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Aventure/Epopée
calouet : Les folles aventures du général Potame (4)
 Publié le 27/02/08  -  2 commentaires  -  9489 caractères  -  4 lectures    Autres textes du même auteur

Un koala mort, de belles bacchantes, des questions, des jeux de mots mortels, de la frénésie au fond du slip, des champions, la gorge de Consuela, des pantalons trop courts, des animaux velus... (avec des indices pareils, si je n'attire pas au moins quelques pervers...)


Les folles aventures du général Potame (4)


(...) Accoudés au comptoir d’acajou verni (sage précaution… vous le verrez plus loin) que le Baron avait spécialement fait venir de Laponie pour l’occasion, une bande de jeunes gens habillés de pantalons ringards et trop courts devisaient bruyamment en sirotant quelques coupes de Champagne. Le Général, bien qu’équipé d’un pantalon normal, estima qu’il lui serait possible de se fondre dans le décor et s’installa tout près d’eux en prenant un air benêt. Il commanda sa boisson fétiche, un cocktail qu’un ami sorcier lui avait appris à apprécier, le Funky Koala. Il fut malheureusement assez vite déçu du breuvage servi : le koala mort censé aromatiser le demi-litre de cognac-grenadine ne devait pas avoir été sacrifié dans les règles de l’art vaudou, et avait perdu une bonne partie de sa moelleuse fourrure au trempage.


Mais le Général oublia bien vite ce relatif désagrément en observant ses voisins de comptoir : la plupart de ces minois juvéniles lui étaient étrangement familiers, sans qu’il puisse remettre une étiquette sur cette demi-huitaine de fronts majoritairement hauts et boutonneux. Autre bizarrerie, ils ne cessaient de presser nerveusement, des deux mains, quelques points précis du bar dessinés à la craie, tout en laissant de temps en temps échapper de leurs lèvres crispées un ou deux mots à l’intérêt douteux en ce genre d’occasion, comme par exemple « Fidel Castro », « le radis noir » ou bien « quinze cent trente-six »… Finalement, le Général ne comprit que bien tard, après avoir ingurgité trois verres et arborant alors de touffues, mais seyantes moustaches artificielles en poil de koala, qu’il s’agissait en fait de membres du club « Questions pour un champion » local, en phase d’entraînement. C’est alors qu’un des avortons l’aborda :


- Hé toi, l’Général !… Je t’ai vu tout à l’heure avec le travelo… Tu t’en es pas mal sorti… Joli pipeau Potame !

- Un travelo ?…


Le malheureux était plus imbibé qu’un koala ou n’importe quelle autre bestiole morte noyée dans du cognac, comme l’ensemble de sa fine équipe à juger par les rires nauséeux que souleva son jeu de mots, et les rapides secousses stomacales qui vidèrent la plupart d’entre eux de leur contenu dans la minute qui suivit… Heureusement, l’acajou était verni, de même que les rangers du Général.


- Brrrôôôt… Le… Le bourreau de Béthune !

- Hélas non… Je suis, je suis, je suis ?…

- Mmmichel Piccoli ?…

- Et alors ?! Que se passe-t-il donc ici ?…


Potame n’eut même pas à se retourner vers le reste de la salle pour comprendre que les champions de la question venaient de porter un sale coup à son plan, reconnaissant la voix haut perchée du Baron Dechaise…


- Vous deux, virez-moi ce moustachu ! dit le Baron en s’adressant à ses gorilles, moi je m’occupe des quiches…

- Grrlrpbouarf ! répliquèrent en cœur (ou pas loin) les deux singes, délaissant pour l’occasion les mobiles en pneus de tracteurs que le patron avait fait fixer au plafond à leur attention.


Dans les cas vraiment désespérés, la tactique la plus géniale vaut souvent le coup d’être sacrifiée au profit de sa survie. C’est pourquoi le Général n’hésita pas longtemps avant de décliner sa véritable identité au Baron, qui ne l’avait visiblement pas reconnu.


- Mais… Baron !!! C’est moi ! Général Potargll… parvint-il à articuler avant que la poigne velue d’un des deux primates ne lui enserre simultanément le col et l’humérus – pour vous donner une idée des dimensions de la paluche – avec une vigueur bestiale, mais somme toute normale pour un gorille en bonne santé.


Privé d’oxygène par la redoutable multiprise simienne, tandis que l’autre balèze fouillait avec minutie ses postiches en koala afin d’y dénicher un tænia piliphile, un oxyure géant ou quelque autre vermine croustillante, le Général s’effondra de tout son long sur le parquet mélaminé en hydrocorfiuge spantex, une remarquable imitation synthétique des planchers qu’installaient naguère les trappeurs Tchouktches dans leurs chalets…


- Oh ! c’est donc vous… dit le Baron.

- Rhhaaaa…

- Vous devriez manger un morceau cher ami… Il me semble que vous faites une hypo, Potame…

- Ohohohohohohohoh !!! firent les pochetrons de la question, visiblement amateurs de calembours douteux, tout en continuant à vomir comme si la vie même de Julien Le Perse en dépendait…


Le différent se régla finalement assez rapidement. Les quiches, comme les avait baptisé le Baron – bien que leur faciès odieusement cratérisé les fît plutôt ressembler à des clafoutis – furent expulsés derechefouichef, et le Général Potame installé par les deux gorilles sur un des pneus surplombant le buffet froid autour duquel se massait la foule des grands soirs, c'est-à-dire quelques personnalités entourées d’une multitude de pique-assiettes qui ne partent qu’au petit jour… Il y a avait là l’Empereur de Maydeult, le Vicomte Ebon, le célèbre explorateur John le Fratt, accompagné de son tigre, Monseigneur Lapince, l’académicien Jean Lanouille et sa charmante épouse Irina Rnack – une beauté d’à peine treize ans rencontrée par le biais de l’agence « Slavian love » et ramenée dans ses bagages (du fait de sa petite taille) à l’occasion d’un séjour purement culturel en Bolchévie de l’Ouest – ainsi que Thierry Pourquoi, journaliste mondain spécialisé dans les grands soirs, les petits matins et la neurophysique appliquée… Un observateur avisé et chanceux aurait même pu croiser les yeux de velours d’Abel de Cadix (ridicule d’ailleurs, sans lunettes opaques), quoiqu’un observateur aviné aurait simplement croisé Régis Courtaud, l’inventeur de l’enveloppe perforée… mais pas la moindre trace de Gloria d’Entretouffe au sein de ce magma de bras, de jambes et de bouches pleines.


Ne cherchez pas, pour l’enveloppe perforée, je crois bien que ça ne sert à rien.


À cet instant, le SLIP était le siège d’une frénésie discrète, mais néanmoins tenace. Après avoir décidé en un peu moins de quatre heures qu’il serait finalement préférable de modifier le titre de son rapport technique, Major s’affairait désormais à la rédaction du corps de son étude sur les raisons qui auraient dû pousser Conrenz Lorad à ne pas faire éclater à la face du monde les avancées scientifiques réalisées par l’oncle Norbert en matière de comportementalisme ovien… D’ici trois ou quatre jours, il aurait sans doute terminé, ne resterait plus alors qu’à relire, corriger, relire pour éviter toute coquille définitive dans le texte, le valider, trouver un titre, valider ce titre, revalider l’ensemble, puis détruire le rapport comme le stipule le règlement officiel, pour ensuite valider la destruction des données, la répertorier dans ses archives secrètes et puis aussi passer chercher son horrible sœur à la sortie de son travail à la Foire du Trône, avant enfin de rejoindre Potame à la fête du Baron…



*****



Port du Havre 18h33


- Fin d’oral consultatif -



À l’armée, j’en ai bavé, tu sais, Doc… Tu crois que ça peut-être intéressant, que le nœud du problème pourrait être enfoui dans mes souvenirs militaires ?… Vu que je suis paumé, tu sais sûrement autant que moi…


Comme elle continue à hocher la tête, je prends son silence pour un acquiescement.


Évidemment, mon service national ne s’apparente pas vraiment à la bonne vieille légende des gars qui se retrouvent vingt ans plus tard avec trente kilos de plus (femme, enfants et clébard non compris), et qui se tapent virilement dans le buffet en se disant « putain qu’est-ce qu’on en a chié quand même ! » tout en se décapsulant hilares une douzième canette… Moi dans quelques années, je ne retrouverai sans doute aucun gars de l’armée, et pire, aucun ne me retrouvera. Des amis pour la vie qu’on ne voit plus jamais ou presque, je ne m’en suis pas fait. À ma décharge, je ne les ai pas trop cherchés non plus… Là où plein de gars vivent ça après-coup comme une expérience enrichissante et constructive, je n’ai gardé que des flashes de corvées écœurantes, d’un dressage obtus et la profonde mélancolie qui m’assaillait lors de mon passage sous les drapeaux…


Peut-être que cette façon de mettre en scène un Général ridicule est finalement une façon comme une autre – enfin pas vraiment – d’exorciser tout ça… Et puis le fait d’en remettre une couche avec ce Sergent Major qui est tout sauf militaire, une médiocre tentative de tourner en dérision la sacro-sainte valeur de ces épaulettes qui m’ont tant fait souffrir à l’époque… T’en penses quoi, Doc ?


Elle ne dit rien… Elle sait que nous arrivons au bout de la consultation. Le sang bat un peu plus fort dans mes tempes, elle accélère un peu, puis se rejette en arrière tout en continuant son office. Bouquet final.


... évidemment, c’eût été plus seyant avec des lunettes ; je lui fais remarquer tandis que Consuela s’essuie le visage. Il est étonnant de voir à quel point les géniteurs ibériques sont sans pitié pour leurs enfants, particulièrement les filles… Mais même si ton nom est ridicule, tu es bien bonne, je te dois combien ?… Elle me répond qu’avec une faciale c’est plus cher, mais que la prochaine fois je n’ai qu’à amener une paire de lunettes. Même que ça l’arrange. C’est con, j’en avais dans ma veste, à verres teintés…


Tu vois Consuela, parfois je me demande si la vie m’a vraiment voulu… Putain, si Victor Hugo avait sorti ça, on l’enseignerait à l’école… dis-je finalement et surtout piteusement, en reboutonnant mon jean froissé.



 
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   David   
27/2/2008
Bonjour Calouet,

De la façon dont est décrite la dernière scène, il me semble que le narrateur montre son cul...un crescendo dans cette épisode avec des lourdeurs mesurés, j'ai bien aimé, ça me rappelle l'humour du professeur Choron, paix à son âme.

   Maëlle   
10/6/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai toujours autant de mal à suivre, mais j'ai beaucoup aimé le défilé de noms improbables et les gorilles. Pour le final, euh... aucun souvenir d'a quoi le rattacher, désolée.


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