En tout cas, notrac... tu confirmes bien ce que nous essayons d'éviter de publier comme texte, en ce qui concerne le fond, plus particulièrement.
On ne recevra pas forcément de la même manière des critiques sur un texte autobiographique que sur un autre type de texte. Pour celui-ci, il y avait quand même une certaine distanciation et l'accord de l'auteur qui se sentait prêt à entendre a priori.

Je te trouve là sans concessions, mais honnête par rapport à ce que tu penses. Je ne crois pas que l'auteur ait voulu attirer la compassion.
Après il y a la question de l'écriture... et de la transformation que cela suppose. On peut écrire sur n'importe quel sujet, mais de manière fort différente.

Comme ceci, par exemple :

"Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche."

(Recueillement, Baudelaire)

Oui pat, c'est vrai sauf qu'avec Baudelaire, je vois une poésie...
Avec le texte en question, un cri inaudible à mon coeur c'est tout.

Pas de compassion? D'accord... Pour moi juste un très mauvais texte alors.

Merci Pat

pour ce poème que je ne connaissais pas ...

(mais non je rigole)

Dire que l'on peut écrire sur tout, d'accord, mais pas n'importe qui.

C'est évident ! Ce qui compte c'est l'écriture. je suis bien contente d'entendre ce genre d'écho (à mon étoile... bon elle est facile celle-là !).

Oniris est un site d'écriture, où l'on s'essaye avec plus ou moins de bonheur. Si seulement, on pouvait un peu plus s'attacher à la manière dont les choses sont dites plus qu'à la pseudo originalité des textes. Si seulement on pouvait commenter les textes par rapport à l'écriture (qui n'est pas que le style... il y a aussi la composition, le déroulé narratif, etc.)... mais je sais que tout ça n'est que chimères de ma part... Et puis, ce n'est malheureusement pas l'objectif de tous les auteurs d'apprendre, d'entendre différents sons de cloche... de se servir de ces commentaires pour s'améliorer, pour se distancier de leurs écrits... C'est sans doute pour ça que je ne commente plus... entre autres.

eh bien j'ose...
juste avant de partir de vous donner l'impression que l'on a lorsqu'on est de l'autre côté des biens-portants

Les yeux fermés je laisse mon esprit rejoindre le cône bleu frangé de blanc intense qui s’anime sous mes paupières. Le sang bat à mes tempes et puis dans mon cou, et j’ai l’impression que mon oreiller est lui aussi un cœur qui palpite
Mes cheveux sont collés par la sueur : Cette sueur froide, collante, d’un corps que la fièvre quitte.

J’attends

J’attends que s’installe en moi l’assoupissement qui vient quelques minutes après la piqûre salvatrice.

J’attends

Et j’ouvre les yeux un instant.

Cristalline est la goutte qui de la poche pendue vient éclater dans la bulle de verre et puis suit le chemin d’un tuyau plastique jusqu’à ce corps étranger que l’on m’a greffé sous la peau pour recevoir la chimio…

Etrangement je me sens bien à présent. !

je suis du regard, la course d’une mouche qui se cogne à la fenêtre.. Elle serait si bien dehors, alors que le mois de mai fait fleurir les lilas.

Tous les soirs je guette le retour des corbeaux qui colonisent les grands arbres.

C’est l’heure bleue où les lumières du plafond s’allument.

L’équipe de nuit va bientôt venir faire sa ronde

Odeur de tisane…et ma douleur qui s’efface doucement… doucement….

Je dors !

Je ne sais pas si je vais éloigner le sujet là Pat, mais j'aime beaucoup ce que tu dis sur la distance qu'un auteur doit, ou peut prendre par rapport à son texte...
Il me semble que l'on est tous à peu près conscients du fait qu'il y a forcément un peu, voire beaucoup de nous-même dans notre manière d'écrire, après il me semble aussi... et j'ai notamment appris cela sur Oniris, que l'on est tous très différents, et heureusement, en ce qui concerne l'utilisation de notre propre charge émotionnelle, cette matière qui va nous aider à imaginer un personnage, sa psychologie, son physique, son vécu, et une histoire...
Si cette matière brute, cette pierre à sculpter provient trop directement de nous-même, de ce que l'on est intimement, alors on "est" le texte, on souffre avec lui et le pire comme le meilleur peut nous arriver si quelqu'un l'aime ou le dénigre...
Si, en revanche, comme tu le dis très bien, on prend de la "distance" par rapport à ce que l'on écrit, en puisant dans l'observation des autres, du monde, de la vie... alors c'est assez jubilatoire ! Parce que, un peut comme lorsque l'on devient définitivement adulte, on est plus notre texte, on l'a créé et il devient autonome, bien sûr on sera un peu triste et très contents en cas de mauvais ou de bons jugements, mais cela ne remettra en aucun cas en cause ce que l'on est, profondément...
Pour la poésie, j'ai plus de mal à l'expliquer, il faudrait que d'autres en rendent compte, (je suis nulle en poésie... sans fausse modestie aucune, juste lucide c tout !!)

notrac voyons rien n'est grave... Ce ne sont que des mots.
Ils n'ont jamais tué personne. Blessé l'Ego parfois..et encore

J'ai trouvé le texte de Titefée magnifique.
C'est, à mon avis, l'exemple de ce qu'un texte sur la souffrance doit être : tellement beau que l'on se demande s'il est autobiographique, oui, mais en même temps on ne se le demande pas car ces mots si bien choisis et disposés ensemble se suffisent à eux-mêmes.

Je suis assez étonné qu'on puisse dire qu'un texte de soi n'est pas autobiographique.

En ce qui me concerne, tout ce que l'on écrit l'est :
Reste à mettre suffisamment de distance entre soi et le texte, à brouiller les pistes, et à tacher de ne pas se laisser dépasser par ses émotions au point de faire un truc nombriliste n'intéressant personne à part soi.

Quel intérêt en effet de montrer aux autres un texte s'il n'est écrit que pour nous ?

Vous allez me dire :

"Tu fais aussi de l'autobiographie quand tu nous parles d'un serial killer et de gamins qui se tirent dessus avec un flingue pour s'amuser ?"

Et moi de vous répondre :

"Oh oui, il n'y a pas que mon vécu et mes expériences dans mes textes : Il y a aussi mes cauchemars, mes fantasmes, les films ou livres que j'aime, et quelques personnes que j'ai pu croiser : Tout ce qui fait que je suis moi en somme (ou en Isère)."

Après, à moi de réussir (ou pas) de faire en sorte que ça ne soit pas "tellement" moi que ça vous semble de l'exhibition sans intérêt : Il faut que la douleur, les joies ou quoi que j'expose de moi même puisse résonner en vous, que ça déclenche une ou plusieurs émotions en vous.

Celui qui me dit qu'il invente tout, qu'il ne met rien d'autobiographique dans ce qu'il écrit : C'est un menteur ou un escroc, ça veut juste dire que dans ce qu'il écrit, il n'y a rien de vrai, il simule...

En poésie, plus que dans n'importe quel autre domaine à priori.
Je vois une flopée d'"experts" en poésie sur Oniris, ils chipotent sur un pied, une hémistiche, un temps, la métrique...

Moi : ça me fait doucement rigoler, la poésie, c'est affaire de cœur et de ressenti, c'est quelque chose qui va faire naitre un sentiment chez le plus grand nombre : Du bouseux de la creuse qui ne reçoit que TF1 au Tekos Parisien hype avec ses 1258 chaines.

Si la poésie était réservée à une élite cultivée et seule par là capable de comprendre ses secrets, des mecs comme Baudelaire ou Prevert n'auraient pas leurs noms partout sur nos livres d'école, il seraient passés inaperçus.

Mais ce n'est pas le cas, parce qu'un poème, quand il touche (et où qu'il touche), il le fait à 8 ans comme à 30, même s'il est vrai qu'on a plus d'"armes" pour décrypter les choses à 30 ans qu'à 8, c'est cette première impression qui compte, le reste, c'est du violon qui sent l'urine.

Je voulais dire aussi qu'on a pas tous la même définition de la vulgarité : Quelques grossièretés ne font pas d'un texte (et encore moins d'un auteur !) un texte vulgaire. Ce sont des mots, et les mots ils servent à communiquer une information, une émotion, peu importe leur origine, s'ils sont utilisés à bon escient et qu'ils touchent juste, tout est rattrapé.

Enfin, je voulais dire que le texte d'Ancelly m'a paru vrai, pas simulé et que "salope" me parait plus que justifié pour parler de Mam'zelle la douleur avec ses griffes pointues et son sourire de vieille pute hypocrite.

En espérant ne pas trop m'être perdu dans mes réflexions, j'ai bon espoir d'aider à faire avancer le Shmilblick.

"Un violon qui sent l'urine" excellent !
Sacré Cyber !

A part ça, je pense sérieusement à écrire un poème à propos de mon ongle incarné (titre ? : mon ongle cet enculé !) en espérant secrètement avoir autant de comms...

Widjet
(jaloux forcément)