Sur les rives du Tibre, aux pieds des sept collines
Les Gaulois abattus se traînent enchaînés
Ils s’en vont menacés de glaives dégainés.
Asservis et passés sous les fourches caudines

Ils suivent le Triomphe ⁽¹⁾ auguste de César.
Devant eux apparaît le grand Guerrier Arverne
Que l’orgueil souverain affermit et gouverne.
Défenseur d’Alésia, victime d’un hasard. ⁽²⁾

Le captif insoumis, qui vécut longtemps libre
Ferme sous les huées de la foule, attendu
Par le peuple cruel qui réclame son dû
Dans le cirque voisin où rugissent les tigres.

Depuis longtemps déjà on a crevé ses yeux,
Tourmenté et meurtri, présenté aux Romains
Il chemine pieds nus avec des fers aux mains
Et trébuche en suivant le sentier périlleux.

On l’expose lié tel un taureau sauvage.
Il finira sa vie au fond de l’ergastule ⁽³⁾
Lâchement étranglé dans ce lieu minuscule
Se dérobant ainsi au sinistre esclavage.


⁽¹⁾ Triomphe : défilé durant lequel on célébrait les généraux victorieux dans la Rome antique.
⁽²⁾ La nuit du 25 au 26 septembre 52 av. J.-C. fut le théâtre d’une éclipse totale de Lune vers 22 h 31 ce qui explique que Vercingétorix, superstitieux, n’attaqua pas (cf. Le livre d’Alain Dayber et David Romeuf « Les derniers jours du siège d’Alésia » Lemme édition).
⁽³⁾ Ergastule : prison pour les esclaves.