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Poésie néo-classique
poldutor : Désespoir de Rodrigue
 Publié le 03/06/20  -  12 commentaires  -  1172 caractères  -  260 lectures    Autres textes du même auteur

Mon premier sonnet, soyez indulgents.

Bien du temps a passé, le Maure est vaincu, la paix règne en l’Espagne, le Cid a vieilli...


Désespoir de Rodrigue




Maintenant que les ans ont ridé mon visage
Que le temps a blanchi sur mon front mes cheveux
Et le siècle sournois, ennemi cauteleux,
A usé de mon cœur l’ardeur et le courage.

Voir mon corps dévasté triste et laid paysage
Où ne résident plus les élans généreux
Qui faisaient défaillir les jaloux, les peureux
Je ressens à présent le poids d’un dur outrage.

Il a fait de ma chair un amas de décombres
Ma vigueur disparaît comme la nuit les ombres
J’étais grand, j’étais fort et partout j’étais craint.

Ne reste de cela plus rien que ma mémoire
Je soupire à présent, j’éprouve du chagrin.
La vieillesse est douleur, trahison et déboire.


 
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   Anje   
7/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Classique.

Puisque voici votre premier sonnet, je ne serai non pas indulgent mais bienveillant pour tenter de retransmettre ce que d'autres oniriens (et quelques lectures) m'ont appris. Oniris prend en référence de traité de Sorgel que je citerai lorsque j'indiquerai un numéro de page. Mais vous n'êtes certainement pas débutant en versification, vous devez le connaître.

L'ensemble des rimes est bon sauf, hélas ! "craint/chagrin" qui ne riment pas. Si cette rime ne heurte pas l'oreille, elle interpelle l'oeil. Alors le classique n'en veut pas (p.27).
Au vers 4, "A Usé" forme un hiatus dont il faut se garder comme dit Boileau (p.18).
Une virgule serait peut-être bienvenue après "dévasté" au cinquième vers.
Les alexandrins bien rythmés demanderont (on me le répète aussi) plus de variété. Il est plus joli de faire rimer des noms, des adjectifs, de verbes, etc. et pas entre eux.

Pour le fond, je comprends bien ce que le narrateur explique mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec Rodrigue. La vieillesse peut être douleurs, j'en conviens, mais n'est pas douleur. La vieillesse est aussi expérience et sagesse et quand l'âme d'enfant n'a pas flétri le regard moins perçant peut encore étinceler.
Pour le travail accompli, celui qui reste à faire (sourire), je plussoie en guise d'encouragement.
Anje en EL

   Anonyme   
10/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

En effet, Don Rodrigue a bien vieilli et le vit mal visiblement.
L'auteur(e) semble dire que c'est un premier sonnet, et bien il est plutôt réussi, même si la parution classique semble bien compromise (hiatus vers 4 du premier quatrain A/Usé).
Problème rimes craint/chagrin?
Il me semble que déboires s'écrit au pluriel, mais je n'en suis pas certaine...
De beaux vers et de belles images montrant le désespoir du Cid et les signes de vieillesse :

Il a fait de ma chair un amas de décombres
Ma vigueur disparaît comme la nuit les ombres
Ridé, le temps a blanchi sur mon front mes cheveux,
Corps dévasté, triste et laid , entre autre pour la vieillesse

Et

Les deux derniers vers du second tercet, pour le désespoir de Rodrigue.

Je ne peux pas tout citer...

Un bel écrit .

SYMPA EN EL

   papipoete   
10/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
classique
être et ne plus être...quand l'usure du temps a fait son oeuvre, et ne plus voir au miroir qu'une ombre qui semble trembler, alors que nul ennemi sinon la vieillesse, ne se présente à moi !
Mais reste la mémoire, elle est emplie de ce pouvoir absolu dont je jouissais, face aux peureux, face aux jaloux...
NB peut-être votre premier sonnet, mais sans doute pas votre poème, car je vois une plume alerte et fort inspirée !
la gloire déchue certes, mais non pathétique ; quoi de plus affligeant de voir un " vieux beau " aux cheveux teints de jais rouler, le bras sur la portière, au volant de sa décapotable, au niveau d'une escouade de minettes...
je penche pour le premier tercet sur le constat, et le second put être un soupçon positif ?
techniquement à présent :
au 4e vers : A/usé......hiatus
comme c'est dommage !
chaque alexandrin compte bien 12 pieds
chaque césure est juste
un tout petit grain de sable que ce " A/u "
papipoète

   Michel64   
11/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Quelques hiatus semblent devoir interdire la catégorie classique, mais les spécialistes en jugeront.

L'emploi du "Que" au deuxième vers semblerait devoir l'imposer aussi au troisième "Et que le siècle..." sinon la construction est bizarre. Mais ça ferait déjà une troisième "que" toujours un peu dur en poésie.

Il manquerait une virgule après "dévasté" et donc aussi après "paysage" et plus loin la ponctuation pèche encore.

De même : "Voir mon corps dévasté triste et laid paysage" se conclut avec "Je ressens à présent le poids d’un dur outrage. " Ça ne colle pas. Peut-être : "A voir mon corps ruiné, triste et laid paysage," ?

Vous l'avez compris, votre poème comporte pas mal de fautes et d'imprécisions.
Vous l'avez sûrement lâché trop tôt et peut-être pas relu à haute voix.

Mais tout n'est pas mauvais loin de là et je suis sûr que votre prochain poème sera beaucoup plus soigné.

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de ces critiques, c'est ce que l'on me demande de faire en commentant. J'en ai aussi eu mon lot et j'en aurai encore.
C'est comme ça que l'on progresse.

Pour un premier sonnet c'est quand même bien.

Au plaisir de vous relire.

Michel64 en EL

   Corto   
12/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Belle ambiance pour ce poème qui par ricochet nous replonge dans le désarroi de Don Diègue, père de Rodrigue.
Lui aussi avait ressenti le poids des ans et l'impossibilité de relever les affronts comme au temps jadis.

A la fin de ma lecture je l'ai prolongée de vive voix et de vifs souvenirs:
"Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?"

L'idée était bonne, l'ambiance est bien rendue.

Merci à l'auteur (et bien sûr à Corneille aussi).

   Gabrielle   
14/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte d'auteur(e) qui met à l'honneur la nostalgie des jours heureux du temps de la jeunesse et de la fougue.

L' auteur(e) sait faire naître sous la plume un ressenti mélancolique qui rappelle celui souvent présent dans les textes mis en scène au théâtre et correspondant à l'observation de faits marquants d'une époque - comme l'ont déjà fait Molière ou Corneille-.

Le lecteur se laisse transporter par l'ivresse ici générée par la lecture de ce sonnet et rejoint son auteur(e) dans cet exercice innovant mêlant poésie et théâtre.

Très belle continuation. Excellent travail.

Bien à vous.

   Donaldo75   
3/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Poldutor,

Eh bien, pour un premier sonnet, ce n'est pas raté, comme diraient les Anglais, les rois de l'euphémisme et de la douche tiède, et j'arrête là les digressions avant de me faire reprendre en vol par la modération.

😷😷😷

Pour ma part, je dis bravo parce que la symbolique derrière le nom de Rodrigue est carrément lourde à porter et que dans le poème présent sous mes yeux le challenge est réussi. Rodrigue est-il devenu Don Diègue, cette question vient naturellement à l'esprit du lecteur dont les souvenirs anciens des tirades du Cid ont marqué à jamais la mémoire d'une encre indélébile. Ici, la tonalité rend hommage à ce souvenir mais ne tente pas de l'imiter, et c'est ce que j'apprécie le plus.

Bravo, encore et encore !

😛😜😝

Donald

   Anonyme   
3/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pour un premier sonnet, c'est plutôt réussi, félicitations !

Les vers sont fluides et sonnent bien, les rimes sont excellentes...
Le thème a déjà été traité par d'autres poètes, mais c'est fait avec beaucoup de talent.
L'avant-dernier vers me semble un peu plus faible que le reste mais c'est la seule réserve que j'ai.

   Hiraeth   
3/6/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Vous nous demandez en exergue d'être indulgent. Je laisse ce soin à votre famille, vos amis ou votre maître d'école ; pour ma part je ne vous ferai pas cet affront, premier sonnet ou non (d'autant que vous êtes "Expert Onirien"). Je vais vous livrer mon avis personnel, qui vaut ce qu'il vaut.

Le poème en lui-même n'est pas foncièrement mauvais, mais il pèche par quelques imprécisions regrettables déjà relevées dans la section des commentaires. J'en remettrais d'ailleurs volontiers une couche sur l'usage hasardeux de la ponctuation : ou bien vous n'en mettez pas du tout, ou bien vous en mettez à chaque fois, mais ne faites pas d'entre-deux sinon le lecteur ne sait plus trop sur quel pied danser. Et pourquoi mettre un point à la fin de la première strophe ? La phrase n'est pas finie ; le rythme en pâtit grandement. L'écriture est pourtant loin d'être laide : c'est comme voir un patineur artistique perdre l'équilibre à la fin d'un mouvement pourtant très simple. Une virgule ou un point-virgule auraient ici fait l'affaire.

Ce qui m'a surtout gêné, c'est que vous auriez pu mettre n'importe quel nom d'homme "grand, fort et craint" en titre à la place de Rodrigue et on n'aurait pas vu la différence. Je veux bien que Rodrigue vieux ressemble à n'importe quel autre vieillard et qu'il commence à perdre la mémoire de sa vie passée, mais quand même.

"Il a fait de ma chair un amas de décombres" : c'est un bon vers ; mais la métaphore du corps-maison ou du corps-paysage telle qu'esquissée au vers 5 aurait mérité d'être plus développée -- un peu comme le fait Baudelaire dans son poème "L'Ennemi", dont je ne serais pas étonné qu'il vous ait inspiré.

"Ma vigueur disparaît comme la nuit les ombres" : j'aime bien, c'est très pessimiste et ça fait froid dans le dos, l'idée qu'une réalité aussi forte et indubitable que la vigueur puisse être effacée par le Temps en aussi peu d'efforts qu'il n'en faut à la nuit pour effacer les ombres, avec en plus la notion de rotation astrale, de cycle, qui fait penser que tout est déjà écrit.

Par contre je suis beaucoup moins friand du vers 13, que je trouve faible car "j'éprouve du chagrin" n'est qu'une lourde périphrase pour dire "je suis triste" et coller avec la rime. De toute façon il faut éviter en poésie de trop dire "je suis + émotion", et trouver d'autres moyens plus subtils et imagés de véhiculer cette émotion. "Dis-moi ce que tu vois, je te dirai qui tu es." Ou alors il faut mettre en scène cette parole simple et y investir émotionnellement le lecteur, comme le fait Vigny avec son Moïse qui s'adresse à Dieu, excusez du peu : "Je suis, Seigneur, puissant et solitaire, / Laissez-moi m'endormir du sommeil de la Terre", un distique qui hante le texte comme un refrain.

Idem, j'ai trouvé le vers de fin assez faible, trop conventionnel et générique. Il y a bien cet effort méritoire de finir le texte avec un vers "couperet", une phrase isolée à valeur d'apophtegme : mais vous ne nous apprenez pas grand chose, et ne renouvelez pas notre vision. "Renouveler notre vision" ne veut pas forcément dire voir du blanc là où il y a traditionnellement du noir. Cela peut juste consister dans la mise en résonance de certains mots (hors collocations toutes faites), dans le tissage d'une métaphore filée, etc. Dans votre cas, il y avait sans doute matière à faire vibrer davantage le mot "trahison" à travers tout le texte : il résonne un peu avec le mot "sournois" de la première strophe, mais c'est tout. Une référence au passé glorieux de Rodrigue, à ses désirs et ambitions d'autrefois, aurait justement donné plus de poids à cette "trahison".

L'exercice n'est pas facile du tout, surtout dans la forme très courte du sonnet. Dans ce cas, il faut accepter de ne pas voir tout le ciel que constitue la vie de Rodrigue, mais juste un morceau, "aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, [de manière à donner] une idée plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne" : c'est Baudelaire parlant de l'art du sonnet, et c'est ce qu'il fait par exemple dans "L'Ennemi" justement, où il file la métaphore du moi-jardin et ne parle pas d'autre chose. Il resserre sa vision, il la concentre, il ne parle en fait que d'une seule chose, ne montre qu'un seul paysage ; et ce faisant, il arrive paradoxalement à dresser un tableau incroyablement parlant d'une idée plus abstraite (plus ou moins la même que la vôtre, à ceci près que dans son poème le Temps s'attaque à l'esprit plus qu'au corps).

Bref, il ressort de votre poème, je trouve, une certaine application scolaire, une envie de bien faire en respectant bien tous les codes, mais il manque tout simplement une vision, ou du moins de la sincérité : ce n'est pas votre voix qu'on entend, mais celle de l'écolier qui veut imiter ses modèles. Ce n'est pas grave, il ne faut surtout pas craindre de commencer comme ça, c'est d'ailleurs un excellent moyen d'apprendre la technique. Mais celle-ci ne suffit pas à faire l'artiste, et l'idée est évidemment de dépasser ce stade.

Je vous dis ça, mais j'ai moi-même encore énormément de mal à me conformer à cette exigence, à me conformer au non-conformisme, si je puis dire. Et par non-conformisme je ne veux pas forcément dire l'originalité la plus folle : simplement l'authenticité.

Bonne continuation.

   Myo   
3/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup les 2 quatrains avec ce constat sans complaisance des outrages du temps.

La suite me semble un peu moins "poétique", avec des images qui manquent peut-être de subtilité, notamment " un amas de décombres"

Mais l'ensemble coule sans heurt, et la lecture est agréable.

Bravo... et si c'est un premier sonnet, ce n'est certes pas le dernier.

   Queribus   
6/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Je trouve ce sonnet tout à fait honorable pour un premier sonnet. Nous sommes en poésie "néo-classique" et des rimes comme "craint" et"chagrin" ou quelques hiatus ne me semblent donc pas des fautes.
J'ai quand même noté l'absence de "que" au troisième vers (Maintenant que les ans... et que le siècle...). Il me semble qu'il existe aussi un problème de rigueur dans la ponctuation dans votre texte; j'ai enfin noté le manque "d’opposition" entre les deux quatrains et les deux tercets.

Je pense en définitive qu'il suffirait de très peu pour avoir un sonnet, art particulièrement difficile, quasi parfait mais, et j'en suis certain, ce sera le prochain.

Bien à vous.

PS: En ce qui concerne les notions de "classique", "néo-classique", "pro-classique", etc, il va falloir que quelqu'un nous ponde un jour un nouvel art poétique adapté à notre époque: on n'écrit plus et on ne parle plus en 2020 comme au temps de Louis XIV et il serait bon, me semble-t-il d'actualiser tout ça dans un monde où tout évolue... en bien dans le meilleur des cas.

Bien à vous.

   Miguel   
14/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah mais, a-t-on idée de me faire lire ce que je me dis chaque jour ! Pas besoin d'être Rodrigue et d'avoir été fort pour regretter sa jeunesse et déplorer le poids des ans. En tout cas c'est si bien exprimé qu'on pardonne. Et pour un premier sonnet, je me permets de citer Rodrigue:

"Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour des coups d'essai veulent des coups de maître."


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