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Poésie néo-classique
Myndie : L'étreinte
 Publié le 02/06/23  -  21 commentaires  -  1667 caractères  -  537 lectures    Autres textes du même auteur

Un poème de vie, d'amour et de mort sur un tableau de vie, d'amour et de mort : « Vampire » d'Edvard Munch.


L'étreinte



aaaaaaaaaaaaaLes anges se sont tus car mon âme est poison.
aaaaaaaaaaaaaLà, dans ce froid de pierre où le désir nous couche,
aaaaaaaaaaaaaJ'ai cueilli ton odeur et j'ai baisé ta bouche,
aaaaaaaaaaaaaBerçant contre ma peau ton corps en pâmoison.

aaaaaaaaaaaaaLà, dans ce froid de pierre où le désir nous couche,
aaaaaaaaaaaaaUn feu tentaculaire épanche sa rousseur,
aaaaaaaaaaaaaLave ou larmes de sang, entrelacs de douceur.
aaaaaaaaaaaaaUne peine sans nom, furtive, m'effarouche.

aaaaaaaaaaaaaJ'ai cueilli ton odeur et j'ai baisé ta bouche.
aaaaaaaaaaaaaL'ombre est une prison, tes jours vont se flétrir,
aaaaaaaaaaaaaTu goûteras l'effroi, car m'aimer c'est mourir.
aaaaaaaaaaaaaNe suis-je que noirceur si ta candeur me touche ?

aaaaaaaaaaaaaLaissant contre ma peau ton cœur en pâmoison,
aaaaaaaaaaaaaUne peine sans nom, furtive, m'effarouche.
aaaaaaaaaaaaaNe suis-je que noirceur si ta candeur me touche ?
aaaaaaaaaaaaaLes anges se sont tus car mon âme est poison.


 
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   EtienneNorvins   
21/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
C'est beau comme un exercice aux agrès parfaitement réussi. La strophe finale est épatante. Après... ça sent sa composition pour le Prix de Rome... Un brin académique, avec un ton, des images et des sentiments assez macabrement convenus.
Il faut donc être fan du genre. J'en suis, ça tombe bien !

   Donaldo75   
28/5/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
J’ai beaucoup aimé ce poème de par sa tonalité en premier lieu. Je le dis souvent, j’aime les textes qui sentent le gothique, en particulier en poésie ; je ne sais pas si c’est l’intention ici mais c’est en tout cas mon impression de lecteur. Et puis la forme est réussie, ce classique dont la rime ne sent pas le forcé, dont la métrique permet la fluidité, les images qui servent bien le fond. Evidemment, l’exergue pourrait m’influencer dans ce que je perçois de la tonalité mais vu que je ne considère pas les tableaux d’Edvard Munch comme gothiques, je dirais que cela amplifie le sentiment d’une interprétation, celle du lecteur dans sa lecture, celle de l’auteur dans son exergue ou l’intention au regard de l’œuvre citée. Et ça aussi, c’est à souligner car combien de poèmes permettent cette interprétation dans les deux sens ? Pas tant que ça, finalement, du moins dans ceux que je lis sur Oniris.

   Anonyme   
2/6/2023
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aboutie
et
aime bien
Une construction élaborée de reprises de vers qui correspond à merveille aux méandres de cette âme narratrice tortueuse, des alexandrins bien balancés, expressifs, une ambiance solidement campée, que demande le peuple ?
En l'occurrence, moi peuple amatrice de science-fiction je trouve un peu dommage qu'ayant à disposition une machine à voyager dans le temps vous l'employiez seulement à vous imprégner du spleen baudelairien dix-neuvième siècle.
Quand viendra le matin livide
Tu trouveras ma place vide
Où jusqu'au soir il fera froid.

Comme d'autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l'effroi.

J'ai le sentiment que vos vers ne déméritent pas face à ceux de Baudelaire : beaucoup d'allure, vraiment ; mais le parti pris esthétique de rester ancré dans une poésie aussi datée, comme lectrice je renâcle un tantinet.

   Vincent   
2/6/2023
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et
aime beaucoup
Bonjour Yndie,

Jai adoré votre texte, il est beau et touchant

D'une belle écriture classique

Et j'ai cette nostalgie d'une époque révolue

il y avait autrefois une ambiance délicate que vous reproduisez parfaitement , et qui a disparu je crois hélas définitivement

   Provencao   
2/6/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Myndie,


Belle écriture, où vous nous transportez en cette étreinte, dans un monde plus pur qu’on ne le croirait. Dans le monde de la transgression, si cher à ce peintre où il n’y a pas de place pour les chimères ni les rêves qui illustreraient les gestes accomplis par des hommes ou des femmes.

Pas d’autre côté qui, soit comme croyance ou confiance soit comme dessein, ferait la loi à l’inhérence et à la trouée de l'oeuvre. Mais pas non plus de valeurs qui morcelleraient notre monde en bien et en mal ou en vérité et délire...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
2/6/2023
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aboutie
et
aime bien
bonjour Myndie
je crois ( ne suis pas sûr ) que nous lisons un " pantoum " ?
je t'ai étreint pour la dernière fois ; embrassé ta bouche par la mienne empoisonnée ; j'ai profité de ta candeur pour t'avoir tout-à-moi... " dans ce froid de pierre où le désir nous couche "
NB ce texte m'évoque un film de vampires, avec son seigneur incarné par Christopher Lee ; j'en rêvai si longtemps, eus toute latitude pour le " savourer " jusqu'au dernier sang ; brrrrr plus jamais ça !!!
la 3e strophe a ma préférence.
ces alexandrins sans faute, purent-ils ne pas rêver de " classique ? "

   Cyrill   
2/6/2023
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aboutie
et
aime beaucoup
Salut Myndie,
J’adore cette forme qui consiste en la reprise d’un vers du premier quatrain à chacun des suivants. Ça doit bien avoir un nom, tu nous diras certainement. Ici, non seulement les vers en question sont repris sans tomber comme des cheveux sur la soupe parmi les autres, mais encore ça colle parfaitement au sujet, le premier quatrain se trouvant vidé de sa substance – comme le vampirisé de son sang.
La passion ( « le désir nous couche » : une bien belle formule ) semble en elle-même contenir son pouvoir de destruction. La victime est aussi bien le locuteur ou la locutrice que sa ‘proie’ supposée, et consentante.
« car m’aimer c’est mourir » : j’ôterais volontiers le m’ devant aimer, tant il me semble évident qu’ils sont deux à y laisser leur peau. En tout cas je sors de cette lecture avec l’impression d’un meurtre à deux, ou d’un suicide à deux, laissant l’un sans force et l’autre malheureux. N’est-ce pas cela qui nous pousse à vivre tous les dangers, sans lesquels point de passion…
Merci pour cette belle lecture génératrice de frissons !

Un pantoum, comme le suggère papipoete ? Je croyais que c’était le même vers qui devait glisser…

   Pouet   
2/6/2023
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très aboutie
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Slt,

simplement pour :

"Là, dans ce froid de pierre où le désir nous couche,"

le poème vaut son pesant de cacahouètes grillées à sec.

Le texte a une tonalité plutôt sombre, le narrateur semble nous indiquer la certaine "toxicité" supposée de son âme, de son être ou de sa tête de veau sauce gribiche écarlate et qu'il ne vaut mieux pas s'en éprendre au risque de se méprendre, de s'y laisser prendre voire de se pendre.. enfin se délester de sa substance... je comprends ce texte-vampire ainsi. "L'abandon", peut-être. Ou la perte. Et puis l'ambivalence. Bref.

Voilà, comme très souvent Myndie régale avec cette écriture qui semble couler de source.

   Eskisse   
2/6/2023
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très aboutie
et
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Salut Myndie,

L'extrême fluidité des vers épouse pour moi les lignes du tableau de Munch à la perfection. Idem pour la douceur qui en émane. ( L'expression "entrelacs de douceur" va à merveille avec la peinture choisie. )

Le vers qui me touche le plus :
"Ne suis-je que noirceur si ta candeur me touche ?"

L'antithèse noirceur / candeur ( de candore = être blanc) réalise le voeu ( pieux) de la femme de se dessaisir de son essence, de sa vile constitution et par là même cette dernière se montre touchante malgré tout.

Le ton est discrètement élégiaque et pour un peu, on en arriverait à avoir de l'empathie pour les fantômes aux bouches assassines !

EDIT : J'ai mal "lu" le tableau ! Je rectifie.

Grand merci du partage.

   fanny   
2/6/2023
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aime bien
C'est un bel exercice d'écriture, je partage avec vous ce goût d'écrire sur des peintures et je trouve votre poème très en adéquation avec le tableau dans lequel vous avez vraiment dû vous immerger.

Il émane de la posture de la femme, bien que vampirisante, une grande tendresse pour une proie qui lui inspire des sentiments et le regret de sa nature destructrice est exprimé subtilement dans de beaux vers.
De sa position relâchée, ne mettant pas beaucoup de coeur à l'ouvrage sanguinaire ; on a l'impression qu'elle essaie de le protéger et de ralentir le temps pour retarder le flétrissement de celui dont la candeur la touche.
En cela, les reprises de vers oeuvrent très bien pour exprimer ce ralentissement.

Un poème trés abouti qui exprime autant que le tableau, la complexité de certains liens amoureux.

   pieralun   
2/6/2023
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Bonjour Myndie,

Un thème qui me plaît.

Une sorte de pantoum, mais je connais mal la chose, ne m’explique pas pourquoi ce poème n’est pas en classique.

Peu importe, l’écriture est sans accroc, rythmée, les mots et les phrases sont belles, touchantes.

On y retrouve la poésie du vampire, condamné à tuer par amour, avec peut-être l’espoir que cet amour, grâce à la candeur de la victime, n’améliore un peu son âme si noire.

Un beau texte , bravo!

   Damy   
3/6/2023
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Je ne connais, honte à moi, ni l’artiste ni l’œuvre. Une vidéo sur youtube m’apprend que Munch est le peintre de la répétition artistique, reproduisant ses œuvres dans des décors différents. Alors, votre choix de la forme poétique de cyclanelle relève du génie. Les rimes, judicieusement embrassées, dessinent parfaitement les contours de cette étreinte vampire quand « le feu tentaculaire épanche sa rousseur ». C’est ce qui m’aura le plus marqué et que je retiendrai probablement longtemps à la fois du tableau et du poème.

Merci, Myndie.

   Edgard   
3/6/2023
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Toujours cette musique, cette fluidité...une rivière qui coule...même si c'est une rivière de sang.
Une vraie belle poésie tellement en accord avec le tableau, tellement prenante. Et une impressionnante habileté à ciseler les vers, avec ce clair-obscur lancinant du mal et de l'amour, tout au fond des choses.
Tombez, tombez, comme neige au soleil, jolies plumettes!
Respect.

   Dimou   
3/6/2023
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Y'en a marre que tu m'envoies tes poèmes ridicules par texto Myndie. STOP

"L'étreinte" : tu rêves Myndie. Je refais ma vie avec Papipoète. Fais toi à l'idée.

"Car mon âme est poison" : tu le dis toi même, tu es seule responsable de notre rupture.

"J'ai cueilli ton odeur" : ce n'est pas en achetant un flacon de mon parfum pour sentir encore mon odeur que tu vas réussir à tourner la page.

"Lave ou larmes de sang, entrelacs de douceur" : comme tu le sais mon nouvel emploi à la DGSE en tant qu'agent secret m'amène à verser le sang, et ma mission anti-terroriste début 2023 sur le Piton de la Fournaise m'à amené à jeter l'un de mes assaillants dans le volcan. Mais pourquoi entrelacs de douceur ? Cette vision t'est douce et te rassure ? Ça t'excite ? Immature.

"L'ombre est une prison / tes jours vont se flétrir" : il y'avait 30% de réduction sur les vérandas à Leroy Merlin, je ne pouvais pas passer à coté. "Flétrir" ? Je suis parfaitement bien dans ma véranda inutile de chercher la petite bête.

"Tu goutteras l'effroi" : alors déjà on écrit " les froids" pas "l'effroi". Et puis je le répète je préfère être à l'ombre au frais qu'en plein cagnard. Je sais même pas pourquoi je me justifie.

"Les anges se sont tus car mon âme est poison" : ta dernière phrase résume bien la situation. Tu es capable d'écrire ce genre de choses, maintenant accepte le et cesse de chercher une main tendue de ma part. C'est ta faute pas la mienne.

Ça suffit je bloque ton numéro et aussi je te bloque sur les réseaux sociaux.

Par contre je suis un peu limite ce mois ci à cause de l'achat de ma véranda, donc si tu pouvais me faire un virement de 400€ ça m'arrangerais.

J'attends ta confirmation pour le virement et après je te bloque

   Mokhtar   
5/6/2023
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très aboutie
et
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Je pense qu’il faut avoir un peu « enquêté » sur l’histoire du tableau pour apprécier ce qui, pour moi, constitue l’intérêt majeur de ce texte soigné : la parfaite adéquation entre ce qu’exprime l’œuvre picturale, et le lyrisme démoniaque du poème (« Lave ou larmes de sang …tu goûteras l’effroi, car m’aimer c’est mourir »: superbe).

Même s’il ne surprend plus, le style classique de l’auteure, « au cordeau », avec des rimes parfaites, donne une expression de facilité, sans à peu près ni ficelles. Le travail est plus présumé que ressenti, tant l’aisance est évidente.

La variante de pantoum, dans les trois premiers quatrains, bâtie sur l’unique rime féminine, est judicieuse. Pour moi, le poème pourrait se terminer au vers 12, qui fait chute et conclusion.

La quatrième strophe apparaît plus comme une « coquetterie » ludique, exercice de style concluant les velléités « pantoumesques » dans ce qui précède.

Le classement en néo tient sans doute à l’absence d’alternance de rimes entre les quatrains 3 et 4. L’alternance de rimes permet de créer des effets sonores et un rythme musical. Or le changement de strophe, et l’interligne, marquent nettement une volonté d’interrompre l’enchainement, de marquer une pause et de passer à autre chose. Cette « règle » me paraît donc sans intérêt.

Merci pour ce moment de plaisir à vous lire.

Mokhtar

   Myndie   
5/6/2023

   Louis   
8/6/2023
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très aboutie
et
aime bien
Un beau poème en composition avec un tableau d’Edvard Munch.
Il ne se veut pas simplement descriptif, et en rester à la surface de la toile, il pénètre dans le tableau, s’insère dans un personnage et prend sa place ; il donne à voir et à vibrer par des mots sous forme d’élégants alexandrins.
Il nous expulse donc de la place du spectateur pour nous introduire dans l’intimité psychique de l’un des personnages.

Mais lequel ? Qui parle ?
La femme ou l’homme ?

L’ambiguïté et l’incertitude sont permises dans le seul poème ; seule la contemplation du tableau de Munch laisse penser que c’est la femme qui s’exprime, et prend la parole à la 1ère personne.
Pourtant la proximité de cette poésie avec celle de Baudelaire, en particulier dans La mort des amants, pourrait faire dire aussi aux personnages :
« nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. »
Un seul esprit occupe la place du locuteur, mais il pourrait bien n’être que le miroir de l’autre, si bien qu’au fond les deux esprits n’en font qu’un, que le locuteur est l’union des deux esprits.
Esprits jumeaux, oui. Mais jumeaux inversés. Union-tension entre deux contraires : candeur de l’un, noirceur de l’autre.

Si le texte poétique est fidèle au tableau, c’est à ce qu’il exprime, lui qui appartient au mouvement pictural de "l’expressionnisme".
Il ne lui est pas, dans sa composition, entièrement inféodé.
Ainsi apparaissent des variations dans la scène représentée, par exemple le poème évoque un baiser sur la bouche, alors que le tableau laisse voir un baiser dans la nuque ( d’où le titre « Vampire » qui lui a été donné).

Le personnage locuteur se présente, porté par sa parole, dans un contexte de silence, celui des anges :
« Les anges se sont tus ».
Sa voix donc ne se mêle pas au chœur des êtres angéliques.
Il n’est pas un être dans lequel s’expriment bonté, douceur et tendresse, pureté et chasteté, toutes "vertus" prêtées aux « anges ».
Ce qui s’exprime de lui naît en dehors, et même en opposition au monde séraphique ; prend source dans une âme venimeuse :
« mon âme est poison ».

Il se présente, se montre, monstrueux :
« Quant à la monstruosité… Et d’abord qu’est-ce qu’un monstre ? L’étymologie réserve déjà une surprise un peu effrayante : ‘monstre’ vient de montrer. Le monstre est ce que l’on montre (…) Et donc plus un être est monstrueux, plus il doit être exhibé » : écrit Abel Tiffauges, le personnage central du Roi des Aulnes de Michel Tournier.
Il se montre dans la noirceur de son âme, plutôt un démon qu’un ange lumineux.
Il révèle ce que la culture occidentale a longtemps dissimulé, selon Denis de Rougemont dans La mort et l’Occident, cette "monstruosité" : l’amour-passion comme « désir de ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe »
Il s’avoue donc dangereux, en mesure d’empoisonner une vie.

L’inoculation du poison n’est pas piqûre, mais baiser.
« … J’ai baisé ta bouche / Berçant contre ma peau ton cœur en pâmoison ».
Dans l’étreinte charnelle et passionnelle se transmet le venin.
Dès le deuxième vers, loin de la douce romance, l’évocation d’une étreinte fougueuse introduit l’amour-passion qui anime le couple, et par lequel le poison peut se diffuser.
« Passion », ne l’oublions pas, avant de désigner aujourd’hui le « passionnant », a pour sens la passivité, la douleur et la souffrance, et par son étymologie, d’abord grecque le ‘pathos’ avant de devenir latine, se réfère aussi à la maladie, au "pathologique", maladie de l’âme surtout.
Souffrance et mort s’annoncent dans ce lien qui se constitue entre Éros et Thanatos.
Le lieu où le désir-passion entraîne le couple possède déjà la dureté et la froideur d’un tombeau :

« Là, dans ce froid de pierre où le désir nous couche »

Il rappelle le vers de Baudelaire : « Nous aurons… / Des divans profonds comme des tombeaux »

Froid et dureté de la pierre s’associent paradoxalement, comme leur conséquence, à la passion ardente :
« Le feu tentaculaire épanche sa rousseur ».
Les cheveux roux du personnage féminin se font coulées de laves incandescentes. En éruption de ses affects volcaniques ; en débordement des feux de la passion.
Ces coulées pourraient être des « larmes de sang ». Mais aussi des « entrelacs de douceur ».
Les opposés se rencontrent et se mêlent : vie et mort ; Éros et Thanatos ; froideur et brûlure ; violence et douceur.
Une autre opposition encore apparaît : l’âme du personnage locuteur ne serait pas totalement noire, mais l’union conflictuelle entre noirceur et humanité innocente :

« Une peine sans nom, furtive, m’effarouche ».

La Nuit dans laquelle est plongée cette âme est striée par des rais de lumière, où volètent quelques plumes d’anges. Elle n’est pas indifférente à toute douleur, non dénuée de toute compassion.
Elle n’est pas insensible aux conséquences fatales du venin, "philtre" d’amour et de mort, ( le paradigme ‘Tristan et Yseult’ n’est pas loin ) douloureux poison, qui se répand au cours de ces étreintes fougueuses.
L’interrogation :
« Ne suis-je que noirceur si ta candeur me touche ? » renforce cette idée.
Ange et démon s’unissent en elle.
Ce qui sonne comme une mise en garde que le personnage adresse à l’autre directement plutôt que l’oracle fataliste d’une pythie, confirme cette dualité conflictuelle :

« L’ombre est une prison, tes jours vont se flétrir »

Se manifeste encore dans ces paroles combien la passion s’apparente à une « prison ». L’attachement passionnel se ramène à la soumission, à l’esclavage, à l’enfermement dans une obsession.
Ce côté obsessionnel de la passion résonne dans la musique que la forme de la cyclanelle donne au poème.

Les jours vont se « flétrir », parce que le feu de la passion « consume » ; parce que la passion est "dévorante" et que l’on dépérit sous sa puissance destructrice lorsqu’on s’y abandonne.
Ainsi : « m’aimer c’est mourir »
Lucidité extrême en ce point de jonction entre amour et mort. Lucidité extrême jaillie du fond de la noirceur d’une âme.

Le poème s’appuie sur la tension entre les opposés, tension comme celle de la corde d’un arc, qui rapproche deux extrêmes pour en faire jaillir une flèche. Celle d’Éros ou Cupidon.
Il joue sur les cordes tendues de la lyre, par un mouvement de va et vient, qui fait naître le rythme et la mélodie obsédante de la cyclanelle.
Les deux instruments s’accordent, mais si celui de la musique fait vibrer, et aboutit à l’harmonie du poème en composition avec la peinture de Munch, en résonance aussi avec les mythes et la littérature – « Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et de mort ? » : ainsi commence le récit de Tristan et Yseult ; l’autre unit et rapproche les contraires, dans une forte tension, mais pour aboutir à une "discordance" mortelle.

Merci Myndie

   leni   
9/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
texte superbemen abouti

   AMitizix   
14/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
En quelques mots, j’aime beaucoup ce poème avec ses alexandrins repris qui nous bercent, nous entraînant dans la sombre rêverie du narrateur, mais aussi, plus généralement, tous ses alexandrins balancés autour de la césure, si agréables à lire (ou plutôt à entendre), et en quelque sorte "mélodieusement" cadencés.

Pour le fond, la description du tableau est assez intéressante, même si je préfère pour ma part les poèmes « libres », existant par eux-mêmes. Mais, finalement, c’est aussi le cas de celui-ci, bien que, sans la peinture, quelques images puissent peut-être être plus difficiles à comprendre (v. 6). Mais j’ergote sans doute pour rien, ce poème et la vision qu’il offre de l'œuvre de Munch (ou, plus généralement, de cet amour là) me plaisant vraiment.

   Eki   
20/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quel joli texte !

Fluide comme une rivière
J'ai aimé la musique de vos mots

Il y a cette dualité (noirceur/candeur) qui se marie avec douceur.
Le froid de pierre opposé au désir anime cette étreinte.

Vivante, vibrante empreinte de sacré et de profane...

Eki

   Nomad   
23/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
J’aime la musique qui vous glace le cœur,
Mais pas que, et le reste une douce frayeur


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