Bonjour à toutes et à tous,

Avant toute chose, pourquoi ai-je décidé d'ouvrir ce sujet (en espérant qu'il n'existe pas déjà) ?
J'ai publié dernièrement une nouvelle qui n'a malheureusement (ou heureusement) pas passé l'examen de passage. En soi ce n'est pas bien grave mais parmi les quelques critiques que j'ai reçues (très pertinentes par ailleurs), y figuraient également des reproches faits à mes dialogues. N'ayant pas apporté de conseils concrets à mes lacunes (ce qui est tout à fait normal), j'ai donc lu, relu et relu encore les échanges entre mes personnages pour en arriver à cette déprimante conclusion : "Mais pourquoi donc dit-on de mes dialogues qu'ils sont insignifiants et insipides ??" (je vous rassure, les dialogues de ma nouvelle sont un peu mieux construits. Enfin, je crois...). En gros, je ne sais y apporter ce petit plus qui les rendrait plus crédibles.

Un dialogue écrit doit-il ressembler un un dialogue parlé ? Doit-on faire de courtes ou de longues phrases ? Quel langage employer ? Le verbe "dire" (ou un de ses synonymes) doit-il être employé après une, deux, trois...interventions ?
Voilà quelques-unes des questions que je me pose.

Je sais par définition que les dialogues dans l'écriture narrative sont très importants, voire fondamentaux, et qu'il existe des codes (appelons-les ainsi) pour faire en sorte qu'ils soient efficaces et attrayants. Mais quels sont-ils ? That is the question.

Ne pensant pas être le seul dans ce cas (du moins je l'espère), je me suis dit que ce serait plutôt sympa d'ouvrir un débat et d'en discuter. Etant donné que nous sommes ici également pour nous améliorer, j'aimerais pouvoir avoir des conseils, des exemples... Bref, créer une interaction à la fois ludique et pédagogique.

Voilà, voilà. Par avance merci à celles et ceux qui auront l'amabilité de bien vouloir apporter de l'eau bien fraiche à mon Pastis.

Bon dimanche à tous !
Olivier

PS : j'espère ne pas m'être planté dans la catégorie

Bonjour, peut-on avoir un extrait des-dits dialogues ??

Chacun viendra ici et les réécrira à sa sauce !

C'est une excellente idée. Malheureusement il faut que je file. Je les publierai en fin d'après-midi.

Salut.

à mon avis, le dialogue sert à: comprendre la psychologie des personnages, contextualiser le récit (groupe social, époque, etc) et le rendre plus réaliste/vraisemblable, faire avancer la narration, dynamiser l'écrit ou bien le ralentir, offir de nouvelles voix au narrateur qui peut changer de style et de points de vue... Bref à tout ça à la fois. Si une réplique ne sert pas à tout ça à la fois, elle est imparfaite, c'est juste du remplissage.

Quant aux verbes "dicendi", les utiliser chaque fois que le lecteur a besoin de savoir qui dit quoi. Les utiliser avec parcimonie, mais les utiliser: le plus important dans un dialogue, c'est que le lecteur les lise avec facilité, la vitesse de lecture doit être la même que celle naturelle du dialogue et il n'y a rien de pire dans un dialgoue que de se perdre dans les interlocuteurs (désastre absolu). en cas de dialogue à trois c'est parfois plus compliqué, chercher des manières d'éviter de répéter "dit Machin, répondit truc", et toujours réfléchir à la personne qui se tait: le lecteur ne doit pas l'oubler. Quand un dialogue dure trop, faire des ellipses narratives ("ils parlèrent ainsi pendant des heures et lorsqu'ils abordèrent le sujet X, Monsieur Truc s'exclama: "ça jamais!")

Pour éviter la prise de tête des multiples interlocuteurs il y a le naïvisme et la mise en couleurs.

4000 ans d'écriture avant Vadim, à vertige passé et maintenant que la brèche est ouverte, vous savez quoi faire les Amis...

Merci Charivari. La perspective que vous donnez aux dialogues est intéressante.


Comme me l'a si justement suggéré Dimou, vous trouverez ci-dessous un court extrait de ma nouvelle refusée où se trouvent quelques échanges. Le décor n'est pas planté car il y a du texte en amont, mais peu importe (je pense que la personne qui m'a commenté reconnaitra ces quelques lignes. Si elle veut se manifester, j'en serais ravi).

Alors que déjà une multitude de personnes, lampions ensoleillés au bout de leur bâton pour la majorité d'entre eux, se dirigeaient d'un pas oisif et l’âme guillerette vers la Place de d'Église par petits groupes d’amis ou en famille, Céline, encore bouleversée par les dernières pages du livre « L'assommoir » qu'elle venait à peine de terminer, avait demandé d'une voix mielleuse à son père qui se trouvait dans le salon, la permission de pouvoir rester jusque minuit dans le parc avec quelques amis après le spectacle.

- Il en est hors de question ! Après les feux tu rentres de suite à la maison, lui ordonna-t-il d'une voix sèche tout en continuant la lecture de son journal. À ce propos chérie, à quelle heure nos impôts finissent-ils de partir en fumée ?
- Je ne sais pas trop, répondit sa femme, assise confortablement dans son fauteuil et amusée par la tournure de la question de son mari. Ça commence d'habitude vers 22h30 et il me semble que ça dure en général...entre une heure et une heure et demi.
– Une heure et demi, mais bien sûr ! Ça permettrait ainsi à Céline de rentrer à minuit. Les feux durent une demi-heure, tout au plus. Bois-les-Senteurs ce n’est ni Paris ni Marseille que je sache.
– Si tu le sais, pourquoi me poses-tu la question ?
– Tout simplement pour avoir la confirmation qu'une fois de plus, et ce malgré mon dernier discours moralisant, tu es de mèche avec ta fille adorée. Voilà tout !
– Tu es bête, dit-elle tout en souriant.

Salut Zorino
J'avoue être l'auteur du commentaire
J'ai dû dire à propos des dialogues qu'ils redondent souvent avec ce qui est expliqué avant.

Mais dans l'extrait que vous reproduisez, il me semble que vous auriez pu éviter ces deux longues précisions qui ne font que ralentir la scène et la vivacité du dialogue :

- "lui ordonna-t-il d'une voix sèche tout en continuant la lecture de son journal."
- " répondit sa femme, assise confortablement dans son fauteuil et amusée par la tournure de la question de son mari."

Dans la dernière réplique du mari :
"et ce malgré mon dernier discours moralisant"
ne semble se trouver là que pour le lecteur, afin qu'il sache que le gars est du genre moralisateur. Ce ne me semble pas un très bon plan de renseigner au détour d'une réplique.

Merci pour les dialogues je naïvise le tout demain parole

Bonsoir Cyrill,

Aaaaaah la voilà enfin la fripouille qui m'a démoli l'moral ! Mon piège a marché à merveille ! Vous êtes tombé dedans. Grâce à vous, je fais demain ma deuxième séance chez le psy. Il m'a dit que d'ici 6 ou 8 mois, je devrais commencer à aller mieux

Je plaisante bien évidemment
Votre commentaire était tranchant certes, mais pertinent. Il m'a beaucoup apporté. Vraiment.
Merci en tout cas pour ces bons conseils que vous venez de m'apporter. Je les analyserai minutieusement à mon retour, un peu plus tard.
Bonne soirée !

Merci Dimou. A demain

Je vous prie de me pardonner mon intervention sur votre forum Zorino.

Je viens de lire vos échanges, très intéressants, sur les dialogues, et je me permets de m'immiscer dans la conversation pour demander conseil. Je pense qu'un dialogue, pour être lu avec plaisir, doit refléter au maximum la vérité. Je m'abstiens, à tort ou à raison, d'écrire "dit-il", car quand on entend une conversation, on n'entend jamais "dit-il" ou "dit-elle. Il me semble que lire un dialogue doit correspondre exactement à ce qu'on entendrait d'un dialogue parlé. Il faut que ce soit vrai, "vivant".
Je me permets de vous soumettre un petit exemple relevé dans une de mes nouvelles, et j'aimerais avoir un avis.

Il rentre, d’un pas mesuré, l’air dégagé :
— Mariette, tu as vu ce type, près du puits ?
— Oui. Il est venu me demander l’autorisation de peindre le pigeonnier.
— Quoi ? Cette ruine ?
— Oui. Il trouve " pittoresque cette construction burinée par le temps, et le puits à côté, à l’ombre du figuier ". Ce sont ses propres mots. Il a dit aussi : " c’est un beau vertige…" ou vestige, enfin je ne sais plus. En tout cas, il veut faire un tableau.
De l’évier de la cuisine où il se lave les mains, Roland crie :
— Ah ! Et il est jeune, cet homme ?
— Environ trente-cinq, trente-huit…
Le repas est pris sans paroles superflues.

Voilà. Tout commentaire me sera utile, merci par avance.