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Aventure/Epopée
calouet : Les folles aventures du Général Potame
 Publié le 11/02/08  -  7 commentaires  -  10500 caractères  -  31 lectures    Autres textes du même auteur

Potame est général, amoureux et délaissé. Trois bonnes raisons d'être malheureux, et donc de partir à l'aventure pour y remédier...


Les folles aventures du Général Potame


Chapitre I


Les œufs de la colère



Le Général Potame pensait bien avoir fait le plus dur en convainquant son ex-épouse Gloria d’Entretouffe de se rendre seule à la très select réception organisée par le Baron Dechaise. Il faut dire que le Général et son ancienne compagne entretenaient encore des rapports amicaux, voire buccaux, bien qu’à sens quasi unique. À la vérité, si la sémillante Gloria avait accepté de venir au banquet sans l’embarrassante escorte de son nouveau freluquet (un misérable jeunot répondant aux noms de Allen, « trouduc », « Eh toi là-bas ! » ainsi que – au grand dam du Général – « beau gosse »), c’était uniquement dans l’espoir de séduire le Baron Dechaise, veuf inconsolable aux dires des toutes celles qui avaient tâté du râteau auprès de lui, mais parti de tout premier ordre pour une femme aussi racée et ruinée que pouvait l’être Gloria d’Entretouffe.


Passée cette introduction relativement indigeste, mais ô combien précieuse pour les lecteurs assidus qui, je l’espère, ne manqueront pas de se précipiter sur cet authentique morceau de bravoure littéraire, il me semble à présent opportun de vous entretenir des activités quotidiennes du Général Potame, héros multicartes de cette histoire, comme en témoigne d’ailleurs l’excellent titre et qui, vous aurez vite l’occasion de le constater, n’avait pas les deux pieds dans le même sabot lorsqu’il s’agissait d’amour ou de courses de chevaux.


Le Général donc, était du genre passionné. Quoi qu’il entreprenne, ce vigoureux apeuprègénaire n’avait qu’un seul mot d’ordre : réussir à tout prix. Ce qui fait, vous l’aurez remarqué, quatre mots d’ordre pour le prix d’un, soit trois de trop… Pour plus de simplicité, et par respect des conventions rhétoriques auxquelles je vous devine viscéralement attachés - la tradition n’étant pas prise pour de la roupie de sansonnet dans les milieux suffisamment favorisés pour compter une proportion notable de lecteurs dans leurs rangs - j’utiliserai désormais la pratique et gracieuse abréviation de Réusprix pour définir ce trait de caractère hautement rémanent chez notre héros, et qui fera bien entendu alors office de seul et unique mot d’ordre.


Bon. Passons sur cette encombrante, bien que fort utile, digression lexicale, pour nous attacher à présent à l’emploi du temps volcanique du Général Potame qui, comme son nom ne l’indique guère, avait longtemps été plombier avant d’hériter de son oncle Norbert. Ce dernier avait vécu en Australie, en Papouasie, en Patagonie, en Laponie, puis à Bali et même à Bangkok et finalement Hong-Kong avant de casser sa pipe entre les cuisses voluptueuses d’une jeune professionnelle à la personnalité humide et parfumée, qui pour le coup lui avait généreusement fait cadeau de la culbute. Potame n’avait jamais eu l’honneur de rencontrer ce singulier personnage, pas même n’avait-il eu vent de son existence, avant d’apprendre que l’oncle Norbert lui léguait tout ce qu’il possédait, c'est-à-dire une ribambelle cataractique de dettes de jeux ainsi qu’une étude scientifique méconnue, mais cependant absolument passionnante. Le mémoire de synthèse résultant de ces travaux de haute valeur, que le Général connaissait sur le bout des doigts (formule élégante pour dire qu’il l’avait feuilleté) traitait avec un brio certain des bases de la hiérarchie sociale et des possibilités d’épanouissement personnel chez les œufs… La prouesse – fort mal dissimulée par les émouvants relents de modestie émaillant la prose du tonton – tenait notamment à ce que les conclusions de l’étude soient applicables à l’ensemble des œufs, qu’ils soient de poule, de truite, d’ornithorynque, d’autruche ou de chapon.


À ce point du récit, je le sens parfaitement, vous êtes absorbés, passionnés, mais vous demandez tout de même pourquoi je vous raconte tout cela, alors que j’avais promis de vous entretenir du titanesque emploi du temps du Général Potame. Mais à vrai dire, l’intrigue recoupe finement ce qui aurait pu sembler n’être qu’un point de détail aux yeux du lecteur désinvolte que vous n’êtes certes pas puisque vous avez tenu jusqu’ici. En effet, le Général Potame passait le plus clair de son temps devant son téléviseur. Vous ne voyez toujours pas le rapport n’est-ce pas ? Pas grave… Confortablement vautré dans son canapé hors de prix (car tombé du camion) en astracan des Carpates magnifiquement enjolivé d’une assise en ronce de caroubier, le Général fixait avec une béatitude qui aurait presque pu passer pour de l’idiotie, à toute heure du jour et de la nuit, sa magique lucarne de vie factice. Toujours pas de rapport me direz-vous, ce qui fut on ne peut plus exact jusqu’à ce jour où passa sur Arte un reportage zoologique mettant en scène le bedonnant professeur Conrenz Lorad, éminent spécialiste des anatidés, pœcilidés, calamaridés et de nombreuses autres familles animales se terminant en –idés…


« (…) Au sein d’un même peuplement, et sous réserve de contraintes édaphiques non-extrêmes, les œufs adoptent en général un comportement tout à fait particulier, régi par deux grandes forces : l’activité sexuelle et le désir de paraître… » disait le fameux acteur Piotr Arditiev, dont le Général savait reconnaître le suave organe entre mille, et qui faisait comme souvent office de narrateur de documentaire depuis sa désastreuse prestation dans un modeste film d’art et d’essai ; cette œuvre controversée relatait l’abracadabrante mésaventure d’un naufragé malchanceux (mais quel naufragé ne l’est pas ?) sur un îlot en apparence désert, qui mourait après treize minutes de projection étouffé par un énorme boa constrictor, avant-même d’avoir eu l’occasion de rencontrer puis d’asservir un indigène qui aurait pu et dû alors arriver à point nommé, vers la fin de la semaine. Au lieu de cela, le boa devint l’ami du sauvage, tandis que le personnage joué par Arditiev se morfondait au fond de la jungle, les os broyés par le reptile qui, ironie du sort, a réalisé une belle carrière depuis. Au-delà de cette faiblesse manifeste du scénario, le titre même du film a longtemps été sujet à controverse, puisqu’il s’agissait du nom du naufragé (Marcel Taupin), jugé peu porteur par les principaux investisseurs hollywoodiens potentiels...


«(…) n’est-ce pas Solange ?… Espèce de petite coch... Hé hé… Hum !… Voyez par exemple cet individu que rien a priori ne semble nettement démarquer de ses ovoïdes congénères... Il s’agit du mâle dominant. Nous l’appellerons JR, pour plus de commodité. JR sait depuis longtemps que son frère (le bel œuf sans fierté installé directement à sa droite) souhaite prendre le pouvoir au sein du nid familial. Les femelles se tiennent à distance des deux rivaux, cherchant par de savants mouvements abdominaux à se placer idéalement pour obtenir le meilleur poste d’observation des joutes fraternelles à venir. Bobby, le challenger, est anxieux comme de coutume ; il sait pertinemment que JR ne laissera pas sa place de pacha facilement, qu’il se battra en neige, jusqu’au jaune peut-être même, pour conserver la mainmise sur son harem… »


Tout en dévorant à pleines mains son troisième paquet de chips au vinaigre, le Général suivait avec passion les évolutions gracieuses et pleines de finesse des œufs, filmées en gros plan au moyen d’une caméra miniaturisée placée au raz de la meute. Par moments, on apercevait en gros plan un monstre hideux et velu, venu se glisser subrepticement dans le champ. Selon toute vraisemblance, il s’agissait de la barbe du professeur Conrenz Lorad ; c’est du moins l’éventualité qui effrayait le moins le Général, traumatisé par les monstres en tous genres depuis qu’il avait dû passer trois jours et deux nuits d’affilée enfermé dans le train fantôme de la fête foraine locale, à cause de son ignoble frère aîné…

Vous voyez, à cet instant précis, poindre une étincelle. Ne niez pas, je le sais : Potame et son frère, la rivalité, un rapport de plus en plus évident avec l’histoire de JR et Bobby les deux œufs, voire même du dramatique fratricide commis par Caïn sur Abel… Je n’en dirai pas plus à ce stade embryonnaire de développement de mon intrigue, préférant de très loin vous laisser patauger dans la fange de l’incertitude plutôt que de m’embarquer dans un épouvantable cul de sac littéraire dans le simple but de satisfaire le lecteur, fut-il futile. Ou pas.


Et surtout, ne vous inquiétez pas - ou alors en respectant une certaine mesure - je garde le contrôle, la preuve :


« (…) du coin de sa coque gonflée d’ambition et de désir, on sent à présent nettement que Bobby cherche à se rapprocher de Pamela, la jeune femelle encore vierge que chaque mâle du troupeau rêve de saillir en premier… » reprit alors Arditiev sur un ton plus direct, comme s’il avait pressenti le trouble que commençaient à provoquer ces images sur le Général. Des œufs… Mais bien sûr… « Pamela ne fait pas sa fière au demeurant, car elle craint fort que les deux frères finissent totalement brouillés par leur dispute à venir, et ainsi devoir endosser le rôle de coupable dans la perte de deux reproducteurs de tout premier ordre… »


- Scrontch scrontch… fit le Général tout en repensant, l’éclair d’un instant, à Gloria. Il lui arrivait souvent de passer ainsi du coq à l’âne, de l’œuf à la poule, sans doute parce que son arrière grand-père était fermier. À moins que ce ne soit dû au hasard.


« (…) notons cependant que ce type de comportement social extrêmement développé n’atteint pas de tels sommets de sophistication dans une barquette en plastique où les œufs, passée une plus ou moins longue période de rébellion, finissent par se recroqueviller dans leur coquille et adoptent un comportement relativement primaire et pour tout dire, peu intéressant… »


Le regard subitement embué, tant par le vinaigre que par la rage, Potame se releva alors comme un ressort (alors qu’en réalité son anatomie était très classique) et commença à faire les cent pas, voire un peu plus, autour de son fauteuil… Cela lui arrivait souvent, comme en attestait l’étonnante marque plus claire et circulaire qui ornait à cet endroit le parquet du salon… À moins que cet étonnant anneau lumineux ne soit l’œuvre d’une force venue d’ailleurs, et décidée à rentrer en contact avec nous…


- Est-ce possible ? Comment ont-ils pu nous faire ça ?… Je lui ferai bouffer sa barbe à cet imposteur !!!




À suivre (sauf si vraiment c'est insupportable...)




 
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   David   
13/2/2008
Bonjour Calouet,

ça m'a plu, plus la fin que le début, le fil de l'histoire ne semble pas aller de soi, mais à partir des oeufs, l'héritage de l'oncle, je suis dedans.

   aldenor   
13/2/2008
Des lourdeurs, mais je me suis bien amusé et j’attends la suite avec intérêt.
Pour la note, je suis un peu perdu…

   Sebastien   
22/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Calouet,
je trouve ton histoire amusante, mais... ça n'avance pas! Cela étant je suis, je crois particulièrement pointilleux sur le rythme des récits, donc ne prend pas mon commentaire au pied de lettre. Le style est très sympa, en revanche. J'aime bien je vais lire le reste...

   Bidis   
25/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
- Quatre personnages dès le premier paragraphe : le lecteur doit faire un certain effort. Peut-être cela va-t-il en valoir la peine, peut-être pas. Cela ne le dispose pas très bien envers le texte.
- « Gloria d’Entretouffe » : je ne trouve pas ce patronyme très subtil et en tout cas beaucoup moins drôle que la « Laure de Restaupieu « de Togna par exemple. Tout comme me paraît un peu vulgaire d’emblée ce « trouduc » pour un personnage que l’on ne connaît pas encore.
Plus on est relativement trivial, plus il faut être drôle, sinon ça ne passe pas. Ici, pour moi, non seulement l’histoire me paraît déjà touffue avec tous ces personnages mais ces mots-là ne sont pas passés.
Or, le premier paragraphe d’un texte est extrêmement important. C’est souvent ce que va lire le badaud qui feuillette un livre avant de l’acheter… ou de le replacer sur le présentoir pour découvrir quelque chose d’autre.
- Le second paragraphe, quoique un tantinet bavard, est empreint d’une certaine envolée textuelle qui surprend et incite à poursuivre la lecture.
- Dans le troisième paragraphe, si j’ai apprécié l’inventivité de l’« apeuprègénaire », j’ai trouvé beaucoup trop appuyée la mise en évidence du fait que le Général, auquel le lecteur vient de s’attacher, est un arriviste. L’écriture coule bien, certes, mais quelque chose irrite comme quand on dit de quelqu’un qu’il « s’écoute parler ».
Comble : avec ce « Passons sur cette encombrante, bien que fort utile, digression lexicale », l’auteur semble d’accord avec le lecteur sur le fait que le texte a été encombré. Or cet accord même est un encombrement supplémentaire !
- « … du Général Potame qui, comme son nom ne l’indique guère, avait longtemps été plombier avant d’hériter de son oncle Norbert » : ce n’est pas son nom qui n’indique pas son passé de plombier, c’est son titre. Un plombier nommé « Potame », cela n’interpelle guère. Mais un Général plombier, voilà qui surprend. Petite chose mais qui déplaît au lecteur exigeant.
- Je ne vois rien à redire au paragraphe suivant qui est amusant, un peu énigmatique et incite à poursuivre la lecture.
- le comportement des œufs est une trouvaille amusante ; allons, je souris, c’est déjà ça !

Cette histoire qui ne me passionne pas encore, m’a amusée malgré tout. J’en retire en tout cas une impression de bavardage talentueux et me demande si l’auteur n’est pas capable de beaucoup mieux…

   Anonyme   
8/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Dur dur la mise en place du récit. On est assailli par un tas d'information dans un style qui pourrait être plus dynamique. Je me serais arrêté en route si je n'avais pas lu les autres commentaires

   Maëlle   
6/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
bon. Si je reviens dans quelques jours pour l'épisode deux je ne vais plus rien y compredner, je suppose. donc autant attaquer la suite tout de suite. Pour l'instant c'est plaisant, foutraque, et je vois pas bien où ça va.

   Menvussa   
11/4/2009
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Évidemment il faut prendre cela au n ième degré. Mais tout de même, c'est d'un lourd. Je t'avoue non sans honte, avoir sauté des passages. Alors oui, il y a des passages qui font sourire et puis le titre prévenait l'auteur qu'il s'aventurait sur une pente savonneuse, mais trop, c'est trop, du coup c'est trop long.

J'irai tout de même jeter un œil sur les suites, histoire de voir.

Heureusement que je ne découvre pas Calouet avec ce texte.


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