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La légende du Temps
Charivari : La légende du Temps  -  Septième poème – Les temps comptés de l'avenir
 Publié le 31/12/20  -  5 commentaires  -  35234 caractères  -  120 lectures    Autres publications du même auteur

(Depuis six mille ans la guerre

Plaît aux peuples querelleurs,

Et Dieu perd son temps à faire

Les étoiles et les fleurs.

Victor Hugo)



Chant 1


Alors que tout le passé conté jusqu'à présent est pour toujours effacé de la mémoire des hommes, seul l'avenir de ce récit leur est connu, et pourtant les hommes se forcent à croire le contraire.


Les humains s'acharnent à chercher dans le passé les réponses à leurs questions, auprès de dieux oubliés ou dans le ciel absent. Ils inventent de nouvelles religions pour combler leurs lacunes, et s'entretuent pour imposer leurs mensonges, contredits par ceux de leurs voisins, au lieu de se préoccuper de l'avenir qui seul devrait les intéresser, mais qu'ils feignent d'ignorer.


La destruction du monde est inéluctable, mais les lutins stupides refusent de l'envisager. Une fois qu'elle sera évidente pour tous, ils ne sauront s'unir pour éviter la tragédie, et si par extraordinaire ils arrivent à s'entendre, c'est qu'il sera trop tard.


La fin du monde approche, inexorablement. Ceci n'est pas là la prémonition d'un quelconque prophète insensé prétendument inspiré par des dieux improbables, mais un constat lucide. C'est un fait résultant d'une logique implacable, aussi évident que la mort de chacun d'entre nous, car la seule chose sur la terre dont nous ayons l'assurance, plus encore que le passé changeant au gré du souvenir, plus encore que le présent bercé par l'illusion, réside dans l'avenir, et c'est notre trépas. Et de même que chaque homme doit mourir tôt ou tard, la terre entière elle aussi va mourir. La fin de l'univers et de toutes choses ici bas est en marche, et l'humain en sera l'unique responsable. L'homme le sait, pour peu qu'il cherche à le savoir, mais il préfère regarder ailleurs, vers un au-delà dont il ne percera jamais le secret.


Et au lieu de s'unir pour se sauver, les lutins effrayés par la mort cherchent à collectionner les morceaux du sceptre de pouvoir qui tombèrent jadis sur la terre. Tremblants, ils agitent frénétiquement tous ces fragments en croyant posséder le monde, et ils se croient grands sous les étoiles comme ils possèdent une infime particule de la Vérité. Mais les lutins ne possèderont jamais l'univers, ils ne parviendront qu'à le détruire à jamais.


La fin nous est comptée, ce conte touche à sa fin. La destruction du monde a pris racine dans le présent, et bientôt les douze dieux disparaîtront un à un de l'univers. Nous connaissons déjà les premières victimes, assassinées par les hommes aliénés, ces fous qui se moquent de leur propre mort.


Une première divinité a déjà disparu : Liebama, la déesse au sourire.


Les hommes ont navigué jusqu'au bout des eaux, et là, un beau jour, à force de chercher jusqu'aux confins du monde, ils découvrirent une île. C'était l'île de beauté, d'amour et d'abondance où jadis vivait Liebama et que Solsunn venait embrasser tous les soirs au crépuscule.


Une barrière de coraux et la forêt exubérante étaient les seules défenses de l'île, où il n'y avait aucun guerrier, aucun chasseur, aucun seigneur ou roi.


À la vue des navires, les gens de l'île préparèrent des colliers de fleurs pour accueillir les étrangers venus de si loin, mais ils comprirent aussitôt que ces hommes n'étaient pas là en quête d'un havre de paix et de liberté, mais pour conquérir l'île et pour la saccager.


Les marins débarquèrent. Ils étaient casqués, bardés de fer, et tenaient dans leurs mains des bâtons qui crachaient le feu. Parmi ces rapaces, se tenaient des hommes vêtus de noir, pareils à des corbeaux qui coassaient dans une langue inconnue, et portaient en étendard un cœur barré d'une croix.


Les femmes sur l'île heureuse, inspirées par Liebama, étaient toutes belles et radieuses, elles avaient la peau cuivrée par les caresses du soleil, les baisers du beau Solsunn. Hélas, les navigateurs, en les contemplant nues, ne virent que le vice là où résidaient la candeur, la vertu. Les hommes corbeaux firent grouper les hommes pour les obliger à se couvrir d'un pagne, tandis que les autres étrangers, excités par la nudité des filles, les violaient.


Ensuite, comme le chef des navigateurs vit au cou d'une des femmes un collier en or massif, qui avait été autrefois le cadeau de Solsunn à son épouse, il en déduisit que l'île possédait, enfouis, de fabuleux trésors. Alors, il fit travailler les indigènes, qui creusèrent la terre, acharnés, sans trouver la moindre pépite, car les seuls trésors de l'île étaient la nature généreuse et la beauté de son peuple.


Les marins tuèrent tous les hommes à la tâche, mais ils persévérèrent dans l'idée que l'île regorgeait d'or. Alors, après avoir anéanti les indigènes, ils décidèrent de revenir, avec dans les soutes de leurs vaisseaux funèbres de nouveaux esclaves, des hommes à la peau noire, pour continuer de chercher le précieux métal.


Ainsi mourut Liebama, qui vivait dans les âmes des enfants de l’île heureuse, et qui fut violée, dépossédée puis mise à mort par les lutins stupides qui, non contents d'avoir provoqué ce drame, se réjouirent au contraire d'avoir fait triompher la morale dans cette tribu sauvage par-delà les eaux.


Car les infimes lutins croient posséder la Vérité, cette Vérité que tous les dieux ont cherché et n'ont su trouver, cette Vérité qui existe bel et bien mais qui n'est à la portée de personne, les lutins pensent la trouver dans un dieu unique fait à leur image grimaçante. Et ce dieu dit d'amour chasse l'amour des amants et l'entache de péchés, l'amour des amants qui seul crée l'Harmonie, et sans lequel aucun autre amour sur terre ne saurait exister, ni l'amour de la mère, ni l'amour de la vie, ni l'amour pour le monde.


Et les lutins morbides se servent d'un amour frigide, un amour déjà mort qu'ils logent dans l'au-delà, pour penser et pour singer la charité. Ils appellent leurs crimes dogme de foi, leur barbarie civilisation, et, se réchauffant le cœur à la flamme des autodafés, ils ne se rendent pas même compte qu'ils sont en train d'invoquer Feobrann, le dieu de haine, pour qu'il soit enfin libéré et qu'il vienne détruire le monde.


Oui, Liebama, sans doute la plus fragile parmi toutes les déesses, est déjà morte.


Et n'existeront plus

Les utopies d'amour,

Les paradis perdus,

Quand pouvaient au grand jour

S'aimer les ingénus

Librement, sans détour,

Simples, sincères et nus.


Liebama disparue,

Il ne restera plus

Qu'onze dieux sur la terre.



Chant 2


Après Liebama, ce sera le tour de Sawilda, la déesse sauvage, et d’Aerwind le vent de l'esprit libre de succomber, anéanties par la folie des hommes.


Les lutins imbéciles qui ne sont jamais repus, même gavés à l'excès, n'ont de cesse de se créer de nouveaux besoins et réclament toujours plus que ce que la nature peut leur offrir. Ils travaillent acharnés pour demeurer oisifs, et déploient toute leur intelligence pour servir leur sottise. Ils pillent les trésors de la terre, anxieux et convulsifs, puis les gaspillent et les délaissent pour de nouveaux caprices.


Et ainsi, peu à peu, les hommes dénatureront le monde et le videront de substance. Ils perforeront le désert pour en extraire de la boue glaireuse qu'ils feront brûler pour asphyxier le ciel, lanceront des salves dans les nuages pour les faire pleurer, tailladeront les montagnes pour le simple plaisir de glisser sur leurs pentes meurtries, feront fondre toutes les neiges et disparaître l'hiver, verseront leurs vomissures dans les rivières et dans les vagues de l'océan, empoisonneront les sols les plus fertiles, arracheront les arbres pour fabriquer des torche-culs et des milliers de parchemins jetés aux quatre vents, emprisonneront les animaux sauvages pour se moquer de leur déchéance, croiseront contre-nature les bêtes, donneront de la viande aux herbivores et castreront les fauves, abattront des troupeaux entiers pour n'en manger que de menus morceaux et jeter le reste à leurs chiens qu'ils empêcheront de chasser. Ils mettront la forêt en cage en la quadrillant de routes aussi noires que leurs âmes, et même, ils iront même jusqu'à déposer leurs ordures sur la lune, et parviendront à voler aux blés leur semence. Et ils n'auront de cesse de conquérir de nouvelles terres vierges, en quête de paradis oubliés, car les lutins stupides, dégoûtés par leur propre existence, cherchent à tout prix à s'évader d'eux-mêmes, obnubilés par l'ailleurs, un ailleurs que par ailleurs ils détruisent au fur et à mesure de leur recherche.


Sawilda va bientôt mourir, car la forêt est abattue pour ériger sur ses décombres les habitats des hommes, qui croissent et se multiplient aussi vite que les rats, et qui grouillent entassés dans le bruit, dans le gris, dans le gris de leur constructions troglodytes qui s'enkystent au plus profond de la terre et transpercent les nuages, dans le gris de leur yeux mornes pleurant sur leur condition d'homme pour toujours et à jamais insatisfaits, dans le gris de leurs cieux crachant la fumée suffocante, dans le gris de leurs vêtements qui leur fait oublier leur nature animale mais qui les étouffe, dans le gris de leurs idées noires, de leurs esprits grisés par la gloire ou l'alcool, et dans le gris de leur vil métal.


Car le métal sera pour l'homme la plus enivrante et la plus nocive des drogues, il ne pourra plus s'en passer, éprouvera le besoin d'en augmenter sans cesse la dose pour assouvir son bonheur, son vice et son cauchemar, il lui faudra avaler toujours plus d'acier, et sachant pertinemment que tout cet acier qu'il s'injecte le conduit inexorablement à sa perte, il continuera à vouloir de l'acier, jusqu'à crouler enfin sous le poids des monstres de métal qu'il engendre lui-même.


Tous ces monstres d’airain, aux multiples formes, aux multiples facettes, formeront une lourde chaîne qui emprisonnera les corps, les cœurs et les esprits, mais les lutins aliénés s'efforceront de croire le contraire. Leurs corps seront fragilisés par l'airain, et les hommes penseront que c'est justement cet airain qui les soigne. Leur bonheur, leur amour, dépendront du métal qui leur apportera en apparence le confort d'une vie sédentaire mais qui les minera de l'intérieur, et les hommes, dépendants à l'extrême, deviendront finalement les esclaves de ces colosses de métal, qui dicteront leurs lois sur le monde et deviendront les véritables maîtres de l'univers.


Et la froide logique des colosses d’airain fera mourir Aerwind, la déesse du vent. Tout en multipliant le fruit de la terre, les monstres d'acier empêcheront son partage. Ils diviseront le monde en deux, en une ligne traversant l'univers : ceux d'en haut, le tiers des hommes, qui mourra de l'excès, et ceux d'en bas, les deux tiers des hommes, qui connaîtra le manque. Et ceux d'en haut, alourdis par le métal, surveilleront le monde pour protéger leurs trop plein d'abondance de la convoitise de ceux qui ne possèdent rien, et ils grillageront la terre avec des fils d'acier, emprisonnant Aerwind, empêchant l'esprit libre de planer serein sur le monde. La déesse mourra alors attrapée dans la toile barbelée, à bout de souffle, agonisante dans la fumée métallique, les ailes clouées aux grilles des frontières des hommes.


Oui, Sawilda et Aerwind seront les suivantes victimes de cette tragédie qui n'a pas encore eu lieu mais qui est déjà écrite.


Et il n'y aura bientôt

Plus de terre nourricière,

De roses et de roseaux,

De lits et de rivières,

Ni le chant d'un oiseau,

Ni le pas d'une panthère,

Ni une seule goutte d'eau

Dans l'oppressant désert.


Sawilda disparue,

il ne restera plus

Que dix dieux sur la terre.


Et il n'y aura bientôt

Plus d’équité sur terre,

De pensées, d'idéaux,

De rêves libertaires.

Que de sanglants drapeaux

Et de vaines frontières.


Aerwind disparue,

Il ne restera plus

Que neuf dieux sur la terre.



Chant 3


Agitant frénétiquement les fragments du sceptre de Potestorm, l'homme cherchera l'arme suprême pour s'emparer des autres morceaux manquants du bâton de gloire et d'éternité tenu par d'autres hommes qui chercheront la même chose, et dans cette course folle, il trouvera Feobrann.


Le dieu guerrier s'enfuira de sa cage de verre, libéré par les hommes qui l'auront cherché jusque sur la face cachée de la lune, jusqu'au bout des étoiles conquises une à une pour enfin le trouver.


Et quand ils l'auront enfin trouvé, les hommes grouperont tous leurs efforts, toute leur intelligence, toute leur science et conscience, pour rompre les barreaux de cristal où le dieu était enfermé.


Feobrann sera donc libéré, et en s'enfuyant, le dieu fort et barbare assouvira son désir de vengeance en tuant sa geôlière, la belle Unaïa, la reine des cieux paisibles, qui dort depuis la nuit des temps aux côtés de son époux le souverain des cieux.


La dame du palais céleste mourra dans un cri strident, le dernier cri qu'on entendra dans le firmament et qui retentira, brisant le silence angoissant du ciel qui s'était tu depuis que l'homme connaît le temps compté et piaille en gesticulant sur la terre ; ce ciel qui par son silence, plus méprisant encore que la vaine insulte, entendait répondre ainsi à la terre crépitante, aux hommes qui n'ont de trêve de le questionner, qui se tourmentent de savoir s'il existe ou non, effrayés de savoir que s'il est un palais merveilleux ils n'y logeront jamais, et que s'il n'est pas, il n'y a pas d'ailleurs, pas de bonheur possible et pas de Vérité.


Le cri d’Unaïa résonnera dans le firmament, répondant enfin à toutes ces questions sans réponse, mais nul homme ne saura l'entendre, car tous seront occupés à acclamer Feobrann enfin de retour sur terre.


Unaïa, la flamme qui chauffe et guérit, s'éteindra, tuée par le feu barbare qui dévore toute vie et ronge les espoirs. Feobrann plantera ses deux glaives de lave dans le corps de sa geôlière, un dans son cœur ardent, détruisant ainsi à jamais l'amour, et l'autre dans sa gorge, pour faire taire le cri des cieux.


Oui, Unaïa mourra à son tour, assassinée par le dieu de guerre.


Disparaîtra la dame

D'amour et de patience

Et s'éteindra la flamme,

La lueur d'espérance

Qui soulage le drame,

Apaise la souffrance

Qui au cœur du vacarme

Nous réchauffe en silence.


Unaïa disparue,

Il ne restera plus

Que huit dieux sur la terre.


Alors Potestorm, qui dort aux côtés d’Unaïa se réveillera, et il hurlera de douleur, non point à cause du venin qui coule dans son corps, mais à cause de ses plaies intérieures, bien plus profondes encore, de son dégoût des hommes et de son amour à jamais perdu, de la mort de son épouse qui seule pouvait apaiser ses tourments.


Potestorm, décharné, étripé, écœuré par la stupidité de ces hommes qui par peur de la mort l'avaient condamné à demeurer sans vie ni trépas, hurlera dans la nuit, mais personne n'entendra sa plainte. Les chairs brûlées, le cœur arraché, les yeux vides, il hurlera la souffrance du monde de ses poumons absents, puis il tentera de calmer sa douleur pour embrasser une dernière fois son épouse de ses lèvres arrachées. Enfin, il se relèvera, et trouvera au chevet de son lit le poignard qu’Unaïa avait réservé pour se donner la mort, et plantera ce couteau dans son corps.


Hélas, n'ayant ni veine, ni cœur, ni cerveau, chacun de ses coups de poignards sera vain, et il devra se taillader la peau en trente-six occasions avant que sa tête ne tombe de son cou et qu'il ne meure enfin. Et ainsi Potestorm, le plus humain des dieux, disparaîtra pour toujours, au bout d'une longue agonie qui avait duré depuis sa naissance. Et juste avant que sa tête ne se sépare de son corps, ses yeux révulsés auront le temps de voir sa vie défiler. Il se verra de nouveau enfant courant nu sous les étoiles, adolescent capricieux, jeune homme orgueilleux et jaloux, puis il verra l'amour enfin, l'amour qui l'avait rendu sage, ou fou, qu'importe au bout du compte, pensera-t-il alors, car la seule chose qui compte et qu'il n'aura jamais regrettée, ce sera d'avoir aimé, ou tout du moins d'avoir essayé d'aimer.


Quand Potestorm mourra

Un chant résonnera

Susurrant dans les airs

« Une terre, un rêve, un roi

Unis sont pierre et chair,

C'est d'un cœur en émoi

Que l'enfant devient père ».


Potestorm disparu,

Il ne restera plus

Que sept dieux sur la terre.



Chant 4


Alors que dans le ciel disparaîtront le roi et la reine, Feobrann, libéré de ses liens triomphera sur la terre, et s'offrira servile à tous ceux qui le réclament. Il obéira à toutes les armées en même temps, en suivant les ordres contraires de chacun des fragments du sceptre de pouvoir que les hommes auront recueillis.


La guerre ravagera le monde, la guerre incessante, dont les raisons bonnes ou mauvaises conduisent toujours à la déraison, la guerre qui est toujours fratricide, que mèneront les lutins contre d'autres lutins, et Feobrann, le dieu soldat, contre lui-même.


Les conflits se feront de plus en plus sanglants, et les victimes désignées deviendront les enfants, les femmes et les vieillards, alors que les soldats sauront se mettre à l'abri pour tuer à l'aveuglette, et bientôt n'auront même plus besoin de brandir une arme ou de regarder s'éteindre l'adversaire dans le blanc de son œil. Le métal aidera les guerriers dans cette lutte à distance, les monstres d'acier s'occuperont de toutes les basses besognes, et les armes, de plus en plus puissantes, parviendront un jour à détruire des peuples entiers en un seul battement de paupière, sans que l'homme n'ait à se lever de son siège. Jusqu'à ce qu'un jour, Feobrann, le dieu du feu, allié aux colosses de métal, ne découvre l'arme ultime capable d'annihiler tous les ennemis en même temps, et ne délivre son secret à tous les camps à la fois.


D'une simple pression de l'index, un lutin plus fou que les autres tôt ou tard utilisera cette arme définitive, et soudain le monde sera détruit. Et à ce moment précis, le dieu du feu fera cesser tous les combats en s'immolant lui-même dans un immense nuage de fumée explosant sur la terre, et tous les lutins seront anéantis d'un seul coup de la face du monde. Aucun ne survira.


Oui, Feobrann, en obéissant à tous les hommes à la fois finira par devenir son propre bourreau et sa propre victime, il se combattra lui-même et se donnera la mort, et lorsqu'il se tuera, il balaiera aussi toute trace de vie sur la face du monde.


Il n'y aura plus de guerre,

Il n'y aura plus de paix,

Ni haine ni colère,

Ni vie ni vérité,

Rien que cendre et poussière

Sur le vaste charnier.


Feobrann disparu,

Il ne restera plus

Que six dieux sur la terre.


Feobrann, en se suicidant, réussira enfin à accomplir l'ordre suprême qu'il avait reçu jadis du souverain des dieux, cette injonction absurde pour laquelle il était né et qui semblait impossible à réaliser. Car le feu parviendra dans cet ultime assaut à triompher de l'eau, l'incendie sera si grand qu'il propagera des ondes de fumée d'une puissance extrême, qui chargeront contre les ondes de l'océan et réussiront à les soumettre, et cette vague brûlante assèchera la mer en tuant sur son passage tous les poissons et tous les monstres marins, dauphins, algues et coraux, jusqu'à pénétrer dans le palais englouti de Simar, le maître du ressac, pour le tuer enfin.


Oui, Simar, le dieu des eaux, qui se croyait à l'abri de la stupidité des hommes dans sa demeure secrète aux confins du monde, périra lui aussi.


Et avec lui mourront

Le fracas, le silence,

Le mur de l'horizon

Qui toujours nous devance

Lorsque nous le cherchons

Sur l'océan immense.


Simar disparu,

Il ne restera plus

Que cinq dieux sur la terre.



Chant 5


Bien entendu, c'est Bahadar, le dieu perfide qui, convainquant les uns, persuadant les autres, aura poussé les hommes dans cette guerre suicidaire. Et juste après avoir soufflé dans l'esprit du fou qui aura envisagé la solution finale, il courra se mettre à l'abri au plus haut des cieux.


Il montera les marches de l'escalier de Caelvala de son pas boiteux, pour contempler sur la terrasse des dieux le nuage épouvantable qui soufflera le monde. Il rira à gorge déployée en songeant aux lutins idiots qui viendront de se suicider, puis il entrera dans le palais céleste pour prendre possession des lieux. Il s'assiéra sur le trône de son père qu'il assassina jadis, et qu'il fit tuer deux autres fois encore, et goûtera aux mets les plus délicats surgis par enchantement de la table magique ouvragée par Unaïa.


Mais le dieu, affalé sur le trône du souverain, savourera son triomphe peu de temps, car peu à peu il éprouvera une profonde lassitude, et se rendra compte très bientôt qu'il n'est de plus grand tourment au monde que la solitude.


Bahadar, après avoir corrompu le monde, les hommes et les dieux, les aura tous perdus à jamais, et dorénavant n'aura plus aucune vengeance à assouvir, plus personne à tourmenter, sera seul face à son esprit soudain vidé. Alors il boira, pour tromper son ennui, il boira toutes les coupes qui jailliront sur la table enchantée de Caelvala, un calice pour chaque être qu'il aura fait tuer, et peu à peu dans son délire éthylique, il commencera à endosser toutes les personnalités des hommes et des dieux qu'il aura manipulés au cours de sa vie, pour masquer sa solitude. Il parlera sans fin, il boira ses paroles, parlera dans ses rêves, rêvera éveillé, et ne veillera plus à rien. Mais son esprit demeurera lucide, car Bahadar ne pourra jamais échapper à sa raison qui le torture depuis sa naissance.


Aussi, dépité par ces pensées qui refuseront de s'évanouir, il se promènera en titubant, ivre mort mais clairvoyant, dans les couloirs de Caelvala. Il pénétrera dans la chambre mortuaire de Potestorm et d’Unaïa, et là il contemplera son père, allongé sur son lit funéraire, décapité, lacéré, écorché, d'une laideur repoussante, et pourtant, enlacé tendrement pour l'éternité contre le corps de son épouse, qui lui sourira, belle, amoureuse et sereine pour les siècles des siècles. Et à la vue de ce spectacle, Bahadar sera soudain saisi d'une émotion jusqu'alors inconnue, et jailliront en pagaille dans son crâne le remords, la pitié, l'amour et la colère, tous les sentiments du monde qui viendront tout à coup tourmenter son âme et troubler son esprit.


Il partira de la chambre en courant et en sortant du palais, il rencontrera dans les vergers de Caelvala Mayda et Kindinya. Alors Bahadar, en voyant cette petite enfant traumatisée à jamais par ses sévices, tenant par la main cette vieille dame aveugle devenue sénile, sera assailli de nouveau par un flot d'émotions intenses. Ressentant tout à coup une honte incommensurable pour tout le mal qu'il aura commis dans sa vie, il essaiera de réparer sa faute en parlant aux deux déesses, mais en vain, car toutes deux seront devenues folles en assistant à la destruction du monde. Bahadar n'obtiendra aucun mot sensé de leurs bouches et pas même l'esquisse d'un pardon.


Alors le dieu se rendra compte qu'il y a encore pire douleur que la solitude, et c'est le sentiment de culpabilité sans aucun espoir de rachat.


Bahadar entrera de nouveau dans le palais, et tout à coup, il verra son reflet dans le palais de cristal, et son image réfléchie dans les miroirs lui paraîtra insoutenable. Alors, il frappera sur son reflet pour le faire disparaître, il parviendra à briser une cloison, puis une autre, et bientôt, dans sa furie, il abattra un par un chaque mur du palais de glace, jusqu'à ce que la demeure entière ne s'écroule enfin. Bahadar tombera aussi avec Caelvala, et mourra tout au bout de sa chute sur le désert fumant.


Les jardins de Caelvala tomberont aussi, et du palais céleste il ne restera bientôt plus que la terrasse des cieux, comme une nef solitaire naufragée dans la nuit, commandée par le hasard et la fatalité, la petite fille irresponsable et la vieille dame aveugle, Mayda et Kindinya, et devant elles se tiendra le dragon Feyniss, le gardien de Caelvala, telle une figure de proue aux ailes comme des voiles gonflées dans ce voyage immobile.


Oui, Bahadar mourra à son tour, happé par l'ombre du doute, englouti par le soleil et son ombre la lune.


Et avec lui mourront

La froide intelligence,

La monstrueuse engeance

Des rêves de Raison.


Bahadar disparu,

Il ne restera plus

que quatre dieux sur terre.



Chant 6


Tout en bas sur la terre craquelée, où toute vie aura à jamais disparu, de chaque crevasse du monde causée par l'incendie ultime, jailliront les serpents du tout début des temps.


Le bon dragon Feyniss, du haut de la terrasse des dieux, en voyant ses semblables surgir des fissures fumantes de la terre, décidera alors d'aller les combattre. Mais juste avant de prendre son envol, il verra tout en bas un pèlerin égaré cheminant au hasard de la lande. Et le dragon, avec ses yeux perçants, parviendra à reconnaître le géant Oyonog, le seul rescapé du nuage meurtrier.


Oynog l'aveugle, depuis le début du sixième âge du monde aura bien changé. Il perdit tout d’abord tout esprit de vengeance lorsque son frère cadet Potestorm mourut d'un coup de pierre, assassiné de la même manière que lui-même avait été rendu infirme, jadis, au tout début des temps. Mais la transformation d’Oynog survint juste après, quand, à la tête de la horde des géants il s'empara d’Helixan, aux côtés des dragons et des damnés de Ninferheyl. Oynog se rendit compte que les gens qu'il massacrait étaient pour la plupart désarmés, et que certains d'entre eux venaient au-devant des armées ennemies avec des fleurs aux poings et se laissaient tuer sans même essayer de combattre. Et alors qu’Oynog s'apprêtait à achever un mourant qu'il pressentait face à lui, il entendit sa victime qui, au lieu de le maudire, priait pour son agresseur et implorait pour lui la clémence divine. C'était la première fois qu'un adversaire se comportait de la sorte, et le géant en demeura stupéfait. La pitié retint soudain son bras juste au moment de porter le coup de grâce, et il demeura cloué sur place, ne sachant que faire. Les autres géants virent leur aîné agir comme un lâche sur le champ de bataille, et après le combat, qui fut bref et meurtrier, ils le bannirent à tout jamais de la horde. Oynog alors s'en fut se réfugier au plus profond de la montagne d’Untarok, et il demeura là, pétrifié par le doute, sans oser sortir des entrailles de la pierre pendant sept mille années, jusqu'à ce que l'incendie de la fin du monde ne vienne détruire la grotte et ne l'oblige à s'enfuir.


Et c'est hagard, perdu, marchant à l'aveuglette dans le désert brûlant, renaissant à la vie alors que tout le monde viendra de trépasser, que le dragon Feyniss le verra depuis la terrasse du monde à la toute fin des temps. En apprenant qu'elle aura encore un fils en vie, des larmes jailliront des yeux aveugles de Mayda, qui suppliera le bon dragon d'aller secourir son enfant, et Feyniss exécutera l'ordre de la vieille déesse. Il ira chercher Oynog, l'attrapera dans ses serres pour le déposer sur la terrasse du monde, avant de s'envoler de nouveau vers la lande pour partir au combat contre ses congénères les dragons du tout début des temps.


Feyniss parviendra à tuer une multitude de monstres rampants mais, hélas, il finira par succomber sous le poids des serpents assassins qui s'accrocheront à ses flancs, l'empêchant de voler, et qui planteront leurs crocs en déchirant sa chair pour empoisonner son sang. Les serpents s'amoncèleront sur le cadavre encore chaud du bon dragon, cherchant tous leur part de la pitance et le mets le plus précieux, le cœur de leur proie, qui avait appartenu autrefois au roi des dieux Potestorm.


Et une fois que la carcasse de Feyniss sera entièrement engloutie et ses os rongés jusqu'à disparaître, les odieux reptiles qui auront goûté au cœur du roi des dieux deviendront insatiables, et ils commenceront à s'entredévorer. Les plus forts mangeront les plus faibles, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quatre dragons, les plus puissants, ceux-là qui s'étaient emparés d’Helixan au sixième âge du monde, et que l'on nomme Nord, Sud, Est et Ouest. Et ces quatre dragons, encore et toujours affamés, se défieront du regard, mais n'oseront pas encore se combattre, car ils se sauront tous de force similaire. Aussi ils partiront chacun dans une direction en mordant la poussière, et ils grignoteront peu à peu la terre de leurs crocs acérés, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule miette.


Lorsqu'ils auront avalé toute la terre, les quatre dragons, qui ne seront toujours pas repus, s'affronteront enfin. Nord mordra la queue de Sud, tandis que Sud mordra celle de Nord, et Ouest et Est feront de même, et les quatre dragons s'engloutiront ainsi mutuellement peu à peu jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de leurs corps.


Ainsi disparaîtront la terre et les dragons qui existèrent depuis les temps sans temps, et il n'y aura plus rien que le ciel, juste la terrasse de Caelvala navigant dans le néant, et posés sur elle deux aveugles et une petite fille aux yeux grands ouverts, mais qui n'aura plus rien à contempler dans l'univers absent.


Et comme la terre aura été gobée par les odieux serpents, il n'existera plus aucun obstacle entre le soleil et la lune, entre Solsunn et Monalund, et les deux dieux pourront enfin se rencontrer. Les légions des âmes damnées chargeront contre celles des âmes pures, et bientôt le bien et le mal ne feront plus qu'un lorsque les deux armées seront entremêlées. Monalund lancera une flèche assassine à Solsunn tandis que ce dernier dardera un rayon meurtrier contre la déesse, et les deux mourront au même moment. Le soleil et la lune soudain disparaîtront, et avec les deux astres les âmes des morts, et il n'y aura plus ni jour ni nuit, ni soleil ni lune, seul le clair obscur souverain du firmament.


Oui, Monalund et Solsunn seront les derniers enfants de Potestorm à périr, en s'entredéchirant.


Disparaîtront ainsi

Les journées, de l'aurore

Au couchant, et la nuit.

S'achèvera la vie,

Et périra la mort.


Solsunn et Monalund disparus,

Il ne restera plus

que deux dieux sur la terre.



Chant 7


Seuls dans le ciel absent, sur le balcon des cieux tout au milieu du vide, flottant dans l'infini, demeureront trois êtres, mais une seule pourra assister au combat entre les ténèbres et la lumière, la petite Kindinya aux grands yeux grands ouverts, car ses deux compagnons seront aveugles.


La lutte entre Solsunn et Monalund s'achèvera enfin, et l'absence de lumière et d'ombre provoquera dans le firmament une grande clarté pareille à un trou noir dans le ciel béant.


Les étoiles qui perforent la nuit depuis les temps sans âges, les étoiles que cachent le jour depuis qu'il existe, seront enfin seules dans l'univers et elles se regrouperont autour de l'âme d’Istaril, l'étoile du Sud, l'étoile de l'espérance, pour ne plus former qu'un seul astre formidable comblant tout le vide de l'infini. Et cette étoile unique sera bien plus brillante et plus chaleureuse encore que le soleil.


Kindinya ne pourra supporter la vue de l'astre ultime et pour la première fois dans sa vie, l'enfant devra fermer les yeux. Mais l'étoile bientôt commencera à brûler la peau des trois êtres survivants sur la terrasse du monde, et ils tenteront en vain, les yeux dans les ténèbres, de trouver une ombre sur la terrasse des cieux pour fuir la chaleur intolérable. Et c'est alors qu'en se recroquevillant dans un recoin perdu du balcon de Caelvala, les doigts d’Oynog rencontreront l'arc de son père Mordod, qui servait à pourfendre les étoiles aux temps d'avant le Temps, et que Potestorm, dans la folie de sa jeunesse, avait abandonné là, après avoir tué l'étoile du Nord.


Oynog, en même temps que l'arc, trouvera trois flèches, éparpillées sur le sol. Il tirera un premier trait au hasard dans l'infinitude du ciel, puis un second, mais ne pourra bien sûr pas atteindre l'étoile, ne pouvant pas la voir.


Alors Kindinya cherchera à regarder l'astre éblouissant pour indiquer la cible au géant. Elle ouvrira un seul de ses deux yeux, décidée à le voir de manière furtive afin de ne pas être aveuglée par la lumière trop vive. Mais hélas, en apercevant l'étoile, elle ne pourra résister à la tentation de la contempler dans sa plénitude, et elle ouvrira alors ses deux yeux pour mieux l'admirer. Ce sera le premier être qui parviendra enfin à contempler la Vérité dans sa totalité, mais la Vérité est insoutenable, et Kindinya périra en l'apercevant. La petite fille aura juste le temps d'indiquer à Oynog où se trouvera l'étoile ultime, puis elle s'évanouira, happée par la lumière intense. Son corps disparaîtra à tout jamais, et sur la terrasse du monde demeureront ses yeux, deux billes de porcelaine, une noire et l'autre blanche, qui rebondiront sur les dalles de cristal de la terrasse du monde.


Oynog, au même instant, suivra l'indication de la petite fille et tirera sa dernière flèche au beau milieu de l'étoile et la fera mourir. Et il n'y aura plus rien sur l'univers, rien d'autre que le vide, et Oynog et Mayda.


Kindinya disparue,

Il n'y aura jamais plus

De jeunesse ni d'enfance,

Ni de vieillesse déchue,

De hasard ou de chance,

Ni de Temps qui nous tue,

Ni de Temps qui commence.


Kindinya disparue,

Il ne restera plus

Que deux êtres sur terre.


Et ces deux êtres bientôt ne feront plus qu'un, car juste après avoir tiré sa dernière flèche, Oynog s'effondrera. Il aura rappelé, tout au bout du néant, son père Mordod, qui se redressera soudain dans le corps de son fils qui viendra de mourir.


Mordod renaîtra dans le corps d’Oynog, et il entendra, sur le sol de cristal du balcon des cieux, retentir deux billes de porcelaine, les yeux de Kindinya. Il s'emparera des deux billes, puis donnera la noire à Mayda, et gardera la blanche.


Mayda tiendra dans son orbite l'œil noir de la destruction et Mordod tiendra l'œil blanc de la création. Et tous deux pourront enfin se contempler avec ces yeux d'enfant. Ils seront hideux, difformes, deux monstres séniles, défigurés, mais ils se trouveront splendides comme ils se regarderont avec les yeux de l'autre.


Oui, Mordod et Mayda se retrouveront enfin, ils se pardonneront, et l'amour de ces deux amants dévoilera enfin la Vérité, aussi chaleureuse et lumineuse que celle qui aura tué Kindinya, mais qui ne les brûlera ni ne les éblouira. Mordod et Mayda détiendront enfin cette Vérité que tous avaient cherché en vain, mais cette vérité ne servira plus à rien ni à personne.


L'amour le plus pur, le plus parfait, unira les amants qui ne feront plus qu'un, et reformera l'Harmonie, qui s'était scindée autrefois sans raison.


Et l'Harmonie

Mêlant tous les contraires,

La femme et l'homme,

La nuit et le jour

Et tous les éléments,

Arrêtera le Temps

Pour permettre aux amants

De vivre dans ce corps unique

Le bonheur éternel.


Et ainsi donc,

S'achève ou débute

La légende du Temps

Ronde comme le monde

Sans morale aucune

Si ce n'est d'aimer

D'aimer encore et toujours

Pour transcender le temps,

La légende du Temps

Inventée sans but ni raison

Autre que celle

De vous divertir un peu

En attendant la mort.


DÉBUT


 
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   ANIMAL   
31/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Voilà que dans ce dernier chapitre nous retrouvons les humains, et tout ce qu'ils sont capables de faire, c'est de détruire. Eux-mêmes, leur monde, leurs dieux. L'Apocalypse annoncée succède à la Création et à l'Evolution.
J'aurais aimé qu'il en fut autrement, que quelque héros ou quelque dieu oublié se lève pour empêcher Bahadar d'arriver à ses fins. Mais puisque notre époque correspond à l'étape 7 de la Légende du Temps, si l'auteur est prophète ce futur semble inévitable.

Bien que cette fin soit indéniablement négative et que je préfère les "happy end", la narration est toujours aussi captivante et talentueuse. A aucun moment je n'ai été déçue et je dois dire que cette légende est fascinante. Imagination, qualité de rédaction, connaissances profondes des mythes humains, se sont liées pour engendrer un roman mémorable. Sans compter les annexes proposées par l'auteur au fur et à mesure de la parution.

Il y a tant d'ouvertures au long du récit que chaque chapitre pourrait à lui seul donner matière à un roman complet.

Bravo pour cette oeuvre magistrale. J'aurai mis Beaucoup - à ce chapitre. Je note pour l'ensemble.

   placebo   
4/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien le retour des vers, ça manquait un peu dans les précédents.

Un cycle, après une longue agonie qui m'a fait penser à l'univers s'éteignant lentement en s'étirant.

Félicitations. L'ensemble vaut largement exceptionnel, comme Animal le dit.

   Anonyme   
15/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Dans cet épisode qui se veut prémonitoire de l'apocalypse, j'ai cru reconnaître tous les ingrédients d'une "certaine" thèse.
--- Liebama (anagramme Aimable), a disparu.
--- Les terroristes (kamikazes), Ces fous qui se moquent de leur propre mort..
--- Liberté d'expression :
//Et il n'y aura bientôt
//Plus d’équité sur terre,
//De pensées, d'idéaux,
//De rêves libertaires.
--- Théorie du genre :
//Et l'Harmonie
//Mêlant tous les contraires,
//La femme et l'homme, etc.

Les Dieux qui périssent ne sont-ils pas les valeurs perdues ?

Quant à la forme, c'est bien écrit avec parfois quelques "hachures" mais le conte-référence est bien mené. Un avertissement sans frais immédiats mais qui ne tardera pas à se faire sentence (d'après l'auteur).------ Du moins c'est ce que j'ai ressenti.------

   cherbiacuespe   
30/3/2024
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La fin des temps pour ce dernier poème, et la boucle est bouclée. J'ai eu peur un moment que l'on accuse seul les lutins d'être les fauteurs de cette fin destructrice et délirante. J'ai eu peur qu'on oublie Bahadar, les dragons et tous ceux qui voulurent détruire Potestorm et ses alliés.

Elle ne me convainc pas, cependant. Pas par sa noirceur, je trouve cette conclusion plutôt logique, mais par la sorte de pirouette qui résume les divers épisodes de cette fin. C'est trop brutal rapporté aux épisodes précédents pour en arriver là. "il fallait bien conclure", telle est l'impression qui demeure en moi. Je suis un peu frustré, je l'avoue.

Ceci dit, l'ensemble est un travail formidable malgré tout. Je ne bouderais pas mon plaisir pour une fin qui me donne du mal.

   DABY   
17/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
texte étonnant, qui me fait penser au Mahharrabata tant il est foisonnant et riche en imagination!. On le dirait écrit sur l'anneau de
Moebiue, temps circulaire sans vrai commencement ni fin....


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