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Fantastique/Merveilleux
Angieblue : La chose dans le jardin
 Publié le 21/12/21  -  8 commentaires  -  6283 caractères  -  68 lectures    Autres textes du même auteur

Une bien mystérieuse métamorphose…


La chose dans le jardin


Nous étions en avril. Le confinement avait jeté sur la ville un linceul de silence. Le soleil illuminait les toits endormis et la nature exhalait ses rayons de couleurs sur les maisons en deuil.

La solitude et une certaine oisiveté m'avaient rendue attentive au moindre détail. Quand je sortais dans mon jardin, j'aimais observer l'herbe qui était remplie de pissenlits et de pâquerettes formant un magnifique tableau jaune et blanc qui m'éblouissait le regard. Je respirais et ressentais une sérénité que je n'avais jamais éprouvée auparavant.

Un matin, alors que je sortais prendre mon bain de soleil quotidien, mon regard fut attiré par quelque chose d'inhabituel et d'étrange. Une magnifique fleur bleu électrique ressemblant à un grand coquelicot trônait fièrement au milieu de ma pelouse. En haut de sa tige se dressaient deux grandes feuilles semblables à des ailes d'oiseaux revêtues de fougères qui lui donnaient l'allure d'une fée. Je m'approchai et fus également troublée par son odeur sucrée et piquante qui me fit penser à du pain d’épice. Fascinée par cette apparition qui avait quelque chose de magique, je décidai de prendre soin de cette fleur atypique. Je l'arrosais, retirais les mauvaises herbes qui l'entouraient et lui parlais chaque jour. C'était ma fleur.

Une nuit, je fus soudain réveillée par une étrange lumière bleue qui filtrait sous le volet de ma chambre. Je pensai, tout d'abord, à la lune, mais le rayonnement était bien trop fort pour que cette explication fût plausible. N'arrivant pas à me rendormir et décidant d'en avoir le cœur net, je me levai et ouvris le store. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que cette luminosité émanait de ma fleur qui était phosphorescente ! Abasourdie et légèrement effrayée par cette singulière vision, je refermai et me recouchai rapidement en essayant de me convaincre que j'étais tout simplement en train de rêver. Et, en effet, quand je sortis à nouveau la tête de la couette, tout semblait revenu à la normale. Je pus ainsi me rendormir.

Je me levai vers huit heures avec une légère sensation d'angoisse dans la gorge, mais je ne repensai plus à l'étrange phénomène qui m'avait réveillée la nuit. Cependant, un peu plus tard, en ouvrant le volet du salon qui donnait sur le jardin, je vis que des petites fleurs bleues en forme de papillons avaient poussé autour de ma fleur. Je sortis dehors, l'air était rempli de cette odeur incroyable de pain d’épice. Je me sentais comme enivrée, attirée, et je décidai de goûter à l'une des petites fleurs. Elle avait un goût de miel et de gingembre que je trouvai délicieux. J'en mangeai une, puis deux, et jusqu'à une bonne dizaine. Je ne trouvai rien d'extravagant à cela car je savais que beaucoup de fleurs étaient comestibles comme les roses ou les coquelicots.

Je recommençai ce rituel tous les jours, sans pouvoir me contrôler. C'était devenu comme une drogue.

Environ une semaine plus tard, alors que je sortais de la douche, j'aperçus une petite tache bleue sur mon poignet. Au début, je n'y prêtai pas grande attention pensant que j'avais dû me cogner contre un meuble. Je vaquai normalement à mes occupations. Je préparai, comme chaque jour de la semaine, les cours à distance que je devais transmettre à mes élèves via l'espace numérique de travail du collège dans lequel j'enseignais depuis quelques années. Cela faisait déjà un mois que nous étions confinés. Cette situation me convenait plutôt bien. J'étais quelqu'un de solitaire, et depuis quelque temps, les sorties entre amis ne m'intéressaient plus trop.

Un peu plus tard dans la journée, m'étant posée sur le canapé pour lire un peu, je jetai à nouveau un œil à mon poignet. En examinant la tache de plus près, un détail m'intrigua, je lui trouvai la forme d'une feuille de fougère. Je me persuadai que mon imagination me jouait des tours, et m'efforçant de ne plus y penser, je me plongeai dans la lecture.

Les jours passèrent, et un matin, j'eus l'impression que la tache en forme de feuille s'était étendue. Un sentiment de crainte m'envahit, mais un coup de fil de ma mère qui s'inquiétait beaucoup pour moi me ramena à des préoccupations plus rationnelles.

Le lendemain, la tache avait encore progressé recouvrant presque tout mon avant-bras. Une immense terreur s'empara de moi. Je compris que cette chose grandissait et grimpait le long de mon bras. Je repensai alors à ma fleur, à la nuit où j'avais vu sa lumière phosphorescente, à l'odeur de pain d’épice et à toutes les fleurs que j'avais mangées… J'étais victime d'un empoisonnement ou d'un envoûtement, et ma fleur en était responsable. J'en étais désormais persuadée.

Je restai un moment étourdie, paralysée par la peur, puis me retrouvai agenouillée dans le jardin en train d'arracher toutes les fleurs dont celle qui m'avait fait penser à une fée et que j'avais adoptée.

Mes mains me brûlaient. Je les regardai et vis qu'elles étaient couvertes de griffures.

Je courus à la salle de bain pour me les laver, et en levant machinalement la tête vers le miroir, je m'aperçus que mon visage était recouvert d'une arborescence verdâtre. Les doigts tremblants, je déboutonnai mon chemisier et constatai avec épouvante que le phénomène se répandait partout et que des bourgeons étaient en train d'éclore sur mon corps qui se changeait en plante grimpante. Je ne sais si quelqu'un a déjà ressenti une telle terreur. Mon cœur battait tellement fort qu'on aurait dit qu'il allait s'expulser de ma poitrine. J'avais mal à la gorge et ne pouvais plus respirer. Je suffoquais. Horrifiée, je perdis connaissance.

Je me réveillai au milieu du jardin. Il faisait froid comme un matin d'hiver. L'aube était en train de se lever, spectrale, dévoilant ses voiles roses et orangés. Je soufflai alors sur mes mains pour les réchauffer et une chose extraordinaire se produisit. Une vapeur bleue sortit de ma bouche. On aurait dit que toute mon énergie vitale était en train de s'échapper de mon corps. Puis, le nuage évanescent monta lentement dans les airs en dessinant une silhouette féminine en efflorescence.

Et je restai là, immobile, à la fois sidérée et fascinée, à contempler la merveilleuse apparition s'élever et se fondre dans le soleil levant en laissant tomber derrière elle une pluie de fleurs bleues.


 
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   cherbiacuespe   
24/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une mini qui hésite entre épouvante et fantastique, pour finalement tomber dans le deuxième.

L'histoire est haletante, angoissante même, jusqu'à son terme ou presque. J'avoue que, jusqu'à sa conclusion, j'étais pantelant. La fin m'a laissé sur ma faim ! Mon premier réflexe fut de la juger abrupte et puis, en relisant une deuxième fois, pas du tout. Je suis plutôt gêné par le concept de cette issue et m'attendait à une révolte, une protestation de ce que l'on sentait venir depuis un moment.

Du coup, même si c'est bien écrit, bien guidé par l'enchaînement d'une composition au millimètre, je ne me suis pas totalement laissé emporté par l'histoire. Une lecture très agréable malgré cette petite contestation.

Cherbi Acuéspè
En EL

   Marite   
26/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bien plaisante cette histoire fantastique et merveilleuse. L'écriture se fait oublier au profit de l'évolution du phénomène, ce qui, à mon sens, signifie qu'elle est fluide, naturelle et équilibrée. Je verrais très bien cette histoire dans un livre pour enfants avec même une suite après l'envol de l'entité bleue ... et le devenir de la pluie de fleurs bleues.

   Donaldo75   
29/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle fantastique. Je lui trouve de la poésie dans le style, du merveilleux comme on en lit assez peu sur Oniris, tout en restant simple d'accès pour le lecteur. Il n'y a nul besoin de connaitre d'avance un univers précis, du genre des références à d'autres auteurs morts depuis des années, pour rentrer dans l'histoire. La narration à la première personne du singulier provoque l'empathie du lecteur - du moins la mienne - et la progression du récit rend l'histoire prenant. J'en venais même à élaborer des hypothèses plus ou moins cartésiennes - on est quand même dans le fantastique donc pas trop de science à mettre dans la balance - pour décrasser mon cerveau. Et je me suis fourvoyé à plusieurs reprises - comme quoi, la nouvelle est réussie vis à vis de la promesse du genre - jusqu'à la fin que je trouve extrêmement poétique.

   Eskisse   
21/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une histoire prenante: la progression de l'apparition des phénomènes étranges est très bien distillée.
Le choix de la fleur rend le texte poétique.
Je m'attendais cependant à une plus grande hésitation entre l'irrationnel et le rationnel à la fin. Il me semble que le surnaturel prévaut à la fin.

   Faolan   
22/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
De retour sur le site après de nombreuses années, ton texte est le premier que je lis et ce moment de lecture était plutôt agréable !
C'est sans doute un parti pris mais je trouve que l'histoire aurait méritée d'être un peu plus longue afin de faire durer le suspense.
Merci !

   papipoete   
28/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Angieblue
A lire ce récit, on est étonné, fasciné puis comme l'héroïne, l'on songe que cette fleur bleue était là, comme un piège tendu pour qui s'y laisserait prendre ! Puis, au fil du texte, les sentiments prennent cette teinte evanecente, pour monter aux cieux en toute paix.
NB bien sûr que telle situation put animer notre sommeil, au point de ses réveiller pour vérifier...et continuer de rêver !
le passage où toute fleur pousse sur le corps de l'héroïne, est particulièrement angoissant, autant qu'apaisant l'est le final, un état de grâce fort bien amené !
j'ai passé un agréablement moment et... je vérifie si au milieu de mon carré d'herbe, ne pousse pas un coquelicot bleu...

   Anonyme   
8/1/2022
Bonjour Angieblue,

Une nouvelle bien courte et bien construite, situation initiale, apparition de l'élément perturbateur, montée de l'angoisse, apothéose sur la chute.
J'aurais plusieurs remarques à faire sur les formulations employées. L'expression des sentiments sui boulversent la narratrice est maladroite. Vous énumérez des sentiments, mais sans obtenir d'effet sur le lecteur. De "mon cœur battait tellement fort..." jusqu'à "connaissance", me lecteur peut imaginer une suite d'actions, mais ne vit pas, ne vibre pas, ne ressent pas.
A l'inverse, lorsque la narratrice décrit ses gestes par lesquels elle prend soin de sa plante, le lecteur ressent le lien entre femme et plante, puisque tous les lecteurs ont de ces gestes pour quelqu'un qui leur est cher, un proche, un animal de companie, une plante comme ici, ou même leur voiture ou je ne sais quoi d'autre.
Le texte perd énormément de son impact par de nombreuses phrases superflues, comme le "qui avait quelque chose de magique" qui n'apporte rien puisque vous avez déjà parlé de fée, fascination, étrange. Autre exemple : "tout simplement en train de rêver". Le tout simplement est inutile, il ralenti la lecture, enleve de la pureté à l'élocution.
Deuxième phrase du deuxième paragraphe : trop lourde, deux "qui".

Je vous conseille de laisser reposer ce texte piis le reprendre avec un regard neuf, avec l'objectif d'enlever au moins 10% du nombre de mots.

   Anonyme   
4/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Le confinement, pénible souvenir, peut-être un peu plus « acceptable pour ceux et celles qui avaient un jardin. C’est le cas de notre narratrice qui sous la contrainte de l’oisiveté en redécouvre les plaisirs indicibles. Notamment une fleur surnaturelle d’un joli bleu et au parfum envoûtant. Elle décide de la cajoler et même de lui parler comme à une amie soudaine venue briser ce huis-clos forcé par ce virus à la con. On est en pleine féérie. Sauf que l’étrange plante se transforme en gyrophare la nuit et de surcroît se multiplie au matin éclot. Manne providentielle pour notre héroïne qui décide de faire de son quatre-heures ces petites fleurs au goût de pain d’épices. Addiction. La gourmande commence à se transformer en schtroumpfette végétale avant de s’évaporer en fine gaze bleutée dans l’éther matinal de mes yeux de lectrice ébahie.

Je n’ai pas envie de comprendre le symbolisme de la fin pour rester sur cette impression globale de magie fantasmagorique.

Quelle imagination !

Anna qui a envie d’un jardin


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