Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie classique
Miguel : On t’a volé ta vie
 Publié le 17/03/23  -  14 commentaires  -  1275 caractères  -  283 lectures    Autres textes du même auteur

« Tu étais destiné à des balles françaises, infortuné ! »
Victor Hugo


On t’a volé ta vie



Il n’avait que vingt ans, et de grands yeux d’artiste,
Nourris à contempler de plus charmants décors.
La tranchée à la fin lui devenait si triste,
Avec son froid, son ombre, et sa boue, et ses morts.

Ah ! faire un clair matin la guerre buissonnière,
Oublier un moment la terreur et le bruit,
Se mêler pour une heure aux planqués de l’arrière,
Et laisser le canon tonner un peu sans lui !

Alors il rejoignit la paix de la nature,
Et retrouva joyeux ses amis d’autrefois :
Les arbres pleins d’oiseaux, les rus à l’onde pure,
Et les sentiers fleuris errant dans les sous-bois.

Mais sa douce escapade ayant été connue,
La rigueur militaire attendait son retour :
Tu ne te doutais pas, pauvre tête ingénue,
Que ce jour souriant serait ton dernier jour.

À l’aube, le poteau, les liens, la prière,
Et l’œil noir des fusils qui regarde son cœur.
Lui, revoit le ciel pur, le ruisseau, la clairière…
« Feu ! » Ton âme s’envole où tu n’auras plus peur.

Eh marâtre patrie, à tes enfants si dure !
N’en perds-tu pas assez dans l’horreur des combats ?
Et là, si près, l’azur, l’or des blés, la verdure…
Et son pinceau muet ne les chantera pas.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   poldutor   
17/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
Beau, beau poème sur l'absurdité de la guerre!
Oui un jeune homme de vingt ans n'est fait pour tuer son prochain, mais pour saluer et chanter les bienfaits de la vie !
Ah déserter après beaucoup de souffrances et se faire reprendre, combien on tenté et ont été repris ?
Pensez aux Ukrainiens qui luttent depuis un an contre dix fois plus nombreux qu'eux !
Le poème commence par une belle description de la nature:
"Alors il rejoignit la paix de la nature,"...
"...Les arbres pleins d’oiseaux, les rus à l’onde pure,
Et les sentiers fleuris errant dans les sous-bois."
puis
"...La rigueur militaire attendait son retour :
Tu ne te doutais pas, pauvre tête ingénue,
Que ce jour souriant serait ton dernier jour.

À l’aube, le poteau, les liens, la prière,
Et l’œil noir des fusils qui regarde son cœur."
Tout le poème serait à citer, avec un dernier quatrain magnifique.

J'ai aimé le clin d'œil du 21ème vers, au poème "mignonne"de Ronsad, même si le thème est loin d'être aussi "réjouissant"
Il me semble que cette poésie serait mieux en "néo", je vois des erreurs de césure sur les vers 4,7,13,14, mais peut être me trompé-je !
Cela n’enlève rien à la qualité de ce poème.
Cordialement.
poldutor en E.L
Édition : on vient de me faire remarquer qu'il n'y a aucune erreur sur la césure, aussi je revois mon appréciation...

   papipoete   
9/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
Il n'avait que 20 ans ce soldat qui s'ennuyait dans sa tranchée, à s'embourber le corps et le coeur ; il songea qu'aller faire quelques pas dans l'herbe des prés, là où la guerre ne tue pas les grenouilles, ni les papillons n'était pas criminel ? Las, l'Etat Major ne le vit pas ainsi, et tel un déserteur, le peloton d'exécution obéit " feu ! "
NB un sujet fort souvent traité hélas, et bien des films montrèrent ce genre de " liberté " pour une partie de foot avec les " vert-de-gris ", ou autre incartade impardonnable.
On connait dès le début des vers, quel sera l'affreux revers, mais la peinture de " l'oeil noir des fusils qui regarde son coeur " se distingue dans ce noir récit. Et ce passage est mon préféré.
La patrie tenta de se racheter, en examinant la réhabilitation de nombreux " fusillés pour l'exemple "
je vois des alexandrins au classique sans faute !
papipoète

   Ornicar   
10/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La guerre des tranchées, la Grande Guerre, celle de 14, celle de 18, la Grande Boucherie et ses millions de vies fauchées dans la fleur de l'âge. Et ce pacte faustien décliné en alexandrins : toute une vie de tranchée en échange d'une seule journée de paix au bord d'un ru à l'onde claire et chantante, étendu sous la ramure. Au bout, la mort.

On pense immanquablement au Dormeur du val dont les accents bucoliques résonnent au lointain dans la troisième strophe. Je trouve ce poème réussi car émouvant. De très belles formules "assassines" qui font mouche.
- "la guerre buissonnière", comme si çela pouvait exister.
- "la rigueur militaire" - j'aime ici le procédé qui consiste à faire mention d'une qualité essentielle à tout militaire, la rigueur, pour discréditer toute une institution.
- "l’œil noir des fusils qui regarde son cœur"
- "la marâtre patrie" si peu reconnaissante en réalité, contrairement à ce qu'elle revendique au fronton des monuments aux morts.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce poème. J'émets juste deux infimes réserves.
- il me semble que si le narrateur, s'était adressé directement à ce jeune soldat de "vingt ans" en recourant au "tu" familier plutôt qu' à ce "il" plus éloigné et impersonnel, le lecteur se sentirait encore plus impliqué. Le texte y gagnerait alors en puissance émotionnelle.
- le passage du "il" au "tu" dans la quatrième strophe me gêne un peu en créant une rupture dans le récit, et aurait pu être évité.

   Wencreeft   
17/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour,
Comme d'habitude avec Miguel, je ne suis pas déçu. Son style me parle, et souvent m'enchante. Il est clair, impactant, pragmatique... en ne reniant rien à la poésie !

Et parce que je ne souhaite pas n'être qu'un robinet à dithyrambes, je dirais tout de même que le thème me parait "facile". L'horreur de la guerre des tranchées (que personne ici n'a connu, donc on se base tous sur des poncifs déjà éculés) opposé au bonheur d'une campagne de printemps avec les petits oiseaux qui chantent. Cela fonctionne, mais cela fonctionne de moins en moins...
Le thème de la désertion et de son injustice donne une perspective plus insolite, mais je reste sur une (petite) faim.

Heureusement que ce récit est jalonné de pépites :
Et les sentiers fleuris errant dans les sous-bois.
Que ce jour souriant serait ton dernier jour.
Et l’œil noir des fusils qui regarde son cœur.

Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Antoninus   
17/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
Merci pour ce beau texte (aux césures impeccables). On lit avec plaisir et chagrin ce poème narratif bien mené. Le meilleur élément est, selon moi, le fait d'illustrer l'absurdité et le tragique de cette décision militaire davantage par la description du "locus amoenus" où se réfugie le poète que par un excès de pathos.
On pense bien sûr au "Dormeur du val"...
Bonne journée !

   Ramana   
17/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Victor Hugo est mon grand modèle de poésie, et j'essaie, puis j'essaie encore, de l'imiter.
Aujourd'hui, en Ukraine et ailleurs, on abat les déserteurs, et peut-être trouve t'on parmi ceux-ci quelque jeunes hommes innocents de cette intention ; et tous ces conflits pour les intérêts d'une petite minorité d'oligarques qui dispose de nos vies, celles des manants que nous sommes à leurs yeux. Sûrement très peu de poètes dans leurs rangs !
Belle prestation de poésie classique, avec une lecture qui n'accroche pas tout en gardant éveillée l'attention du lecteur.

   Donaldo75   
17/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bon, je sens que je vais un peu plomber l'ambiance youplaboum des commentaires que j'ai lu. Désolé.

Certes, la forme tient la route sur le papier mais côté impact, le "drive" comme on dit chez les anciens jeunes de ma génération, je n'ai pas été emballé par ce texte. Il m'a paru raconté, gentiment rédigé, probablement conçu pour les orientés cerveau gauche je suppose.

Ai-je rêvé ?
Pas des masses même pas du tout même loin de là. Je sais que le thème ne porte pas à la rigolade mais par contre il a un réel potentiel en termes de poésie. Et là, je ne ressens pas le drame promis par le titre.

   pieralun   
18/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Michel,

J’ai lu plusieurs fois, avec plaisir ce poème particulier sur un thème particulier.
Une belle écriture comme toujours avec des choses assez paradoxales:
Par exemple un très beau 4 eme vers proche ( en distance) d’un 7eme
qui utilise les mots « planqués de l’arrière » dont le résultat n’est pas
esthétique et du fait paraît relever de la prose plus que de la poésie.

Le troisième quatrain, si l’on imagine la situation, me paraît trop bucolique.
J’aime l’avant dernier quatrain, le rendu de la situation poignante et son second vers magnifique.
Un dernier quatrain très bien écrit.

   SaintEmoi   
18/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Certes c'est convenu, et la chute, connue comme dans une tragédie dès le début, n'en est pas une.
Mais c'est écrit avec justesse, élan et une certaine efficacité.
Et l'interpellation à la Patrie est pour moi savoureux et poétique, invitant nos "Légiférants" passés à s'interroger sur la "l'art de la guerre" qui n'a pas toujours été bien "droit"
Merci

   Robot   
18/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Ce texte raconte de belle manière une vérité sur la guerre de 14-18. La grande guerre !!!
Bien sûr on songe aux deux films qui ont illustré ce triste épisode des "désertions": "Pour l'exemple" et "les sentiers de la gloire". Films qui furent longtemps interdit par la censure dans les salles françaises.
Le récit nous emporte sans rajouter de pathos à l'histoire de cet enfant jeté dans la tourmente et que les rigueurs du code militaire n'ont pas permis qu'il fut écouté par les officiers du tribunal militaire.
Plus que par la construction lyrique qui m'a paru assez ordinaire, c'est la manière narrative de mener le récit qui m'a retenu favorablement sur ce texte.

   Yannblev   
22/3/2023
Bonjour Miguel,

« Ah que maudite soit la guerre » comme chante le soldat de Marsala. Elle l’est toujours et dans tous ses recoins. Le drame que vous évoquez avec maîtrise n’y déroge pas.

Le thème est assez souvent débattu par les poètes mais cette maudite guerre mérite bien qu’on la dénonce et le poème, la chanson, sont en l’occurrence des moyens très expressifs pour. D’autant que proposée avec un talent approprié cette dénonciation porte encore davantage.

Les vers que vous maniez ici avec la maîtrise qu’il faut ne se trompent pas de cible et leur rigueur, vocabulaire et prosodie inclus, sont convaincants. C’est donc réussi.

Merci du temoignage.

   Airjai   
23/3/2023
Ah la guerre !
Que de combats menés pour la voir disparaître à jamais…
Mais elle est toujours là à crier victoire et jusqu’à aujourd’hui , les multiples assauts auxquels beaucoup participent se sont révélés impuissants.

Mais je salue ton poème, Miguel, car s’il chante un refrain que beaucoup reconnaisse, il nous rappelle aussi les horreurs d’une telle démarche.
Comme l’Homme reste l’Homme, les drapeaux n’ont pas beaucoup de repentance. Peu de Généraux et encore moins de présidents sont morts à la guerre , et je ne connais aucun soldat qui ait signé un quelconque armistice.

   Marite   
27/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Une lecture poétique agréable par la qualité de la forme classique si exigeante que sont les alexandrins. Le rythme, les sonorités et les rimes qui se succèdent ont éveillé en moi l'envie de le lire à voix haute. C'est un peu comme si on se replongeait dans des écrits du passé qui séduisent toujours lorsqu'on les relit.

   Geigei   
27/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Elle aurait plus de 100 ans, l'histoire de ce peintre "ingénu", mobilisé, mort pour s'être oublié dans une "douce escapade".
Les 14 premiers vers sont le récit de ce moment.
Les 2 vers suivant s'adressent au mort, comme une courte oraison funèbre.
Le 5e quatrain reprend le récit.
Le dernier quatrain s'adresse à la Patrie.

Je n'ai été ému en rien à la lecture de cette chronique.
Je n'en suis pas très sûr, mais il est probable que l'actualité suffit amplement à me convaincre que ce monde n'est pas sérieux.
Ce poème, avec les meilleures intentions, préciserait seulement que cela dure déjà depuis un bon moment.
Il manque un élément au moins. Rimbaud a déjà utilisé la surprise dans le Dormeur du Val.
Je n'ai pas d'idée. La construction est trop linéaire. Pourquoi pas... garder pour la fin le fait que cet artiste peintre avait laissé sur son chevalet un travail sur l'exécution d'un condamné avant de se rendre au front... bon, pas d'idée.


Oniris Copyright © 2007-2023