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A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
Chevalier d'Oniris
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Bonjour

Oh mais non, au contraire, c'est un bonheur pour moi d'avoir cet échange. Plus que ça: j'en demande et en redemande.. Et je ne crois pas qu'il existe sur terre un écrivain qui refuserait un tel intérêt.. Et avec toute la modestie du monde, j'essaie de réussir ce que j'écris, c'est mon ambition dans ma petite place..
Vos propos m'ont fait tant de bien... j'y pense encore ce matin quand j'ai reçu votre message... Je regrette d'avoir supprimé d’autres textes car ils seront intégrés dans un recueil que je compte publier prochainement..
Donc voilà mes réponses :

Le titre : au début j'avais dans l'intention de "signifier" les cinq sens, raconter cette passion en faisant référence aux sens.. Mais bien sûr le processus de l'écriture oblige un autre Sens, puisque l'objet du désir se multiplie, s'épiphanise, fuit....cette femme qui se présente à chaque fois différente....

Kass : c'est tout simplement la traduction du mot "nouvelliste", ça vient de kissa..
Or ce rapprochement avec Kaiss Laila me plait beaucoup et je vous remercie pour le poème intégré.. C’est bien trouvé cette allusion au VIN ... le désir est là aussi multiple et il faut s'enivrer de tout pour pouvoir le "sentir"

Eh oui, mon texte s'inspire de mes voyages au bled, tamazirt en amazighe, (haut atlas central) comme vous l'avez si bien exprimé, et ce que vous dites à propos des filles de montagne n'est que trop vrai et c'est ce jeu de "cache-cache" qui guide l'écrit mais en voulant l'approfondir et le rendre plus universel.. C’est pour cela qu'Ijjou est teintée différemment, elle est idéalisée car elle est somme de la femme/femmes.. Je ne sais si j'ai réussi.. J’ai essayé..

J'en viens au passage 5 et l'épisode avec le fquih: comme vous le savez bien nos fquihs ne se contentent pas de présider aux prières et conseiller les croyants, mais aussi faire le "Taktobo" : écrire ces bouts de papier mystérieux pour séparer/faire rencontrer/guérir, ces « hrouz ». Je l’ai utilisé pour donner plus de piquant à l’histoire, la rendre encore plus mystérieuse et montrer l’impact de la passion sur le héros…

La fin, je l’ai voulue « Ouverte », sans chute « brutale » qui fermerait le texte, puisque la quête continue, notre héros suit-il vraiment une femme bien désignée ou la passion elle-même ? Est-ce le chemin et la recherche qui comptent ou est-ce que l’objectif c'est assouvir un désir de femme, de sensualité ?? Il y a la trace.. Et au lecteur de trouver..

Voilà, j’espère avoir éclairé un peu les ambigüités du texte.. Ce n’est pas facile.. Un texte échappe aussi, à son auteur..
Mais je le redis ; je suis extrêmement heureux d’avoir cet échange qui continuera j’espère..

Contribution du : 21/08/2014 14:02
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Re : A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
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Heureuse donc comme une gamine que vous ayez accepté d'engager une discussion ici, et que vous ayez vous, trouvé des sens à mes annotations spontanées. Elles ne sont pas analyses, elles sont juste en vrac reflets, émotions, pensées, non-sens que soulèvent chaque lecture. Et j'y suis la première surprise quand l'auteur y trouve un écho. Et ce sont vos explications comme vous allez le voir, qui m'expliqueront pourquoi j'ai pensé à Majnun Laila par exemple, etc.

Le titre : Je n'ai pas pensé à cette possibilité en effet, essayant de trouver un titre à la fin de mes écrits (chose ardue), mais je sais nombre d'auteurs faire le cheminement inverse : Un titre s'impose d'abord, ensuite ils tissent autour, avec le risque, comme vous le dites si bien que l'écriture donne ou prenne un autre sens.


Le pseudo..et cet étrange cheminement que je vous ai confié qui nous mène vers quelques similitudes, qui ne s'arrêtent pas là où vous le croyez, quand je vous lis écrire

Citation :
notre héros suit-il vraiment une femme bien désignée ou la passion elle-même ?


Le fou de Layla était amoureux de l'Amour et non d'une femme, et il évoque très bien cette ivresse du désir que vous abordez dans vos explications
Citation :
"C’est bien trouvé cette allusion au VIN ... le désir est là aussi multiple et il faut s'enivrer de tout pour pouvoir le "sentir"



" Je ne l’aime pas pour son enveloppe extérieure… elle n’est pas enveloppe extérieure

Elle est comme une coupe que je tiens et dans laquelle je bois du vin.

Je suis amoureux du vin auquel je m’y abreuve

Tu ne vois que la coupe sans percevoir le vin

Mais à quoi me servirait une coupe d’or si elle était remplie

De vinaigre ou de quelque chose d’autre que le vin ?

Pour moi une vieille gourde cassée remplie de vin est mieux

Que cent de ces coupes. "


Enfin quand je vous lis écrire que vous vouliez une idéalisation de la femme, des femmes dans Ijjou, je gage que vous avez réussi, : Un idéal est comme un mur trop lisse sur lequel je glisse pour pouvoir le grimper, qui m'empêche de voir ce qu'il y'a derrière d'Humain, de faillible, les petits trous, les reliefs, les défauts sont les failles qui font passer la lumière et qui me permettent de le grimper, voir l'essence d'un être suer à travers, celle d'un personnage pour pouvoir l'apprécier.


Passage 5 et l'épisode avec le fquih : Et j'ai envie d'écrire, vu mon état de fébrilité "Kass m'a tuer".
Je vous explique, j'ai des palpitations physiquement en lisant vos explications, sans que vous le sachiez, ou vous le vouliez, vous avez levé un voile épais sur une partie de mon enfance que j'avais totalement oublié. C'est thérapeutique. Je me déplaçais souvent avec mes parents, plein de contrées, de pays visités, pleins de souvenirs recueillis. Je ne suis pas berbère, ni eux, et nous ne faisions que du tourisme quand j'ai séjourné avec eux à plusieurs reprises dans l'atlas.

Oui mais pas n'importe quel "tourisme" : chez l'habitant, en se fondant dans le décor, en participant. Nous ne savions jamais où nous allions atterrir, et y'avait aucune nécessité à cela, jamais dans l'atlas car là où nous arrêtions notre voiture, papa allait vers l'épicier, celui qui sait tout, chez lui y'avait toujours quelqu'un pour nous inviter chez lui royalement, parfois nous étions gênés de tant d'hospitalité quand on voyait la personne égorger un mouton et faire un méchoui, mais discrètement avant de partir nous laissions de quoi remercier sans que les gens acceptent toujours à l'époque. C'était le temps de l'innocence à l'époque où là bas il n'y avait pas de télévision.

La soirée se passait à la chandelle, nous parlions à peine quelques mots en berbère desquels je n'ai retenu avec le temps que "awid aman" "awid aghroum", mais sans parler la langue, on se comprenait, je ne sais même plus comment, par quelle magie, on a eu parfois des fou-rires avec les enfants berbères (parfois en mettant des choses molles dans les souliers des adultes pour qu'ils croient que ce sont des scorpions en les enfilant..) mais souvent en évoluant avec eux depuis leur réveil jusqu'à la tombée du jour, en silence dans leurs tâches, juste des regards et des sourires convenus échangés. J'ai appris avec eux à grimper aux pommiers (teffah beldi) comme une chèvre. Et j'ai appris à faire une guitare à partir d'un bidon métallique d'huile pour voiture, et des tas et des tas de trésors de l'enfance, précieux.
Alors j'assistais à des événements, que moi citadine je notais sans comprendre..et parmi ces choses : Il y'avait les fameux "Taktobo" que j'avais littéralement enfoui sous des couches d'années, sans que rien ne vienne les déterrer jusqu'à vous.

Ces bout de papiers brunâtres que les femmes s'échangeaient en secret, parfois avec un bout de zinc qui les ferme, écrit avec une matière douteuse (je ne me souviens plus ce que c'est), auquel il ne fallait jamais toucher, sur lesquels parfois il fallait se coucher, et je me souviens même avoir entendu une femme dire à une autre (paniquée d'en avoir découvert un qui lui était peut être destiné dans les affaires de son mari) d'une voix basse qu'il fallait pisser dessus pour en annuler l'effet.

Tout ça et plus encore, ressort, et coule à présent avec émotion, les souvenirs fusent encore et encore et ne s'arrêteront pas.

Merci donc doublement pour vos explications.

la fin :

J'ai bien fait de demander, je me suis sentie frustrée de ne pas l'avoir ni prévue, ni cernée. Il n'y en avait donc pas, me voilà soulagée. Cette fin ouverte est un choix audacieux mais risqué : le rythme de votre nouvelle s'est accéléré, et c'est la partie la plus passionnante car d'autres personnages, des déplacements sont venus l'étoffer, cette fin je la réclamais donc, vous avez attisé ma faim d'en avoir une et vous m'en privez pour que je puisse m'en fabriquer celle que je voudrais.
Personnellement, dans cette nouvelle : c'est une de votre choix qui m'aurait convenu, mais ce n'est qu'un avis personnel.


Pour conclure :

Cher Kass, je sais combien il est difficile de communiquer une part d'universalité dans une culture aussi complexe que celle berbère. Et vous avez réussi, à mes yeux d'arabe. Aux yeux d'un(e) occidental(e) c'est peut être pas évident encore, mais j'ai foi en votre plume, vous pouvez.

Pour moi vous m'êtes déjà précieux, et je vous explique pourquoi : J'avais la nostalgie de la culture berbère et j'avais découvert ainsi un nombre de poètes et d'écrivains que j'espérais lire et y apercevoir un peu de ces trésors de beauté qu'elle recèle. Le seul que j'ai aimé dévorer c'est Mohammed Khair-Eddine : l'enfant terrible de la littérature marocaine, celui qui inspiré de Faulkner, Joyce, Céline, Kafka, a été chassé du Maroc depuis Agadir tant sa plume acerbe, acérée a défié la censure.

Mais si lui aborde la culture en vomissant, en crachant, en tranchant dans le vif parfois sans mâcher ses mots (qui aime bien châtie bien), vous me l'abordez dans un aspect plus humain, plus esthétique, les deux se complètent pour étancher ma soif de cette culture, les deux me sont nécessaires.

Aussi continuez à ouvrir votre monde, n'effacez pas son identité au nom de l'universalité, mais n'hésitez pas non plus ici à venir engager des discussions, nous éclairer, nous apprendre à vous lire tout simplement, et croyez moi cet apprentissage, que vous m'accordez aujourd'hui est payant.


PS : pardon pour les fautes, j'ai tapé vite, là où je suis je ne peux pas me relire.

Contribution du : 21/08/2014 16:07
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Re : A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
Chevalier d'Oniris
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Bonjour. .
Franchement, vos analyses, car elles le sont, ont ouvert des portes d'interprétation bien séduisantes. .. je les ai parcourus plusieurs fois..et je loue la magie de la littérature qui permet de telles communications/communions. .ah ! La montagne, l'atlas, l'écriture. . Tous ce que vous avez raconté, moi je l'ai vécu profondément. .d'abord lors de mes voyages estivales enfant chez mes oncles et mon grand-père au sud.. puis lors d'un certain nombre d'années pour le boulot au haut atlas central... et les voyages s'accompagnaient toujours de découvertes et d'écriture... ce désir qui me tenaillait de dire à chaque fois. ..mais se posait cet obstacle de l'exotisme. .qu'il fallait à chaque fois contourner. .contrairement à nombre de nos "grands écrivains francophones. .une majeure partie de ma culture est occidentale/française. .apprise à Casablanca où je suis né et je vis..donc peu m'importe d'épater, tout petit écrivain que je suis.cet occident et ce désir de plaire en parlant de ce qui "marche" littérairement aux yeux de certains ..et mon maitre en cette attitude est bien sûr Khaiteddine..que vous citiez avec bonheur...mais reste que le plus important est de reussir à écrire sa phrase. . à maîtriser sa fiction et son poème comme il l'a si bien réussi lui. ...,

Contribution du : 22/08/2014 12:12
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Re : A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
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"et mon maitre en cette attitude est bien sûr Khaireddine"

C'est rare où je croise un de ses lecteurs. Et puis habiter à "l'ogresse" (j'appelle Casa ainsi) est une source d'inspiration continue, pas pour sa beauté...mais tout le reste.

Petite anecdote : J'ai croisé la route de Mustapha Al-Masnaoui (auteur arabophone qui a été mon prof d'arabe, je l'embrasse fort si par miracle il me lit) qui m'a révélé en 95 qu'il existe un auteur francophone méconnu et stade avancé du cancer, qui mourra au Maroc sans un hommage digne de ce nom. J'ai accepté d'en organiser un, en guise de projet d'école. J'ai appelé un peu le tout Casa à l'institut culturel Français (à l'époque dirigé par le frère de Didier Bourdon), et j'ai fait le projet sans lire grand chose de lui par manque de temps. Une course contre la montre avant qu'il ne meure et mon premier projet dans l’événementiel. Résultat, ça a été un véritable massacre à la tronçonneuse! Et pour cause, dans les coulisses j'ai eu des artistes ivres qui se sont cognés dessus (dont le respectable hadj Younouss directeur du conservatoire de Casa)..De l'autre côté du rideau, ils m'ont assuré n'avoir rien remarqué car les amis de Mohammed et les artistes se succédaient pour lire des passages ou raconter des anecdotes de sa vie, mais j'en ai été tellement traumatisée tant j'ai essayé de séparer les gens en faisant le tampon, de régler des soucis pas possibles, qu'il était hors de question que je touche un de ses livres après, essayant d'oublier cette déception.

Des années après, c'est en Algérie qu'un libraire me colle entre les mains "Le déterreur" (73) alors que je cherchais du Mimouni. Ce fut une véritable gifle, une claque que de lire des lignes comme celle-ci dans le taxi du retour.

"Je te fausserai compagnie quand il sera question de toi, de tes frères, de tes ersatz et des maquereaux habiles que tu paies pour faire d'un artiste un bouffon, et d'un écrivain une loque géante (...) Il était question de moi dans une bagarre. Paraît que je ne devais pas continuer à exister. Papa-le-mauvais-zèbre attendait quelqu'un d'autre et c'est moi l'arrivant! Je ne lui plaisais pas. Avait il pressenti que la chaîne allait se rompre par ma faute, on voulait que maman-la-vieille-chienne lui pondît un coffre?"

J'ai dévoré ses autres livres à qualité inégale, mais quel régal de voir un maghrébin à la langue trempée de vitriol. Vous avez donc là un excellent et honorable maître Kass en matière de "je n'écris pas pour faire plaisir" et je vous souhaite sincèrement que vos textes soient lus, peu importe où, et appréciés à leur juste valeur.

Contribution du : 22/08/2014 19:08
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Re : A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
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Bonjour

je voulais répliquer dès que j'ai fini la lecture de votre message, mais j'étais fort occupé à ne rien faire, c'est à dire à lire, à griffonner, à flâner et à fréquenter, le soir, les bars.. et là j'ai un sourire large en pensant que j'aurais pu être parmi vos invités ce jour où vous aviez l'idée lumineuse de rendre homme au grand Khair eddine.. mais j'étais en ce temps-là dans mes montagnes et je ne fréquentais le CCF ( l'ancienne appellation de l'institut français) que durant les vacances scolaires.. et et un autre sourire, plus large, se dessine sur mes lèvres en relisant votre "mésaventure" avec notre "crème" des arts et des lettres, cet amas d'individus frustrés en mal de tant de choses et que la bibine met à plat, où il y a bien d'authentiques créateurs, mais aussi pas mal de faux et de pseudos intellos.. je connais ce nom que vous citiez.. heureusement; il n'est pas mon ami..
par contre Mustapha Masnaoui est un ami et on se connait.. on s'est vus régulièrement lors des festivals de cinéma, c'est un bon critique de cinéma, un nouvelliste de talent, un singulier chroniqueur humoristique, et un grand militant culturel et politique aussi.. d'ailleurs le fait qu'il vous fasse connaitre Khaireddine le montre bien..
AH ce Khaireddine, il a eu en 1979 l'idée ( heureuse ou malheureuse ???) de revenir au pays.. il n'as pas été bien ménagé, et vu sa réputation de picoleur "infréquentable" au différents zincs de la capitale, vu sa rage de dire haut ce qu'il pense de l'Etat, de cet écrivain et de ce politicien, ses souvenirs de Paris, de Sartre et Simone, ses histoires des "mains blanches " ( selon l'expression arabe) qu'il a prodiguées à des écrivains marocains francophones, ingrats selon lui, .. et surtout quand il avait les poches vides ayant bouffé tous ses droits qui lui parvenaient de France et d'ailleurs.. alors là tous les piques-assiettes se cachent dans les ombres et le fuient.. alors imaginez sa hargne et sa colère .. je ne l'ai pas fréquenté mais tout le monde raconte ces choses-là , ça fait partie de sa légende.. une partie m'en a été raconté un jour par le réceptionniste de l’hôtel Balima de Rabat qui l'a accompagné lors des ces virées durant les dernières années de sa vie.. Balima où il avait sa chambre .. l'employé pleurait en la racontant..
Imaginez s'il était resté à Paris !!!
Enfin l'écrivain nous a laissé ses œuvres et c'est ce qui compte

Chère Uranie76, vous parlez de déception.... eh oui, notre lot à nous ici c'est d'être déçus à chaque fois.. mais heureusement que le foi en l'écriture me sauve, moi, ou je le crois, et j'ai réussi à publié un recueil à compte d'auteur ( comme 95 pour cent de nos écrivains) et heureusement qu'un autre recueil a été sélectionné par une commission de lecture instaurée par note ministère de la culture et sera publié par un petit éditeur ( il n'y en a pas de grand chez nous d'ailleurs).. en attendant de sortir d'autres .. mais je continue à placer mes nouvelles ( expression empruntée à un autre de mes maitres Henri Miller) et j'en ai pas mal...... par bonheur il y des sites de qualité comme notre ONRIS, avec ses talentueux auteurs et organisateurs avec qui on peut VIVRE la littérature et pouvoir avancer vers le meilleur..
mes amitiés...

Contribution du : 27/08/2014 17:23
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Re : A propos de la nouvelle "Les sens de la passion", réponses à Uranie76
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Je suis mal placée pour vous reprocher le temps de réponse Kass, la priorité étant toujours au réel.

Citation :
Mustapha Masnaoui est un ami et on se connait


Je n'ai pas hésité à évoquer son nom et lui envoyer une bise, parce que..internet m'a réservé en la matière de super belles surprises ces dernières années, des gens dans des pays, contrées où je n'ai plus remis les pieds qui m'ont fait un coucou inespéré, un peu comme la lampe d'aladin, on frotte un peu et le génie apparaît. Et pour une surprise, c'en est une! Je suis tentée de vous donner plus de détails par MP pour que vous lui passiez mon bonjour quand vous vous croiserez, ça remonte à il y'a presque dix ans. Il y'a des personnes tournants dans notre vie et il en fait partie, et ce qui m'a marqué chez lui c'est sa modestie, son humilité, sa générosité à partager. Je ne me souviens d'aucune leçon d'arabe qu'il a enseigné, mais je me souviens de toutes nos discussions sur la littérature marocaine et arabe, la musique égyptienne et même le cinéma. Infiniment heureuse donc d'avoir de ses nouvelles! Sans lui je n'aurais pas découvert la littérature de ce pays..sans lui je n'aurais jamais vu "Al Bostagui", j'aurais jamais lu la revue Souffles et découvert les auteurs qu'il y'a eu derrière. Je n'aurais connu du maroc comme tant d'autres que Tahar Benjelloun et son exotisme marchand et Driss Charaïbi. Il m'a ouvert tout un monde, le vrai monde de la littérature marocaine. Je le lui dois.

Citation :
ses souvenirs de Paris, de Sartre et Simone,


ça me revient aussi, j'ai ouï dire pendant l'hommage qu'ils l'avaient pris sous leur aile, et il était aussi proche de Mitterand, des anecdotes me reviennent maintenant (une histoire d'emprunt en francs à l'époque entre les deux).

Citation :
Imaginez s'il était resté à Paris !!!


Et imaginons si Peter Bowles n'a pas rencontré la route de Mohamed Choukri , et si son chef d'oeuvre "le pain nu" n'ai pas été traduit en anglais lui amenant un peu de reconnaissance pour qu'il se lance dans cette aventure et laisse à jamais son empreinte en nous comme il l'a fait. Je l'ai connu aussi grâce à Masnaoui tiens. Vous évoquiez la misère et l'alcool..Choukri n'était pas mieux loti, il est même un symbole de l'ingratitude du pays arabe envers ses auteurs, ses écrivains, sa vraie crème, celle âpre, crue, celle qui l'aime en écrivant sans aucune atténuation. Et pourtant il écrivait dans la langue vernaculaire du pays, même pas en arabe classique moins accessible.

Vous décrivez en parlant de Khaireddine, et je sais que vous le savez, l'état malheureusement de plusieurs hommes de lettres maghrébins surtout marocains, leur sensibilité, leur extra-lucidité et leur conscience leur fait porter le poids des travers de la société, de la politique, de la misère humaine plus que les autres, et ce poids quand il n'est pas partagé par manque de diffusion, finit par les abîmer, et les tuer (l'alcool, la solitude, la pauvreté de ne pas pouvoir vendre ce qu'ils produisent..etc). Je suis sûre, vous qui fréquentez ces gens que vous avez plus d'un exemple d'homme lettré qui a fini sa vie misérablement.

Le plus dur à digérer c'est qu'il n'y a que les auteurs "exotiques" (parce qu'il écrit des cartes postales marocaines à mes yeux magiques et mignonnes) comme Tahar Benjelloun qui ont tiré leurs épingles du jeu, vendu et ont été reconnus jusqu'en occident.

Citation :
et sera publié par un petit éditeur ( il n'y en a pas de grand chez nous d'ailleurs)


J'en achèterai un avec un immense plaisir. Dans chaque pays arabe visité j'aime flâner et chercher les petites ouvrages des petites maisons d'édition, qui ne payent pas de mine, rares..parfois on tombe sur des libraires cultivés et avertis et qui commencent à nous sortir de nulle part des petits trésors publiés en édition si limitée (parce que pas vendus..). Je vous avoue que ces moments là je jubile, j'exulte, je suis excitée comme une môme pendant une chasse au trésor..et je garde précieusement pour mes enfants, pour qu'ils aient une identité arabe forte quand ils commenceront à lire malgré qu'ils soient à moitié occidentaux. Puisque sédentaires dans un pays occidental à présent, les écrivains arabes glanés leur permettront je l'espère, d'entretenir cette Arabité (dont leur maman est si fière) et que moi seule je ne saurais jamais leur transmettre.

Enfin j'ai envie de vous écrire "je vous lis" . Oh pas que les mots que vous marquez avec beaucoup de pudeur et de retenue, mais les petits points de suspension, et les blancs, et ce que vous évoquez en silence comme entraves..je ne sais pas tout, mais j'ai une idée pour avoir eu la chance de croiser la route de gens qui se battent pour publier au Maghreb..j'ai une idée la guerre stérile, coûteuse, et usante que c'est. Je vous souhaite le meilleur dans cette expérience, et ces petits miracles de portes qui s'ouvrent parfois quand on ne les attend plus..


Citation :
par bonheur il y des sites de qualité comme notre ONRIS, avec ses talentueux auteurs et organisateurs avec qui on peut VIVRE la littérature et pouvoir avancer vers le meilleur..


Amen Kass, Amen...

Contribution du : 28/08/2014 13:25
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