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Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
Expert Onirien
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Toujours un peu la boule au ventre, de se connecter après publication… La crainte à nouveau que le texte soit un peu trop ‘compendieux’ (merci Anna, de m’avoir enrichi d’un mot !).

Puis à vous lire … ben, la récompense : on n’est pas resté pour rien en tête à tête avec du papier et un écran – ça résonne ! Alors, beaucoup d’émotion reconnaissante. Qu’on le répétera jamais assez : là, toute la richesse de ce site, ce qui fait qu’il est irremplaçable. Pas un simple réseau, une vraie communauté. Merci.

L’exercice périlleux, ensuite : l’exégèse par l’auteur. Un peu présomptueux, risqué… On est parfois rebuté après avoir goûté un plat, d’apprendre qu’il contenait tel aliment, ou que la recette en est bien pauvre… Remettre les échafaudages ? Alors que le texte tient debout tout seul, et suscite des lectures qu’on n’a pas vues soi-même : « les geôles d’un vieux château », la « grotte préhistorique » de Cyrill, les Centuries de Nostradamus ou l’allusion à la terre d’Annick, les « allures de cathédrale » de Senglar, le ‘strip tease’ de Bodelere, le ‘cold wave’ de Raoul, « Jack le tueur de géants » / « et le haricot magique » de StephTask...

Donc juste quelques-uns des chemins qui ont amené à ce que vous avez lu, mais rien au-delà, où commence la lecture, seule chose qui compte en fait…

1) Le titre : pourquoi en anglais (Papipoete, Lulu) ?

D’abord, pour n’avoir pas trouvé d’équivalent en français… ‘Inenterré.e’, ‘Inenseveli.e’ seraient des néologismes balourds, ‘sans sépulture’ ne me semble pas exprimer l’ambiguïté de sens : à la fois, ce qui n’est pas encore enterré.e mais encore vivant.e, ET qui ne le sera pas, restera sans sépulture. Et puis, l’adjectif ne s’accordant pas en genre en anglais, est-ce une locutrice ou un locuteur ? Qui ne parle pas la même langue. Donc en effet quelque chose d’obscur, d’inquiétant pour lui/elle (Miguel).

Ensuite, c’est un hommage caché à quelqu’un qui fut essentiel dans mon parcours, Ezra Pound. J’ai trouvé le mot dans son Canto I : ‘Unburied, cast on the wide earth / … Unwept, unwrapped in sepulchre…’ : « Sans sépulture, laissé sur la vaste terre / … sans pleurs, non enveloppé d'un sépulcre... » Le destin de ‘qui-parle’ dans mon petit machin...

2) La comptine

Autre hommage – autre transmission. Dont la première strophe a « bougé », entre le moment de la proposition pour avis et celui de la publication. Elle donne ça dans mes brouillons désormais :

Affreux gardiens aux 14 yeux / De cette vie féconde / Celle-que-vous-teindrez-de-bleu / Va réparer le monde

pour en lever l’ambiguïté « eschatologique », même si cela me coûte qu’on ne puisse plus y voir la terre (Annick) ou l’attente d’un désastre (Angieblue)

Tout est inspiré de ce double chef d’oeuvre, graphique et cinématographique, qu’est Nausicaä de la Vallée du Vent… Triple, si on considère que Mononoké en est en grande partie un remake, avec une fin néanmoins beaucoup plus inquiète… Magistrale œuvre écologico-post-apocalyptique, par ailleurs d’une violence (surtout le manga) que celles et ceux qui ne connaissent Miyazaki qu’à travers Totoro, Kiki ou Ponyo auront peine à imaginer ; mais si mon petit texte peut vous amener à lire / relire, voir / revoir, j’aurai pu n’avoir que des ‘Vraiment pas’, peu importait !! :)

Donc pour l’anecdote (car tout est sur Wikipedia, pour les curieux) :

- les quatorze-yeux sont des « omus », sorte de gigantesques cloportes dotés de 7 paires d’oeils… ;

- celle-en-bleu, Nausicaä, avec référence délibérée à Homère dans l’original ;

- la Princesse en armure, (si, si, Angieblue, c’est possible ! ;) : Kushana, incarnation (dans le film) d’une approche ‘technologique’, ‘maître-et-possesseur-de-la-nature », ce qui lui a fait perdre un bras, probablement les jambes, donc ses capacités à procréer… Elle est donc à moitié métallique...

- le roi « traitre, peut-être incestueux » (ça, je n’y avais pas pensé, Anna ! mais Peau d’âne, c’est un traumatisme d’enfance, indeed…) : l’empereur Vuh, son père, un vicieux en effet…

C’est de l’avoir relu et revu récemment qu’est ‘parti’ le poème… Plus jeune, j’avais adhéré avec enthousiasme à l’optimisme final : aujourd’hui, c’est devenu impossible, jusqu’à l’angoisse. « D’un air d'enfance mais pas gnangnan, pour se terminer sur la désillusion, celle sans doute de l'âge adulte », c’est un peu ça (Ioledane)…

3) l'entre-deux :

... comme une dégringolade en effet (Jemabi), entre l’optimisme de la première version de la comptine, et la noirceur de la seconde, qui essaie d’éviter pour autant tout manichéisme… La 2ème strophe étant comme le revers, plus claudiquant par sa métrique et ses rimes, de la première.

Au delà de la possibilité (réelle) d’un ‘effondrement’, c’est la question d’imaginer le ‘dernier’ humain… De ce qu’il/elle pensera, pourra penser, quand il n’y aura plus de transmission possible. A qui parlera-t-iel ? D’où la confusion (Vilmon, Papipoète), délibérée, qui violente un peu les « lambeaux de vers » (Raoul) – absence de pronom, machines qui sont peut être les mains ridées de sang – avec des mots qui se font rares (compendiosité…) voire tragiques (Miguel).

En fait, c’est au départ un autre couple ‘alexandrin / octosyllabe’ :
« Et près de l’âtre noir où clinquent des machines
Tes mains, ridées de sang, sont vides"
que j’ai dû cabosser un peu, parce que ça faisait trop solennel, symétrique, propret ; et que la version retenue est plus riche d’incertitudes...

J’avais aussi deux histoires en tête :

- Celle de Boa Sr, découverte en 2010 au détour d’un article de presse (Time Magazine) qui relatait son décès. Elle était la dernière à parler Bo, une langue des îles Andaman, dans le golfe de Thaïlande, colonisées par les Britanniques puis passées sous souveraineté indienne. Boa Sr avait été forcée d’apprendre l’hindi. A la fin de sa vie, des ethnologues ont enregistré les bribes de la culture Bo dont elle se souvenait encore. Elle était triste, rapporte l’article, de se souvenir de si peu, faute de gens autour d'elle avec qui parler en Bo.

- On lit aussi que les Tasmaniens, lorsqu’ils ont compris qu’ils ne pourraient pas résister à l’envahisseur britannique et à son entreprise de destruction de leur culture, refusèrent d’aller à l’école des missionaires protestants, et se laissèrent mourir. La dernière Tasmanienne, Truganini, s’éteignit vers 1876. Elle n’a eu droit à une sépulture qu’en 1976. Ses restes ont fait entre temps partie des collections d’un musée ethnographique en Australie et de celles d’une école de médecine en Angleterre.

(pour cela que, en écrivant, c’est pour moi une vieille femme qui parlait… et qu’elle fait face à une menace en anglais ?).

Histoires déjà dramatiques, et préfigurations de ce qui nous attend, peut être, à une tout autre échelle ? d’une extinction humaine de masse voire totale ? Mallarmé a dit quelque part à Jules Huret que le monde est fait pour aboutir à un livre ; mais s’il ne reste plus personne pour lire ce livre, pour le dire – car j’y tiens aussi (Senglar, Cyrill, Anna !), la poésie est avant tout ‘vibratoire’, ‘inanité sonore’ – pour le partager ?

Aussi j’avoue : il m’arrive parfois dans mes accès de noir complet, d’imaginer Oniris comme une préfiguration d’un de ces derniers bastions de ‘survivants’, « château médiéval », « grotte préhistorique », vestige ultime d’un monde avant la catastrophe et l’effrayant silence des espaces infinis – si seuls nous sommes « l'écoute et la mémoire » (en effet pivotal, Raoul, et donc méritant un dodécasyllabe). Alors ce sera la dernière fois que quelqu’un dira la Beauté (de là que « l’Edit » m’est précieuse, Eskisse !…).

L’occasion donc d’exprimer ma gratitude renouvelée aux ‘Figures Fondatrices’ de ce site, aux Organiris qui en assurent le fonctionnement régulier, à toutes celles et tous ceux sans qui la mise en ligne « impeccable » et le partage de nos textes seraient impossibles, à tous les contributeurs réguliers ou dilettantes – et de dire mon espoir, quand même, que ce partage puisse continuer longtemps, ensemble. Raison de la citation en exergue, très légèrement modifiée, d’un vers de M.C. Bancquart, grande et rigoureuse poétesse du clair-obscur…

Bon c’est chouia longuet… Et promis, le coup prochain, je propose quelque chose de plus léger…

Merci à tou.te.s,

Belle journée, tant qu’il en reste ! ;)

E.

Contribution du : 04/08/2022 12:06
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Je me sens tout petit devant un retour de cette classe. "cathédrale" ! Je confirme !

Les commentateurs vont prendre la grosse tête avec des retours pareils.

Contribution du : 04/08/2022 12:40
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"Je suis le Ténébreux,- le Veuf,- l'Inconsolé,/ Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :/ Ma seule Etoile est morte,- et mon luth constellé/ Porte le Soleil noir de la Mélancolie." "El Desdichado" G. de Nerval
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Bonjour EtienneNorvins,

Merci de votre retour pas si "longuet" que ça. Le fil de discussions sur les récits est ouvert pour poursuivre la lecture, d'une certaine façon.

Je remarque que mon interrogation est restée sans réponse. L'absence de pronom dans le vers suivant m'a interpellée sans que j'y trouve plus de clarté en relecture.

"ainsi chantais en berçant l'histoire"

Je devine et suppose au vu de votre explication, mais ma question, c'est pourquoi n'avoir pas mis de pronom ?

Contribution du : 04/08/2022 12:42
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
Visiteur 
Merci pour ce retour assez passionnant et détaillé, Etienne (je suis fan de Miyazaki et j'ai raté l'allusion sur le coup, shame on me) Maintenant tu pourras mettre du compendieux à toutes les sauces^^

Contribution du : 04/08/2022 12:52
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Bonjour EtienneNorvins

J'étais à mille lieues de retrouver l'univers de Nausicaa et la Vallée du vent ( que je rêve de voir depuis longtemps) ,n'ayant vu que Le voyage de Chihiro et Le château dans le ciel.
Mais votre poème a eu le mérite de déchaîner l'imagination des lecteurs!

Merci pour ce retour.

Contribution du : 04/08/2022 12:55
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Merci EtienneNorvins pour ce retour éclairant.

À chaud, j'ai moi-même des passages très noirs très vides au sujet de notre humanité finissante et promise à l'extinction, me disant que cet Oniris sera un de ces derniers îlots émergés sur lesquels survivra un peu de l'esprit humain.
J'ai par bonheur accosté à ses berges et j'en suis bien heureux.

Beaucoup de références qui m'échappent dans votre poème mais j'en ai senti cet aspect apocalyptique. Comment ne pas être imprégné, aujourd'hui, de cette inquiétude ?

Contribution du : 04/08/2022 13:07
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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bonjour cher poète
Il y a toutes sortes de poésies ( la mienne, qu'un enfant pourrait lire, me suivant à travers la nature, ou bien au gré de mes nombreux printemps... sans qu'il demande sans cesse : " dis papi, c'est quoi un friselis ? dis papi, c'est quoi un " messire qui ripaille ? " ) et l'autre...
celle qui montre au gré de ses lignes, tout au long de ses vers, combien son auteur est cultivé, à quel point il écouta le prof quand il parlait !
C'est pourquoi, lorsqu'un texte m'apparait hermétique, mais que son contenu brille par son lexique, ne pouvant en goûter le sel, j'en arrive contrit, à être sévère et " n'aimer pas " ; mais ne suis point surpris, sachant la qualité de nos oniriens, de voir ce poème apprécié, même savouré...
papipoète

Contribution du : 04/08/2022 14:40
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Merci AnnaPannizi et EtienneNorvins pour le mot "compendieux" que je ne connaissais pas. Je ne l'ai d'abord pas trouvé sur le dictionnaire Larousse de poche, mais Internet m'a aidée, y compris la version numérique du Larousse.

Pour ceux qui ne l'auraient pas lu et qui ne connaîtraient pas non plus : concis, laconique.

Contribution du : 04/08/2022 14:46
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
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Merci Étienne pour toutes ces explications très claires sur le processus artistique. En vous lisant, on a réellement l'impression d'entrer dans la tête d'un auteur. Je vous rassure tout de même : après avoir lu ces explications, votre poème conservera tout son mystère pour les futurs lecteurs.

Contribution du : 04/08/2022 16:23
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Re : Unburied - grands remerciements et petite cuisine...
Expert Onirien
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Citation :

senglar a écrit :
Je me sens tout petit devant un retour de cette classe. "cathédrale" ! Je confirme !

Les commentateurs vont prendre la grosse tête avec des retours pareils.


Et avec des retours pareils, vous mettez les chevilles de l'auteur à rude épreuve, Senglar !

Contribution du : 04/08/2022 19:17
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