Notre ballade m'a fait du bien, et j'espère que vous nous emmènerez encore marcher à vos côtés?

   jfmoods   
7/11/2015
I) un cadre romantique

1) Référence littéraire et intertextualité

La promenade s'effectue dans un but bien défini : se plonger dans les pages d'un auteur particulièrement apprécié (« Lire Chateaubriand »). Le locuteur, immergé dans sa lecture, en vient même à citer un passage célèbre des « Mémoires d'outre-tombe » (« Revenez, / Beaux jours de ma misère et de ma solitude »).

2) Un paysage état d'âme

Le fil de l'eau va servir de point d'ancrage au déroulé de l'évocation (la rivière : « Aux bords de La Cadoule », « l’onde à mes pieds, chant du Temps qui s'écoule », « s'éloignait sur la rive »). Ce cadre bucolique est ancré dans une atmosphère enveloppante, sereine (« la tiédeur de l'air », « le soir clair »).

II) Un moment du passé réactivé

1) Le jeu de correspondances entre mouvement introspectif et monde extérieur

La subordonnée circonstancielle de temps marque la mise en perspective de deux événements, la prégnance de l'un appelant le surgissement impromptu de l'autre, comme par un tour de force du destin (« comme je songeais à ma propre jeunesse, / Quelques adolescents... / M'arrachèrent... »).

2) La vigueur du souvenir

L'utilisation de l'imparfait (« avions », « formions ») avalise les habitudes douces d'un passé personnel, les assimilant à celles du groupe observé (« comme vous »). L'expression « troupe joyeuse » et le procédé d'accumulation (« de baisers, de rires, de chansons ») véhiculent l'insouciance propre à cet âge.

III) Un temps préservé

1) L'appel à un carpe diem

Un retour sur soi douloureux (diérèse : « évanoui », métonymies : « yeux ardents », « premier cœur », exclamative figurant l'impuissance, formes interrogatives ouvertes et insolubles) favorise le regard bienveillant de l'homme vieillissant sur la jeunesse (impératif : « profitez », « comblez », lexique de l'absolu et écho sur les rimes : « heures bénies », « douceurs infinies », métonymie : « vos cœurs »).

2) La transfiguration par l'écrit

Chateaubriand, écrivain particulièrement estimé (périphrase entérinant l'admiration : « grand poète »), chante sa peine face à un passé dont il ne subsiste que des vestiges (expression à caractère déceptif : « ses jours infortunés »). Cependant, la mélodie ineffable qu'il compose avec le langage (instrument de musique symbolique du poète : « sa lyre ») distille un baume salvateur au locuteur (expression : « les vertus du dictame »).

Merci pour ce partage !

   Curwwod   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup ce long poème classique (il faut avoir du souffle pour tenir ce niveau de qualité aussi longtemps) qui traite d'une source intarissable d'inspiration : la nostalgie de l'insouciance, de la beauté, de la brillance d'une jeunesse hélas trop vite passée, que l'on regarde par dessus son épaule avec regret mais avec tendresse. Sans doute la sagesse et la connaissance sont elles des consolations appréciables, mais rien ne peut remplacer le feu qui vous court dans les veines à 15 ans. De très jolies expressions, au sein d'une forme travaillée sans reproche, qui teintent cette mélancolie d'une grande tendresse et finalement une douce sérénité.
"Quelques adolescents, frais bouquet d’allégresse,
Offrant à mes regrets ce que je fus jadis,

Où sont les yeux ardents de ma première aimée ?
Où bat le premier cœur qui battit dans mes bras ?

Et, parés par le Ciel des vertus du dictame,
Firent doux à mon cœur les regrets du passé."

J'ai souvent partagé ce sentiment doux-amer.

Pour vous consoler encore davantage voici deux vers de Victor Hugo :
"Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais, dans l’œil du vieillard, on voit de la lumière."

   phoebus   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Peu importe que les évocations fleurent le prétexte, elles se situent trop en deçà de la technique poétique maitrisée: c'est comme vouloir tailler un bijou dans une pépite de charbon. La maitrise de l'art poétique ne peut couvrir l'infinie banalité des évocations du narrateur et le charbon même dans son écrin poétique reste trop grossier.

   Gemini   
9/11/2015
Salut Michel,

Il y a du Lamartine chez ce narrateur qui s’en va, rêveur et sensible, lire Chateaubriand dans la nature, qui emploie son « je » caractéristique, et qui nous offre une méditation personnelle d’une scène tout à fait banale au seul titre qu’on ne voit et juge les choses qu’à l’éclairage de ce qu’on en sait.
À cette jeunesse qui passe, et sur laquelle tout être se désole de ne s’en être pas servi mieux, quel poète n’a pas écrit son conseil ?
Cueillez dès aujourd’hui…
J’ai bien aimé la construction en strophes délimitées temporellement - chose rare chez toi ; j’ai trouvé des rimes bien belles : revenez / infortunés, jadis / enfuis (qui a dû te faire choisir la catégorie), bénies / infinies, ces vocaliques féminines plurielles bien rares, et âme / dictame rime difficile. J'adore aussi l'emploi de "pas" en adverbe, à la rime. J’ai enfin apprécié ce mélange de rimes plates, croisées et embrassées qui rendent le texte plus doux, moins implacable, même si le onzain central est complètement bluffant qui donne à la poésie un nombre impair de vers (31) !
J’ai trouvé étonnant le choix de « austère » pour qualifier la lecture du modèle de Hugo (je veux être Châteaubriand ou rien !). D’autant que les Mémoires peuvent se lire d’un trait. Obligation de la rime ?
Je note que tu dis de lui, avant : " Sa lyre" (vers 3), et après "Les mots du grand poète enchantèrent mon âme" (vers la fin).
Enfin, je me suis demandé si la rime Cadoule / écoule n’était pas le départ de tout, et donc si la Cadoule n’a pas servi de prétexte au sujet.
Méditation personnelle.

PS : Le dictame, ça se fume ?


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