De poignées d'existence en pelletées d'étoiles,
il avance en détresse ou en phase euphorique.
Et la nuit est pour lui le tombeau esthétique
d'écrits enamourés que la lune dévoile.

Je sais les gouffres noirs, l’équivoque présage ;
Dans le ciel de basalte un oiseau s’est pendu.
Je poserai serein mon ultime bagage
Au seuil de la lumière, en son malentendu.

Se fait miroir infime
D’un éclat dans la nuit
Cet éclat de verre dans la ruelle
Où la matière saigne de l’ombre.

Mais les dieux ont œuvré en étrange concile
Pour exhausser le vœu de mon rêve éperdu.
Un paradis lunaire à mes yeux se profile,
Dardant à la calende un arc inattendu.

Je m’en irai quelque autre jour en d’autres lieux
Semer dans les sillons d’une terre fertile
La folle poésie soufflée comme un adieu
À l’aurore d’un monde ambigu, qui m’exile.

Chaque heure qui s’éteint me réclame son dû ;
Son aiguille acérée pointe sur mon visage,
En implacable flèche, en estoc assidu,
La balèvre ou l’ornière, arguments d’un autre âge.

Antipodes chéris, le souvenir défile ;
D'impétueux geysers fusent en camaieux
Alors que me revient une langueur subtile:
Le désir de fouler des sentiers rocailleux.

Au delà de l'été, on aurait des contrées
parfumées de scandale
et le loriot dirait d'une voix éhontée
notre entente abyssale

Sur la grande scène du ciel
le mimosa
le mime osa
Le vent trouva ça démentiel.

Un appel de la mer, le besoin impérieux
De poser mes pieds nus sur une exquise plage ;
Que la vague caresse en baiser religieux
Leur cuir récalcitrant qu’un peu de sel soulage.