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à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
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Bon bon bon, une fois n’est pas coutume, mais ça commence à faire beaucoup de fois, je ressens le besoin quasiment irrépressible de donner quelques explications sur mon poème :

(peut-être parce que je lis que la sonorité y est plus importante que le sens, ce qui n’est JAMAIS vrai dans ce que j’écris. Le sens est pour moi toujours le plus important. La forme est accessoire dans mon esprit tout bancal… je vous explique et je souligne que CHAQUE mot absolument chaque mot est pensé, pesé, réfléchi, comparé, enlevé, remis et validé...pfff)


Alors je vais essayer de faire les choses dans l’ordre pour vous expliquer un peu comment j’ai fonctionné et ce que j’ai eu envie de faire passer. Je vais pas vous donner toutes mes clés (ça va pas non ?) mais quelques unes sur le chemin pour que vous compreniez un peu mieux les zones d’ombre.

Je préviens, ça va être long.

J’avais écrit le texte en prose. Ce qui donnait un rendu assez lourd, quasiment sans aucune ponctuation, seuls les passages « botaniques » et la fin à partir du passage en italique étaient décomposés en vers libres. Je vous expliquerai comment j’y suis revenue… plus loin.

Le fond :

La frustration, l’amour, la passion mais surtout : L’Inspiration. Avec une majuscule pour le nommer, lui donner une personnalité, une identité propre.
La relation ambiguë qu’un artiste (écrivain, dessinateur, musicien peu importe) peut entretenir avec son inspiration.
Après chaque artiste personnifie un peu l’inspiration comme il le veut. L’usage le catégorise en muse, femme diaphane venant susurrer à l’oreille de l’artiste des vers inspirés.
Personnellement, je trouve mon inspiration ailleurs.
Souvent sous des traits masculins (sauf quand j’autofictionne ou que je narre mes copines… ce qui est plus que rare), parce que l’Homme me parle plus que la femme… me touche plus, aussi sûrement.
Donc, j’ai eu envie de mettre par écrit cette espèce de fusion destructrice mais constructive qu’on peut entretenir avec son muse…

Le contenu :


Pardon pour les puristes, j’ai l’esprit embrouillé et je m’exprime encore aujourd’hui de manière assez particulière (ceci vaut aussi à l’oral, résidu d’années de corrections d’un défaut de prononciation et d’une dyslexie coriaces) et les images qui me viennent sont souvent empruntes des choses que je pratique ou que j’affectionne. En plus viennent se mêler dans ce cas précis des correspondances personnelles.

Tout d’abord, j’ai plusieurs formes de rengaines, parce qu’il y a plusieurs choses que je voulais mettre en évidence.

- Les sonorités

Chaque passage composé de plusieurs vers suivis «d’inserts botaniques » est composé de deux phrases commençant par un « Elle ». D’ailleurs le poème tout entier est basé sur une construction en sons S et L. Le Es et le elle de Estelle.
Je voulais un poème qui se susurre, qui caresse comme une plume.

- Les inserts botaniques

Alors pour les inserts fleuris, je prends les fleurs pour leur symbolisme plus que par amour de la botanique bien que je sois passionnée de botanique sans pratiquer. (cadeau de mon papy Franz qui m’emmenait me promener dans les bois pour me montrer les plantes…)

« Un bouquet d’Immortelles dans un vase infertile et l’écho de leurs tiges qui aspirent le néant. »

Là, je prends les Immortelles. J’aime cette fleur. Déjà elles sont super jolies, on dirait des pompons colorés.
Ensuite, ça symbolise les plaisirs durables, les passions absolues, comme peut l’être l’art – ou l’amour – alors ça semble un peu plan plan, je m’en doute… mais je voulais quelque chose de très représentatif de l’intemporel, du plaisir.
Et pour donner l’impression de « rien n’est acquit » propre à l’éphémère de l’inspiration, je l’assortis d’un vase infertile (vide) et j’y fais résonner l’écho (ici je me représente un bruit semblable à la succion au travers d’une paille) des tiges (par lesquelles les fleurs coupées s’alimentent) qui aspirent le néant.

« Un pot-pourri d’Absinthe et son reflet, dégradé de couleurs et de courants de riens. »

Même procédé mais sur l’Absinthe qui aurait plus tendance à symboliser l’amertume, le désespoir. Toujours sur la panne d’inspiration. Et puis, aussi peut-être en ce qui me concerne, le côté inaccessible et fuyant de l’Inspiration.

Le pot-pourri est là pour figer… préserver la beauté de l’absinthe… et le reflet pour le coté dégradé. L’absinthe n’est pas particulièrement odorante (sauf si on apprécie le fenouil)… d’où les courants de rien.

« Et le vide suspendu à la fenêtre, parterres sous ses pieds de briques, lierre de ronces accueillantes. »

Oui alors là je me permets une licence botanique dont les origines resteront un mystère pour vous (si on vous demande vous direz que vous savez pas) sur le lierre de ronces. Bon là je marque clairement une opposition dans ce vers. Le vide ne peut bien entendu pas se suspendre mais c’est pour l’écho avec lierre suspendu, le vide qui rappelle au néant du vers sur les Immortelles et son vase. Les parterres pour accueillir. Les pieds de briques représentent le fait de rester figé.

« … elle cultive des Lilas mauves à son endroit… de ses nuits elle éventre sa raison qu’elle recoud du fil d’Ariane, »

Le Lilas mauve symbolise non seulement le fait d’apprécier déclarer (donc aimer dire ou écrire, retranscrire un sentiment) mais possède également une dimension d’inquiétude, de jalousie…
Le fait de les cultiver annonce un désir conscient et apprécié. Puis je plante (hon hon) le clou en éventrant la raison, une forme de pas dans la folie à la suite de choses qu’on ignore.

« Elle s’endort au toucher du sommeil Les Aconits bercent ses tourments »

Chene le faisait galamment remarquer, les Aconits : c’est du poison.

Symbolisant le danger… et là, là je fais mon petit clin d’œil personnel à ma princesse préférée.
Un up pour cette andouille de Belle au Bois Dormant. Au poison qui tue mais ne tue pas. Un BIG UP à tous les masos du monde et aux « tout ce qui ne me tue pas m’endurcit » de ce monde.
Je le cite, à dessein, peu avant d’écrire le mot mort... et renaissance... en fait je souligne le côté empoisonné mais agréable de la relation écrivain/inspiration. Le clash avec bercent justement pour accentuer encore un peu plus le paradoxe, l’ambigüité et en même temps le rapprochement entre les deux états. D’ailleurs le sommeil est ici aussi à prendre en double sens, puisqu’il calme les tourments mais en même temps, il tombe mal. Et représente la mort.

Bon, vous êtes toujours là ?
Vous en avez du courage !

- Les vers (basés en prose)

Là j’explique le minimum, juste pour parler de la rengaine sur jour/nuit que j’ai voulue pour vraiment opposer les deux moments.

Les rappels à l’art sous quelque forme que ce soit, parce que j’aime ça.

Dans le premier je dessine une toile, je pose le contexte, la tristesse et l’évidence.

Dans le second, j’écris un poème, je définis les limites (réel/irréel), mets les accents et les battements.

Dans le troisième je visualise, je sens, je touche, je respire… enfin voilà je mets du (des) sens… j’insère aussi une notion d’autonomie et de légèreté.

Dans le quatrième je parle d’amour. De ce que l’on crante trop, de l’aspect plus charnel, et l’Absolu… l’envie…

Le dernier en italique et qui s’achève (pas) sur Indéfiniment…
Alors là, je ne sais pas trop comment l’expliquer. J’ai eu l’idée de la première assonance en déconnant avec une copine sur le coucher du soleil et voilà, ça résume bien tout le reste.


La Forme :


Bon, je vais pas mentir, la première mouture de ce poème a été écrite en quelques minutes, en prose, avec une absence quasi-totale de ponctuation. Quand ça coule, ça coule… et là j’inspirais… j’inspire toujours mais là particulièrement. Semi-automatique, donc, mais retravaillé par la suite pour les symboles et les rengaines.

(pour vous donner une idée du truc, ça se posait comme ça :

Elle peint le jour à ses cheveux, une fois lavés les astres essorées les étoiles démêle la nuit de son peigne et lisse les nœuds de soie à ses mèches du bout de ses doigts.
Elle pleure les crépuscules au chant des cigales, noie les chagrins dans ses vers et le supplice de Tantale et ses rimes sanglotent les rendez-vous de Samarcande.

Un bouquet d’Immortelles dans un vase vide et l’écho de leurs tiges qui aspirent le néant.
)

Et puis j’en étais très contente comme ça. J’avais cette sensation d’urgence, de logorrhée qui m’est chère (hum) et pour moi le sens était top comme ça. C’est tout.
Alors, toute fière, je l’envoie à Oniris…
Et c’est là que je vois que je suis une buse en mise en page parce que si les images semblaient passer, le message derrière n’était pas apparu aussi clair que j’avais voulu le montrer.
L’unanimité du comité éditorial ou presque s’accorde à dire qu’une mise en page différente, une forme différente améliorerait la lisibilité (celui qui se marre prend un coup de fouet !).

Oui mais moi ! Je suis une buse en mise en page !

C’est là qu’intervient Patricia, son Earl Grey, sa patience d’ange et ses bons conseils. Qui m’a montré comment mettre une idée en évidence… sans avoir l’air de vouloir l’enfoncer dans les yeux du lecteur. Qui a passé des heures à tout relire avec moi, à m’interroger sur la pertinence de certains mots, de certains passages non ponctués, qui m’a resservi du thé et laissé enfumer tout son appartement sans perdre courage. Elle se joint donc à moi pour les mercis. Et je la joins à mes remerciements.



Je voudrais aussi dire à mon muse qu’il peut ne pas venir me visiter autant de fois que je le voudrais, peu importe… c’est mon muse… (je lui en veux, mais je l'aime, ça se voit hein...)


Bon y a surement d'autres choses à dires, je verrai selon les questions.

Merci à tous ceux qui m'ont lue et tant pis aux autres...

Contribution du : 17/10/2009 12:43

Edité par Estelle2L le 17/10/2009 13:00:14
Edité par Estelle2L le 17/10/2009 13:05:29
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Expert Onirien
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Bonjour 2L (le samedi je suis un peu fainéant, alors j'abrège...)

Merci pour ton long exposé sur le parcours de ton poème...
Il m'éclaire sur pas mal de points qui restaient en suspens dans ma compréhension.

Bon weekend

Chene

Contribution du : 17/10/2009 13:06
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Maître Pat de Velours
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Il est très intéressant de voir comment un auteur travaille son texte. Ici, rien n'est laissé au hasard, comme on peut le constater, ce qui anéantit les idées préconçues en ce qui concerne l'écriture automatique (qui n'est souvent qu'un point de départ et se retravaille difficilement en essayant d'en garder certaines fulgurances).

Je ne suis pas tout à fait d'accord sur le sens qui prime (en d'autres termes, le signifié qui prendrait le pas sur le signifiant). C'est même le contraire, en poésie. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de sens. Le sens n'est pas accessible d'emblée... L'analyse que propose Estelle ne se serait-elle pas faite après-coup ? On ne choisit pas les mots au hasard et ils mêlent signifié/signifiant de manière plus complexe que le simple discours structuré du conscient. La logique existe, mais elle ne se laisse pas appréhender si facilement. La preuve, il faut donner des clefs. On ne choisit pas les mots, ils nous choisissent (ou nous échappent...).

Contribution du : 17/10/2009 13:11
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"Il faut deux ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à se taire." Proverbe chinois
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Visiteur 
Ce que je voulais dire, c'est que dans mon processus de construction, je suis en mode : Focalisée sur le sens.

Je ... je me bloque dans un sentiment ou un ensemble de sentiment et je recherche à me plonger dans un état proche de celui que je cherche à dépeindre (la poésie, ça peut du coup faire très mal dans mon cas... et me vider complètement...).

Le sens ne me quitte jamais, c'est ça que je veux dire.

Après, et je le souligne aussi, les sonorités sont importantes aussi mais ne priment pas sur le sens, contrairement à ce qu'on en croit souvent à me lire.

Après, comme tu le dis, on se doit parfois d'expliquer. Mais je crois que ça tient plutôt là de ce que sait le récepteur, ses connaissances personnelles.

C'est aussi un peu ce que fait la poésie, c'est offrir quelque chose de limpide à celui qui choppe la correspondance parce qu'elle lui parle.
Et quelque chose de flou à celui qui ne la choppe pas.
Ou intéresser ce dernier qui va chercher à comprendre et la chopper à son tour.

L'art est très subjectif, l'universalité vient dans la capacité a rendre quelque chose de personnel lisible par tous, sans toujours en capter tout le sens, mais juste en appuyant avec ses images sur les boutons d'autres gens.
Je ne pense pas qu'on doive forcément tout comprendre non plus...
juste le sentir, le sentir et encore le sentir...

Hum.
Pardon.

Contribution du : 17/10/2009 13:24
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Expert Onirien
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05/09/2009 17:49
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Évaluateurs
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La poésie est souvent pour l'auteur une défaite ou une trahison du sens.
La prose décrit et vise la précision, la poésie vit de son imprécision, de sa nature polysémique fondamentale.
Tu y injectes consciencieusement du sens, mais les mots peuvent très bien ne pas suivre, car si le langage est commun la compréhension du langage et la sensibilité qui vient en résonance ne le sont pas.
Tu peux guider les pas, tu ne feras jamais tout un parcours avec ton lecteur, c'est la variabilité du langage.

Contribution du : 17/10/2009 15:52
_________________
Que ma muse amuse et m'use !
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Maître Onirien
Inscrit:
08/06/2009 21:13
De Canada
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Évaluateurs
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Membres Oniris
Primé concours
Post(s): 19949
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Tu as raison Estelle, on doit juste sentir, encore et encore.
Je pense qu'une certaine majorité de commentateur sur Oniris se mettent en "mode critique" dès le départ de la lecture d'un texte( je l'ai souvent fait moi aussi, méa culpa ), et cette attitude les fait passer à coté sens profond du message véhiculé.
À tes explications, je me rends compte que comme certains, je n'avait pas tout compris ; et lorsque je ne comprend pas, je me laisse bercer par les mots : Rien de tel que la souffrance pour me bercer ; des mots durs, comme cette raison qu'on éventre et qu'on recoud du fil d'ariane pour de pas se perdre...
J'aurais appris plein de choses avec ces kilométriques explications. j'ai pris mon souffle et j'ai plongé, mais je ne me suis pas noyé ; au contraire...
Merci( du coup j'ai envie d'ajouter un + à ma note)

Contribution du : 17/10/2009 15:55
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L'homme est comme de l'herbe, et son éclat, comme la fleur des champs ; l'herbe sèche, la fleur tombe, mais la Parole de Dieu subsiste éternellement !
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Re : à ses lèvres, pendue (Explications kilométriques)
Visiteur 


Merci à pour vos réactions... lectures (pour celles qui ont suivi le post)... et puis vos commentaires qui sont toujours tellement instructifs sur ce que j'arrive à faire passer... ou pas.

Merci à ceux qui ont aimé, compris, cherché à comprendre, détesté... merci de l'avoir fait vivre un peu.

Petit message perso pour Lo : bon, et le coup des anges pétrit les seins... tu as trouvé?

Contribution du : 19/10/2009 23:10
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