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Beatrice ou Marie (de Croze)?
Maître Onirien
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25/07/2007 22:10
De Montesson
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Bonjour,

j'ai trouvé une autre version de l'histoire de l'abbaye de La Celle que celle proposée dans le texte "Beatrice". Elle a été rédigée à la fin du 19°, et je l'ai trouvée assez savoureuse, ayant plusieurs clés de lecture, à la fois sur le 19° et sur le 17° siècles. Je vous la propose ci-dessous:


Du livre : Essai historique sur la ville de Brignoles, d’après les notes de M. Emilien Lebrun – Marseille, imprimerie marseillaise, 1897 – Dom. Henri JAUBERT (bénédictin de la Congrégation de France) et Gabriel Reboul. (apparemment, ouvrage tiré à 200 exemplaires, et non vendu).

Ce monastère, un des plus anciens de la Provence, fut peuplé dès l’origine, de religieuses ferventes. Mais, dès le XIV° siècle, le relâchement s’y était introduit, et les dames Bénédictines n’y vivaient plus, au XVII° siècle, dans l’observance de leur règle. Les choses en étaient là, lorsqu’en 1643, Marie de Croze, fille d’une noble famille de Marseille, vint y y commencer son noviciat. Elel avait alors dix-sept ans lorsqu’elle fit sa profession, mais elle raconte elle-même qu’elle ne s’occupait que de vanités et ne songeait pas à remplir les obligations de la vie religieuse.
Dieu, qui voulait se servir de cette jeune fille, permit qu’un jour elle fut cruellement humiliée en présence de plusieurs de ses compagnes. L’épreuve fut si rude pour cette nature, que Marie de Croze en tomba dangereusement malade. Ce fut pour elle le coup de la grâce. Dès lors elle résolut de travailler à sa perfection.
Mais il lui fallait un sage et prudent directeur pour la guider dans cette nouvelle et difficile voie. Dieu le lui envoya dans la personne de M. d’Authier, qui résidait alors en sa communauté de Brignoles. Elle le choisit, en effet, pour son père spirituel et fit sous sa conduite de rapides progrès dans la vertu. Alors, Dieu daigna faire connaître à cette fille qu’il l’avait choisie pour réformer son monastère et qu’elle devait se préparer à souffrir beaucoup pour la gloire de son nom. Le même jour, le Seigneur révélait aussi à son directeur ce dessein de miséricorde. Entendant le Père d’Authier lui confirmer ce que Dieu lui avait appris dans l’oraison, Marie de Croze n’hésita plus et fit même le vœu de souffrir avec patience toutes les difficultés et persécutions que devait lui attirer sa courageuse entreprise.
Sur l’ordre de son directeur, elle jeta les fondements de la réforme avec quelques religieuses qui étaient toutes disposées à la suivre. Elles prenaient leurs repas en commun, pratiquaient la pauvreté autant que le permettait leur situation, se rendaient au cœur exactement, gardaient après l’office une sévère retraite et ne sortaient que pour visiter les pauvres et les malades (les dames de La Celle n’étaient pas soumises à la cloture). Marie leur servait à toutes de modèle, et l’on raconte même qu’un jour, en pansant une pauvre femme atteinte d’un ulcère, poussée par son esprit de foi, elle suça cette plaie qui guérit aussitôt.
Mais tout cela ne se faisait pas sans peines et sans contradictions de toutes sortes. La réformatrice et ses compagnes furent en butte à mille persécutions, et M. d’Authier lui-même se vit interdire l’accès du monastère par les ennemies de la réforme.
Nous n’avons point à raconter ici par le détail l’histoire de ces luttes patientes et courageuses, et, pour nous borner à ce qui concerne l’influence du supérieur des Pères du Saint-Sacrement, nous dirons avec l’abbé Nadal :
« Cependant M. d’Authier, qui était informé de tout ce qui se passait à la Celle, travaillait incessamment, à Paris (où il était allé depuis quelques mois pour cette affaire), à disposer la cour, dont l’appui était indispensable. Le moment étant venu d’y mettre la dernière main, il écrivit à Mme. De Croze de partir de la Celle et de se rendre au plus tôt au monastère du Val-de-Grâce, à Paris, pour négocier elle-même et achever auprès de la reine mère ce qu’il avait heureusement commencé.
Elle s’y rendit en l’année 1636 (1656 ??) et ses démarches furent accompagnées de tant de bon,heur, qu’avec la protection de la reine, en moins de deux ans, la réforme du monastère de la Celle fut conclue sous l’étroite observance de la règle de saint Benoit, telle qu’on la pratiquait alors en celui du Val-de-Grâce.
Le cardinal Mazarin, en qualité d’abbé de Saint-Victor, de Marseille, dont le monastère de la Celle dépendait, donna son agrément et consentit, par lettres du 22 janvier 1658, que ce monastère fût transféré en la ville d’Aix, pour mieux affermir la réforme ; ce que le cardinal Grimaldi, archevêque de cette ville, exécuta par sentence du 29 octobre de la même année, sur laquelle Sa Majesté accorda ses lettres patentes.
Ceux qui s’étaient opposés à la réforme firent un dernier effort pour empêcher l’enregistrement des lettres au grand Conseil où elles étaient adressées. Mais m. d’Authier travailla aussitôt à les faire renvoyer au Parlement de Provence et, en ayant obtenu la commission, il se rendit à Aix où la cour se trouvait, pour les présenter à la reine, qui les fit vérifier. Il écrivit en même temps à Mme. De Croze, qu’il avait laissée à Paris, de se mettre en route et d’amener avec elle deux religieuses du Val-de-Grace, pour commencer les exercices. Elle arriva à Aix le 30 Mars 1660 et alla descendre avec ses deux compagnes au monastère des religieuses de la Visitation, d’où, après quelques semaines, elle sortit pour prendre possession de la maison que son directeur lui avait préparée au cours de cette ville. Le 3 avril suivant, qui était le jour du Jeudi-Saint, elle reçut de ses mains l’habit de la réforme, avec le nom de Sœur Marie du Saint-Sacrement, et le 28 juin de la même année, âgée de quarante-deux ans, comblée de mérites, elle expira assistée de Mgr de Bethléem, ainsi qu’elle l’avait toujours demandé à Dieu pour la consolation de son âme (La ville (de Brignoles) demanda, sans l’obtenir, le maintien des religieuses à la Celle, le transfert à Aix causant à Brignoles un véritable préjudice, attendu les nombreuses dépenses qui s’y faisaient pour le monastère de la Celle, dont les revenus s’élevaient à plus de 12 000 livres ;)

Résumé d’un passage du chapitre III dans lequel les origines du monastère sont évoquées :

Au commencement du XI° siècle il y avait dans cette vallée une chapelle dédiée à sainte Perpétue, martyre. Les possesseurs de la chapelle et des terrains en firent don à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. En 1011, les nobles personnages Guy et Guaralde, son épouse, offrirent l’église Sainte-Perpétue, avec les biens qu’ils possédaient dans la vallée d’Avolennazo. L’église s’élevait dans le petit vallon solitaire qui se trouve au pied du rocher même de Candelon, mais la vallée d’Avolennazo et les biens donnés à la chapelle s’étendaient fort loin. .. ; Il serait long d’énumérer ici les nombreuses donations faites .. disons seulement qu’en 1074, une contestation s’étant élevée entre les moines et les petits fils de certains donateurs, il s’ensuivit un accord et une confirmation de l’église Sainte-Perpetue et de ses biens, à l’abbaye de Saint-Victor.
Un village se groupa de bonne heure autour du nouveau monastère que les Bénédictins fondèrent à la Celle. Ce monastère fut d’abord occupé par une petit nombre de moines, de là le nom de Celle, Cella, Arthacella (petite celle), qui lui fut donné et resta au village lui-même : la Celle.

De bonne heure les moines cédèrent la place aux religieuses bénédictines, qui fondèrent à la Celle un monastère. Ce prieuré (auquel on donne parfois le nom d’abbaye) continua à demeurer une dépendance de Saint-Victor de Marseille. Les Bénédictines habitèrent le monastère roman qu’elles élevèrent à côté de l’église de Notre-Dame, tandis que quelques moines, avec un prieur, avaient leur église et leur cloître vis-à-vis de celui des moniales.
On donne généralement la date 1100 pour cette fondation de Bénédictines, mais sans pouvoir l’appuyer sur aucun acte. Il nous semble que si les moines de Saint-Victor, déjà possesseur de l’église et de la celle Sainte-Perpétue, élevèrent en 1056 l’église de Notre-Dame qu’ils firent consacrer par l’archevêque d’Aix, ce pourrait bien être pour céder la place aux religieuses. C’est, en effet, cette nouvelle église de Notre-Dame qui fut l’église des religieuses Bénédictines, tandis que les moines conservèrent celle de Sainte-Perpétue, d’ailleurs reconstruite au XIV° siècle.

Contribution du : 22/08/2010 18:23
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