Allez hop, un deuxième, mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est venu naturellement



La nuit tend son linceul en percale uniforme.
Des affres déployées croulent en peloton,
Agitant leurs grelots avant que je m’endorme,
S’abattant sur mes sens immaculés de plomb.

L’image ondule un peu, puis lentement se forme :
Un fluide butyreux, démesurément long,
Déroule son ruban de vapeurs chloroforme ;
Au loin pas un îlot, ni le moindre jalon.

Je peux m’égosiller, nul ne me vient en aide.
J’appelle à mon secours la poussée d’Archimède
Mais un flot de lipide engloutit l’addition.

L’ogre, pour son agape, en fin gourmet procède
Au lent engraissement de ma carcasse raide.
Pas un if, pas un freux qui me prête attention !

Oups... pendant que je composais, vous nous avez livré l'original, Cox. Mais ce n'était déjà plus une surprise...
Moi aussi je suis scotché par les dernières propositions, bravo à Jeanphi et Axel !

Citation :

qua/tre/huit

Le huit ayant un H aspiré, le compte n'y serait pas non plus en ignorant le signe =

Deux poèmes pour le prix d'un, on ne vous arrête plus! Quel sale cauchemar vous avez fait là ! D'ailleurs, le mot "percale" me fait encore penser à Rimbaud parce que je l'avais découvert dans "les peaux percalisées" de ses vieux (qui m'avaient fait sortir un dictionnaire pour n'y rien trouver. Fourberie!)

Citation :

Hm, tiens c'est pas faux... Mais c’est sûr que le "h" de 8 est bien aspiré? après tout, dans "dix-huit" on fait bien la liaison (mais c'est peut-être une exception).

EDIT: Ui, j'ai vérifié, c'est bien aspiré.
Drame; le compte n'y est pas et Archimède fait la gueule. Voilà les os de Corbière qui palissent encore en pensant qu'il se serait peut-être vu refuser jusqu’au néo-classique sur Oniris!

Punaise beau problème de math!

Je vois que personne ne propose de suite, je vous propose donc les rimes suivantes... vous pouvez ou pas suivre le nombre de pieds (12/12/6 - 12/12/6 etc...).

Vous pouvez faire une/deux/trois/quatre séries en fonction de la motivation! :) ... ou plus si vous trouvez l'un de mes poèmes préférés :)

grève
rêve
tait

sombre
ombre
montait

nuées
diminuées
couleur

cendre
descendre
douleur

À bientôt!
Axel

Cette fois, je n'ai pas trouvé de qui sont ces vers. Voilà les miens:)



L'écume languissante envahissait la grève ;
Une perle de lune apparut comme en rêve,
Tel un chagrin qu'on tait.
Je marchais vers la mer, laissant la dune sombre
Apaiser mon angoisse et la bercer dans l'ombre ;
L'albe d'une buée montait.

Le miroir de la houle exaltait les nuées
Que la froideur du soir avait diminuées,
en glaçant la couleur.
J'y voyais le reflet de ma mémoire en cendre,
Ces cruels souvenirs que je voyais descendre
Pétrifiés de douleur.

vers 11 rectifié!

L'écume languissante envahissait la grève ;
Une perle de lune apparut comme en rêve,
Tel un chagrin qu'on tait.
Je marchais vers la mer, laissant la dune sombre
Apaiser mon angoisse et la bercer dans l'ombre ;
L'albe d'une buée montait.

Le miroir de la houle exaltait les nuées
Que la froideur du soir avait diminuées,
en glaçant la couleur.
J'y voyais le reflet de ma mémoire en cendre,
Ces cruels souvenirs que je sentais descendre
Pétrifiés de douleur.

J'ai trouvé ! L'un de mes poètes préférés...

Myndie quel lyrisme ! C'est bôôô

Ce forum est bien sympathique.

Trentième degré :



À trente à l'heure


La nuit tombait, j’allais au rond-point pour la grève,
Roulant à trente à l’heure ; ah ! mais non ! mais je rêve !
Mon TikTok qui se tait !
Gilet jaune enfilé je sors dans la nuit sombre
Pour capter le réseau ; un gars planqué dans l’ombre
Sur mon tracteur montait.

Il a dit « on y va, j’en ai vu des nuées ! 
Les lumières fusaient, un peu diminuées
Mais de même couleur;
Tous montaient à Paris, ne laissant que la cendre
De bois des bivouacs, sentant le froid descendre
Et tomber sans douleur.

Autoroute du Nord, contemplant la nature
Dans la clarté de l’aube et sa lueur obscure,
J’ai maudit tous les cieux
Voyant à mes côtés le type aux mèches blondes
Coiffé d’un képi bleu ; dans ses poches profondes
Un colt silencieux !

Il m’a dit d’avancer tout près des promontoires
Pour qu’il puisse gagner son pain et quelques gloires ;
J’ai su confusément,
M’approchant du radar, que le gus terre à terre
Comptait tous nous flasher sur notre engin austère ;
Jamais vu plus charmant !