Je profite de l'attente pour faire une petite rectif. aux vers 5 & 6 ... & 8 :


Nom d’un bonhomme, il faut que j’en finisse
Avec l’émoi d’un esprit tourmenté !
Je me serais volontiers contenté
D’un cœur benoît, enclin au sacrifice.

De quelque endroit que vienne le supplice,
Il m’exténue tel un sort mérité.
J’aurais pourtant franche témérité
À refuser qu’ainsi l’on me punisse.

Qu’un peu l’on creuse, on libère un diamant :
Le naturel d’un vertueux amant
Et l’agrément d’un compagnon fidèle.

Aucun travers ne peut m’être imputé,
Sinon celui d’un excès de beauté,
Doublure en chair d’une âme encor plus belle.

Tant que l'heure est à l'erratum, j'en profite également pour apporter un correctif à ma copie #2117 :

V.13 le mal

Pas de néologisme, pas de détournement.

Et bien, ces petites corrections faites, vous voilà prêts à lire l'original

Il est temps ma belle âme, il est temps qu’on finisse
Le mal dont vos beaux yeux m’ont quatre ans tourmenté,
Soit rendant mon désir doucement contenté,
Soit faisant de ma vie un cruel sacrifice.

Vous tenez en vos mains ma grâce et mon supplice,
Jugez lequel des deux mon cœur a mérité :
Car mon fidèle amour ou ma témérité
Veut qu’on me récompense ou bien qu’on me punisse.

Mais si vous ne portez un cœur de diamant,
Vous ne punirez point un misérable amant
De vous avoir été si longuement fidèle :

Vu même que son mal vous doit être imputé.
Car enfin puisqu’ Amour est fils de la Beauté,
Si c’est péché qu’aimer, c’est malheur qu’être belle.

Jean BERTAUT 1552 - 1611

Eh bien un inconnu au bataillon pour ma part. Il devrait s'inscrire chez nous sur Oniris
Merci Embellie, pour la découverte.

Hello les Boutsrimeurs!

Pour rattraper le temps perdu (par moi évidemment )

Je propose un nouveau défi:

Ardentes-petits-appétits-pendantes-
luisantes-blottis-appesantis-absentes
grillon-chanson-verdures
désert-ouvert-futures

À vous Cognacq-Jay!

Merci Myndie pour la proposition. J'ai découvert le poème, mais je dirai rien...
C'est parti pour mon essai :



« Je vous ai cuits dans les fumées ardentes »,
Disait l’ogresse à ses gentils petits.
« Vous excitez mes cruels appétits,
laissant ma langue et mes lèvres pendantes.

Vos tendres chairs, et de graisse luisantes,
La braise en quoi je vous aime blottis,
M’ont assouvie. Tous sens appesantis,
Je pleure alors vos figures absentes ».

Mais le remord, insatiable grillon,
Puise du feu sa stridente chanson.
« Que ne vous ai-je farcis de verdures ? »

Se plaint l’ogresse. « Plutôt qu’en ce désert,
Mon appétence est comme un livre ouvert
Sur des idées de recettes futures ».

pour être aussi réactif Cyrill!

J'ai fait vite aussi (qui a dit ça se voit? )
Moins de cuisine pour moi (juste un peu), des marmots itou et beaucoup de beuverie sans doute

Le feu darde gaiement ses flammèches ardentes,
Ensorcelant ballet aux yeux des plus petits.
Un fumet de friture ouvre les appétits ;
La pépie et la faim font les langues pendantes.

Le brasier empourpre les faces luisantes,
On s'attendrit de voir les nouveaux nés blottis
Sur le flanc de nounous aux seins appesantis,
Au regard pâle d'où les pensées sont absentes.

En habit de faïence, un ravissant grillon
Semble prêt à lancer l'immuable chanson
qu'il stridule, obstiné, dans les hautes verdures.

En ce premier de mai, le village est désert
Mais -rendons grâce à Dieu – l'estaminet ouvert !
Levons notre verre à nos ivresses futures !

Les marmots ont eu plus de chance avec toi
Bravo Myndie pour ce tableau à la Brueghel l'Ancien

Avec deux variations : genre V.14 et sing./pl. V.9

Mon coeur est de givre et mes pensées ardentes
En cet écueil charnel où poussent mes petits,
Et l'enclos de mes peines bannit mes appétits
En des tirades sourdes dans des langues pendantes.

La solitude grille comme des mouches luisantes,
Des papillons de nuit sur l'ampoule blottis.
Et mes yeux se décident aux airs appesantis
Depuis qu'est ma conscience aux abonnées absentes.

Dès lors j'interroge lucioles et grillons,
Mais leurs bruits et leurs danses n'ont qu'unique chanson
Brillent encore les astres, frémissent les verdures,

S'écoulent les eaux vives, s'étale le désert.
J'ai tant sur le passé gardé l'esprit ouvert
Que j'en ai oublié qu'il n'est que longs futurs !

D'après l'expression c'est plutôt le futur qui est un long passé.
Que cet exercice est contraignant !