Les histoires d'amour finissent mal ... ce qui est la source d'agréables poèmes, ainsi que vous le démontrez.
Les fusions espérées, avec l'Autre et le Cosmos, se dénouent et se dissolvent, faute d'audace ou d'un peu de folie : il ne reste que la trace d'une larme sur une joue, et d'un filet d'encre sur une page ... où la main fait enfin preuve de courage, mais il est un peu tard.
C'est joliment émouvant !

On a envie de dire à ce timide amoureux :"Eh, décide-toi, Ducon ! et ponds-nous un poème sur le triomphe de l'amour !" Mais on ne le fera pas parce que la délicatesse de ces beaux vers nous inspire le respect et la sympathie. Belle trouvaille que l'emmêlement des ombres qui évoque la fusion rêvée des corps.
Une association d'idées me ramène à ce poème de Hugo, "Vieille chanson du jeune temps", qui s'achève ainsi : "Soit, n'y pensons plus, dit-elle ... / Depuis, j'y pense toujours."

J'aime bien la trajectoire de votre poème, où le monde extérieur semble accompagner les mouvements intérieurs du narrateur ou de la narratrice. Bien vus, pour moi, cette "lune fière" pendant que l'amoureux ou amoureuse transi(e) se sent porté(e), sur le point de déclarer sa flamme, puis les reflets qui se calment tandis que l'humain(e) se résigne…

Sinon, j'ai trouvé les vers fluides mais les rimes banales, et surtout le sujet rebattu, l'angle sous lequel il est abordé intéressant mais pas franchement novateur non plus. Une mention toutefois pour les "étoiles plurielles", j'apprécie cette association.

néo-classique
Nous sommes tous-deux sur la plage, et mon coeur me dit " ose ! "
Même la lune me donne un coup de main, me pousse d'un " vas-y ! "
Et non, je suis paralysé, ma main reste sage ; ma belle va s'en aller et je la perdrai !
NB étrange coïncidence, j'écrivis pareille mésaventure voici peu ! Mon coeur était follement épris mais mon corps ne réagissait pas ; sur la route de mon retour, je me hurlais dessus ! " qu'est-ce que t'es con ! "
Et arriva ce qui devait arriver ; ma bergère que je rejoignais chaque jour à 30 km de chez moi, en mobylette durant les vacances de 1965, me dit qu'elle ne voulait plus me voir ! ( bien fait pour moi, m'assénai-je longtemps ! )
Vous narrez la même histoire, mieux que je ne pus le faire ! et portez en quelque sorte ma plume...
La seconde strophe avec ce rapprochement de ces deux silhouettes, est fort belle image ; et l'avant-dernière étant la copie de ma gaucherie, je l'aime particulièrement !
J'aime bien le rappel de vers du début en fin de texte, avec leur sens contraire.
Pas d'alexandrins ici, mais des dodécasyllabes tout-à-fait " néo-classiques ! "
Si je vous avais eu comme copain en ce temps-là, nous pûmes nous préparer, et sûrement réussir à nous libérer !
papipoète

Elégant poème rapprochant le plage et ses reflets changeants, la lune et les étoiles invitant aux audaces et les timides amours juvéniles qui n'arrivent pas à se décider.
Il s'agit certes d'un thème assez courant mais qui est ici bien traité.

De jolis vers dodécasyllabes que malheureusement des diérèses portent à la faute (v2, v5, v10, v12) et éloignent du classique, bien dommage.
Surtout une écriture délicate et poétique que j'aime bien.
Beau travail.
Merci.

Lebarde

Je trouve votre poème atteint de trop de mièvrerie. Je vous le dit cash car j’ai été atteint des mêmes symptômes avant de comprendre que pour faire une belle déclaration d’amour, il faut savoir accepter de se prendre un râteau. Souvent, le problème de la timidité, c’est de gérer son égo. Ce n’est pas parce qu’on essuie un refus qu’on est nul. Cela veut tout simplement dire qu’elle se sentira mieux aimée par un autre ( c’est que qu’on lui souhaite) et que vous serez mieux aimé par une autre ( c’est ce qu’on vous souhaite) . Comme dans tout jeu, en Amour il faut être bon joueur et accepter de perdre. A quoi ça sert de vivre si on ne peut pas dire ce qu’on pense à ceux qu’on aime ?
Aimer en secret, c’est aimer pour rien à moins de pondre un second Cyrano de Bergerac 😉 Je vous dis cela par solidarité masculine et parce que c’est fort bien exprimé mais rappelez-vous qu’un baiser manqué vaudra toujours plus qu’un poème réussi. Enfin, c’est mon avis

Bonjour,

Belle prosodie, des belles images ou expressions, comme les étoiles plurielles... Effectivement l'absence de traitement homogène des diérèses vous pénalise.

je suis moins enthousiaste sur le thème et surtout la manière de l'aborder. Je la trouve trop "adolescente" mais bon... J'aurais voulu un peu d'originalité

Bien à vous

bonjour Mintaka,
il ne m'est pas aisé de bien souligner ce qui me semble très perfectible dans ce joli poème, mais m'y essaie
quelque passivité dans les tournures "offrant", "projetant", "se profilant derrière", "d'une façon discrète" : il y a, dans cette retenue, non tant le bégaiement timide hélas, qui tant irait à ces vers, que l'exigence métrique et les besoins de versification
la forme, le langage employé est à hauteur de bête, comme le Verlaine des petites choses, au pli des choses, et cela donne une certaine ampleur à ces petits sentiments trop humains et mortels, universels de leurs non-dits et de leur caractérisation minimaliste dans un paysage presque mythologique parmi la mer, la lune, les étoiles, dans une atmosphère d'hésitation fanée, de maladresse volontaire
peut-être mieux vaut-il ne pas tout embrasser cependant de ce déclin du sentiment pour charger plus en avant le poème d'étincelle et de mystère élancé
merci pour ce partage,
Évariste

Bonjour Mintaka,

J'aime beaucoup la sonorité de ce poème même si elle n'est pas en totale harmonie avec le fond.
Par exemple, je ne comprends pas "champs amers" peut-être une allusion aux champs, espace de liberté et d'amour, j'imagine pour le sens associé à amer...
J'aime bien le choix du thème, il faut il est vrai beaucoup de courage dans une déclaration. Votre texte est suave et lent, on est apaisé par des allitérations liquides.
Je n'ai pas accroché avec la dernière strophe, j'en comprends le sens mais elle mériterait davantage d'images.
Vous avez, il me semble, un bon début. La narration est difficile à laisser derrière soi, mais on y arrive.

Bonjour Mintaka

Ah... Les fameuses amours de plages, souvent idéalisées, qui s'estompent ou se décolorent sous les préaux des lycées et le retour au bureau. Il en reste quelques envolées lyriques et certains films poignants. L'un de vos protagoniste retient sa main, c'est là que j'aime votre poésie, ainsi que tous les regrets contenus dans une larme me plaisent, moi qui ne suis pas très friande d'happy end et autres love stories made in monoï. Après tout, peut-être que votre héros/héroïne se refuse à un choix inconscient comme celui de Meryl Streep qui, elle aussi, retient sa main. J'ai juste un peu de mal avec l'image de l'aquarelle sous la clarté lunaire, j'aurais préféré de l'eau-forte ou du sépia.

J'ai bien aimé

Merci

Anna