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Humour/Détente
alvinabec : SSR* « Les jonquilles »
 Publié le 15/12/16  -  11 commentaires  -  18321 caractères  -  78 lectures    Autres textes du même auteur

Validation AP-HP Hôpital Lariboisière.


SSR* « Les jonquilles »


Le centre de rééducation cardiaque « Les jonquilles » se situe en pleine nature dans le Jura, entouré de sapinières où l’eau coule comme une chanson permanente. Très beau et parfaitement dépeuplé.

Plus loin la Franche-Comté, ses fruitières, le Doubs, la Loue et ses truites que Courbet nous a immortalisées. Sa maison-musée à Ornans penche vers l’eau comme si, de la fenêtre, l’on pouvait pêcher le même poisson que celui exposé dans le cadre noir au-dessus de la cheminée, comme si le peintre s’était lui-même penché sur l’eau, une canne dans la main pour être au plus près d’une réalité piscivore. A-t-il dû en avaler des truites pour les peindre comme ça !

Aux « Jonquilles » on est moins endurant que Gustave et c’est ce qui inquiète Bombard, le médecin qui, depuis neuf mois, a repris la direction de ce centre de réadaptation. Il trouve les patients timorés, peu enclins à l’effort alors que, bon sang, ils sont en soins post-op pour la plupart donc en phase ascendante, prêts à une réinsertion familiale et professionnelle. Mais prêts, non, ils ne le sont pas. À les voir laborieux sur leur vélo ou en petite foulée de rien – à peine mieux qu’une marche rapide – sur les tapis, Bombard se demande ce qui pourrait regonfler ces cœurs en convalescence, la plupart ici pour un mois. Doit-il les emmener voir les toiles du Maître ? Pour leur faire comprendre que c’est en forgeant que… l’on peint les truites comme si elles allaient sauter du tableau dans votre assiette, que c’est en faisant des efforts sans cesse renouvelés que l’on fortifie sa pompe cardiaque. Le médecin, à qui les toiles de Gustave le colonnard font de l’effet parce que frondeuses autant que militantes, jette un regard à « L’origine » dont la reproduction couvre la porte de son bureau, cligne de l’œil et sort constater que dans la salle de réentraînement comme à la piscine, les patients, là pour renforcer leurs capacités cardiovasculaires en retrouvant confiance en leur corps, ont du mal à se réconcilier avec ce dernier. Ils se laissent aller, se disent mal en point, pour tout dire s’amollissent, manquent de stimuli.

Quand le protocole dit Prado* sera opérationnel, les progrès seront fulgurants espère Bombard qui n’en est pas à un nouveau protocole près. Mais, voyant peiner de concert le kiné et un de ses patients sur le banc de musculation segmentaire, nous n’y sommes pas encore estime-t-il. Pourtant, j’ai ici les plus motivés, ceux qui ont opté pour l’éducation thérapeutique, le réentraînement à l’effort et non la paresse de la pharmacopée miracle en vogue… Une statine et le cholestérol aux oubliettes. Un cachet une seconde, un effort une heure, le choix est facile et le sport inquiète ceux qui, a priori, n’en ont pas fait beaucoup, alors après un accident cardiaque on ne va pas s’y mettre, hein docteur, vous n’êtes pas sérieux, en disant ça, moi, je suis malade à vie, faut que je me repose maintenant… Combien de fois a-t-il entendu ce discours, il ne le sait plus.

Toujours est-il qu’il faut tenter quelque chose. Absolument ou les statistiques seront encore décevantes. Sa visite express des salles achevée, il remonte dans son bureau, s’assoit dos à la baie vitrée face à « L’origine », tapote le bois de la table, très vite fait pivoter son fauteuil, les conifères, le tableau, le tableau, les sapins, saisit le téléphone :


– Allo Barnaett, salut, c’est moi. Alors, ça se passe bien chez toi, les handicapés moteurs retrouvent le moral ?

– Salut mon grand, ben oui, le lac de Neuchâtel, c’est parfait pour mes patients. Le centre est installé dans un ancien palace reconverti pour la cause, on assure, en plus des dégâts neurologiques, le suivi de chirurgie orthopédique. Là c’est du lourd comme dirait la journaliste venue faire son reportage local. On crée des emplois dans la région, l’accident de la route rapporte pas mal.

– Ouais, bon, tu le sais, hein, rééducation post poly-traumatique, tu ne fais pas dans le napperon de jeune fille… Neuf mois pour toi comme pour moi et déjà un premier bilan d’activité. Je nous revois avec nos rêves d’internes puis la réalité plus crue du clinicat, et maintenant à la tête de ce genre d’établissement… Ici c’est pas mal, centre dynamique à taille humaine mais je trouve que ça manque d’enthousiasme. Pourtant l’équipe est efficace… Je ne sais pas, il y a quelque chose qui ne va pas. Comme un manque.

– Mmmm, tu as une équipe mixte ?

– Heu, oui, enfin non, une infirmière pour les soins, les autres, que des hommes. Barnaett pourquoi ?

– Écoute, une suggestion comme ça… parce que j’ai mis ça en route depuis quelques semaines, ici on est en Suisse, la législation le permet, j’ai fait appel à deux assistants sexuels, un homme, une femme qui viennent accompagner les malades qui en font la demande. J’ai l’impression que le moral revient plus vite chez ceux qui y ont recours. Je ne sais pas dans quelle mesure tu peux adopter ça de l’autre côté de la frontière mais c’est peut-être une piste.

– Houah, Barnaett, tu me donnes des idées. Merci, tu es un vrai pote. Tiens, tu me fais penser qu’ici on donne des leçons au monde mais on applique peu. Traitement de la douleur, euthanasie, on est plutôt frileux de ce côté-ci de la frontière… Pas la moindre communication sur le sujet. Souviens-toi du mariage gay, quasi toute l’Europe l’avait voté que nous en étions encore à débattre sur… bon… comme ce vieux débat sur une fin de vie décente. En revanche, bonne nouvelle, nous allons développer le tourisme médical, il semble que cela peut rapporter gros selon le ministère des Affaires étrangères… Quand la vitrine de la médecine française, l’AP-HP bien sûr, où nous avons nos souvenirs, se transforme en palace international, ça ne peut être que prometteur…

– Ah oui j’ai lu ça, on va concurrencer la Thaïlande et le Brésil pour les remodelages, entre autres…

– On verra ce que ça donne, allez, mon grand, je te remercie de cette proposition de renfort, sinon sexuel du moins féminin, c’est vrai qu’ici je n’ai que des patients masculins, ce doit être dû au climat. Je te rappelle, on se tient au citron.

– À bientôt.


Bombard croise les mains sous son menton, scrute « L’origine », ça germe, ça y est, il a trouvé, on prendra quelques libertés avec le protocole, les attendus habituels en centre de rééducation. Soyons innovants, la pédagogie est une réalité frêle qui ne demande qu’à se muscler… Il faut une présence féminine auprès des résidents.

Ce matin dans la salle de réentraînement où quinze patients pédalent laborieusement la serviette autour du cou, Laure un mètre soixante-dix-huit est là, châssis hors norme dans une tenue sexy aussi loin de la blouse que du survêt’, baskets à plate-forme, short mini et T-shirt à l’avenant. Elle remet une longue mèche de cheveux en place, s’installe au centre de la pièce et déclare, messieurs bonjour je suis votre nouvelle assistante sportive, j’ai pris connaissance du dossier de chacun d’entre vous, je suis là pour vous aider à vous dépasser, à reconquérir la confiance en votre cœur, votre corps, votre esprit, vous motiver avec toute l’équipe à prendre en main votre santé de façon autonome. Je fais un tour de salle et à chacun de vous je donnerai des consignes adaptées.

Les patients, tout à leur effort mécanique, ne perdent pas de vue les gestes de Laure, sa façon de se tenir, droite, d’une fierté cavalière, la tête en avant, un sourire tel que l’on sent – qu’ils sentent – déjà une adhésion à son discours si ce n’est encore à la mise en pratique des conseils distillés là. Elle a une voix douce empreinte de fermeté, elle sait ce qu’elle veut obtenir et l’on sent bien que ce n’est pas par la contrainte qu’elle parvient à ses fins. C’est plutôt un attachement global à sa personne et son verbe comme une aimantation.

C’est tout de suite ce qui a séduit Bombard quand, après un questionnaire général mi-sportif, mi-médical à remplir sur la Toile, il l’a rencontrée parmi cinq prétendantes au poste. Sa voix, son allure droite et funky, sa finesse d’analyse quant aux exigences des patients… parfois si simples docteur, il suffit de croire en eux pour les motiver à leur tour. Il lui a trouvé une dose d’empathie magique. À tester sans plus attendre auprès des résidents des « Jonquilles ». Elle a acquiescé, c’est exactement le genre de défi qui la valorise elle aussi, donner du punch à ceux qui se pensent déjà valétudinaires. Hors course.


– Non, la maladie n’est pas à envisager comme une fatalité, encore moins comme une fin en soi. Soit dit en passant, docteur juste entre nous, j’en sais quelque chose, huit mois sur un lit d’hôpital pour tout remettre d’équerre et…

– Ne me dites rien, je n’ai pas à savoir tout cela, je vous vois, vous entends, ça me suffit pour me faire une idée de vos compétences, rétorque Bombard. Vous pourriez commencer la semaine prochaine, ça vous ira comme délai?


Ça lui irait tout à fait.

Laure se dirige vers le vélo droit devant elle, je commence avec vous Charles, dit-elle, vous avez eu un infarctus non compliqué, vous êtes jeune, vous devez pouvoir retrouver un maximum de vos capacités ici en moins d’un mois mais pour cela il vous faudra pédaler avec plus de conviction, ce petit train de sénateur ça ne va pas, je veux que vous passiez à un rythme plus franc, mettez une inclinaison, une côte, ne me regardez pas de cet air martyr, disons une légère côtelette pas bien forte pour commencer, changez le programme, voilà c’est mieux, trois séries et je vous revois à la piscine en fin de journée.

À vous Raymond qui « courez » à cinq kilomètres/heure, vous nous revenez d’un remplacement valvulaire qu’il va falloir consolider par une accélération significative sur le tapis, ne faites pas la tortue, pas de maison sur le dos, vous êtes mince, c’est déjà un bel atout alors on déplie ses jambes, je veux les voir tricoter en cadence… C’est ça, pas encore de fractionnés mais on y viendra, je vous l’assure.

Elle a un mot pour chacun et tous s’en remettent à elle qui les materne vaguement autant qu’elle bouscule leur train-train. Il y a comme un vent de confiance spontané à la personne de Laure, un lien collectif. On veut lui plaire et si cela passe par des efforts physiques… eh bien on les fera ces efforts. C’est bien là-dessus que compte Bombard à travers elle, sa présence addictive pour redonner confiance à ces messieurs.

Ce matin, cours collectif en salle, c’est le préféré de pas mal de patients parce que Laure rectifie les postures des uns des autres et ça provoque des montées d’adrénaline au parterre. Quand, en plus, elle déboule dans une nouvelle tenue comme celles des sœurs Williams jupette mini flashy, on entend presque les sifflets admiratifs au passage de la jeune femme. Du moins les imagine-t-elle, Laure. Pour un peu elle enfilerait bottes sur bas résille pour stimuler les palpitants. Elle croit ferme à ce qu’elle apporte aux patients. Fière de la réussite du centre, elle se dit que c’est un peu grâce à elle pour qui Bombard ne tarit pas d’éloges. Prenons l’exemple de Gérard : il présentait une nécrose postérieure d’étendue limitée et là il s’offre très vite des muscles abdominaux en or pendant que son désir inassouvi, mais si repérable, pour les avantages en nature de Laure, lui font perdre dix petits kilos surnuméraires.

Jour après jour elle harangue les patients, les exhorte à plus d’endurance, allez un gros effort, voilà, c’est ça. On entend chanter les machines. Tous les paramètres, fréquence cardiaque, tension, niveau d’effort, objectivent rapidement une montée significative. L’intérêt pour la stimulante prodigalité de Laure paraît général. C’est à qui accélérera le mieux sur son vélo elliptique, chacun veut plaire à l’assistante sportive, elle obtient ce pour quoi Bombard l’a embauchée, un renouveau à la santé par une méthode peu orthodoxe certes, mais efficace. Et c’est ce que veut le médecin, des résultats, des résultats et encore plus de résultats.

Le voilà qui vient pour sa visite matinale. Sérieux, Jean-Paul montre son implication en pédalant longtemps et vite pour les yeux de Laure. L’effort est si intense qu’à sa descente de vélo il se sent nauséeux et conclut la séance d’un superbe malaise vagal auquel le médecin réagit d’un ah, ça devient vivant ici ! Mon cher, je vais pratiquer la posture dite de « l’hôtesse de l’air », vous mettre les jambes à la verticale et la tête en bas, c’est radical, vous allez voir. Non loin, Charles accélère aussi, ses paramètres s’affolent, le kiné près de lui appelle Bombard. La fréquence du patient est tellement rapide, ne s’agit-il pas d’un trouble du rythme ? Le médecin vérifie l’ECG, c’est rassurant, juste une accélération de la fréquence, en pensant que Laure fait vraiment du très beau boulot. Il n’y a que Jupien doublement ponté sur lequel les compétences de Laure n’ont aucun effet. Pourquoi ? Personne ne se pose la question sauf elle.

Dans son appartement avec vue sur la forêt, non loin des « Jonquilles », Laure essaie de nouvelles tenues envoyées de Paris par une de ses amies modeuse, là ce sont des bodys de patineuse sur glace, pas mal, pas mal, du perlé gris, du vaporeux sans coutures apparentes, du moi-peau sauce années 80, les étoiles en plus. Elle décide de travailler demain chaussée de rollers. Tout de même, il faudra en parler à Bombard, ce serait sympa d’avoir un budget alloué pour le vestiaire à défaut d’une prise en charge par la Sécu. Sûr qu’il sera d’accord. Elle choisit le justaucorps gris, remonte ses cheveux en chignon, cligne de l’œil, ça ira parfaitement.

Après les séances de musculation segmentaire pour les uns, de piscine pour les autres, les patients, qui avec une boisson, qui muni de la presse récente, se coulent sur les matelas de la salle de relaxation. Musique de fond. Patrice, aide-soignant peu loquace, sourit de loin à Jupien qui rosit. À peine.

À l’étage, l’équipe pluridisciplinaire se consacre au staff hebdomadaire. Le cas de chaque patient est examiné d’un point de vue médical, traitement, constantes, épreuves à l’effort, auquel on ajoute les réflexions de motivation, de variation de l’humeur, de participation active aux ateliers « ma tension artérielle », « gestion du stress », « équilibre alimentaire », « sophrologie », « cœur et activités physiques » ou encore « conseils sur les antiagrégants plaquettaires »… Là on est sur du lourd comme le souligne Bombard, certain de l’impact réel des données techniques sur la vie quotidienne des patients avec, en bonus, l’appétit de vivre. Du moment qu’ils ont envie de la croquer, la vie ! Ah, continue-t-il, j’ai reçu un appel de l’épouse de Charles, elle souhaite qu’il bénéficie d’un week-end de sortie, ils ont je ne sais quelle fête de famille, j’ai dit oui naturellement, je renvoie sur la secrétaire pour le transport. Les progrès manifestes de l’ensemble des patients sont à mettre au crédit de l’équipe que nous formons. Bravo à tous. Je termine par une nouveauté que m’a suggérée Laure, un bracelet qui calcule tout et stimule l’activité physique, des applis et une fonction de partage social, un gadget comme seuls les Japonais savent en inventer, ça me semble à tester parmi ceux qui seront volontaires. Et enfin, mes chers collaborateurs, la montée en puissance du centre est significative depuis quelques mois, nous ne sommes pas encore en vitesse de croisière mais ça ne saurait tarder. Certains de nos pensionnaires sont prêts à revenir l’an prochain pour une cure… De la réadaptation cardiaque comme de la thalasso… Mmmm…

À l’issue du staff Laure sirote un petit noir… Elle est vraiment sensible aux compliments de l’équipe à son égard, les kinés ont été les plus sympas. Sa méthode, certes puisée dans les malles « vintage » de ses copines, fonctionne parfaitement ou comment troquer le jogging fade pour du blouson de rockeuse, bientôt elle arborera un look Madonna, symbole de renouveau à la santé.

Un bouche-à-oreille motivé accrédite la réputation du Centre. Bombard valide les examens cardio-respiratoires remarquables des patients en fin de rééducation. Rien à voir avec les mois précédents, les résultats sont là. La femme de Charles, ravie de renouer avec des pratiques amoureuses qu’elle n’imaginait plus après ce stupide accident cardiaque, envoie une boîte de chocolats à Bombard accompagnée d’un kiss du plus mauvais goût sur l’enveloppe. Peu importe, le médecin prend, il prend tout, embrasse Laure, continuez mon petit, vous avez notre confiance. De la part de la compagne de Raymond, un coup de téléphone ravi-affolé, ça n’est pas grave docteur, ce regain d’activité sexuelle après un accident de ce type ? Pas plus que de monter trois étages, excellente méthode de réadaptation, bonne continuation. Il rit, ainsi donc on prouve sa virilité, on brave l’interdit sécuritaire, la morale médiocre du « ne vivons pas pour vivre mieux » ou du « fais pas ci, fais pas ça »… Le risque zéro, et puis quoi encore ?

C’est magnifique, jubile le médecin, en passant un coup de fil à Barnaett… On va pouvoir publier, mon grand, les statistiques deviennent probantes. Ah oui, fait l’autre, bravo. Tu envoies chez qui ? Sans hésiter « Circulation », les Ricains vont adorer. Je pense l’intituler « Creative clothing in cardiologic rehab. » ou quelque chose comme ça… Tu as raison, ils sont toujours preneurs pour les expériences innovantes, conclut le Suisse.

Bombard se met au bureau, il écrit son article – de coloration empirique – pour la revue américaine, demande à Laure de cosigner la publication, ils feront ensemble la promotion de la méthode au prochain congrès… Je crois bien que ce sera à Dallas cette année. Vu les résultats sur les derniers douze mois… seulement un infarctus et % d’amélioration significative… n+1 patients qui… Après traduction il soumet, sa contribution est retenue, ce sera dans le numéro de septembre… Il exécute un pas de danse, suce un chocolat assez fondant et se plante devant la reproduction de « L’origine ». Tout vient de là.

Il songe à un autre texte plus long à proposer à « Cardio pratique », une histoire qui prend naissance dans le Doubs, une histoire de truites romancée. Courbet peint la source de la Loue comme une grotte nourricière, une origine nature pour doper l’imaginaire des patients.


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SSR : Soins de Suite de Réadaptation

PRADO : Programme de retour à domicile


 
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   Anonyme   
16/11/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Je n'ai pas été réceptive à cette histoire, c'est très mignon, bien écrit, mais j'aurai aimé plus de volume, plus de prise de risque, un soupçon de débordement. Je n'ai rien appris, je n'ai pas été dérangée non plus.

   plumette   
16/11/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
j'ai passé un agréable moment à la lecture de ce texte dont le propos est assez réjouissant mais finalement assez ténu.
Le narrateur nous décrit la mise en oeuvre d'une " bonne idée" qui prend la forme d'une jeune femme à la plastique irréprochable pour booster la rééducation de malades cardiaques.
Cela ne mérite pas un texte de 18300 caractères! Malgré une écriture maîtrisée et enlevée, il y a pas mal de longueurs.
Je n'ai pas trop accroché aux digressions sur la peinture de Courbet même si je comprend bien que la contemplation de "l'origine" , associée à la conversation avec l'ami Suisse ait pu faire germer la bonne idée dans la tête de Bombard.

Cette histoire n'a pas vraiment de fin.

A l'arrivée de Laure, j'ai imaginé une situation plus scabreuse.

j'ai pensé que cette Laure, qui fait fantasmer et se démener les patients, pourrait être en fait un transsexuel...ou que l'entrain à la rééduc allait provoquer des accidents en chaîne et pourrir la réputation du centre, un coup de théâtre quoi! quelque chose qui réveillerait ce déroulé bien planplan.

   hersen   
15/12/2016
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Cette nouvelle ne me fait absolument pas vibrer.

Je suis au regret de dire qu'elle m'emmène dans un environnement assez plat et présenter comme un scoop la guérison de ces messieurs face à Laure, bien sous tous rapports, me semble un peu léger.

Rien ne surprend, jamais, jusqu'à avoir un Jupien parmi ces messieurs.

Pour tout dire, je ne comprends pas cette nouvelle, faut-il y supposer un message caché ? une ironie ? je ne décèle rien.

Bien sûr, le Courbet peut apporter une petite note artistique à ce texte qui dit que c'est toujours la même chose qui fait tourner la terre et les hommes avec. Mais ce n'est pas nouveau d'une part et d'autre part à mon avis le texte ne présente aucune idée ou mise en scène surprenante.

Je suis tout à fait désolée, Alvinabec, mais je me suis ennuyée et croyez bien que je n'ai aucun plaisir à l'écrire.

L'écriture en elle-même par contre présente toujours ce punch auquel l'auteur nous a habitué, ce petit côté frétillant.

A vous relire,

hersen

   vendularge   
15/12/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour alvinabec,

J’ai été intéressée par toute la partie médicale, la nécessité d’une rééducation à l’effort sur un cœur infarci, cet aspect assez paradoxal pour les patients qui, en effet, pensent qu’il faut se reposer après un accident cardiaque, les statines sans les burgers, bref, la valeur de la responsabilisation et de l’éducation du patient.

Le reste m’a nettement moins convaincue, la coach, carrossée comme une bombe, qui en plus manie le langage médical avec justesse, plantée au milieu d’une majorité d’hommes qui redeviennent des enfants excités, pédalant comme des malades pour plaire à la demoiselle. Le tout dans l’intérêt général puisque même les épouses bénéficient d’un sursaut de vaillance sexuelle dominical.

Vous auriez pu mettre en scène une jeune femme au physique banal mais lumineuse, souriante, empathique, pleine d’énergie et de pêche qui aurait ensoleillé un peu l’ambiance (tout de même morose) des ressuscités de la thrombose coronaire. C’eut été le même résultat voire d’avantage, le désir sexuel n’est pas une valeur de combat sur le long terme, pas en terme de santé et en tout cas pas de mon point de vue.

Quant à Courbet, je ne vois pas vraiment le lien entre les truites, l’action de peindre et celle de pédaler pour entretenir une pompe défaillante.

Une autre fois sûrement
A vous relire
Vendularge

   Pepito   
15/12/2016
Hello Alvinabec,

Bon écriture au poil, avec "valétudinaires." je ne serai pas venu pour rien, j'ai appris un mot.
"le napperon de jeune fille" par contre, quoi que c'est ?

Humouuuuur/Détennnnte ! Haaargh, la rubrique qui n'existe pas !
Le plus sûr moyen de faire un bide. On donne l'eau à la bouche et forcément, le client sera déçu. Alors que s'il ne s'attend à rien, ben il en a pour son argent. ;=)

Allez, à la prochaine, ce sera au top !

Pepito

   David   
15/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Alvinabec,

C'est presque "fleur bleue", très solaire comme une histoire pour enfant, sauf que là, évidemment, ce n'est pas ça. D'ailleurs, dans le passage où Laure a failli parler d'un passé médical apparemment lourd, j'ai tout de suite imaginé un Polichinelle dans le tiroir : Laure se révèlera un transsexuel assouvi, et son coming out ruinera la clinique et le presque trop orgueilleux Bompard. C'est pas grave que ce soit pas ça, je l'aime bien ce Bompard, faut pas m'écrire Courbet deux fois pour me faire mettre mon maillot de bain littéraire, j'ai adoré le début du récit, j'ai la truite dans un onglet, et l'origine du monde bien sûr dont le récit illustre le thème avec le même sel, un superbe hommage !

Il y a aussi une certaine humilité, parce que ce n'est pas un texte inoubliable, avec force effet de conteur, l'histoire elle-même est simple et sans trop de surprise, et pourtant elle touche juste avec ce peintre et ce récit, bravo !

Edit : Je n'avais pas lu le com de Plumette avant de rédiger le mien, soit les coïncidences existent, soit c'est un coup de l'auteur. Et j'ai rien dit sur l'humour non plus, alors je rajoute qu'il m'a touché avec le soin de s'effacer en repensant à ma lecture, c'est un humour de humble, c'est pas de la blague de pique-assiette cherchant à se rendre inoubliable : la situation est hautement burlesque bien sûr !

   Alcirion   
18/12/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

je n'ai pas vraiment réussi à entrer dans votre histoire, sans doute à cause de l'aspect narratif. Il y a beaucoup d'informations, de descriptions qui perturbent un peu l'attention : dans ce genre en particulier, on attend plutôt de la légèreté, et là j'ai eu plutôt une impression de texte massif.

Pour la forme, ça tient parfaitement la route, à mon sens le style colle bien à l'histoire.

A vous relire !

   matcauth   
18/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Alvinabec,

en lisant les autres commentaires, je m'aperçois que j'ai les mêmes remarques à faire. Le texte manque de surprise, de rebondissements et d'une fin. Il aborde un sujet intéressant, le sport plutôt que les cachets, il est fort bien écrit, et bien documenté. Il est presque trop bien écrit, trop lisse, et la forme rejoint donc le fond. Mais là où je me pose des questions, c'est sur le fait que vous savez déjà tout ça. Vous n'avez pas manqué de savoir que votre texte était consciencieux et manquait de folie. On peut donc se demander où vous voulez en venir.
Pour ma part, je me dis que vous vouliez écrire un truc propre, structuré, une chronique de vie qui soit très réaliste, et qu'il n'y a rien de caché dans ce texte. C'est agréable, instructif, que demander de plus ? La prise de risque fait que les lecteurs et les commentateurs cherchent toujours la faille, la petite bête, et qu'il est bon de temps à autre de pouvoir présenter quelque chose de solide.

Je note donc ce travail efficace et solide, et puis aussi cette petite déception de ne pas voir arriver une prof de gym tordue et moitié folle.

   Clavil   
21/12/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Alvinabec,

J'ai pris d’autant plus d'intérêt à lire votre nouvelle que j'ai vécu cette situation de valétudinaire il n'y a pas si longtemps dans un établissement similaire. La description de la thérapie et des soins et conforme à la réalité. Cela me donne une impression de compte rendu de situation vécue.

Personnellement, je trouve votre texte sans rebondissement ni relief.

J'ai toutefois pris du plaisir à vous lire sur d'autres travaux.

Cordialement

   silvieta   
11/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Le cadre m'a plu: le paysage d'abord, puis travelling sur le centre de rééducation cardiaque. Des tranches de vie d'une grande précision qui nous font même passer de l'autre côté de la barrière, du côté du personnel soignant.
Du vécu d'un côté ou de l'autre?

Si j'ai beaucoup apprécié la précision du milieu dépeint j'ai été moins enthousiaste sur le sens de la nouvelle. Quels enseignements faut-il retirer de cette visite dans ce centre? qu'est ce que la fin nous apporte? Où est la chute?

J'ai pensé un moment que Laure avait un rôle équivoque, ce qui ne semble pas être le cas. Non que je regrette que ce ne soit pas le cas...

   jfmoods   
8/12/2018
La toile de Courbet ("L'origine du monde") prépare le développement comique de l'intrigue.

Là où nos amis helvètes font preuve d'un certain pragmatisme en terme de rééducation ("en Suisse, la législation le permet, j’ai fait appel à deux assistants sexuels, un homme, une femme qui viennent accompagner les malades qui en font la demande"), la France devra s'accommoder de stimulis plus conventionnels mais à forte valeur ajoutée ("Laure un mètre soixante-dix-huit est là, châssis hors norme dans une tenue sexy aussi loin de la blouse que du survêt’, baskets à plate-forme, short mini et T-shirt à l’avenant.").

La libido demeure en effet le champ de force le plus puissant pour redonner aux patients le goût de vivre... même si cette libido a ses limites, ici comiquement mises en avant ("Il n’y a que Jupien doublement ponté sur lequel les compétences de Laure n’ont aucun effet. Pourquoi ? Personne ne se pose la question sauf elle.").

Les bénéfices à terme de la thérapie sont inestimables ("La femme de Charles, ravie de renouer avec des pratiques amoureuses qu’elle n’imaginait plus après ce stupide accident cardiaque, envoie une boîte de chocolats à Bombard accompagnée d’un kiss du plus mauvais goût sur l’enveloppe.", "De la part de la compagne de Raymond, un coup de téléphone ravi-affolé, ça n’est pas grave docteur, ce regain d’activité sexuelle après un accident de ce type ?").

Enthousiaste, le spécialiste se fend d'un article ("Creative clothing in cardiologic rehab.") aussi inutile à la recherche scientifique qu'utile à sa notoriété. Sa vocation ratée d'écrivain l'entraîne alors vers de nouveaux rivages métaphoriques ("Il songe à un autre texte plus long à proposer à « Cardio pratique », une histoire qui prend naissance dans le Doubs, une histoire de truites romancée. Courbet peint la source de la Loue comme une grotte nourricière, une origine nature pour doper l’imaginaire des patients.").

Merci pour ce partage !


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